FASCIA

  1. Dans un sens général, toute bande d'étoffe longue et étroite employée comme bandage : par exemple les langes (σπάργανα) dans lesquels les anciens avaient coutume d'envelopper les corps des enfants nouveau-nés (Plaut. Truc. V, 13 ; cf Amphit. V, 1, 52).
Ils consistaient en une longue et étroite bande d'étoffe repliée, comme dans une momie, autour du corps de la tête aux pieds, de manière à ne laisser de découvert que la figure, comme le montre clairement la gravure ci-jointe, représentant un enfant que tient entre les bras une actrice de tragédie, dans une peinture de Pompéi, et qui rappelle sous tous les rapports la manière dont les paysannes d'Italie emmaillottent aujourd'hui leurs enfants.
  1. Bandeau porté sur la tête comme emblème de la royauté (Senec. Ep. 80) ; on l'appelait spécialement Diadema.
  1. (ἀποδέσμος). Bandage attaché autour de la poitrine des jeunes filles pour arrêter par la pression le développement du sein (Mart. Ep. XIV, 134 ; Ovid. A.Am. III, 247 ; Prop. IV, 9, 49) ; on regardait comme essentiel à la beauté et à la grâce d'une jeune femme de comprimer ainsi la gorge. On portait ce bandage sur la peau comme le montrent les deux figures ci-jointes.
Celui qu'on voit de face est pris d'une statuette de bronze (Caylus, VI, 71), et celui qu'on voit par derrière d'une peinture de Pompéi où il est colorié en rouge. Mais il ne faut pas croire qu'il fût une partie du vêtement ordinaire, ni que l'usage en fût général, en Grèce ou en Italie ; il n'était employé que par des personnes exposées à un développement excessif ou donné par des mères à leurs filles quand elles étaient trop préoccupées de leur beauté (Ter. Eun. II, 3, 21).

  1. Bandage attaché autour de la jambe depuis le genou jusqu'à la cheville (crus, Quint. XI, 3, 144 ; Val. Max. VI, 2, 7 ; de là son nom de cruralis, Ulp. Dig. 34, 2, 25), comme on le voit dans le specimen ci-joint, pris d'un diptyque consulaire.

Il n'était pas porté comme une partie ordinaire du costume national, mais seulement dans de certaines occasions ou par certains individus ; c'était une sorte de jambière pour les personnes de santé délicate (Quint. l.c.), ou dont les occupations exigeaient que la peau et la jambe fussent bien protégées par quelque vêtement qui n'empêchait pas l'agilité des mouvements, comme pour les cochers du cirque ; ou encore pour celles qui allaient à des chasses périlleuses (Grat. Cyneg. 338 ; Petr. Sat. 40) : on en voit un exemple dans le Virgile du Vatican, quand Enée, équipé pour une partie de chasse avec la reine de Carthage, a les jambes couvertes de bandages exactement semblables à celles du conducteur ici représenté.

  1. (ποδεῖον / πόδειον). Chaussette ou bas (Cic. Fragm. ap. Non. v. Calantica ; Lamprid. Alex. Sev. 40) qui enveloppait entièrement le pied et était porté avec des souliers (Cic. ad Att. II, 3 ; Varro, ap. Non. v. Ephippium), plus particulièrement par les femmes (Cic. Fragm. l.c.).
On le voit sur les jambes de plusieurs figures de femmes, dans les peintures de Pompéi, dont une est représentée dans la gravure ci-jointe. La matière, domme on ne manquera pas de l'observer, est évidemment élastique, puisqu'elle serre si bien la jambe et ne se lace pas par devant ; elle n'a pas de semelle et elle est attachée au haut par une sorte de bandeau ou de jarretière. Cette chaussure ressemble ausi parfaitement au haut-de-chausses d'un montagnard écossais, dont le costume, sur plus d'un point, atteste une fort ancienne origine.
Si la chaussette des anciens, comme cela n'est pas improbable, était ornée d'un dessin bigarré, ainsi que celle des Ecossais, qui imite un bandage entrelacé, on comprendrait pourquoi elle était appelée fascia pedulis (Ulp. Dig. 34, 2, 25), ce qui assurément signifie une chaussette, car le même terme, pedule, est conservé dans l'italien moderne pour désigner le pied d'un bas.
  1. Bande d'étoffe grossière et forte, formant ce qu'on appelle maintenant la sangle qui supporte le matelas d'une couche ou d'un lit (Cic. Div. II, 65). Plusieurs de ces bandes étaient attachées en travers du bois de lit et entrelacées de cordes (restes) qui les tendaient, de la même façon qu'on le pratique encore maintenant. Cela ressort clairement d'un passage de Martial (Ep. V, 62).
  1. Cercle imaginaire dans le ciel, appelé aussi circulus et zona. Voyez ce mot. (Mart. Capell. VI, 196°
  1. Dans Juvénal (Sat. XIV, 294), ceinture de nuages qui s'amassent autour de l'horizon et qui annoncent un mauvais temps.
  1. En architecture, face, membre produit par la division d'une surface unie en partie distinctes, qui ressemblent ainsi à de longues bandes plates étendues parallèlement l'une à l'autre. On s'en sert fréquemment dans les architraves, plus particulièrement dans celles des ordres ionique, corinthien et composite, qui sont partagées en deux ou trois bandes, comme le montre la gravure ci-jointe, prise du temple de Bacchus à Téos : de là leur nom de première, seconde et troisème face, en commençant par la face intérieure (Vitruv. III, 5, 10).

Illustrations complémentaires

Jeunes filles en bikini, recevant le prix de leur victoire
Salle des jeunes filles en bikini,
mosaïque du IV° s. apr.JC
Villa Casale, Piazza Armerina - Sicile, 2001

© Agnès Vinas

Deux chasseurs équipés de fascia
ramènent leur prise dans un filet.
Vestibule de la Petite Chasse, mosaïque du IV° s. apr.JC
Villa Casale, Piazza Armerina - Sicile, 2001

© Agnès Vinas