ADYTUM (ἄδυτον)

Chambre particulière ou secrète dans un temple, d'où tout le monde, excepté les prêtres qui officiaient, était sévèrement exclu (Caes. B.C. III, 105 ; Virg. Aen. VI, 98). L'adytum était distinct de la cella : on le voit par un passage de Lucain (Phars. V, 141-161) où la prêtresse, craignant les crises violentes qu'elle aurait à subir des stimulants qu'on la forçait de prendre dans sa chambre secrète pour l'agiter comme dans l'inspiration prophétique (pavens adyti penetrale remoti fatidicum, redoutant la prophétique retraite du sanctuaire secret), s'arrête dans l'enceinte du temple et refuse de pénétrer dans l'adytum ou l'antre (antrum) comme Lucain l'appelle : il faut l'emploi de la force pour l'y pousser. Une chambre de cette sorte est représentée dans cette portion de la gravure ci-jointe qui est située derrière l'absis circulaire (l'absis est marquée d'une teinte plus foncée que le reste), et qui communique avec le corps de l'édifice par deux portes, une de chaque côté. Le tout représente le plan d'un petit temple dorique, existant jadis près du théâtre de Marcellus, à Rome, sur l'emplacement duquel s'élève maintenant l'église de S. Nicolas in Carcere. Il est copié de l'ouvrage de Labacco, qui le visita au seizième siècle (Libro dell'Architettura, Rome, 1558).

On construisait ces parties du temple pour permettre aux prêtres de tromper les fidèles par des réponses prophétiques, des miracles, et toute espèce d'effets surnaturels, et de cacher en même temps les agents qui les produisaient. Il n'y en avait pas, par conséquent, dans tous les temples, mais seulement dans les temples célèbres par les oracles ou par la représentation des mystères. C'est ce qui explique pourquoi on rencontre si rarement de telles pièces dans le plan des anciens temples qui sont restés debout. Les ruines d'un ancien temple à Alba Fucentis, dans le pays de Marses (aujourd'hui Alba, sur le lac de Fuscino), prouvent amplement que la figure insérée ici peut être regardée comme un fidèle specimen de l'ancien adytum. L'intérieur de cet édifice avait encore sa forme primitive et était parfaitement conservé quand il fut visité par l'auteur. La manière dont il est construit ne diffère que légèrement du modèle que nous avons donné : la chambre secrète n'est pas placée derrière l'absis, mais construite au-dessous. Une partie de cette chambre s'enfonce, en quelque sorte, au-dessous du pavé du corps principal du temple (cella), et l'autre s'élève au-dessus. Celle-ci devait apparaître alors aux adorateurs réunis dans le temple seulement comme un soubassement occupant la portion inférieure de l'absis et destinée à tenir dans une position élevée la statue de la divinité dont l'édifice portait le nom. Ce sanctuaire, d'ailleurs, n'avait ni porte ni communication visible qui ouvrît sur le corps du temple. On n'y entrait que par la porte dérobée d'une enceinte fermée de murs, sur les derrières de l'édifice : c'était par là que les prêtres s'introduisaient avec leurs machines, sans être vus ni reconnus. Mais il est un fait remarquable, un fait qui prouve sans réplique la destination de l'adytum : c'est qu'on y trouve une quantité de tubes ou de conduits creusés dans les murs qui communiquent de ce réduit avec l'intérieur du temple, qui aboutissent aux différentes parties de la cella, et qui permettent ainsi à une voix de se faire entendre dans tout endroit du temple pendant que la personne et la place d'où part la voix restent cachés.


Illustration complémentaire

Adytum de l'oracle nécromantique
du Nekromanteion d'Epire (Grèce), 1984

© Charles Cavenel