Αἴολος

Éole. - Fils d'Hippotès, roi d'Éolie, lequel on retrouve le rapport souvent établi entre la rapidité du cheval et le mouvement des vents ou des flots. Homère lui donne six fils et autant de filles, épouses de leurs frères, en tout douze enfants en qui on voit la personnification des douze vents du rhumb.

L'Éolie, dans l'Odyssée, est une île bordée de rochers escarpés et ceinte d'un rempart d'airain. On y passe le jour en festins, au milieu d'un concert de flûtes ; la nuit, couché sur des tapis étendus sur des lits sculptés. Le maître des vents les tient enfermés dans une outre faite de cuir de boeuf. C'est cette outre qu'Éole confia à Ulysse, son hôte, au moment où celui-ci voulut se remettre en mer, ne laissant libre que le Zéphyr qui devait le conduire. Une pierre gravée représente le héros grec saisissant l'outre fermée ; mais ses compagnons l'ouvrirent et déchaînèrent la tempête. Dans Virgile, Éole est représenté comme un roi siégeant, le sceptre à la main, dans un antre où les vents sont tenus enchaînés sous sa puissance.

A l'origine, Éole n'a que le caractère d'une fiction poétique, et son île n'est qu'une île flottante. C'est l'imagination des temps postérieurs qui lui donne un caractère divin et une demeure fixe. Les anciens s'accordent, en général, pour placer l'Éolie aux îles de Lipari, appelées dans l'antiquité îles Éoliennes ou Vulcaniennes. On plaçait à Hiera les forges d'Hephaistos. Suivant Diodore de Sicile, Éole vint s'établir dans l'île Lipara. où le roi Liparus l'accueillit et lui donna en mariage sa fille Cyané, de laquelle il eut six fils. D'après Servius, Tyrrhenus, frère de Liparus, ayant menacé de guerre et de dévastation le Péloponnèse, ce fut Agamemnon qui envoya Éole pour garder le détroit de Sicile. Ayant abordé dans l'île de Strongyle, il épousa Cyané, la fille de Liparus, et devint souverain de l'île. Diodore dit qu'Éole était un roi pieux, hospitalier, qui avait introduit dans la navigation l'usage des voiles et qui prédisait les vents par l'observation des flammes. D'après Varron, cité par Servius ces îles de Vulcain, couvertes de vapeurs et de fumées, fournissaient à Éole des moyens de présager le souffle des vents. Hygin, dans son analyse d'une partie de l'Odyssée, confond l'Éole roi des vents avec l'Éole thessalien fils d'Hellen, personnification de la race éolienne ; mais la plupart des auteurs le font, avec Homère et Diodore, fils d'Hippotès, quelquefois de Poseidon. Quant à un autre Éole, fils d'Hellen, frère de Dores et de Xutus, et père aussi de douze enfants, on peut voir sur lui et sur sa race, illustre par de nombreuses légendes héroïques et poétiques, d'abondants renseignements dans l'Histoire de la Grèce de Grote.


L. DE RONCHAUD