[II. Première conjuration de Catilina] |
Catilina avait été nommé
préteur en 686 : il avait alors quarante ans,
âge fixé par la loi annale de Sylla pour pouvoir
prétendre à cette magistrature. Chez les
Romains c'était un honneur fort apprécié
que d'obtenir une charge publique aussitôt qu'on la
pouvait légalement exercer, et le succès de
Catilina dans cette circonstance prouve qu'il avait une
clientèle nombreuse et des amis puissants.
L'année suivante, il se rendit en qualité de
propréteur dans la province d'Afrique (1), que le sort lui avait
assignée, et là il se livra sans frein aux plus
honteuses exactions. Rançonner un peuple tributaire,
c'était se préparer à briguer le
consulat, car les suffrages dans les comices appartenaient au
plus riche, et à cette époque, pour devenir le
plus riche, il fallait être le plus ingénieux
à pressurer la province qu'on administrait.
A son retour en Italie, vers l'été de 688, peu
avant les comices consulaires, Catilina, se disposant
à s'y présenter, fut accusé de
concussion par des députés africains qui
l'avaient précédé à Rome. Le
sénat, d'ordinaire peu soucieux des plaintes
élevées par les provinces tributaires,
accueillit cette fois avec quelque faveur les
députés africains. C'est que leur accusation le
débarrassait de la candidature de Catilina, qui
commençait à lui inspirer de sérieuses
inquiétudes. De fait, au moment où les comices
allaient s'ouvrir, sur la proposition du consul L. Volcatius
Tullus, le sénat interdit à Catilina de se
faire inscrire au nombre des candidats, jusqu'à ce
qu'il se fût justifié des imputations dont il
était l'objet (2). Or le jugement ne
devait avoir lieu qu'après les comices. Catilina
comprit facilement que faute de pouvoir obtenir contre lui
une condamnation qui lui eût à jamais interdit
la carrière des honneurs, on voulait du moins l'en
écarter pour une année en le tenant sous le
coup d'un procès scandaleux. C'était lui
montrer qu'on le craignait et qu'on hésitait à
l'attaquer en face. Plein de ressentiment, il médita
une vengeance digne d'un homme élevé parmi les
horreurs de la guerre civile.
Les deux consuls
désignés dans les comices dont Catilina venait
d'être exclu, furent P. Autronius Paetus, et P.
Cornelius Sylla, l'un et l'autre décriés pour
leurs moeurs, n'ayant ni capacité politique ni
réputation militaire. On aurait peine à
s'expliquer l'élection de tels hommes, si
l'événement qui suivit n'en eût
révélé la cause. D'après la
constitution romaine, le consul en fonctions était
inviolable, mais, avant de prendre possession de sa charge,
et aussitôt qu'il l'avait déposée, il
devait répondre à toutes les accusations qu'il
plaisait à ses ennemis de lui intenter. Le consul
désigné pouvait être traduit en justice
pour le fait de brigue, ambitus, c'est-à-dire
corruption des électeurs (3), le consulaire, pour
abus de pouvoir ou pour malversation. D'ailleurs, le soin de
venger ou de défendre les lois n'appartenait à
aucun magistrat, à aucun corps politique en
particulier. Tout citoyen pouvait se présenter comme
accusateur, et toute accusation entraînait une
enquête et un jugement public. De là, l'usage
pour les ambitieux de débuter dans la carrière
politique par intenter un procès de cette
espèce. La plupart en s'attaquant à un
personnage illustre ne cherchaient qu'une occasion de se
produire et de se faire remarquer, indifférents quant
au succès de leur poursuite, pourvu qu'elle leur
procurât devant le peuple la réputation
d'orateur et de bon citoyen.
L'abus d'un pouvoir si
monstrueux était tempéré par un autre
abus encore plus déplorable, je veux dire la
partialité des juges, qui, choisis parmi les
sénateurs, étaient toujours
intéressés dans de semblables affaires, soit
par esprit de corps, soit par suite de leurs relations
personnelles avec les accusés. En 684 (4), le préteur L.
Aurélius Cotta (5) ayant fait rendre une
loi qui attribuait le pouvoir judiciaire à la fois aux
sénateurs, aux chevaliers et aux tribuns du
trésor, trouva un remède contre la
partialité des juges, mais non contre leur
vénalité.
Ce fut devant un tel tribunal que furent traduits les deux
consuls désignés, Autronius et Sylla,
accusés de corruption électorale, le premier
par son compétiteur malheureux L. Aurélius
Cotta, le second par L. Torquatus, fils d'un autre candidat
aux mêmes comices. Le fait fut prouvé, le
scandale avait été énorme, l'intrigue
maladroitement conduite ; la loi Calpurnia, promulguée
contre la brigue en 687, était trop récente
pour n'être pas appliquée. Enfin, ruinés
par leurs profusions dans les comices, les consuls
désignés n'avaient plus de quoi tenter la
cupidité de leurs juges. Ils furent donc
sacrifiés, et l'on nomma à leur place L.
Aurélius Cotta et le père de L. Torquatus. Leur
malheur n'excita pas le moindre intérêt, et
cette facile satisfaction donnée à l'opinion
publique parut un des bienfaits de la nouvelle loi
judiciaire.
Une conformité de
fortunes et de ressentiments unit bientôt Catilina aux
deux consuls destitués. Depuis longtemps d'ailleurs
leurs goûts et leurs moeurs les avaient
rapprochés. Bien qu'ils n'eussent pas une
clientèle nombreuse, Autronius et Sylla avaient
pendant un jour obtenu les suffrages du peuple.
C'était pour eux une espèce de
consécration que leur jugement ignominieux n'avait pas
entièrement effacée, et les exemples de
semblables destitutions ne se trouvant que dans des temps de
bouleversements politiques, un mouvement
révolutionnaire pouvait leur rendre, ils le disaient
du moins, ce qu'une faction leur avait enlevé. Cinna,
déposé par un sénatus-consulte, avait
repris ses faisceaux aussitôt qu'il avait pu rassembler
une armée, et le peuple avait montré qu'il
n'avait pas perdu son respect pour l'élu de son choix.
Autronius et Sylla étaient donc pour Catilina des
auxiliaires utiles. Le nom de Sylla surtout, proche parent du
dictateur, pouvait agir fortement sur les soldats
colonisés. Enfin l'un et l'autre par la faiblesse de
leur caractère promettaient de devenir dans les mains
de Catilina des instruments dociles.
Il s'associa encore deux sénateurs ; l'un L.
Varguntéius (6), célèbre
seulement par sa force colossale et sa brutalité ;
l'autre C. Cornélius Céthégus (7), d'une naissance
illustre, mais perdu de dettes et méprisé pour
ses désordres et la bassesse de ses penchants. En
Espagne, il avait, dit-on, porté la main sur son
général Q. Métellus (8), et ce trait
d'indiscipline, alors presque inouï dans les
armées romaines, donne la mesure de sa
témérité et de la violence de son
caractère.
Déjà Catilina comptait de nombreuses recrues de
cette espèce, lorsqu'il fit part de ses projets
à un personnage qui malgré sa jeunesse et le
délabrement de sa fortune paraît avoir
exercé à cette époque une assez grande
influence politique. Cn. Calpurnius Pison appartenait
à une famille plébéienne mais illustre ;
après avoir dissipé un riche patrimoine dans
des profusions de toute espèce, réduit à
la misère, poursuivi par les usuriers, trop fier pour
mendier la protection de quelque magistrat puissant, il
n'avait d'espoir que dans le bouleversement de la
république, et il était prêt à
jouer sa vie sur la chance de rétablir sa fortune.
Quels étaient ses moyens d'action sur le peuple ou sur
les soldats ? quelle force sa présence donnait-elle
aux conjurés, on l'ignore ; mais la part qu'on lui
faisait d'avance prouve assez qu'il apportait à ses
nouveaux associés d'autres secours que son
épée et son désespoir.
Le plan des conjurés
paraît avoir été celui que pouvait
concevoir des hommes formés par Sylla, et pour
lesquels une table de proscription était le
préambule nécessaire de tout changement
politique. On fixa l'exécution du complot aux kalendes
de janvier, au moment où les consuls élus
iraient sacrifier au Capitole et prendre possession de leurs
charges. Ce jour-là, Rome demeurait un instant sans
magistrats. Les anciens consuls n'avaient plus
d'autorité, les nouveaux ne s'étaient pas
encore fait reconnaître. A un signal convenu, les
conjurés, mêlés dans la foule qui se
pressait au Capitole, devaient égorger les consuls et
quelques sénateurs, puis profitant du premier moment
de stupeur où leur attaque imprévue jetterait
le sénat et le peuple, ils auraient proclamé un
dictateur avec mission de constituer la
république. Quelques décrets auraient
été promulgués par ce dictateur, qui
promettait d'abdiquer aussitôt ses pouvoirs, pour
réinstaller dans leurs fonctions les deux consuls
déposés, Autronius et Sylla. Enfin, le
succès décidé, Pison devait s'embarquer
avec une armée, et se rendre en Espagne, qu'on lui
donnait pour gouvernement. Là, revêtu de
pouvoirs extraordinaires, il se serait emparé de tous
les revenus de cette riche province. Il avait encore pour
mission d'armer les deux Espagnes, et d'y préparer
pour ses complices, soit des ressources de tout genre dans
l'éventualité d'une guerre civile, soit un
refuge s'ils ne pouvaient se maintenir en Italie. Depuis les
succès de Sertorius en Espagne, on avait compris
l'importance militaire de cette province, et c'est vers elle
que tous les conspirateurs tournaient leurs visées
(9).
Dans le manque presque
absolu de renseignements historiques sur les plans des
conjurés, on en est réduit aux conjectures sur
les changements qu'ils prétendaient introduire
à la constitution de Sylla. Une loi pour l'abolition
des dettes devait être assurément un des
premiers actes de leur usurpation. Puis, si l'on se rappelle
que les principaux adversaires des conjurés
étaient les oligarques du sénat, et que le
succès du complot dépendait de la part qu'y
prendraient les soldats licenciés et la populace, on
supposera avec quelque vraisemblance que le but des nouveaux
décrets devait être de réduire le pouvoir
du sénat et de donner satisfaction aux classes
inférieures. Probablement on eût enlevé
entièrement aux sénateurs le pouvoir judiciaire
; on aurait augmenté les priviléges des
tribuns, peut-être fondé de nouvelles colonies ;
on aurait fait des distributions de blé. Il faut
remarquer que bien que la plupart des conjurés eussent
autrefois suivi le parti de Sylla, ils devaient
nécessairement renier leur passé, et même
offrir une part dans les dépouilles aux débris
de la faction de Marius, car, ennemie comme eux du
sénat, elle pouvait donner une grande force à
leur cause, en lui procurant l'appui de la plèbe
urbaine et celui des villes italiotes. Les relations que
Catilina entretint dans la suite avec quelques peuples de la
Péninsule, le soin avec lequel il conservait dans sa
maison une aigle d'argent, souvenir
révéré du vieux Marius (10), rendent probables,
je ne dis pas une alliance positive, mais du moins des
négociations plus ou moins franches entre les deux
factions.
Pour opérer la révolution qu'ils
méditaient, pour changer brusquement la constitution,
les conjurés avaient besoin d'une dictature.
C'était une forme consacrée, que Sylla venait
en quelque sorte de rajeunir, et son exemple seul devait
suffire à des gens élevés à son
école. Mais un dictateur, où le trouver ? Un
usage immémorial exigeait que cette magistrature
extraordinaire fût déférée
à un consulaire, et l'on n'en cite encore aucun parmi
les conjurés (11). On sait que les
romains respectaient beaucoup plus les usages que les lois
les plus saintes, et il était sans doute plus
difficile parmi eux de devenir dictateur au mépris des
formes reçues, que de verser des flots de sang, une
fois que ce pouvoir monstrueux aurait reçu la sanction
de quelque vain cérémonial.
Suivant toute apparence,
Catilina et ses complices comptaient que la victoire
déclarée en leur faveur, ils n'auraient plus
qu'à choisir parmi les nombreux alliés qui
s'offriraient à eux. Crassus, un des chefs du parti
aristocratique, ennemi déclaré de la coterie
qui dominait dans le sénat, fut dès lors
soupçonné d'intelligences secrètes avec
les conjurés. Si l'on en croit quelques historiens
trop empressés à recueillir les calomnies qui
poursuivent toujours les grandes réputations, Crassus
aurait été le dictateur désigné
par les chefs du complot, et C. César le Maître
de la cavalerie sous ses ordres (12) ; ainsi, toutes les
factions hostiles au gouvernement se seraient réunies
pour l'accabler.
Pour nier absolument une telle alliance, on serait
aujourd'hui aussi peu fondé que pour l'admettre sans
réserve, et à défaut de preuves ou
même de renseignements, l'histoire doit chercher des
présomptions dans le caractère, les
antécédents et surtout dans les
intérêts des hommes qu'elle évoque
à son tribunal.
La haute position et les
richesses proverbiales de Crassus, l'amour de la gloire que
l'on prête toujours à César, semblent
suffire d'abord pour les justifier de toute complicité
avec des hommes poussés au crime par la misère
et le désespoir. Mais, si l'on se reporte aux moeurs
du septième siècle de Rome, si l'on se
dégage pour un instant des idées de
moralité modernes, qui obligent aujourd'hui l'ambition
la plus dépravée d'appeler l'hypocrisie
à son aide, alors peut-être pour absoudre
César et Crassus, faudra-t-il chercher des motifs
ailleurs que dans l'énormité seule du crime
dont ils sont accusés. Il faut dire, à la honte
de leur époque, qu'on ne peut les justifier d'avoir
trempé dans le complot de Catilina, qu'en prouvant
combien leur intérêt les en éloignait. Un
assassinat pouvait-il révolter ces hommes ? Mais l'un
avait été le ministre des proscriptions du
dictateur (13) ;
l'autre se glorifiait d'être le neveu de celui qu'on
surnommait le bourreau du sénat. L'un et l'autre
avaient des vengeances de famille à exercer ; l'un et
l'autre avaient pour la vie de leurs semblables le
mépris que donne une ambition effrénée.
Enfin, ce qu'allaient tenter les conjurés,
n'était-ce pas alors le préliminaire
obligé de toutes les révolutions politiques ?
Cinna, les deux Marius, Carbon, Sylla, avaient-ils
hésité un seul moment devant le meurtre de
leurs ennemis ?
Cette question, que les historiens de l'antiquité
n'ont point résolue, doit être examinée
au point de vue étroit de la politique romaine. Je ne
m'occuperai donc ici qu'à rechercher les
intérêts positifs et égoïstes, seuls
mobiles alors d'ambitions à qui toute idée de
moralité était sans doute
étrangère.
Crassus était
partagé entre deux passions : sa haine contre
Pompée et son insatiable avarice. Si le désir
de reconquérir une place qu'il croyait usurpée
par son rival, l'animait d'un vif ressentiment contre le
sénat, d'un autre côté, le besoin de
conserver ses immenses richesses lui faisait éviter
les entreprises hasardeuses. Sa politique avait quelque chose
d'incertain et de timide ; il était frondeur
plutôt qu'ennemi actif et déclaré. Sans
doute, il eût vu avec joie l'abaissement et
peut-être la mort de ses adversaires ; mais
l'arrivée au pouvoir d'un parti tel que celui dont
Catilina était l'âme, avait de quoi l'effrayer
pour lui-même. Quelle part serait la sienne dans une
alliance avec cette foule de prodigues qui tous
prétendaient se partager les dépouilles de la
république ? Etait-il prudent à lui de
s'associer à des hommes perdus de dettes, qui
n'auraient pas manqué de regarder ses trésors
comme un fonds commun où ils pourraient puiser en
assurance ? Enfin, bien qu'il eût commandé des
armées avec gloire, et qu'il eût joué un
rôle important dans la dernière
révolution, il n'exerçait d'influence ni sur
les soldats ni sur la populace. Désespérant
d'égaler jamais Pompée dans la carrière
des armes, c'était dans la curie et au Forum qu'il
s'était accoutumé à chercher des
succès, et qu'il avait tenté de balancer
l'ascendant de son rival (14). Crassus voulait
dominer le sénat et non l'abattre. Il est donc
vraisemblable que ses habitudes de prudence l'auraient
détourné de toute alliance intime avec
Catilina, alors même que la différence de leurs
moeurs et de leur position dans la république ne les
eût pas naturellement éloignés l'un de
l'autre. Probablement il observait les menées des
conspirateurs ; peut-être avait-il écouté
quelque ouverture de leur part, sans cependant s'être
jamais engagé. Sa politique devait être de se
ménager des amis parmi eux pour le cas d'une
révolution, car cette prévoyance est ordinaire
à tous les riches ; puis il attendait le
dénoûment avec l'espoir que, trop faibles pour
constituer un gouvernement, les conjurés seraient du
moins assez forts pour détruire celui qu'il
haïssait autant qu'eux.
Quant à
César, sa participation au complot paraît encore
moins admissible. Rome ignorait encore le génie de
César, et déjà cependant tous les
regards se tournaient vers lui comme attirés par un
pressentiment fatal. Tout en lui semblait extraordinaire et
contradictoire, son extérieur aussi bien que sa
conduite. Ses yeux noirs, dont on avait peine à
soutenir le feu pénétrant, contrastaient avec
le sourire habituel d'une bouche aux contours presque
féminins (15). Dans sa jeunesse il
était d'une complexion délicate, et ses membres
blancs et mollement arrondis n'annonçaient pas la
vigueur ; cependant il excellait dans tous les exercices du
corps, et sa santé n'était
altérée ni par l'excès du travail, ni
par l'excès des plaisirs. En le voyant le matin au
Forum, drapé dans sa toge flottante dont tous les plis
semblaient étudiés au miroir (16), on se demandait si
c'était le même homme qui la veille au Champ de
Mars domptait un cheval fougueux, ou qui devant le tribunal
des duumvirs élevait la voix au nom du peuple pour
accuser un proconsul enrichi par les proscriptions de Sylla.
Orgueilleux de sa naissance, il aimait à rappeler aux
Romains qu'il comptait parmi ses ancêtres des rois et
des dieux (17),
mais on ne savait s'il était plus fier de
Vénus, sa mère (18), que du mari de sa
tante, Marius le plébéien à deux noms
(19). Quelquefois,
lorsque dans la curie il prenait la parole, les vieux
sénateurs tremblaient, croyant revoir C. Gracchus.
L'instant d'après le tribun fougueux avait disparu, il
ne restait plus qu'un élégant
débauché plus préoccupé de sa
nouvelle maîtresse que des affaires de la
république. «Il me rassure, disait
Cicéron, quand je le vois se gratter la tête du
bout de l'ongle. S'il voulait bouleverser la
république, il serait moins inquiet de sa
coiffure» (20).
César se
connaissait-il lui-même ? Avait-il déjà
conçu quelque grand dessein ? Ceux-là pouvaient
répondre qui l'avaient vu pleurer devant la statue
d'Alexandre (21),
ou qui l'avaient entendu répéter ce vers
d'Euripide :
S'il faut briser les lois, que ce soit pour l'empire (22).
Ce prodige effrayant de vigilance, d'audace,
d'activité (23), conçut
dès l'enfance le projet de devenir le premier citoyen
de Rome, c'est-à-dire le maître du monde, et ce
but, il l'eut sans cesse devant les yeux, et ne s'en
écarta pas un moment. A dix-sept ans, en face de Sylla
tout couvert du sang des proscrits, il comprit que la force
véritable était dans le parti populaire, et
seul debout sur les ruines de sa maison, il osa se poser
comme l'héritier de Marius et tenir tête
à l'impitoyable dictateur (24). Quelques
années plus tard, n'ayant encore exercé aucune
charge publique, il parvenait à séduire
Pompée, à le soustraire à l'influence du
sénat, à lui faire adopter les mesures qui
rendaient au parti démocratique ses armes les plus
dangereuses (25).
Ses vices mêmes avaient un but politique ; ses
maîtresses étaient les femmes des magistrats les
plus influents (26); ses biens
dissipés dans des profusions calculées lui
avaient valu de nombreux amis (27) ; ses dettes
attachaient à sa fortune tous les riches de Rome
(28). A peine
entré dans le sénat, non comme un candidat
timide, mais comme un ennemi audacieux qui s'ouvre une
brèche, il voyait s'aplanir devant lui la
carrière des honneurs. Adoré du peuple,
confident de Pompée ou plutôt son mauvais
génie (29),
placé par sa naissance et par son habileté
reconnue à la tête d'une faction nombreuse et
puissante, que pouvait-il attendre d'une alliance avec des
hommes tels que Catilina et ses complices ? Assurément
César voulait abattre le pouvoir du sénat, mais
il sentait fort bien que le temps n'était pas encore
venu pour lui de recueillir son héritage. Aucune
action de sa vie n'indique l'impatience, et tout prouve qu'il
savait ménager une proie qui pe pouvait lui
échapper, et qu'il n'aurait consenti à partager
avec personne.
Une autre
considération achève de rendre tout à
fait invraisemblable cette union supposée entre
César et Crassus. Leurs relations étaient loin
d'être alors ce qu'elles devinrent dans la suite.
Sortis de camps ennemis, professant des opinions politiques
opposées, ils n'avaient de commun que leur haine
contre le gouvernement du sénat. En admettant
même que Crassus eût pu accepter la dictature
offerte par les conjurés, il n'eût pas
apparemment choisi pour Maître de la cavalerie,
c'est-à-dire son lieutenant, l'homme qu'il regardait
comme la créature de Pompée, ou plutôt
comme l'agent principal de ses intrigues à Rome.
Enfin, César et Crassus convoitaient alors l'un et
l'autre l'administration de l'Egypte (30), et cette riche proie
aurait suffi pour diviser deux hommes également avides
et ambitieux.
Il est possible, au reste, que les conjurés, pour
recruter plus facilement des complices, se soient
vantés de l'adhésion qu'ils auraient obtenue de
personnages qui représentaient deux factions
puissantes. Parmi les affiliés subalternes, plusieurs
croyaient peut-être à la réalité
d'une alliance entre Catilina, Crassus et César, et
même quelques-uns des chefs se flattaient
vraisemblablement qu'un premier succès lèverait
tous leurs scrupules et les rallierait
décidément à leur cause.
Le caractère et les
habitudes des principaux conjurés rendaient le secret
difficile ; aussi, soit par les indiscrétions, soit
par les révélations de quelques-uns d'entre
eux, le gouvernement fut averti, et les consuls se tinrent
sur leurs gardes. Aux kalendes de janvier, ils se
présentèrent au Capitole, entourés d'une
escopte nombreuse qui rendait impossible le coup de main
projeté (31). Alors Catilina le
fit ajourner aux nones de février suivantes, jour
fixé pour une réunion solennelle du
sénat. Dans l'intervalle, les conspirateurs ne furent
point sérieusement recherchés. Un
sénatus-consulte fut proposé, il est vrai, mais
demeura sans effet par l'opposition d'un tribun du peuple
(32). Il
était évident que le gouvernement ne se sentait
pas assez fort pour punir. Imparfaitement instruit des
projets et du nombre des conjurés, partageant
peut-être les soupçons qui rattachaient au
complot César et Crassus, il craignait de les pousser
par sa rigueur aux entreprises les plus
désespérées. Il se flatta qu'en gagnant
du temps il parviendrait à se débarrasser de
chefs trop puissants pour qu'il essayât de sévir
contre eux. Ajourner toute lutte sérieuse a toujours
été la politique des gouvernements faibles, et
ce fut celle que suivit le sénat en cette
circonstance.
La seconde tentative des
conjurés ne réussit pas mieux que la
précédente. Il parait cependant que le secret
avait été mieux gardé que la
première fois, et qu'ils auraient pu surprendre les
consuls, si Catilina, au jour fixé, ne se fût
trop hâté de donner le signal (33). Ses affidés
n'étaient point encore à leur poste, ou s'y
trouvèrent en trop petit nombre pour oser rien
entreprendre. Curion, ennemi déclaré de Crassus
et de César, racontait longtemps après
l'événement, que Crassus, touché de
remords, ou bien effrayé du péril, ne
s'était pas présenté au rendez-vous
indiqué d'accord avec Catilina, et qu'en son absence
César n'avait pas osé donner le signal convenu
pour l'attaque, c'était de rejeter sa toge de dessus
son épaule (34). Ce récit ne
me paraît mériter aucune confiance ; et
peut-être dans cette prétendue tentative que ne
suivit aucune démonstration, n'y eut-il de réel
que les terreurs de quelques vieillards qui se croyaient
toujours environnés d'assassins.
Quoi qu'il en soit,
suivant toute apparence, l'attitude des consuls
déconcerta et découragea pour un temps les
chefs du complot. A leur tour ils voulurent temporiser, et
renonçant à la violence, ils
espérèrent obtenir par l'intrigue une victoire
plus facile. Catilina résolut de se présenter
aux comices consulaires, et Pison quitta Rome, investi par le
sénat, contre tonte apparence, des mêmes
fonctions que ses complices lui avaient destinées. Elu
questeur par le peuple, il reçut du sénat, avec
les pouvoirs de propréteur, la mission d'administrer
l'Espagne citérieure, province encore agitée
par l'esprit de Sertorius, remplie de troupes romaines, et
habitée par des populations belliqueuses et aguerries
(35).
Le parti oligarchique, effrayé de l'audace et du
nombre des conjurés, espérait-il les diviser en
désintéressant ceux de leurs chefs avec
lesquels il pouvait traiter ? Ou bien voulait-il soustraire
l'Espagne à l'influence de Pompée en
dépêchant dans cette province un homme
audacieux, animé contre lui d'une haine violente
(36) ? Ces
questions demeureront toujours sans réponse, mais le
sort qui attendait Pison en Espagne pourrait faire
soupçonner encore un autre motif à son
éloignement. A peine arrivé, au milieu d'un
voyage qu'il venait d'entreprendre pour visiter son
gouvernement, Pison périt assassiné par des
cavaliers espagnols qui lui servaient d'escorte (37). On publia que sa
hauteur et sa brutalité avaient poussé à
ce meurtre des barbares faciles à irriter, mais on
ajoutait tout bas que ces hommes avaient obéi aux
instructions secrètes d'un personnage puissant que
l'on craignait de nommer. S'il fallait en croire de sourdes
rumeurs, Pompée, qui depuis ses campagnes contre
Sertorius et Perperna avait de nombreux clients en Espagne,
aurait commandé qu'on le délivrât d'un
ennemi importun (38). Mais Pompée,
dont la générosité toute militaire
n'eût jamais confié le soin de sa vengeance
à des assassins, Pompée, alors au fond de
l'Asie, pouvait à peine être instruit du
départ de Pison, ennemi d'ailleurs encore trop peu
redoutable pour exciter sa haine. Ne serait-il pas plus
naturel d'attribuer et le crime et la calomnie à ceux
qui en recueillirent les fruits ? Trop timide pour punir
publiquement, le sénat pouvait soudoyer des meurtriers
; se débarrasser d'un seul coup d'un adversaire
dangereux et compromettre un déserteur de sa cause,
cela pouvait passer alors pour le chef-d'oeuvre de la
politique.
En même temps que Pison mourait assassiné en
Espagne, l'autre chef des conjurés, Catilina,
était accusé de concussion à Rome, non
plus par des étrangers suppliants, mais par P.
Clodius, jeune patricien rempli d'audace et d'intrigue, fort
en faveur auprès du peuple, et dans cette
circonstance, ouvertement appuyé par une partie du
sénat. On ne dit point d'ailleurs qu'une
inimitié personnelle lui eût fait prendre le
rôle d'accusateur. Encore moins, sans doute,
était-il animé par un sentiment d'indignation
ou de justice. Bien que très jeune encore, Clodius
était déjà presque aussi mal famé
que son adversaire, et dans l'occasion il se serait
montré non moins avide que lui. Mais Clodius voulait
plaire au peuple, et pour se signaler dans la réaction
qui se manifestait contre le régime du dictateur, il
s'attaquait à l'un des hommes qui rappelait les crimes
les plus odieux de son gouvernement.
Catilina ne manqua pas de
protecteurs, et dans le nombre ce n'est point sans surprise
que l'on vit figurer un des consuls, L. Torquatus, dont il
venait de dévouer la tête peu de jours
auparavant. Cicéron, alors préteur, se montra
disposé à prendre sa défense, et c'est
pour l'histoire une question impossible à
résoudre, que de savoir si en effet il lui prêta
le secours de son éloquence (39). Torquatus, homme
grave, considéré, dévoué aux
intérêts de l'oligarchie, n'avait
peut-être pas ajouté foi aux projets
attribués à Catilina (40) ; cependant il
paraît difficile d'admettre qu'il le crût
innocent du fait de concussion. S'il accepta la
défense de Catilina, ce fut par suite d'anciennes
relations d'amitié (41), ou bien plutôt
encore parce que le nom de l'accusateur donnait à
l'attaque un caractère politique. Aux yeux de beaucoup
de gens la condamnation de Catilina pouvait passer pour un
premier coup porté à la mémoire de
Sylla, et ce motif était suffisant pour décider
le consul à le défendre. Quant à l'issue
du procès, l'accusé fut absous, mais couvert de
honte. L'or qu'il rapportait d'Afrique et qu'il destinait
à payer les suffrages dans les comices, paya la
sentence de ses juges, ou peut-être encore le
désistement de son accusateur. Catilina, ruiné,
réduit à implorer la pitié de ses
adversaires, semblait près de succomber sous le poids
de la mauvaise fortune, et pour quelque temps le sénat
put se croire délivré d'un de ses ennemis. Il
lui en restait un bien plus redoutable que Catilina,
c'était C. César.
(1) La province
d'Afrique comprenait le territoire de Carthage, et
probablement une partie de la Numidie. |
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(2) Un consul avait
le pouvoir, d'ailleurs contesté, non seulement de
rejeter un candidat indigne, mais même de se
refuser à proclamer le consul nommé par le
peuple. Le candidat repoussé par un consul pouvait
en appeler au sénat : c'est ce que Catilina fit
sans doute inutilement (Cfr. Liv., VIII, 15. - Vell.
Pat., II, 92. - Val. Max., 3, 8, 3). |
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(3) (1) Les
lois sur la brigue étaient fort anciennes. La
première dont le souvenir se soit conservé
a la teneur allégorique des anciens
préceptes religieux ; elle date de l'an de Rome
322. Ne cui liceat album in vestimentum addere
petitionis causa (Liv., IV, 25). C'est-à-dire
: Défense aux candidats de se présenter
avec des robes blanchies à la craie. - Puis
viennent successivement les lois Paetilia, en 395 ;
Cornelia et Baebia, en 572 ; enfin, la loi Calpurnia, en
687 : cette dernière prononçait contre les
coupables une grosse amende et l'exclusion à
perpétuité de toutes les charges publiques
(Cfr. Ascon., in Corn., 68. - Dio Cass., 36, 21. -
Sch. Bob., 361 seq. |
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(4) Ascon.,
in Pis., 16. |
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(5) C'était
un oncle maternel de César. |
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(6) Cic.,
Pro Sull., 24. |
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(7) Sall.,
Cat., 52. |
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(8) Quis
de C. Cethego atque ejus in Hispaniam perfectione, ac de
vulnere Q. Metelli Pii cogitat, cui non ad illius poenam
carcer aedificatus esse videatur ? (Cic., Pro
Sull., 25.) - C'est le seul renseignement que l'on
trouve sur ce fait remarquable. |
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(9) Cfr.
Sall.,
Cat., 18. - Suet., C. J. Caes., 9.
- Cic.,
Cat., I, 6. Les Romains tiraient de
l'Espagne des métaux, des esclaves et des chevaux.
La richesse du pays est prouvée par ce seul fait
que César, qui n'administra l'Espagne
citérieure que pendant une année, put se
libérer à son retour des dettes
énormes contractées par lui avant sa
préture ; et cependant il ne fut pas accusé
de concussion. |
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(10) Aquilam
illam argenteam cui ille etiam sacrarium scelerum domi
suae fecerat... (Cic.,
Cat., 6. - Cfr. Sall.,
Cat., 59.) |
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(11) Lentulus
n'était pas encore affilié au
complot. |
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(12) Suet.,
Caes., 9. - Il serait plus exact de dire le
Maître des chevaliers. C'était le lieutenant
des dictateurs, lequel s'appelait autrefois le
Maître du peuple (Cfr. Fest., Optima lex. -
Varr., Magister equitum). |
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(13) Plut.,
Crass., 6. |
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(14) Plut.,
Crass., 7. |
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(15) Fuisse
traditur excelsa statura, colore candido, teretibus
membris, ore paullo pleniore, nigris vegetisque oculis,
valetudine prospera (Suet., Jul., 45). - Il
existe à Naples (Museo Borbonico) un buste
colossal de César, qui passe pour avoir
été fait de son vivant, et qui explique
cette expression de Suétone, ore paullo
pleniore. La bouche, en effet, est
singulièrement petite et légèrement
entrouverte, ce qui, avec des lèvres un peu
grosses, donne au bas de la figure un caractère de
bienveillance remarquable, tandis que le front et les
yeux indiquent l'habitude du commandement et
l'inflexibilité. Le développement du
crâne est prodigieux, et je m'étonne que les
disciples de Gall n'aient pas pris ce buste comme une
démonstration de leur système. Si le front
annonce le vainqueur des Gaules, la partie
postérieure de la tête dénote le mari
de toutes les femmes, et quelque chose de pire. Parmi
toutes les têtes modernes et bien connues, il en
est une qui rappelle fortement César, surtout par
le contraste entre les yeux et la bouche : je le dis
à regret, c'est celle du duc de Wellington. |
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(16) Etiam
cultu notabilem ferunt ; usum enim lato clavo ad manus
fimbriato, nec ut unquam aliter quam super eum
cingeretur, quidem fluxiore cinctura. Unde emanasse
Sullae dictum optimates saepius admonentis, ut male
praecinctum puerum caverent (Suet., Jul.,
45). |
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(17) Amitae
meae Juliae, maternum genus ab regibus ortum, paternum,
cum diis immortalibus conjunctum est (Suet., Jul.,
6). |
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(18) On
donnait souvent à César le nom de Fils
de Vénus (voir la lettre de Caelius à
Cicéron, Ep. ad Div., 8, 15). |
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(19) N'avoir
que deux noms était la preuve d'une basse origine,
il fallait en avoir au moins trois : Si quid tentaveris
unquam / Hiscere, tanquam habeas tria nomina. (Juv. 5,
126) |
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(20) César
fut chauve de bonne heure, et cherchait à
dissimuler ce défaut. (Plut., Caes.,
4) |
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(21) Suet.,
Jul., 7. |
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(22) Eurip.
Phoen. 539 |
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(23) Expression
de Cicéron : Hoc teraV horribili
vigilantia, celeritate, diligentia est (Cic., ad
Att., 8, 9, 14). |
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(24) Les
menaces de Sylla ne purent l'obliger à
répudier sa première femme Cornélia,
fille de Cinna. Il aurait été proscrit sans
les instances des vestales et de quelques
sénateurs appartenant aux plus illustres familles
de Rome (Cfr. Suet., Jul., 1. - Plut.,
Caes., 1). |
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(25) Auctores
restituendae tribunitiae potestatis enitissime juvit
(Suet., Jul., 5). |
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(26) Tertulla,
femme de M. Crassus ; Mutia, femme de Pompée ;
Servilia, soeur de Caton et femme de Silanus, consul en
692. |
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(27) Is
privatim egregia liberalitate, publice maxumis muneribus
grandem pecuniam debebat (Sall.,
Cat., 49). |
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(28) Plut.,
Caes., 11 |
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(29) Il est
remarquable que César, malgré l'instinct
qui devait le porter vers la guerre, ne voulut jamais
être le lieutenant de Pompée. Il sut lui
persuader, au contraire, de le choisir en quelque sorte
comme son fondé de pouvoirs politiques à
Rome. On sait de quelle manière il le
servit. |
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(30) Cfr.
Plut., Crass., 13. - Suet., Caes., 11. -
Cic., de Leg. ag., ll, 16. - Ils
prétendaient tous les deux qu'en vertu d'un
prétendu testament du roi Ptolémée
Alexandre, l'Egypte devait devenir province romaine. L'un
et l'autre demandaient à y être
envoyés avec des pouvoirs extraordinaires. Rome
tirait alors de l'Egypte ses approvisionnements de
blé, et l'on conçoit quelle devait
être l'importance de cette province. |
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(31) Suet.,
Caes., 9. - Sall.,
Cat., 18. |
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(32) Dio
Cass., XXXVI, 27 |
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(33) Sall.,
Cat., 18. |
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(34) Suet.,
Caes., 9. |
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(35) Sall.,
Cat., 19. |
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(36) Piso
in Hispaniam missus est, adnitente Crasso, quod eum
infestum Cn. Pompeio cognoverat (Sall.,
Cat., 19). |
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(37) Cfr.
Sall.,
Cat., 19. - Ascon., in tog. cand.,
94. - Dio Cass., XXXVI, 27. |
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(38) Alii
autem equites illos, Cn. Pompeii veteres fidosque
clientes, voluntate ejus Pisonem adgressos. Nunquam
Hispanos praeterea tale facinus fecisse, sed imperia seva
multa antea perpessos (Sall.,
Cat., 19). - On s'explique fort bien
pourquoi Salluste, créature de César, ne
relève point l'invraisemblance d'une imputation
flétrissante pour Pompée. |
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(39) Hoc
tempore Catilinam competitorem nostrum defendere
cogitabamus (Cic., ad Att., 1, 2, 3). - Cfr.
Ascon., in Or. in
tog. cand. - Quant à l'opinion que
Cicéron pouvait avoir de l'innocence de Catilina,
voir ce passage fameux ad Att., I, 1 :
«Catilinam, si judicatum erit meridie non lucere,
certus erit competitor». - On sait que le fameux
orateur ne plaidait pas toujours de bonnes causes. |
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(40) Cic.,
Pro Sull., 29. - Indicavit se audiisse aliquid,
non credidisse. |
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(41) Torquatus
reo de pecuniis repetundis Catilinae fuit advocatus
improbo homini, ut supplici, fortasse audaci, at
aliquando amico (id., ibid.). 2-3. |