Marco Dente - Début XVIe siècle

Au moment de sa découverte, le groupe du Laocoon avait subi les injures du temps : manquaient en particulier les bras droits de Laocoon et du fils de gauche, comme en témoigne la gravure de Marco Dente, qui est certainement la première à représenter l'oeuvre dans son état d'avant restauration.

Trois restitutions importantes doivent être prises en compte pour comprendre à quel point la perception du Laocoon au fil des époques a pu être différente :

Bandinelli
entre 1506 et 1523
Montorsoli
1532-1533
Magi
1957-1959

 

La copie de Baccio Bandinelli (vers 1520)

Sculpteur florentin, Baccio Bandinelli reçoit en 1520 de la part du pape Léon X de Médicis la commande d'une copie en marbre. Elle se trouve actuellement au Musée des Offices de Florence.

Les bras droits de Laocoon et de son fils sont restitués et forment une ligne ascendante qui étire la composition en triangle, lui donnant un dynamisme et une force plus dramatiques.

La restauration de Giovanni Angelo Montorsoli (1532-1533)

En 1532-1533, Giovanni Angelo Montorsoli restaure les parties manquantes en établissant ce qui va constituer le canon du Laocoon pendant des siècles : des figures encore plus étirées et tendues vers le ciel que celles de Bandinelli.

Un critique d'art, J. Petitot, a écrit à propos de ce bras levé de Montorsoli : « Le plus fascinant dans la version au bras levé qui prévalut pendant plusieurs siècles est que, bien que philologiquement fausse, elle est « artistiquement vraie » car structurellement supérieure et compositionnellement plus riche. Elle accroît de façon notable les corrélations organiques entre les différentes parties du groupe et enrichit donc les potentialités d’interprétation » (Morphologie et Esthétique, p. 63)

 

La restauration de Filippo Magi (1957-1959)

Au début du XXe siècle, le bras droit de Laocoon est retrouvé par Ludwig Pollack. Il doit cependant attendre la restauration de 1957-1959 par Filippo Magi pour retrouver sa place perdue depuis l'antiquité. Le bras replié, aux muscles gonflés par l'effort, insiste sur la vaine tentative de Laocoon de se libérer de l'emprise du serpent. Cette version est à présent considérée comme probablement définitive.

© Agnès Vinas