Les attributs d'Apollon
Apollon est considéré comme le dieu des arts, de la musique, de la poésie, du chant, de la beauté masculine. Il est aussi le conducteur des neufs Muses. Cependant, même si Apollon est le dieu de la guérison et des purifications, il peut répandre la peste grâce à ses flèches.
Apollon est également connu grâce à ses nombreux attributs tels que la lyre d’or, la flûte, l’arc, les cornes de bovidés, la couronne de laurier, le trépied. Les animaux qui lui sont associés sont le corbeau, le cygne, le coq, le loup et le serpent.
*
|
|
Apollon et le corbeau est le sujet du médaillon central (tondo) d’une kylix attique à fond blanc de 18 cm de diamètre, retrouvée dans une tombe à Delphes, dont on imagine qu’elle pouvait être celle d’un prêtre. Il représente Apollon avec une couronne de lauriers, un himation rouge (manteau), un péplos blanc (tunique sans manche) et une paire de sandales. Apollon tient une lyre de la main gauche et est en train de verser une libation de la main droite, assis sur un diphros (chaise) aux pieds de lion. En face de lui, est perché un corbeau noir.
La composition de cette kylix est très harmonieuse : Apollon assis face au corbeau occupe parfaitement le médaillon circulaire. Il est présenté de trois-quarts pour le corps et de profil pour le visage. Le trait du contour est très fin et précis, les couleurs bleutée, ocre et noir se complètent harmonieusement et l’ensemble produit un effet d'une grande délicatesse.
La lyre que tient Apollon est un instrument de musique à cordes pincées, avec une caisse de résonance et deux manches permettant de tenir les cordes. Par sa forme, on peut la considérer comme une petite harpe. C'est Hermès qui en est l’inventeur. Il inventa également des chants harmonieux joués avec cette lyre, et lorsqu'un jour Apollon vint réclamer ses génisses auprès de Maïa, Hermès se servit de cette lyre et réussit à échanger son instrument contre les génisses. C’est ainsi que la lyre devint l’attribut d’Apollon.
La présence du corbeau noir en face de lui fait allusion à la légende de Coronis de Larissa, une très belle femme devenue la compagne du dieu de Delphes qui était tombé fou amoureux d’elle. Apollon avait chargé son corbeau, un magnifique oiseau blanc, de surveiller Coronis. Mais celle-ci, enceinte d’Apollon, continua à voir son ancien amant sur terre, car le corbeau avait été un peu négligent. Lorsque Apollon en fut informé, il devint furieux et tira une flèche qui toucha Coronis et la tua. Pendant que sa bien aimée mourait dans ses bras et qu‘il regrettait son geste, il réussit à sauver l’enfant à naître et le confia à Chiron. Quant au corbeau, il fut chassé des oiseaux blancs d’Apollon et prit un plumage noir. Il fut dorénavant considéré comme un oiseau de mauvais augure, qui apportait de mauvaises nouvelles.
*
|
Ce cratère en calice attique mesure 54 centimètres de haut et a pour diamètre 56 centimètres. Il a été peint avec la technique des figures rouges, consistant à partir de 530 av.JC à dessiner les détails et les personnages puis de peindre le fond en noir, ce qui permet de bien détacher les figures.
La scène, sur la face B du vase, représente Artémis et Apollon tuant les Niobides. On reconnaît les deux divinités à leur arc, plus la couronne de lauriers et la lyre pour Apollon. La légende raconte qu’autrefois Niobé, fille de Tantale, femme d’Amphion et mère des Niobides, se vanta devant tout le monde du nombre et de la beauté de ses enfants, tout en se moquant de Léto qui, elle, n’avait été capable de mettre au monde que deux enfants, Apollon et Artémis. Ces derniers, fous de rage, firent comprendre son erreur à Niobé en tuant tous ses magnifiques enfants. Leurs cris firent sortir la mère de son palais, et lorsqu’elle se rendit compte de ce massacre, elle fut pétrifiée. Par pitié, Zeus la transforma en pierre et la plaça sur le Mont Sipyle, sur lequel coulent toujours ses larmes.
C’est ce massacre que représente cette scène sur l'une des deux faces latérales du cratère. Comme il mesure 56 cm de diamètre, la peintre a de la place pour sa composition, et il remplit la surface sans la surcharger. Il situe ses personnages sur différents niveaux, pour suggérer les différents plans, et donc de la profondeur. Par exemple, le fait que les deux dieux soient placés debout en haut et que les Niobides soient couchées en bas nous permet d'imaginer que les dieux se situent au deuxième plan, et que le massacre se situe au premier plan, comme si nous étions face à cette horrible scène.
*
|
Cette mosaïque romaine tardive, du IVe s. apr.JC, se situe dans une villa de Chypre. Elle représente le mythe de Marsyas, qui raconte l'histoire du défi musical opposant le satyre Marsyas et Apollon, et la victoire du dieu, qui se vengea de Marsyas de la plus cruelle façon, en l'attachant à un pin et en l'écorchant tout vif. Puis il cloua sa peau près de la grotte.
Sur cette image, limitée à la partie droite de la mosaïque, nous voyons Apollon qui tient de sa main gauche une branche de laurier (en souvenir de Daphné, car lorsqu’il l'a touchée, le laurier est devenu un autre de ses attributs). Il est accoudé à une cithare, un instrument de musique à cordes pincées ou frappées sur une caisse de résonance. En face de lui, Marsyas se tient debout, tenu par deux hommes, attendant son supplice.
Les couleurs sont froides : du bleu, du blanc, du beige, mais relevées par le rouge de la tunique d'Apollon, qui anticipe sur la violence de la scène à venir. Malgré le fait que cette œuvre soit une mosaïque, l'artiste est parvenu à mettre en valeur de petits détails et à nous faire percevoir l'expression du visage d'Apollon, impassible, manifestant son assurance et sa fierté de vainqueur, insensible au caractère pathétique de la scène en face de lui. Cela confirme que l'une des caractéristiques d'Apollon est son insensibilité face à la douleur humaine, qu'il s'agisse des Niobides ou de Marsyas.
*
|
Le Soleil, un autre attribut d’Apollon, est également l’emblème du roi Soleil Louis XIV (1638-1715), un roi de France qui a choisi Apollon pour emblème parce qu'il est le dieu classique par excellence : il symbolise l'ordre, le pouvoir et la création de la vie, et qui l'a célébré un peu partout dans le château de Versailles. C’est pour cela qu'on trouve en particulier sur les grilles de l'entrée cette fameuse tête d’Apollon Phœbus, qui est une sculpture de bronze doré, datant de 1665-1666.
Elle représente un soleil de couleur dorée, avec au centre le visage du dieu, que l’on reconnaît à sa beauté et sa douceur. Sur cette sculpture, on pourrait penser à une métamorphose d’Apollon en soleil, par le fait que ses longs cheveux dorés s’entremêlent et se confondent avec les rayons du soleil, un peu comme si ce dieu permettait au soleil de briller.
*
Andrea Appiani, un peintre italien néo-classique, a connu la gloire quand Napoléon a envahi l’Italie dans les premières années du XIXe siècle : il est devenu l'un des peintres officiels de l’Empereur français. |
|
Apollon, le dieu de l’harmonie, de la musique et des arts, est très souvent accompagné des Muses qui habitent le mont Parnasse, une région montagneuse de Grèce consacrée à Apollon. Les peintres ont très souvent représenté Apollon entouré de ces Muses, jouant de la lyre et chantant de la poésie. Pour eux, c’était la représentation de l’inspiration artistique et de la complémentarité des arts. Les Muses, qui sont les filles de Zeus, sont en effet au nombre de neuf et représentent l'éloquence, la poésie, la musique, le chant, la danse, la tragédie et la comédie, l’histoire et même l’astronomie.
La grande fresque d’Andrea Appiani reprend ce thème. Apollon est au centre du groupe de personnages, sous un arbre et assis sur une colonne, jouant de la lyre, pendant que de chaque côté, les Muses écoutent ou dansent. Elles aussi ont leurs attributs : ainsi on voit deux masques, un au sol, un autre entre Apollon et une Muse, qui symbolisent la comédie et la tragédie, une autre muse s’appuie sur sa lyre, faite comme pour Apollon, à partir des cornes d’un bovidé.
Andrea Appiani est un peintre du néoclassicisme. Ce mouvement artistique se situe à la fin du XVIIIe siècle, à une période où, grâce aux découvertes de Pompéi et d'Herculanum, l'archéologie débutait et permettait de se faire une idée plus précise du style vestimentaire et des objets de l'antiquité. C’est pour cela que l’on peut voir sur cette magnifique fresque de nombreux détails plus authentiques que ce qu'on trouvait sur les peintures auparavant.
Les personnages forment une sorte de frise dansante pleine de grâce. Leurs tuniques de couleur rose ou bleu pastel sont rehaussées de touches de couleurs vives, comme le jaune ou le carmin, et se détachent sur le fond bleuté du ciel et des arbres de la forêt. L’ensemble dégage une grande harmonie et montre que même longtemps après la fin de l’antiquité, les dieux de la Grèce continuaient inspirer les artistes.
Manon M., 217