ANTEFIXA

Ornements en terre cuite, inventés par les architectes étrusques, à qui les Romains les empruntèrent ; ils étaient employés pour décorer les diverses parties d'un édifice au dehors comme au dedans, pour couvrir une surface plate, pour cacher les jointures entre deux blocs de maçonnerie, ou pour déguiser par un ornement des contours rudes et sans élégance. De là ce nom s'appliqua spécialement aux objets distincts qui suivent :

  1. Longues tablettes plates en terre cuite, avec des dessins en relief, qu'on clouait sur toute la surface d'une frise (zophorus), pour enrichir l'entablement et lui donner l'air de quelque chose de fini et d'orné. Les artistes grecs sculptaient le marbre lui-même, et tenaient en suprême mépris un pareil artifice pour cacher des défauts (Liv. XXXIV, 4). La gravure représente un antéfixe original trouvé à Rome, et qui avait servi jadis à l'usage indiqué. On remarque encore les trous des clous qui le fixaient.

  1. Ornements de même matière, fixés à la corniche d'un entablement pour donner passage à la pluie et la verser du toit dans la rue (Festus, s.v.). Ils répondent aux gargouilles de l'architecture gothique, mais ils sont d'un dessin beaucoup plus simple ; le plus souvent ils sont formés du mascaron d'une tête de lion, par allusion aux inondations du Nil, qui ont lieu quand le soleil est dans le signe du Lion. La gravure est prise d'un original trouvé à Rome ; elle a un trou circulaire dans la bouche, où était introduit un tuyau de plomb comme gouttière pour verser l'eau.
  1. Ornements droits, placés le long du faîte d'un entablement, au-dessus du membre supérieur de la corniche, pour cacher l'extrémité des tuiles faîtières (imbrices) et la jointure des tuiles plates.



    La figure représente une vue de face et une vue de côté de deux modèles trouvés à Rome : la figure supérieure, au centre, représente les extrémités des tuiles telles qu'elle apparaissent sans l'antéfixe ; la figure inférieure représente les mêmes extrémités recouvertes par les antéfixes ; la figure à main droite montre aussi par derrière la languette qu'on introduisait sous l'imbrex, pour le fixer ; et la figure à main gauche, qui porte une image de la Victoire, présente ainsi un commentaire graphique du passage de Tite-Live (XXVI, 23) où il dit que la statue de la Victoire, placée au sommet du Capitole, tomba et fut retenue par les Victoires des antéfixes : Victoria, quae in culmine erat, fulmine icta decussaque, ad Victorias quae in antefixis erant, haesit, etc.

Illustration complémentaire

Reconstitution polychrome d'antefixes en terre cuite,
palmettes au-dessus de la corniche
et lions gargouilles semblables à ceux de Baalbek.
VI° s. avant JC
Musée de Paestum (Italie), 1977

© Charles Cavenel