C'est à l'aube de la naissance de la Catalogne que les textes mentionnent l'existence d'ermites sur son territoire : les premiers apparaissent dans le massif du Montserrat au cours du Xe siècle, bientôt suivis en Conflent, peu avant l'an Mil, par le doge de Venise Pierre Orseolo et ses premiers compagnons.
Mais la grande période de l'érémitisme roussillonnais s'étend du XIVe siècle jusqu'à la Révolution. Ce ne fut ni dans des cabanes ni dans des grottes qu'allèrent se réfugier ceux qui avaient choisi de suivre cette voie, mais auprès de quelque édifice du culte. En effet, après l'époque romane, nombre de constructions religieuses perdent leur raison d'être initiale, et beaucoup d'anciennes paroisses, déchues souvent en raison de la disparition de la localité qui justifiait leur existence, deviennent des lieux idoines pour la vie érémitique. C'est donc généralement l'église disponible qui fait l'ermite.
Nous sommes mal renseignés sur la personnalité des premiers hommes qui choisirent ce mode de vie. C'étaient des religieux et des prêtres voulant s'engager sur le chemin de la perfection, ou des laïcs voulant expier leurs fautes et changer radicalement de vie. Mais aux temps modernes (du XVIe au XVIIIe s), les ermites roussillonnais ne sont plus que très rarement des solitaires préoccupés de leur salut éternel : l'Eglise enquête soigneusement avant de laisser un religieux et surtout un laïc devenir ermite et lui confier une chapelle. Le candidat doit être pieux, de bonnes moeurs, célibataire. Il doit travailler, entretenir l'ermitage, prier, quêter mais aussi recevoir les pélerins venus pour l'aplec annuel et même marier des couples. Les ermites sont devenus un élément constitutif de la société roussillonnaise. | Basterot (1829) |