9. Sans l'affirmer ouvertement, l'on disait tout bas que ces différences dans leur conduite avaient fait naître entre eux des inimitiés. On remarqua surtout que Marc-Aurèle envoya en Syrie, en qualité de lieutenant, un certain Libon, son cousin, lequel se conduisit avec plus de hardiesse qu'il ne convenait à un sénateur, disant qu'il écrirait à cet empereur dans tous les cas douteux : or, cet envoyé, dont la présence était insupportable à Vérus, tomba tout à coup malade, et mourut avec des marques de poison. Sa mort fut attribuée, non par Marc-Aurèle, mais par quelques personnes, à la perfidie de Vérus, et cette circonstance augmenta le bruit qui s'était répandu de la désunion des deux frères. Les affranchis Géminas et.Agaclyte eurent, ainsi que nous l'avons dit dans la vie d'Antonin le Philosophe, une grande influence sur l'esprit de Vérus. Il fit même épouser au dernier la femme de Libon, contre la volonté de Marc-Aurèle, qui assista pourtant à ces noces, célébrées par son frère. Ce prince favorisa encore quelques affranchis de mauvaises moeurs, tels que Codes, Eclectus, et d'autres. L'empereur, à la mort de Vérus, les éloigna tous avec des titres honorifiques, excepté Eclectus, qui fut dans la suite le meurtrier de Commode. Marc-Aurèle ne voulant ni envoyer Vérus seul contre les Germains, ni le laisser à Rome, à cause de ses débauches, ils partirent ensemble pour cette guerre, et se rendirent à Aquilée. On traversa les Alpes, au grand regret de Vérus, qui avait passé son temps à Aquilée en promenades et en festins, tandis que MarcAurèle pourvoyait à tout. Nous avons suffisamment parlé, dans la vie de ce prince, et des ambassades envoyées par les barbares pour demander la paix, et de la conduite de nos généraux. La guerre une fois terminée en Pannonie, Vérus sollicita la faveur de retourner à Aquilée, dont il regrettait les plaisirs, et il en prit le chemin. Mais, à peu de distance d'Altinum, il fut subitement frappé d'apoplexie dans sa voiture. On l'en fit descendre, et, après lui avoir tiré du sang, on le conduisit à Altinum, où il mourut au bout de trois jours, sans avoir recouvré la parole. | © Agnès Vinas |
Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste
Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius |