Traduction éditée dans le recueil posthume de Toute la Lyre (IV, 2)
Hugo a traduit les v. 13-30 de la bucolique de Virgile

 

              Chromis et Mnasylus in antro
Silenum pueri somno videre jacentem,
inflatum hesterno venas, ut semper, Iaccho ;

Deux beaux enfants, Chromis et le berger Mnasyle
Ont vu Silène au fond d'une grotte endormi,
Seul, et comme toujours, ivre plus qu'à demi.

serta procul, tantum capiti delapsa, jacebant,
et gravis attrita pendebat cantharus ansa.
Adgressi - nam saepe senex spe carminis ambo
luserat - iniciunt ipsis ex vincula sertis.

Ses bandelettes d'or se déroulaient dans l'antre ;
Sa cruche était cassée et gisait sur le ventre.
Tous deux pour le saisir ont profité du lieu ;
Avec la bandelette ils ont lié le dieu,
Vieux chanteur qui souvent leur manqua de parole.

Addit se sociam timidisque supervenit Aegle,
Aegle, Naiadum pulcherrima, jamque videnti
sanguineis frontem moris et tempora pingit.

Eglé, la belle nymphe, Eglé, la belle folle,
Survient, les encourage, et redouble les noeuds ;
Et, quoique le vieillard rouvre déjà les yeux,
Elle lui peint la face au milieu des risées
Avec le sang vermeil, des mûres écrasées.

Ille dolum ridens : Quo vincula nectitis ? inquit.
Solvite me, pueri ; satis est potuisse videri.

Lui s'éveille et sourit.
              — Laissez-moi libre, amis,

Carmina quae vultis cognoscite ; carmina vobis,
huic aliud mercedis erit.

Et vous aurez les chants que je vous ai promis ;
Acceptez la rançon qu'ici je vous propose ;
J'ai pour vous des chansons et pour elle autre chose.

                                          Simul incipit ipse.

Puis il commence et chante.

Tum vero in numerum Faunosque ferasque videres
ludere, tum rigidas motare cacumina quercus ;

                          Alors, à cette voix,
On vit les daims, les loups et les bêtes des bois
Se mêler aux sylvains dans une étrange danse,
Et les chênes pensifs agiter en cadence
Leur front d'où l'ombre au loin tombe sur le vallon.

nec tantum Phoebo gaudet Parnasia rupes,
nec tantum Rhodope miratur et Ismarus Orphea.

Le rocher du Parnasse est moins fier d'Apollon,
Et Rhodope et l'Ismare écoutent moins Orphée.

Et pour compléter