Plusieurs classes de personnes ont été
appelées de ce nom, sous l'empire romain.
I. On nommait ainsi des prêtres chargés du culte
des lares des carrefours, établis par Auguste à
Rome et qui s'appelèrent lares Augusti, lorsqu'on eut
réuni dans le même culte le génie
d'Auguste. Il existait, dans les municipalités, des
magistri augustales, ou magistri larum
Augustorum, qui remplissaient des fonctions
identiques.
II. Tibère institua à Rome, après la
mort d'Auguste, un collège de prêtres
nommés sodales
augustales, et comprenant, outre les membres de la
famille impériale, quelques personnages de haut rang ;
ils avaient la mission d'entretenir le culte de la gens
Julia.
III. Il s'établit, après la mort d'Auguste, et
même à ce qu'il semble de son vivant, des
collèges de particuliers qui se vouaient à son
culte. On ne rencontre que dans deux passages d'un auteur,
mais il est fait mention dans une foule d'inscriptions,
d'Augustales qui forment dans les villes municipales une
corporation particulière, intermédiaire entre
l'ordre de la curie ou des décurions et le peuple
(plebs ou municipes). Cette corporation,
nommée collegium Augustalium, corpus
Augustalium ou Augustales corporati, avait pour
objet spécial d'honorer la mémoire d'Auguste
par des sacrifices et des cérémonies ou
fêtes publiques. Son origine et ses relations avec des
fonctionnaires nommés seviri Augustales, ont
donné lien à de vives controverses. On doit se
borner ici à un rapide résumé de
l'état de la question. Suivant les uns, les Augustales
ont pour origine l'institution faite par Auguste des
prêtres des dieux lares. Dans les villes municipales se
forma à cet exemple un collège composé
d'abord uniquement de six prêtres, seviri ou
sexviri Augustales, dont les fonctions étaient
annuelles ; mais, à l'expiration de ce temps, ces
personnages prenaient le titre de sevirales (bien
qu'ils gardassent souvent leur ancienne dénomination
de seviri Augustales), et formaient un ordo
seviralium spécial, dans lequel on entrait ainsi
par l'exercice du seviratus. Suivant d'autres, dont
l'opinion semble prévaloir aujourd'hui, les Augustales
dérivent du collège établi par
Tibère et imité par des particuliers, à
Rome et ailleurs ll faut, du reste, distinguer plusieurs
espèces de villes : dans les unes on trouve seulement,
d'après les inscriptions, des Augustales, ayant
à leur tête un curator ou des
quinquennales, ou des quaestores ; dans
d'autres cités, on rencontre des seviri
seulement, sans Augustales ; enfin, le plus ordinairement,
à la fois des seviri Augustales et des
Augustales simplement. L'origine proposée par
Orelli ne peut convenir à la première
catégorie de cités ; et quant à la
troisième catégorie, il faut admettre que les
seviri Augustales étaient chargés de
fonctions annuelles, tandis que les Augustales
étaient nommés à vie ; quelquefois, les
seviri étaient pris en dehors des
Augustales ; car des inscriptions ont soin de donner
ce dernier titre à certains seviri. Quoi qu'il
en soit, les Augustales étaient choisis par
décret des décurions de la ville, soit parmi
les ingénus, soit parmi les affranchis, et formaient
un ordo ayant rang après les décurions,
qui fut consacré d'abord au culte de la gens
Julia, plus tard à celui de l'empereur
régnant ; on trouve en effet un Augustalis
Claudialis appelé aussi sevir et
Augustalis Flavialis.
Ce collegium avait une caisse (arca Augustalium)
autorisée par l'empereur, comme à Brixia,
administrée par un quaestor ou curator
particulier. Il recueillait des héritages,
possédait des terres ; les revenus étaient
consacrés à des sacrifices offerts dans le
temple d'Auguste, ou à des repas de corps et à
des fêtes célébrés dans un
édifice spécial, comme le Phretrium à
Caere. Lors de leur admission, les Augustales avaient,
comme les seviri, sauf le cas de dispense, à
payer une certaine somme (pecunia honoraria), qui
entrait dans l'arca municipalis. Des dépenses
bien plus considérables étaient imposées
quand on était sevir. Il paraît que le
titre d'Augustalis devint héréditaire
avec les charges qu'il entraînait, c'est-à-dire
les repas et les spectacles à donner au peuple.
Ainsi se forma peut-être l'ordo Augustalium,
inférieur à celui des décurions. Les
affranchis surtout étaient avides de ces fonctions et
disposés à en supporter les charges, parce
qu'ils ne pouvaient aspirer à des honneurs plus hauts.
Les Augustales portaient des ornements qui les
faisaient reconnaître (ornamenta
Augustalitatis), et avaient au théâtre des
places distinctes ; quelques-uns obtinrent des
décurions un décret leur conférant le
droit d'y faire porter le siège honorifique
appelé bisellium, ou de revêtir les
ornements des édiles et des décurions.
Le collège des Augustales s'éteignit
sous l'influence de l'extension de la religion
chrétienne.
Article de G. Humbert