CELLA

Cave : ce mot quand on l'emploie dans un sens général, désigne un magasin ou un dépôt au rez-de-chaussée dans lequel on gardait des denrées de toute espèce. Les différentes sortes de caves sont distinguées par une épithète qui indique la nature des articles qu'elles contiennent. Par exemple :

  1. Cella vinaria. Cave pour le vin, formant une des principales dépendances d'une vigne. C'était un magasin où le produit de la vendange de l'année était déposé dans de larges vaisseaux de poterie (dolia, seriae, etc) ou dans des barils de bois (cupae), après avoir été retiré des cuves du pressoir (torcularium), où le vin était fabriqué : il y était gardé jusqu'à ce qu'il fût vendu ou mis en bouteilles, c'est-à-dire enfermé dans les amphorae ; il était alors transporté dans l'apotheca, au haut de la maison, où on le laissait vieillir (Varro, R.R. I, 13, 1 ; Columell. XII, 18, 3 et 4 ; Pallad. I, 18 ; Cic. Senect. 16).


La gravure, qui est prise d'un bas-relief découvert à Augsbourg en 1601, représente un de ces magasins pour le vin mis en futailles, manière habituelle de le garder dans les climats moins favorables (Plin. H.N. XIV, 27) ; et le specimen suivant, quoique ne représentant pas à proprement parler la cave d'un propriétaire de vignobles, servira à donner une idée du plan sur lequel étaient arrangés et disposés ces magasins, quand le vin était gardé dans des vaisseaux de poterie, ce qui était la manière la plus habituelle.
  1. Cave d'un marchand de vin ou d'un cabaretier au rez-de-chaussée, où l'on gardait aussi le vin en gros. On le tirait ensuite pour le débit ou on le vendait en détail aux pratiques plus pauvres qui fréquentaient ces maisons. De là le nom de vin de débit journalier (vinum doliare) ou pris de la futaille (de cupa) (Cic. Pis. 27).
Les gravures représentent une section et un plan d'une partie de ces dépôts de vin qui fut découvert en 1789, sous les murs de Rome. Il est divisé en trois compartiments : le premier, auquel on arrivait par quelques degrés, consiste en une petite chambre, ornée d'arabesques et d'un pavé en mosaïque ; le second, qui faisait suite au premier, est de la même grandeur, mais tout à fait dépourvu d'ornements et sans pavé. Le plancher est un lit de sable, au centre duquel on trouva enterrée (defossa), jusqu'aux deux tiers de leur hauteur, une rangée de dolia de l'espèce la plus large. Le dernier est une galerie étroite, haute de 1m 83 et longue de 5m 49 (on n'en a représenté qu'une partie dans la gravure, mais elle est quatre fois aussi longue). Ce dernier compartiment est, comme le précédent, recouvert d'un profond lit de sable où un grand nombre de vaisseaux de poterie, de formes et de grandeurs différentes, étaient en partie enterrés comme les précédents, mais disposés sur une double rangée des deux côtés le long des murailles, de manière à laisser au milieu un passage libre, comme on le voit par la gravure inférieure, qui reproduit le plan de la cave.
  1. Cella olearia. Magasin ou cave attachée à une plantation d'oliviers, où l'huile, quand elle était faite, était déposée dans de larges vaisseaux de poterie, jusqu'à ce qu'on l'eût vendue aux marchands d'huile (Cato, R.R. III, 3 ; Varro, R.R. I, 11, 2 ; Columell. I, 6, 9).
  1. Petites chambres groupées ensemble comme celles qu'on bâtissait pour servir de dortoirs aux esclaves (Cic. Phil. II, 27) ; chambres à coucher pour les voyageurs dans les hôtelleries et auberges (Petr. Sat. 9, 3 et 7) ; enfin les voûtes qu'occupaient les prostituées (Juv. Sat. VI, 128 ; Petr. Sat. VIII, 4). La gravure ci-après représente une longue ligne de cellae subsistant encore parmi les ruines d'une villa romaine à Mola di Gaeta ; le devant en était, dans l'origine, fermé par un briquetage et n'avait qu'une porte d'entrée au centre pour donner passage à celui qui occupait la cella ; il n'y entrait de lumière et d'air que ce qu'en admettait cette ouverture.
  1. Chambres qui, dans les bains, contenaient les commodités nécessaires pour le bain chaud et froid, et s'appelaient cellae, parce qu'en fait les bains se composaient d'un certain nombre de pièces, communiquant l'une avec l'autre, ainsi qu'on peut le voir très clairement dans la gravure ci-jointe, d'après une fresque qui décorait un appartement dans les Thermes de Titus.


La chambre qui contenait les bains chauds était la cella caldaria, ou caldarium ; celle du bain tiède, cella tepidaria, ou tepidarium ; celle du bain froid, cella frigidaria, ou frigidarium (Plin. Ep. V, 6, 25 et 26 ; Pallad. I, 40).
  1. Niches ou cellules d'un pigeonnier ou d'un poulailler, qui sont groupées d'une manière analogue (Columell. VIII, 8, 3 ; id. VIII, 14, 9).
  1. (σηκός) Intérieur d'un temple, c'est-à-dire partie enfermée entre les quatre murs latéraux, non compris le portique et le péristyle (Cic. Phil. III, 12).


La gravure donne un plan du temple de la Fortuna Virilis, subsistant encore à Rome. La partie comprise dans les lignes noires est la cella.

Illustration complémentaire

Cella du temple de Bacchus - Baalbek (Liban), 2000

© Agnès Vinas