Le personnage de César dans Astérix


   



Nous sommes en 1959 après J.C. Tout le monde est bien occupé. Tout le monde ? Oui, et en particulier deux hommes franco-belges qui résistent encore et toujours à l'ennui. A cette date, René Goscinny et Albert Uderzo font naître de leur imagination le célèbre gaulois à la moustache blonde, Astérix, et son ami non moins célèbre aux tresses rousses et au ventre arrondi, Obélix.

Comme toute histoire qui se respecte, nos héros ne sont pas seuls. Ils doivent avoir un opposant, un adversaire de taille pour les affronter. C'est ici qu'intervient le grand général victorieux, le conquérant de (presque) toute la Gaule : Jules César !

 

Buste de Jules César - Musée d'Arles

 

1. L'apparence de César

 

Dans la bande dessinée, Jules César est représenté comme physiquement âgé. Cela se voit notamment à travers la couleur de ses cheveux, généralement blancs, bien que l'on puisse les retrouver quelquefois blonds, mais également à travers les rides de son visage. Ce portrait plutôt âgé ne semble pas très fidèle à la réalité, le vrai Jules César étant mort à 66 ans.

Néanmoins, il est possible qu'Uderzo ait choisi de le représenter ainsi pour lui donner une certaine prestance et sagesse, étant donné que dans la bande dessinée, le physique des personnages est souvent représentatif de leurs traits de caractères.

Mis à part son âge, ce qui frappe dans le portrait de Jules César dans Astérix, c'est également le visage très allongé du général, qui, si l'on se fie aux statues et aux différentes représentations de l'imperator, n'est pas non plus semblable à l'original. On remarque également que le personnage possède un long nez, légèrement courbé, qui, pour le coup, se rapproche de la représentation de César sur les différentes statues et monnaies.

 

De plus on peut constater que, lorsqu'on le compare aux autres personnages de la série, César est plutôt grand, ce qui peut simplement se justifier par une dimension artistique : la grande taille montre sa supériorité hiérarchique.

Enfin, concernant les vêtements du personnage, ceux-ci sont plus authentiques ; il s'agit des vêtements d'imperator, généralement représenté en armure avec une couronne de lauriers.

 

 

2. La psychologie de Jules César


César est représenté dans la bande dessinée comme un personnage strict, autoritaire, sévère, sans pour autant manquer d'humour : « Je te le souhaite, Caïus Obtus, sinon, tu en feras partie ! » en parlant des jeux du cirque dans Astérix Gladiateur. Ce trait de caractère vient sans aucun doute du fait qu'il ne supporte pas de voir ses plans se dérouler autrement que prévu : « Je n'aime pas beaucoup les fantaisies, Caïus Obtus. ». César est en effet un grand stratège, aussi bien sur le plan politique que militaire !

 


Doté d'une autorité naturelle qui semble aisément imposer le respect, il semble aimer son peuple et aime se faire aimer : « Le peuple est content... j'aime que le peuple soit content ! ». Il est cependant sujet à de grosses crises de colère et apparaît comme arrogant et égocentrique.

 


César est aux yeux des Romains une « divinité » intouchable qu'il ne vaut mieux pas contrarier. D'ailleurs, malgré quelques petites impolitesses dues à leur caractère un peu rustre (« Salut, vieux Jules! » dans Astérix Gladiateur ), les Gaulois semblent avoir une certaine notion du respect à son égard, alors qu'ils ne sont pas sous ses ordres. En effet, ils ne l'insultent jamais ni ne le touchent, alors qu'ils pourraient facilement s'en débarrasser.

Le général est un grand amateur d'action et n'hésite pas à le faire savoir. On le voit, durant les jeux dans l'album Astérix Gladiateur : César dit vouloir « du sang, du combat à mort, de la cruauté » . Si vous n’êtes pas convaincus, il ajoute un peu plus tard : «Sans armes ! Je veux prolonger mon plaisir... je veux que ces deux Gaulois soient assommés à poings nus ! ». Dans la même optique, on apprend dans Obélix et Compagnie que César ne comprend rien aux finances mais préfère clairement la bataille : «Campagne ? Stratégie ? Cible ? Voilà un langage qui me plaît ! Je vais donner l'ordre à toutes mes légions d’être prêtes à combattre ! »

Enfin, malgré son avidité pour le pouvoir, le personnage de César, si ce n'est pas forcément le but qu'il recherche, sait nous faire rire dans ses répliques et ses réactions, toutes plus spectaculaires que les autres. Ainsi, l'auteur lui fait prononcer des anachronismes qui n'ont pour autre but de nous faire sourire, tel que « Mon petit bonhomme, les phrases historiques, alea jacta est et tout ça, c'est moi qui les fais ici !» dans Obélix et compagnie.

Le vrai César, quant à lui, a été dépeint ainsi par Lucain dans La Pharsale :« Au nom, à la gloire d'un grand capitaine, César joignait une valeur qui ne souffrait ni repos, ni relâche, et qui ne voyait de honte qu'à ne pas vaincre dans les combats. Ardent, infatigable, où l'ambition, où le ressentiment l'appelle, c'est là qu'il vole le fer à la main. Jamais le sang ne lui coûte à répandre. Mater ses succès, les poursuivre, saisir et presser la fortune, abattre tout ce qui s'oppose à son élévation, et s'applaudir de s'être ouvert un chemin à travers des ruines : telle était l'âme de César ». Grâce à cet extrait, on constate que le caractère de César est assez proche de celui que nous propose Astérix .

 

3. Le contexte historique


Dans tous les albums, le contexte historique est plutôt bien respecté : la guerre des Gaules, par exemple, est un sujet omniprésent, étant donné que l'on parle de la conquête de la Gaule par Jules César. Le sujet est par ailleurs particulièrement évoqué dans l'album Le Bouclier Arverne , où le bouclier en question est celui de Vercingétorix, qui l'a abandonné lors de sa défaite à Alésia.

 


Sur cet extrait de planche tirée de l'album, on assiste à la soumission de Vercingétorix et... à l'un des seuls moments où César n'est plus le grand Empereur divin mais le général humilié, rendant le personnage réellement risible !

L'un des autres éléments historiques en lien avec César que l'on peut retrouver est la guerre civile romaine. En effet, dans Astérix Légionnaire, Astérix et Obélix arrivent en pleine bataille de Thapsus, opposant les troupes de Jules César et celles de Scipion. L'authenticité historique y est respectée : Scipion est vaincu.

La guerre civile est évoquée également dans l'album La Traviata, où l'on comprend que César et Pompée sont rivaux.

A travers tous les titres, les deux amis parcourent le monde, et en particulier l'Empire romain. On voit en effet la plupart des pays, conquis ou non, que Rome a tenté de conquérir. Ainsi, on retrouve la conquête de l’Helvétie dans Astérix chez les Helvètes, la tentative infructueuse de conquête de la Grande Bretagne dans Astérix chez les Bretons ou encore la conquête de l'Hispanie dans Astérix en Hispanie. Dans les pays proches, on remarque que seuls les Goths ont su résister à l'envahisseur, et aucun Romain ne semble décider à les attaquer, comme le montre l'album Astérix chez les Goths. Le contexte historique est donc bien respecté par rapport aux événements qui se sont réellement déroulés.



Line VN et Adrien K., 1S2