Odyssée, IV, v.492-510
Ménélas raconte à Télémaque les révélations que lui fit un jour Protée, le vieillard de la mer
- Atréide, ne m'interroge point, car il ne te convient pas de connaître ma pensée, et je ne pense pas que tu restes longtemps sans pleurer, après avoir tout entendu.
Beaucoup d'Akhaiens ont été domptés, beaucoup sont vivants. Tu as vu toi-même les choses de la guerre. Deux chefs des Akhaiens cuirassés d'airain ont
péri au retour ; un troisième est vivant et retenu au milieu de la mer large. Aias a été dompté sur sa nef aux longs avirons. Poseidaôn le conduisit
d'abord vers les grandes roches de Gyras et le sauva de la mer ; et sans doute il eût évité la mort, bien que haï d'Athènè, s'il n'eût dit une
parole impie et s'il n'eût commis une action mauvaise. Il dit que, malgré les Dieux, il échapperait aux grands flots de la mer. Et Poseidaôn entendit cette parole
orgueilleuse, et, aussitôt, de sa main robuste saisissant le trident, il frappa la roche de Gyras et la fendit en deux ; et une partie resta debout, et l'autre, sur laquelle Aias
s'était réfugié, tomba et l'emporta dans la grande mer onduleuse. C'est ainsi qu'il périt, ayant bu l'eau salée.
Traduction de Leconte de Lisle (1867)