Une ferveur singulière
Les contemporains ont retenu du défunt l'image d'un homme sévère et pieux. Le poids du contexte familial (Maria Serra, sa mère, était membre du tiers ordre de Saint-Dominique, ordre auquel Rigaud restera attaché toute sa vie) et culturel fut sans doute loin d'être négligeable dans les rapports qu'entretint Rigaud avec la religion. On a relevé ici ou là quelques indices de la ferveur du peintre et de sa nature presque anachronique, à contre-courant de son siècle comme le dirait l'historien Pierre Chaunu :
| Hyacinthe Rigaud, Le Christ en croix |
Hyacinthe Rigaud, saint Pierre (1702) | Hyacinthe Rigaud, saint André (avant 1742) |
Saisi non plus dans sa vie professionnelle, mais dans l'intimité de son hôtel de la rue Louis-le-Grand, Rigaud nous a laissé la trace de ses dévotions quotidiennes : dans sa chambre à coucher était aménagé un coin dévolu à la prière, autour d'« un petit tableau ceintré, dans sa bordure dorée, représentant la vierge et l'enfant Jésus » et de deux crucifix, l'un « sur velours noir, aussy ceintré, dans sa bordure dorée », l'autre « de cuivre doré posé à nud sur une croix de bois de violette de raport sans pied ny cadre ». Une relique de la Vraie Croix pendait en permanence à son cou et l'on sait qu'il ne dédaignait pas secourir les plus humbles. Le père Jacques de Saint-Gabriel, augustin déchaussé du couvent des Petits Pères de la place des Victoires, lui tenait lieu de confesseur : il exécuta gratuitement son portrait en 1705.
© Ariane James-Sarazin pour tous les textes et les images de ce module.