La déchéance du héros et sa vengeance en littérature et au cinéma


   



Mon nom est Maximus Decimus Meridius, commandant en chef des armées du nord,
général des légions Félix, fidèle serviteur du vrai empereur Marc Aurèle,
père d’un fils assassiné, époux d’une femme assassinée,
et j’aurai ma vengeance, dans cette vie ou dans l’autre.

 

Nous allons vous présenter le thème de la brusque déchéance du héros et de sa vengeance. Nous nous sommes demandé pourquoi le héros d'une histoire ressentait le plus souvent le besoin de se venger. Nous nous appuierons pour répondre à cette question sur le film Gladiator, que nous avons étudié en classe, puis nous élargirons à d'autres exemples empruntés à la littérature et au cinéma.

 

1/ Gladiator


Gladiator est un péplum américano-britannique de Ridley Scott sorti sur les écrans en 2000. Les acteurs principaux sont Russell Crowe dans le rôle de Maximus, Joaquin Phoenix dans celui de Commode et Connie Nielsen dans celui de Lucilla.

Le protagoniste, Maximus, a un schéma narratif complet qui reprend celui de certains romans ou films.


Première partie : Maximus est un grand général romain



Au début du film, on peut voir que Maximus, le personnage principal, est un grand général romain, aimé de ses soldats, apprécié de son empereur. Il occupe l'un des postes de commandement les plus haut placés, ce qui ne l'empêche pas de rêver de rentrer chez lui en Hispanie pour retrouver son fils et sa femme, qui lui manquent terriblement.

 

Deuxième partie : Brusque déchéance de Maximus



Tout bascule dans sa vie le jour où l'empereur Marc Aurèle lui demande de lui succéder, car il est convaincu que Maximus serait un meilleur dirigeant que son fils Commode, et qu'il respectera son souhait de rendre le pouvoir au peuple et de restaurer ainsi la République. Cette proposition rend Commode jaloux : il entre alors dans une colère noire, assassine son père et tente de faire tuer Maximus, ce en quoi il échoue, mais il parvient à faire assassiner la famille de Maximus. En voyant les dépouilles de sa femme et de son fils, Maximus devient fou de douleur et décide de se venger de Commode pour ce qu'il a fait à sa famille.

 

Troisième partie : Maximus devient esclave



Après avoir découvert les cadavres de sa famille, Maximus se fait prendre par des marchands d'esclaves. Il est vendu en Afrique du nord à un lanista, Proximo, et il devient gladiateur.

 

Quatrième partie : Maximus devient gladiateur et se venge



Après avoir été formé pour devenir gladiateur, Maximus gagne tous ses combats, notamment en soudant son équipe, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il était encore général. De cette manière, il se fait remarquer du peuple et surtout de l'empereur Commode. Très surpris par l'identité de la personne qu'il admire, Commode ne sait que dire quand Maximus retire son casque lors de leur rencontre dans le Colisée. Cependant Maximus lui fait comprendre qu'il a soif de vengeance après ce qui s'est passé, et qu'il compte bien se venger. Plusieurs personnes vont alors jouer un rôle dans la vengeance de Maximus, et l'aider à accomplir sa « quête ». Il s'agit de Lucilla, Gracchus, et l'un de ses anciens soldats. Finalement, Maximus est blessé à mort par Commode, juste avant leur combat dans le Colisée, mais il parvient à tuer l'empereur. Il meurt alors heureux : il peut enfin rejoindre les siens aux Champs Elysées.

 

 

2/ Autres œuvres

Nous allons à présent vous donner quelques exemples de romans ou de films dans lesquels les parcours des différents héros suivent le même schéma narratif que celui de Maximus.

Dans chacun des exemples, le personnage principal, plus ou moins haut placé dans l'échelle sociale, subit une brusque déchéance qui le fait tomber au plus bas, avant de remonter et de se venger.

Les exemples que nous allons vous présenter démontrent que les œuvres littéraires et cinématographiques utilisent assez souvent ce type de schéma narratif.

 

Le comte de Monte Cristo

Jacques Weber dans la mini-serie de Denys de la Patelliere - 1979


Le Comte de Monte Cristo est un roman feuilleton d'Alexandre Dumas écrit en collaboration avec Auguste Maquet et publié pour la première fois en 1844. Il a été adapté à maintes reprises au cinéma et à la télévision.

Il raconte l'histoire d'un jeune marin, Edmond Dantès, qui a dû remplacer le capitaine d'un bateau au cours d'un voyage, à cause de la mort subite de celui-ci. Arrivé au port de Marseille, un homme, Morel, lui promet de le faire devenir capitaine. De cette manière, le jeune officier, Dantès, souhaite aider son père et épouser sa fiancée Mercédès. Malheureusement, cette promotion ne ravit pas tout le monde. En effet, deux hommes sont jaloux de Dantès : Danglars veut absolument son poste et Fernand Mondego est amoureux de la femme qu'il veut épouser. Du coup, ils s'unissent pour se débarrasser de lui, et pour cela, ils le font passer pour un bonapartiste en écrivent une fausse lettre de lui adressée à Villefort, un bonapartiste. Pour couvrir son père, le procureur du roi, le jeune Villefort, fait arrêter Dantès et le fait enfermer à vie, sans procès, au château d'If. 

Là-bas, après plusieurs années d'isolement total, Edmond Dantès rencontre un homme, l'abbé Faria, qui va l'aider à monter un plan pour sortir du château et récupérer un trésor. Le vieil homme meurt avant de pouvoir s'enfuir, et Dantès profite de cette occasion pour se mettre dans son cercueil à sa place et être de cette manière jeté dans la mer. Quand il rentre chez lui, après quatorze années de séquestration, il apprend que son père est mort de faim et que son ex-fiancée s'est mariée à Fernand, devenu comte de Morcerf. Il réussit à obtenir des informations sur ce qui s'est réellement passé, puis il part en Italie où il contacte des contrebandiers qui vont l'aider à se venger de Fernand, Danglars et Villefort.

Là-bas, il récupère le trésor de l'abbé Faria et prend le nom de Comte de Monte Cristo. Il commence par se venger de Morcerf, en prouvant qu'il a hérité de toute sa fortune en trahissant les siens. De honte, Morcerf se suicide et sa femme Mercédès, elle, s'exile. Ensuite, il ruine Danglars et marie sa fille à un faux prince italien. Pour finir, il se venge de Villefort en poussant sa femme à empoisonner des membres de sa famille au profit de son fils. Une fois démasquée, elle s'empoisonne avec son fils et Villefort, quant à lui, devient fou. Edmond Dantès tient finalement sa vengeance.

 

Ben Hur

Charlton Heston dans le film de William Wyler - 1959


Ben Hur est au départ un roman de Lewis Wallace publié en 1880, qui a également été souvent adapté au cinéma.

Il raconte l'histoire d'un prince juif, Ben Hur, dont l'ami, le romain Messala, ne supporte pas que Ben Hur ne l'aide pas à gouverner la Judée et préfère son peuple à leur amitié. A cause de cela, il accuse Ben d'un crime qu'il n'a pas commis et l'envoie sans jugement aux galères.

En sauvant quelques années plus tard la vie du consul romain Quintus Arrius lors d'une bataille navale, Ben Hur gagne la gratitude de ce dernier, qui lui redonne sa liberté et en fait son fils adoptif. Ben Hur, devenu citoyen romain, retourne alors en Judée pour se venger. Il apprend que Messala est un brillant conducteur de chars, et il décide de le défier sur ce terrain. Tous deux participent à une course de chars spectaculaire, au cours de laquelle Ben Hur fait tomber Messala de son char : le Romain se fait alors écraser par ses propres chevaux.

 

Les Dix Commandements

Charlton Heston dans le film de Cecil B. DeMille - 1956


Les Dix Commandements est un film américain réalisé par Cecil B. DeMille et sorti sur les écrans en 1956. Le rôle principal est joué par l'acteur Charlton Heston.

Ce film relate l'histoire d'un jeune garçon abandonné par sa famille juive, qui n'était qu'esclave et qui voulait pour lui une vie meilleure. Il est recueilli par la famille royale et élevé comme un prince égyptien. Des années plus tard, comme Moïse est très apprécié du pharaon, son vrai fils Ramsès est jaloux de Moïse et cherche un moyen de le faire tomber.

Quand Ramsès devient pharaon lui-même, il découvre que Moïse n'est pas son frère mais un fils d'esclaves, il le fait enchaîner, puis l'envoie dans le désert, « là où est sa juste place ». Mais Moïse survit et retourne en Egypte quelques années plus tard. En découvrant tout ce que subissent les Hébreux, et les conditions dans lesquelles sa famille a vécu pendant tant d'années, Il décide de tout mettre en œuvre pour libérer les esclaves, car il pense qu'il n'est pas juste qu'un peuple subisse un tel sort. Comme la famille royale refuse de l'écouter, il décide de déclencher les dix plaies d’Égypte pour forcer le pharaon à lui obéir. Puis il emmène les Hébreux dans le désert, poursuivi par les armées du pharaon, qui se font engloutir lors du passage de la mer Rouge. Par la suite, Moïse devient un prophète important, et reçoit de Dieu les Dix Commandements.

Cette fois, il ne s'agit pas d'une vengeance personnelle, puisque Moïse parvient à sauver un peuple entier de la misère dans laquelle il était plongé. Dans le même état d'esprit que Moïse dans Les Dix Commandements, on peut retrouver le rôle que joue Nelson Mandela dans le film Invictus. En effet, ce film nous montre ce que met en œuvre Nelson Mandela pour tenter de réunifier son pays à travers l'esprit sportif, au moment de la coupe du monde de rugby en Afrique du Sud en 1995.

 

Invictus

 


Invictus est un film américain réalisé par Clint Eastwood et sorti en 2009. Il est inspiré de faits réels puisque la coupe du monde de rugby s'est bien déroulée en Afrique du Sud en 1995 et que les acteurs incarnent le rôle des joueurs des vraies équipes de l'époque. On peut également remarquer que le film a respecté la chronologie des matches, les scores et la météo.

En effet, l'action se déroule en 1995 durant le début du premier mandat de Nelson Mandela en tant que président de l'Afrique du Sud. Au début du film, on peut voir que les communautés noires et blanches sont toujours divisées au sein du pays malgré la fin de l'apartheid. Le capitaine de l'équipe de rugby sud-africaine ne cesse de se demander comment a fait Mandela pour avoir été emprisonné pendant vingt-sept ans et sortir en étant prêt à pardonner à tous ceux qui lui ont fait du mal. Ce sujet le tracasse énormément jusqu'à ce que le président lui même le contacte pour qu'il l'aide à réunifier son pays. Cette demande paraît dans un premier temps étrange, cependant son idée n'est pas mauvaise. L'idée qu'a eue Mandela était de profiter de la coupe de monde de rugby pour unifier son pays et lutter contre les effets de l'apartheid. Il pense que l'esprit sportif peut aider deux hommes qui se haïssent à se supporter, et même à s'aimer. Il veut que son pays devienne soudé à nouveau.

Ce qui est intéressant dans ce film Invictus, c'est que le réalisateur a choisi de s'inspirer de faits réel et de parler de la vie de Nelson Mandela.

En effet, le parcours de la vie de ce personnage hors du commun est admirable. On peut remarquer que le début de sa vie est similaire à celui de Maximus. Nelson Mandela était un homme instruit qui avait fait des études de droit et qui était devenu avocat. Tout comme Maximus, on remarque qu'il occupait un poste haut placé dans la société et qu'il avait tout pour être heureux. Cependant, sa brusque déchéance a commencé le jour où il a décidé de se battre de manière pacifique contre l'apartheid en Afrique du Sud. Contrairement à Maximus, il a plus ou moins choisi de subir une chute sociale, car il connaissait les risques de la cause pour laquelle il se battait. Il savait également à quel point elle était juste et à quel point sa réussite serait bénéfique pour son pays.

Nelson Mandela s'est battu pour l'égalité et il a triomphé. Cependant, pour arriver là où il est arrivé, il a été jugé, il a passé près de vingt-sept années en prison, mais malgré tout cela, il est sorti en pardonnant à tous ceux qui l'avaient opprimé. Comme on le voit dans le film, il a également fait en sorte d'unir son pays, de le souder.

 

3/ Synthèse

Après avoir étudié ces œuvres, nous pouvons les classer en deux catégories distinctes : celles qui mettent en scène des héros engagés dans une action malfaisante pour exercer une vengeance personnelle et organiser des représailles, et celles qui montrent des personnages qui choisissent d'agir en faveur de ce qui est bien et raisonnable. Nous nous sommes alors demandé pourquoi les héros avaient le plus souvent besoin de se venger au lieu de simplement oublier ou pardonner à leurs « ennemis ».

Dans le cas de Gladiator, la vengeance est primordiale pour Maximus, qui avait pour objectif de se venger de Commode pour ce qu'il avait fait à sa famille et parce qu'il avait ruiné sa vie. Sa femme et son fils se sont fait tuer. Comment Maximus aurait-il pu vivre sans eux et surtout en laissant vivre l'assassin ? Le héros a pour but maintenant de rejoindre les Champs Élysées pour rejoindre sa famille.

Dans un film la vengeance donne de l'action et donne envie aux spectateurs de savoir comment l'histoire va s'achever. Sans vengeance, si le personnage principal pardonnait toujours tout, il n'y aurait pas d'histoire et le spectateur risquerait de s'ennuyer. Il en va de même pour un  livre .

Cependant, dans la réalité, une personne, aussi énervée soit elle, se doit de garder son calme et son sang froid en faisant preuve du plus de raison possible. Des exemples dans la vie réelle tels que Nelson Mandela ou encore Martin Luther King aux États-Unis nous montrent qu'il n'est pas impossible d'obtenir ce que l'on souhaite tout en restant pacifique.

Nous pouvons donc conclure que la vengeance est effectivement un atout primordial pour le cinéma ou la littérature : c'est le bouquet final. Mais dans la vie, en tant qu'humains, il faut savoir être raisonnables et droits. 



Juliette J. et Leila R. 202