Le personnage de César au cinéma et à la télévision


   



Jules César figure aujourd'hui parmi les personnages antiques les plus célèbres. Ce stratège et homme politique, qui acheva de démanteler la République romaine, possède un parcours étonnant, distingué par des relations uniques, des coups d'éclats, et la trahison la plus marquante de l'histoire. Déclinées sur de nombreux supports artistiques, les péripéties de son existence furent particulièrement développées au cinéma, sous des angles et points de vues bien différents selon les cinéastes. Nous nous intéressons ici à trois étapes de sa vie qui ont le plus inspiré les artistes du 7ème art : la conquête de la Gaule, sa relation avec la reine d'Egypte Cléopâtre, ainsi que le complot dont il fut la victime et qui aboutit à son assassinat.



1/ Jules César et la guerre des Gaules


Vercingétorix

Fiche technique : Réalisateur, Jacques Dorfmann. Christophe Lambert dans le rôle de Vercingétorix et Klaus Maria Brandauer dans celui de César

L'image de César : Personnage perfide, manipulateur, qui agit pour ses propres intérêts, engage en premier lieu Vercingétorix et ses alliés pour conquérir la Bretagne à sa place, en leur promettant une forte récompense. Il les trahit finalement, ce qui pousse Vercingétorix à la guerre.

L'angle abordé / message ? : Le film parle de Vercingétorix, de sa prise du pouvoir jusqu'à sa reddition, et de son duel avec César, en faisant entrer une part de magie avec les légendes des druides gaulois.

 

 

Éléments d'analyse : Les bas fonds du cinéma français.

La mise en scène est catastrophique, les acteurs sont tous mauvais. L'emploi de musiques techno ajoute un irréalisme conséquent à un film qui ne prend même pas la peine de vérifier les faits historiques dont il parle, en créant autour de Vercingétorix une sorte de mythe sans valeur historique. Les costumes sont ratés, les batailles ridicules, l'histoire tient sur un post-it et plagie sans scrupule Braveheart de Mel Gibson. La prestation de Lambert en Vercingétorix est risible et celle de César pitoyable. Les dialogues sont ridicules et balancés au petit bonheur la chance par des acteurs qui savent très bien dans quel genre de film ils tournent : un pur navet, en bonne et due forme.

A déconseiller !

Respect des faits historiques : Un enchaînement incohérent de faits historiques peu avérés sur l'histoire gauloise.

 



Jules César conquérant de la Gaule


Fiche technique : Réalisé par Amerigo Anton, avec Cameron Mitchell dans le rôle de César et Rick Battaglia dans le rôle de Vercingétorix.

L'image de César : Chef de guerre intelligent et valeureux, qui doit combattre pour la seule gloire de Rome et est profondément opposé au Sénat.

L'angle abordé / message ? : On est en 54 av JC, César s'apprête à envahir la Bretagne. A Rome ses activités sont critiquées au Sénat et on lui demande de venir rendre compte de ses actes. En parallèle, Vercingétorix a été affranchi par César lui-même, et une vague de rébellion touche la Gaule, opposant les deux chefs.

On aborde aussi l'histoire d'amour entre le second de César, Quintus Valorius, et Publia, pupille de César, qui doit rejoindre César en Gaule conquise pour épouser Quintus Cicéron pour favoriser ses parents auprès de lui. Son aimé et elle sont enlevés par les Gaulois et se retrouvent prisonniers chez Vercingétorix.

 

 

Eléments d'analyse : Bon péplum hollywoodien dans toute sa splendeur, avec ses points forts (les moyens financiers) et ses points faibles (pas de respect historique notamment) et avec ses facilités historiques et ses scènes grandioses qui ont fait leur renommée.

Les personnages sont pleins de clichés, mais celui de Vercingétorix est intéressant : c'est un personnage paradoxal car il est rempli de haine, mais défend des valeurs comme la liberté.

Les batailles ont vieilli, sont pour la plupart en accéléré et étrangement assez sanglantes, ce qui est peu courant pour l'époque, mais entrecoupées d'images tirées d'autres films (stock shot, c'est-à-dire des morceaux de pellicule issus d'autres films que les productions peuvent acheter. Cette pratique existe encore aujourd'hui.)

Respect des faits historiques : Au début du film, César et dix de ses hommes entrent en territoire gaulois pour pratiquer de l'infiltration/espionnage, ce qui est absurde et irréaliste.

Le personnage de Vercingétorix est valeureux, mais néanmoins typé comme un "méchant" hollywoodien basique. Tout en étant un alter ego de César, il est plus violent et redoutable. Les Gaulois sont des barbares, qui n'hésitent pas à crever les yeux de leurs prisonniers et à les torturer (par le fouet et le marquage au fer blanc). Ils vivent dans des sortes de châteaux et leurs costumes sont irréalistes. L'un d'eux s'appelle Roland, ce qui n'est pas trop gaulois, mais plutôt franc.

 



Rome - Production HBO

Avec Ciaran Hinds dans le rôle de César

L'image de César : Ambitieux, calculateur et sans scrupules, il reste néanmoins généreux aussi bien avec ses amis qu'avec ses ennemis et est un véritable génie politique et militaire. Ici la conquête de la Gaule est un succès.

L'angle abordé / message ? : Cette première saison débute lorsque Jules César revient de Gaule à la fin de son mandat de proconsul. Refusant de libérer ses légions selon l'ordre du Sénat, il s'apprête à franchir le Rubicon à la tête de ses légions et à marcher sur Rome. La série retrace les luttes de pouvoir entre Pompée et César, jusqu'au triomphe de César et à son assassinat en mars 44 av. J.-C.

Éléments d'analyse : LA série historico-réaliste dans toute sa splendeur. Ayant connu un grand succès, elle est le point de départ d'une nouvelle ère dans la fiction télévisuelle, en faisant entrer de gros moyens à la production et une véritable application dans la réalisation.

Les acteurs sont tous bons, la mise en scène soignée, la narration rapide, les péripéties s’enchaînent et on est littéralement embarqué dans l'époque romaine.

En mêlant habilement personnages historiques célèbres et personnages de fiction, la série expose les grandes intrigues de l'époque et les mœurs romaines. En employant un réalisme fort dans les scènes de violence notamment (chères à HBO), la véracité des faits n'est pas à prouver. En effet les auteurs de la série ont véritablement approfondi leur sujet, en faisant appel à des historiens. Cette série est un bouillon de culture. Peut-être que César, Octave, Marc-Antoine et les autres n’ont jamais connu toutes ces aventures intimes, ces frasques personnelles, mais qu’importe ? car elles correspondent parfaitement à l’état d’esprit de l’époque.

Rome est une véritable fresque historique, à ne manquer pour rien au monde. Je la conseille à toutes et à tous.

 

 



César - Docu-Fiction

Fiche technique : Réalisé par la chaîne Toute l'histoire

L'angle abordé / message ? : De ses débuts en politique jusqu'à la guerre des Gaules et le passage du Rubicon.

 

 

Eléments d'analyse : Étayé par des interviews d'historiens, ce docu-fiction est intéressant car il couvre une longue période de la vie de César, avec beaucoup de détails, notamment sur les tenues de combat des Gaulois et leurs stratégies d'attaques. Néanmoins les parties mettant en scène des batailles ou César n'ont aucun intérêt (le filtre sur l'image est ma foi très laid).

 



Dans un tout autre registre, César fait parfois son apparition lorsqu'il est jeune ; c'est le cas du film Spartacus réalisé par le maître Stanley Kubrick, à qui l'on doit des chefs-d’œuvre classiques tels que Les sentiers de la gloire, Orange mécanique ou encore 2001, Odyssée de l'espace. En 1960, il s'essayait au péplum. César est ici un jeune général qui fait une apparition lorsqu'il prend le commandement de la garnison de Rome dans le cadre de la révolte des esclaves.

De la même manière, dans la saison 3 de la série Spartacus, César  fait une apparition.

 


A partir des années 70 on assiste à une chute vertigineuse du péplum, la vague des films érotiques dans les années 1970 récupérant le genre : les orgies romaines sont le cœur de ces films et Caligula y est souvent mis en scène. Cette passation de style y est pour quelque chose. Le succès du péplum ne fait alors que chuter et le rend aujourd'hui très rare.

C'est dans ce contexte que le genre parodique s'en empare, marqué par des réalisateurs comme Mel Brooks ou le trio des frères Zucker et Jim Abrahms. La parodie au cinéma (comme ailleurs) est une forme d'humour qui utilise le cadre, les personnages, le style et le fonctionnement d'une œuvre pour s'en moquer. Elle se fonde, entre autres, sur l'inversion et l'exagération des caractéristiques appartenant au sujet parodié. Le genre vieillissant a donc droit à son lot de parodies, la plus notable étant sans doute La Vie de Brian, parodie absurde du groupe d'humoristes anglais, les Monty Python, qui raconte l'histoire d'un nouveau prophète dans la Judée sous contrôle romain. Sans surprise, les personnages incontournables de l'histoire antique sont tournés en dérision.

 


C'est le cas de César dans Deux heures moins le quart avant J-C, film du comique français Jean Yanne sorti en 1982, avec Coluche dans le rôle d'un certain Marcel Ben-Hur et Michel Serrault dans le rôle de César grimé en homosexuel, aux traits de caractère exagérés comme dans son personnage-culte de La Cage aux Folles. Ici la personnalité de César est parodiée, et le comique est essentiellement fondé sur l'anachronisme.

 

 


Vient ensuite la BD Astérix qui fait de César la figure emblématique de l'empereur (sans qu'il l'ait jamais été...). Et c'est ainsi qu'en 2002 l'humoriste Alain Chabat dirige une adaptation librement inspirée d'Astérix et Cléopâtre et intitulée Astérix et Obélix mission Cléopâtre.

Le film met en scène de nombreux humoristes français, pour la plupart issus de la chaîne Canal +, comme la troupe des "Robins des bois", Jamel Debouzze, Edouard Bear, mais aussi avec la participation d'acteurs français confirmés, tel Clavier et Depardieu (respectivement Astérix et Obélix), ou encore Claude Rich. C'est Alain Chabat qui interprète le rôle de César, manipulateur, conquérant, néanmoins mauvais perdant et amoureux de Cléopâtre, ici interprétée par l'italienne Monica Bellucci. Le métrage inspiré des péplums mettant en scène Cléopâtre, notamment par la relation qu’entretiennent César et la reine, est un classique du film comique familial, Chabat restant proche de la BD originale et important son humour absurde si cher à son ancien groupe comique, « les Nuls », créé avec Bruno Carrette, Dominique Farrugia et Chantal Lauby qui apparaît brièvement dans le film.

 

 


2/ Jules César et Cléopâtre


Cleopatra

Présentation : Cléopâtra est une production hollywoodienne réalisée par le cinéaste J.Gordon Edwards en 1917, avec dans le rôle titre l'actrice sulfureuse Theda Bara. Il ne reste aujourd'hui que de courts fragments de ce péplum muet, suite à un incendie survenu dans les locaux des sociétés de production Fox. Tout ce que nous savons de ce long-métrage est qu'il fut censuré à sa sortie à cause des costumes très courts de Theda Bara, ainsi que de certaines scènes sensuelles considérées comme obscènes à cette période où le cinéma commençait à peine à s'imposer comme un réel divertissement populaire. Il reste aussi comme un des films les plus coûteux de l'époque avec 500 000 dollars de budget. Il est néanmoins important de le citer car il s'agit du premier film à aborder la relation entre César et la reine égyptienne, là où le Cléopâtre de 1912 se concentre essentiellement sur sa liaison avec Marc-Antoine.

 



César et Cléopâtre


Présentation : César et Cléopâtre est un film britannique réalisé en 1945 par Gabriel Pascal, avec dans les rôles principaux Vivien Leigh et Claude Rains.

Synopsis : Alors qu'il s'éloigne de son campement pour demander de bons augures au Sphinx, Jules César y rencontre Cléopâtre, qui se cache par peur des Romains qu'elle croit être des monstres. Attendri, César va l'installer au pouvoir et lui apprendre à être une véritable reine.

 


Critique : Ce long-métrage nous narre la romance particulière entre deux personnages caricaturaux, que ce soit par leurs répliques ou le jeu de leurs interprètes. Cléopâtre est présentée comme une jeune fille d'une niaiserie poussée, presque insupportable par moments. Elle agit et réagit comme une enfant, et son placement sur le trône semble ainsi peu crédible. Le personnage de César vient néanmoins nuancer cet aspect en apportant un humour absurde et une présence charismatique. Il apparaît comme un homme à poigne, fin politicien promis à un destin exceptionnel. Il semble être au-dessus de tous les autres personnages, presque un demi-dieu considéré par ses subordonnés en tant que tel. Néanmoins, ces traits sont contrastés maladroitement par les scènes qu'il partage avec Cléopâtre, où il est souvent tourné en vieil homme ridicule. Ici, il nous semble voir une relation entre un père et sa fille plutôt qu'une véritable liaison amoureuse. La réalisation nous offre tout de même quelques moments de bravoure agréables, dus surtout aux décors travaillés ainsi qu'aux costumes élaborés.

 



Cléopâtre

Présentation : Cléopâtre est un film américain de Joseph L. Mankiewicz sorti en 1963 et durant plus de quatre heures. Nous nous intéresserons ici à la première partie du long-métrage, qui se concentre sur la liaison entre César et Cléopâtre, la deuxième partie se focalisant sur Cléopâtre et Marc-Antoine. Cette production est servie par un casting impressionnant, puisque c'est Elizabeth Taylor qui incarne la reine égyptienne, aux côtés de Rex Harrison dans le rôle de Jules César.

Synopsis : Poursuivant Pompée et souhaitant mettre un terme aux guerres internes qui touchent l'Egypte, le grenier à blé de Rome, Jules César se fait approcher par Cléopâtre qui lui demande de l'aider à prendre le pouvoir. Ils vont par la suite tomber amoureux et souhaiter tous deux construire un empire où César règnerait de manière absolue. Mais leurs rêves de grandeur s'effondreront avec l'assassinat de ce dernier.



 

Critique : La romance entre ces deux personnages emblématiques de la fin de la République romaine antique dispose, grâce à cette oeuvre, de sa meilleure adaptation cinématographique. Mankiewicz nous offre une fresque époustouflante par sa démesure, l'utilisation systématique de plans larges nous montre des personnages petits par rapport aux territoires sur lesquels ils règnent ou aux monuments dans lesquels ils évoluent.

 


Souffrant de certaines longueurs (la scène de la parade dans Rome dure presque 15 minutes) cela n'en reste pas moins un film majestueux, disposant d'un scénario élaboré et d'acteurs convaincants. Cléopâtre est montrée comme une femme déterminée et dévorée par l'ambition. Elle n'éprouve pas d'amour pour César, mais plutôt de l'admiration. Jules César, quant à lui, est un personnage plus flegmatique, il se sent vieillir et connaît son destin. Ce dernier sera d'ailleurs dévoilé dans un ingénieux montage en fondu, où l'on assiste parallèlement à l'assassinat de César et aux prédictions de la prêtresse égyptienne à Cléopâtre. Tous les deux s'effondrent simultanément, mais seule Cléopâtre se relève : la mort l'a détachée de César.

 

 


3/ L'assassinat de Jules César

Secrets d'Histoire - Jules César ou la gloire de Rome


Dans ce documentaire, dans lequel le discours des historiens est accompagné d'extraits de scènes reconstituées, dans un souci de vraisemblance et de clarté, César est présenté de façon plus ou moins neutre. Les sources principales de renseignements sont le texte de César lui-même, la Guerre des Gaules, ainsi que des textes de Plutarque consacrés plus spécifiquement à Cléopâtre. Le but de ce documentaire est donc d'instruire, mais on pourra observer que chaque historien possède un avis particulier dans certains domaines.

Jules César est un homme très ambitieux par définition : il semble connaître son génie et en déduit  naturellement que la gloire ne peut qu'en découler. Il se lance donc en politique avec toute confiance en sa valeur personnelle. L'ambition de César l'a toujours défini, mais son génie militaire est aussi reconnu par sa préméditation de la stratégie gauloise et la mise en place de fortifications "machiavéliques" pour repousser les armées en renfort des troupes stationnées à Alésia – c'est la technique du marteau et de l'enclume, les renforts et Alésia. Son génie militaire n'est cependant pas trop évoqué ici, signe d'une réticence ? On constate cependant que les exploits des ingénieurs et des soldats romains sont, eux, justement soulignés, et que César était bien impitoyable en temps de guerre.

La suite des événements oblige César à prendre ses responsabilités : c'est parce qu'il est condamné à rentrer à Rome et à y être jugé qu'il franchit le Rubicon. Il déclenche ainsi la guerre pour ses propres intérêts.

Comme on pouvait s'y attendre dans une émission de Stéphane Bern, adressée à un large public, le documentaire s'intéresse aussi beaucoup au rapport de Jules César à l'amour. Certains historiens en viennent à penser que Jules César est un homme aimant les femmes ou bien qu'il est surtout opportuniste. En effet, ses amours semblent bien liés à ses ambitions politiques : lorsqu'il épouse Cornélia, il épouse la fille du plus grand personnage du parti des populares. L'amour qu'il portait à ses maîtresses, filles de ses plus grands amis, peut être lui aussi politique : il s'agissait d'une part de garder ses amis sous son influence par leurs femmes, et d'autre part de montrer sa puissance par ses conquêtes d'une autre nature. César est donc un grand séducteur, d'où l'expression de son armée : "Rome, cachez vos femmes, nous ramenons le séducteur chauve". On donne ainsi aux conquêtes amoureuses de César une portée politique ; il aurait même été le "mignon" du roi de Bithynie, ce qui lui vaudra bien sûr, d'éternels reproches...

Son amour envers Cléopâtre est lui aussi lié à ces ambitions politiques, dans la mesure où le rapprochement avec la reine d'Egypte lui inspire la notion de dynastie et d’État centralisé, ce que sera précisément l'Empire après sa mort. Les représentations romaines témoignent cependant du charme de Cléopâtre, "son aiguillon" selon Plutarque ; elle a donc peut être effectivement charmé César. Leur amour n'était probablement pas politique mais passionnel, même si les atouts physiques de la reine sont remis en cause après l'étude des monnaies figurant son visage. Elle n'est pas forcément une beauté orientale ; elle a été fantasmée par les Romains, son portrait est biaisé.

Le portrait de César est lui aussi abordé dans le documentaire, grâce à une sculpture découverte et conservée à Arles : il s'agit d'un homme dégarni sur les côtés, aux pommettes bien rondes, et au nez persan... Ces détails, qui ne valorisent pas forcément Julius Caesar, conduisent les historiens à considérer cette sculpture comme réaliste.

Cependant, une chose ne correspond pas au portrait que nous avons de César, son art de la provocation : depuis sa traversée du Rubicon, l'imperator est guidé par le désir de transgresser d'autres limites, d'autres normes. Il cherche ainsi à provoquer les Sénateurs, en orientant le forum de César à la sortie de la Curie. Il montre, en cela, sa domination sur le Sénat, alors que le gouvernement est toujours une République, soit le gouvernement de plusieurs.

Mais la plus grosse provocation de César est la cérémonie où Marc Antoine couronne César comme un roi. La réaction du peuple, indigné, pousse César à refuser la couronne. Les sénateurs voient en ce fait le désir de César de devenir monarque : il a testé la réaction de la population afin de connaître le moment propice pour devenir rex.

Son assassinat est présenté comme étant prédit par plusieurs personnages, dont sa femme Calpurnia et l'haruspice Spurina. Cependant Brutus, conjuré mais aussi homme de confiance de César, le convainc de se rendre au Sénat. En pleine séance, les conjurés passent à l'action, et César est poignardé à vingt-trois reprises. Ce serait Brutus qui aurait donné le dernier coup, et il en résulte le célèbre "Kai su teknon", qui peut être interprété de différentes manières : la première interprétation, que l'on préfère en général, est que César lui avouerait le lien du sang qui les unit – sa mère étant la maîtresse favorite du dictateur ; l'autre interprétation est neutre, César ayant simplement déploré la trahison en parlant ainsi. En fin de film, il se recouvre la tête de sa toge, afin d'éviter le déshonneur d'être défiguré.

 


Le destin de Rome


Il s'agit d'un docu-fiction particulièrement remarquable dans la mesure où les dialogues sont en latin. Cette oeuvre réaliste évoque très rapidement la mort de César, point de départ de l'ère du second triumvirat des Césariens.

César est assassiné par Brutus et Cassius, chefs de la faction républicaine. La principale raison de cet assassinat est le comportement néfaste de César qui se comporterait comme un roi. Cet acte constitue un casus belli à l'encontre de ses conspirateurs, qui décident de passer à l'action.


 


Rome, grandeur et décadence d'un empire

Ce documentaire de Planète 21 est lui aussi fondé sur des interventions d'historiens. Il est principalement consacré à la vie de César du triumvirat à sa mort. Le discours des spécialistes est encore une fois illustré par des extraits vidéo.

 


Le début du documentaire traite d'abord de la carrière militaire de César en Hispanie : il est décrit comme un militaire courageux et discipliné - ce qui, lorsqu'on appartient à une famille patricienne, favorise énormément la réputation et ainsi sa future carrière politique. C'est aussi un homme charismatique, capable de manipuler toute une foule par ses discours. Lors des débuts du triumvirat, le jeune consul de Gaule Cisalpine n'a pas la richesse de Crassus ni la gloire de Pompée, mais son habileté politique, son éloquence, ses capacités d'écrivain et de militaire le rendent tout aussi important que les autres. César ne veut cependant s'arrêter là, son ambition le dévore et il cherche à consolider sa province et sa gloire en menant la guerre des Gaules. Mais il est aussi qualifié de cupide et on lui a associé une ambition démesurée, excessive. La richesse provenant des pillages et de l’administration va lui permettre de former un très grande armée et d'acheter la loyauté de beaucoup d'individus. Les spécificités de ce document vidéo sont d'une part la façon dont est traité le début de la guerre civile – une responsabilisation de Pompée - puis d'autre part la responsabilisation des sénateurs. En effet, Pompée est considéré comme un traître en raison de sa trahison du parti des populares, il devient un conservateur et en raison de sa prise de pouvoir seul. Il met ainsi en péril le triumvirat et fait un terrible affront à César en refusant un mariage avec l'une des femmes de la Gens Julia. César ne peut cependant rien faire, étant occupé avec l'insurrection gauloise.

Les conspirateurs, eux, sont présentés comme des personnages particulièrement avides, qui veulent avant tout conserver leurs privilèges et non sauver la République. Il est presque admis qu'ils corrompent Brutus. Dans ce documentaire, tous les acteurs sont donc responsables de la guerre civile et des malheurs de la République : César cupide et ambitieux et les conservateurs tout aussi cupides et corrompus. Sa mort est, elle, traitée de façon traditionnelle : il est poignardé et il s'adresse à Brutus pour s'exclamer : "Kai su Teknon".

 



Jules César (1953)

Dans ce péplum de Mankiewicz en noir et blanc, inspiré de la tragédie Julius Caesar de Shakespeare, le complot visant à tuer César constitue le coeur de l'intrigue.

 


Ce film propose une image particulièrement intéressante du dictateur romain. Jules César y est en effet présenté comme un véritable tyran et un homme providentiel. Il apparaît d'emblée comme très autoritaire, d'une majesté excessive et même hautaine. Le film montre concrètement le danger que peut constituer César pour la République : il ose rejeter le devin qui ne vient que pour l'avertir de son sort, il ignore les présages des dieux qui le mettent en garde contre cette dernière séance du Sénat, aux ides de mars. Il apparaît comme très condescendant, et justifie le plus souvent ses actes par sa grandeur, « car Je suis César ». Il s'attire ainsi facilement la haine des personnages, en parlant de lui à la troisième personne. Sa tyrannie, son autorité lui valent d'être considéré comme un personnage particulièrement dangereux, mais il paraît toujours majestueux à l'image d'un roi. Il n'hésite pas à rappeler publiquement la stérilité de sa femme lors d'une fête, ce qu'elle ne semble en aucun cas apprécier. Il est confiant, fier, rude, mais il est aussi assez aimant, et semble accorder beaucoup d'importance à ses amis. Il ne leur ment donc en aucun cas.

En parallèle de cette confiance démesurée, il y a un homme d'honneur et très charismatique, mais qui se laisse facilement berner dès que ses intérêts sont évoqués par Decius. La cupidité est donc l'un de ses défauts majeurs ; en effet, il considère les présages de sa femme comme ridicules dès lors que le sénateur prétend que la séance du Sénat n'a pour but que de le couronner. On remarque ainsi qu'il cherche à devenir roi.

La principale caractéristique qu'il y a à retenir de cette interprétation de César est donc sa confiance en lui démesurée, son caractère hautain et désabusé : la transcendance du tragique n'est autre que sa propre personnalité, excessivement orgueilleuse. C'est d'ailleurs son orgueil qui le pousse à rejeter le messager venant l'informer du complot : il le repousse en raison de son apparence. Il ne le juge aussi pas assez « grand » pour lui parler. Enfin le peu de considération qu'il manifeste envers le Sénat est choquant : le Sénat n'en demandera pas plus. Il ne respecte ainsi aucunement les institutions les plus traditionnelles de la République et, de plus, les plus autoritaires. Il dévalue ainsi le Sénat et les Sénateurs ; il ose même menacer de bannissement Metellus Cimber.

En conclusion, César ne pense qu'à César et ne sert que César ; c'est l'image principale du film. Il réagit aussi d'une façon spécifique au film : lors de son assassinat au Sénat, arrivant à Brutus, il sourit d'abord, croyant trouver de l'aide ou du réconfort auprès son fils adoptif Brutus - apeuré par l'action des autres conspirateurs. Il se rend cependant compte de la trahison lorsqu'il est poignardé par celui qu'il considérait comme un fils, un ami, d'où la fameuse phrase : « Toi aussi, Brutus ».

 


Rome, la série HBO - 2005

Dans cette série documentaire, l'histoire de Rome est évoquée de la fin de la guerre des Gaules à l'empire d'Auguste. Cette série va montrer un tout autre portrait du personnage historique de César, qui apparaît ici plus machiavélien que dans les autres représentations.



Dans l'épisode 9, Jules César a vaincu Pompée et ses alliés. Il se retrouve seul consul à Rome et renforce considérablement son pouvoir. C'est un homme travailleur et ambitieux, un grand technicien politique. Il est difficilement manipulable en raison de sa vivacité : il cerne rapidement les problèmes et les intérêts dans toutes les situations. Ainsi, lors de l'emprisonnement de Pullo, César refuse de l'aider directement ou d'autoriser l'aide d'une personne qui lui soit liée. En effet, cela entraînerait une grave instabilité : si un soldat de la campagne des Gaules le libère, on considèrera que César protège ses hommes ou même qu'il a commandité le crime de Pullo.

Afin de renforcer ses rapports avec le peuple romain, César essaye de redistribuer le patrimoine aux Romains. Il comble aussi le peuple de distractions – du pain et des jeux - et impose que le cinquième mois s'appelle Juillet, afin de s'imposer dans la vie quotidienne des Romains.

Le plus remarquable dans ses stratégies est l'utilisation de l'art oratoire, la rhétorique : il sait très bien faire pression sur les hommes, les contraindre et les pousser à certains comportements. Il joue ainsi le jeu du pardon avec les Sénateurs, mais cela n'a rien de vrai car il cherche avant tout à les contenir, se méfiant toujours d'eux. Il ose pour cela nier ironiquement le passé ou le rappeler, que ce soit informellement ou formellement ; une sorte d'art du sous-entendu. Le dictateur est donc un homme qui manifeste une virtù particulière, très fin politicien. Tous ses actes servent ses fins. Il maîtrise avec facilité l'art de parler et de dissimuler – ce qui pourrait bien se rapprocher de l'art de dissimuler qu'avaient les Carthaginois avec le fameux esprit punique. L'imperator est donc décrit comme un prince extrêmement habile, et l'essentiel de son portrait met en valeur son talent politique et ses qualités, qui font de lui un homme d'Etat providentiel.

 




Ainsi nous pouvons remarquer que le destin de ce personnage exceptionnel a su déchaîner les passions. Homme à poigne, manipulateur ou amoureux, Jules César présente de nombreuses facettes mises en évidence à l'écran. Aujourd'hui, néanmoins, le genre du péplum faiblissant, il apparaît davantage sous le signe de la dérision et de la parodie, en particulier à travers la franchise "Astérix".



 Gwendal T., 1ES1, Maxime N., 1ES1 et Philip D., 209.