TABELLA (πινάκιον, σανίδιον)

Dans un sens général, toute petite planche plate, d'où les sens suivants :

  1. Tablette de bois, entourée d'un rebord faisant saillie, et couverte, soit de sable, soit d'une couche de cire. Les écoliers s'en servaient comme d'une ardoise ; ils écrivaient dessus avec une pointe métallique, stilus (Plin. H.N. XXXIV, 19 ; Ov. A.Am. I, 437 ; II, 469). Le spécimen est emprunté à une peinture de Pompéi.
  1. Petit tableau peint sur bois, par opposition à une peinture sur toile ou murale (Cic. ad Fam. VII, 23; Suet. Tib. 43 ; Juv. XII, 100), et que l'on pouvait suspendre avec un clou contre une des cloisons de l'appartement, ou au-dessus de la porte, comme le montre la gravure ci- jointe d'après une peinture de Pompéi.
  1. Tablette votive, ex-voto, qu'avaient l'habitude de suspendre dans les temples, devant la statue d'une divinité, comme témoignage de reconnaissance, les personnes qui avaient échappé à quelque malheur, à quelque accident, comme, par exemple, à un naufrage, ou qui avaient été guéries de quelque maladie par ce que l'on prenait pour l'intervention miraculeuse de la divinité à qui l'on offrait ce signe de gratitude (Hor. Sat. II, 1, 33 ; Cic. Ov. Tibull. Juv. etc.).
Ces tablettes contenaient une grossière représentation du miracle supposé, avec une inscription rappelant les circonstances qui l'avaient accompagné, comme cela se voit encore souvent dans les églises catholiques ; ou bien elles ne portaient qu'une effigie, exécutée en marbre, du membre sauvé ou guéri, dédiée par reconnaissance à la divinité protectrice, comme le montre la gravure, tirée d'un spécimen découvert à Rome, que l'on suppose, d'après l'inscription, avoir été consacré à Hygie, la déesse de la santé, par quelque individu arrivé sain et sauf d'un long voyage, ou guéri de quelque blessure, de quelque mal au pied.

  1. Tablette qui servait à voter dans les comices, les tribunaux (Cic. Fl. 39 ; Senec. de Ben. III, 7 ; Suet. Aug. 33 ; Caes. B.C. III, 83). Dans les comices, on remettait deux de ces tablettes au votant, une marquée de lettres U. R. pour uti rogas, c'est-à-dire, je vote ce que vous demandez ; l'autre, de la lettre A, pour antiquo, c'est-à-dire, je vote pour la vieille loi, je repousse la nouvelle, comme on le voit dans la gravure ci-dessus, d'après une monnaie de la gens Cassia, qui représente le votant laissant tomber sa tablette dans le pallier aux suffrages (cista). Mais, dans un tribunal, on remettait au juge trois tablettes : une marquée de la lettre A, pour absolvo (j'acquitte) ; l'autre, de la lettre C, pour condemno (je condamne) ; la troisième des lettres N. L., pour non liquet (je ne suis pas éclairé sur le débat), ce qui équivalait à un acquittement.
  1. Tabella absolutoria. Tablette d'acquittement, marquée de la lettre A. Voyez le paragraphe précédent (Suet. Aug. 33).
  1. Tabella damnatoria. La tablette qui servait à déclarer coupable, marquée de la lettre C. Voyez le paragraphe 4 (Suet. Aug. 33).
  1. Planchette à jouer ; mais de quelle nature au juste, et pour quel jeu particuilier, c'est ce que l'on ne sait pas (0v. A.Am. III, 365 ; Trist. II, 481).
  1. Petit éventail (0v. Am. III, 2, 28 ; A.Am. 1, 161), que l'on faisait en étendant un morceau de toile sur un cadre de forme carrée, et auquel était attaché un manche ; mais les seuls spécimens d'éventail qui subsistent sur les vases peints et dans les peintures de Pompéi sont enplumés et en feuilles de lotus.
  1. Tabella liminis. Le battant d'une porte de bois ; il était fait, comme ceux des nôtres, de plusieurs planches assemblées (Catull. XXXII, 5). Voyez janua.
  1. Baraque en planches, qu'élevaient les candidats dans le lieu de réunion des comices, pour recevoir ceux qui votaient en leur faveur et les abriter contre la chaleur ou l'humidité de l'atmosphère (Varro, R.R. III, 2, 1).
  1. Espèce particulière de gâteau, ainsi nommé parce qu'on le faisait dans un moule plat et carré (Mart. XI, 31).

Illustration complémentaire

Empreintes attribuées au Christ dans la chapelle du Quo Vadis ?
à l'entrée de la Via Appia (Rome).
Il semble qu'il s'agisse en réalité d'un ex-voto.
Rome, 1980

© Charles Cavenel