Préface
Ce livre commence aux rivages de la Grèce ; il se
termine bien près de ces mêmes rivages. C'est
dire que la civilisation gréco-romaine le traverse et
l'inspire presque tout entier. Nos étapes, elles sont
au nombre de quatre, montrent, dans ce long voyage,
l'épanouissement suprême de la fleur du
génie grec, puis ses premières
défaillances, ses lassitudes, ses ruines, et les
tristesses dernières d'un crépuscule
finissant.
Les traditions du théâtre athénien nous
conseillaient cette quadruple division d'une
tétralogie : et ce livre est une sorte de drame qui,
d'une logique implacable, s'achemine de son prologue à
son dénouement.
Il nous est arrivé de rassembler en un court espace
des personnages et des incidents qui s'éparpillent en
réalité à quelque distance les uns des
autres, ou bien à quelques jours d'intervalle. Notre
chronologie, resserrée et volontairement complaisante,
n'est pas toujours d'une scrupuleuse exactitude. Nous
pourrions trouver une excuse dans les doutes, les
contradictions des historiens les plus autorisés. Il
plaît mieux à notre franchise et à notre
sincérité d'avouer la faute commise. Si les
tableaux empruntent à ces mensonges, au reste
très légers et discrets, plus d'éclat et
d'animation, nous serons, croyons-nous, aisément
pardonné.
Les spectacles suffisent à nous raconter un peuple,
mieux encore, tout un âge de l'humanité. L'homme
se plaît au spectacle de l'homme. Au-dessus, au-dessous
des tréteaux qu'il se dresse, il aime à se
retrouver acteur et spectateur. Qu'il poursuive un
idéal de sublime beauté, qu'il ait soif de
gaieté ou qu'il ait soif de sang, qu'il veuille rire
ou pleurer, il lui faut toujours des pantins et des
marionnettes. L'homme ne reste-t-il pas toujours plus ou
moins un enfant ?
Les quatre vues de monuments restaurés qui
accompagnent ces éludes, sont dues à notre ami
Louis Bernier, architecte et pensionnaire de Rome. Nous
sommes heureux de le remercier de sa précieuse
collaboration.