CTESIBICA MACHINA

Pompe foulante à double action, inventée par Ctesibius d'Alexandrie, qui vivait du temps de Ptolémée Evergète (Vitruv. IX, 8, 2 ; Plin. H.N. VII, 38), et construite sur le même principe que les pompes à incendie de nos jours. La machine est décrite au long par Vitruve (X, 7) d'après les écrits de son inventeur qui sont perdus maintenant ; une pompe du même genre, mais perfectionnée, probablement d'après un modèle de Héron, élève de Ctesibius, fut découverte près de Civitavecchia au dernier siècle ; mais, comme elle ne contient pas toutes les parties citées par Vitruve, nous en avons donné une représentation sous son nom grec sipho, où les parties qui la composent sont expliquées d'après la description de Héron. Ici nous ne donnons qu'une figure conjecturale de la machina ctesibica, tracée par Perrault, d'après la description de Vitruve ; mais le lecteur, en comparant l'une et l'autre de ces machines, se formera une idée exacte de leur nature et des différences qui les séparent.

Les parties citées par Vitruve sont : catinus, le bassin A, dont Héron ne se servait pas : il employait à la place un tube droit (σώλην ὄρθιος) ; modioli gemelli, B B, les deux barillets dans lesquels jouent les pistons (regulae) correspondant avec les δύο πυξίδες de Héron ; emboli masculi, deux pistons (C C), les mêmes que les ἔμβολοι de Héron ; fistulae in furcillae figura, deux tuyaux qui se joignent en forme de fourche et qui, dans la pompe de Héron, sont remplacés par un simple tube horizontal (σώλην) ; et paenula, la chappe (D) placée au-dessus du bassin pour presser l'eau au pied du tuyau éleastique : Héron ne s'en est pas servi.

On comprendra facilement comment fonctionnait cette machine. Elle était placée sur le réservoir, et on faisait jouer les deux pistons ensemble, l'un descendant pendant que l'autre montait ; en s'élevant, le piston C tire une certaine quantité d'eau par l'ouverture du bas du cylindre B, qui est munie d'un couvercle mobile (marqué par les lignes pointées dans la gravure), lequel s'ouvre dès que l'eau arrive, mais se ferme de lui-même dès que le piston s'abaisse de nouveau ; et cette pression chasse l'eau par le tuyau en forme de fourche dans le catinus A dont le fond est muni, de la même manière, de couvercles mobiles au-dessus de chaque tuyau qui s'ouvrent et se ferment tour à tour à chaque coup des pistons. Ceux-ci, en se mouvant alternativement en haut et en bas, chassent l'eau avec un courant continu par la paenula D, dans un conduit ou tuyau élastique qui est fixé en haut et d'une longueur déterminée.