LIGULA ou LINGULA

Diminutif de lingua, petite langue. Ce mot prend les sens particuliers suivants :

  1. (γλῶσσα, γλωττίς). L'embouchure en biseau d'une flûte (tibia), qui se prenait entre les dents, comme celle d'un flageolet ou d'une clarinette moderne (Plin. H.N. XXVI, 56 ; Fest. v. Lingula). Le modèle est emprunté à un bas-relief.
  1. Espèce de petite cuiller, ayant une certaine ressemblance avec la langue humaine, servant à manger des confitures (Cato, RR. 84), à retirer de l'onguent d'un bocal, à écumer certains plats (Plin. H.N. XXI, 49), et à quelques autres usages auxquels la rendait propre sa forme particulière (Mart. VII, 33 ; Columell. IX, 15, 3). Le modèle est pris d'un original en bronze, ayant appartenu jadis à l'antiquaire italien Bellori.
  1. Petit glaive en forme de langue ou de feuille d'arbre, semblable au ξίφος des Grecs, et dont se servaient, aussi les soldats romains avant d'avoir adopté le long glaive droit des Celtibériens, gladius (Aul. Gell. X, 25, 2 ; Varro, LL. VII, 101). Le modèle ci-joint est copié des figures emblématiques que porte un bouclier de bronze, offrande votive, trouvé à Pompéi ; il avait appartenu précédemment, comme l'atteste l'inscription qu'il porte, à un gladiateur de ceux qu'on appelait retiarii. Le trident (fuscina) y est aussi représenté ; ce qui peut conduire à croire que le rétiaire se servait de la ligula aussi bien que du filet et du trident.
  1. Les deux oreilles d'un soulier (calceus),ou les deux pièces au travers desquelles étaient passés les cordons (corrigiae) qui attachaient le soulier au pied ; par suite, l'expression demittere ligulas signifie avoir des souliers dénoués.
  1. L'extrémité amincie en forme de coin d'un levier (vectis), qu'on introduit soit sous le poids que l'on veut soulever (Vitruv. X, 3), soit dans une cavité, une fissure quelconque, afin de produire une pression, comme par exemple le levier (prelum) d'une presse à huile ou à vin (Cato, RR. 18 ; voy. la figure au mot torcular, 1).
  1. En menuiserie, un tenon, ou saillie en forme de langue disposée à la surface d'une planche ou à l'extrémité d'une tige, et destinée à s'adapter à une mortaise ou cavité d'une forme inverse et correspondante, dans une autre pièce de bois (Columell. VIII, Il).