La momie égyptienne
Cliché Stéphane Miquel, service photographique, mairie de Perpignan |
Par Annie Perraud
Première partie : histoire de la momie
Deuxième partie : étude de la momie et du cercueil
- Introduction
- 3. Radiologie standard du squelette
- 4. Tomodensitométrie
- 5. Endoscopie
- 6. Synthèse des résultats obtenus par imagerie médicale et endoscopie
- 7. Analyse des prélèvements
- 8. Interprétation des résultats obtenus
- 9. Etude du cercueil
- 10. Essai d'identification du défunt
- Conclusion
Introduction
Une étude pluridisciplinaire de la momie
égyptienne, conservée au Muséum de
Perpignan, a été réalisée au mois
d'avril 1997. L'idée directrice de ce travail de
recherche était de déterminer si les techniques
médicales et scientifiques actuelles pouvaient
améliorer la connaissance des rites funéraires
égyptiens et des pratiques de momification. Cette
étude scientifique est basée sur des
méthodes non destructives, respectant
l'intégrité de la momie et son état
actuel, et ne nécessitant pas de
débandelettage. L'étude des momies
égyptiennes permet, au-delà de
l'intérêt scientifique, une étude
beaucoup plus large : celle de la civilisation
égyptienne et des croyances des Egyptiens anciens
d'une part, une approche anthropologique d'autre part.
Les connaissances relatives à la momification nous
sont parvenues grâce à deux textes tardifs,
connus sous l'appellation Rituel de l'Embaumement : le
Papyrus de Boulaq III, daté du début du ler
siècle après J.-C., conservé au
musée du Caire, et le Papyrus du Louvre n° 5158,
daté de la 2e moitié du ler siècle avant
J.-C. Ce sont les copies incomplètes et lacunaires
d'un exemplaire original beaucoup plus ancien,
constitué par onze chapitres, énumérant
un protocole royal. Chaque chapitre comporte deux parties. La
première partie constitue une sorte de manuel pratique
à l'usage des embaumeurs, incluant l'application des
différents produits constituant les baumes de
momification ; la seconde partie est consacrée aux
textes à caractère religieux et à la
liturgie.
En l'absence d'autres documents, les études de momies
constituent la base de nos connaissances des pratiques de
momification et des rites funéraires égyptiens.
Elles permettent de déduire les pratiques des ateliers
d'embaumement et leur évolution à travers le
temps.
Première partie : histoire de la momie
1. ELEMENTS HISTORIQUES
Contrairement aux momies étudiées sur leur lieu
de sépulture, les momies explorées dans les
musées sont souvent de provenance inconnue et de
datation incertaine. Dans le cas de la momie du Muséum
de Perpignan, le musée ne dispose d'aucun document
pouvant donner une indication du lieu d'origine. Le don de la
momie au musée n'a fait l'objet d'aucun inventaire,
comme c'est le cas pour la plupart des momies ayant
quitté l'Egypte au cours du XIXe siècle. On
sait toutefois que la momie et le cercueil ont
été donnés en 1847 par Ibrahim
Pacha.
Les circonstances dans lesquelles cette momie est parvenue
à Perpignan, sont les suivantes :
Ibrahim Pacha, né en 1789, était le fils
aîné de Méhémet Ali, vice-roi
d'Egypte.
Son père lui ayant confié la conduite de
l'armée en 1816, le prince fit preuve de
qualités de grand stratège.
Il ressentit les premières atteintes de la maladie,
qui devait causer sa mort, à l'âge de 56 ans
(1). Après avoir
subi une intervention chirurgicale, il est confié
à Claude-François Lallemand, médecin
à Montpellier. Celui-ci lui conseilla les eaux
thermales de Vernet-les-Bains où il séjourna de
janvier à février 1846. Dès son retour
en Egypte, Ibrahim Pacha fit envoyer une momie à
Perpignan, en remerciement pour l'accueil qui lui avait
été réservé et pour les soins
reçus.
La momie, probablement choisie pour son état apparent
de conservation et pour la beauté des scènes
décorant le cercueil où elle repose, est
envoyée en France par bateau, au départ du port
d'Alexandrie. Le 27 février 1847, Louis Companyo,
directeur et fondateur du Muséum de Perpignan,
recevait une lettre de Monsieur Bonfort, intendant de S. A.
Ibrahim Pacha, envoyée du Caire, indiquant : «Je
viens aujourd'hui vous prévenir que Son Altesse
Ibrahim Pacha a destiné une momie pour le
Muséum d'histoire naturelle de Perpignan et que je
viens d'expédier la caisse au Consul
général de France à Alexandrie pour
l'expédier par les paquebots de l'Etat à
Marseille. Veuillez la réclamer et l'offrir au
musée, au nom du prince» (2). La momie et son cercueil
sont débarqués à Marseille, puis
acheminés vers les
Pyrénées-Orientales.
D'après les textes inscrits sur les parois du
cercueil, on pourrait s'orienter vers une origine
thébaine du défunt auquel était
destiné, à l'origine, le cercueil : ce sujet
appartenait au domaine d'Amon (Pr Jmn).
Le don de la momie doit être resitué dans son
contexte historique, le contexte archéologique ne
pouvant être évoqué qu'en termes
hypothétiques, en l'absence de documents. Les dons
d'antiquités égyptiennes étaient fort
appréciés par les gouvernements
étrangers, pris d'une véritable passion pour
cette civilisation. De ce fait, Méhémet Ali
donnait des autorisations de fouilles avec
facilité.
Jean-François
Champollion, venu en Egypte en 1828, fit prendre conscience
au gouvernement égyptien du danger lié au
commerce des antiquités et au démantellement
des monuments, ne faisant l'objet d'aucun contrôle de
la part des autorités égyptiennes (3). A la suite de ses
conseils, Méhémet Ali publia, quelques
années plus tard, une ordonnance (4), datée du 15
août 1835, notifiant les mesures prises à
l'encontre des trafiquants d'antiquités et des
pilleurs de tombes. Le don officiel de la momie par Ibrahim
Pacha permet d'émettre l'hypothèse que la
découverte de la sépulture était
récente et qu'elle avait fait l'objet de fouilles
répondant à des critères plus
scientifiques de la part d'archéologues
étrangers, premiers égyptologues sur le terrain
(5).
2. BILAN DES ETUDES ANTERIEURES REALISEES
Pendant un siècle, la momie du Muséum de
Perpignan est restée intacte dans le cercueil qui la
contenait. Depuis 1955, elle a fait l'objet de trois
études ayant précédé la
dernière, réalisée en 1997.
2.1.
L'ETUDE REALISEE EN 1955
Marie-Thérèse Ducup de Saint Paul, docteur en
médecine et membre de la Société
Française d'Egyptologie, réalise la
première étude de la momie en 1955, cette
étude étant menée, à la fois, sur
un plan archéologique, anthropologique et
paléopathologique (6).
Le cercueil est ouvert à cette occasion. La momie est
identifiée être celle d'une femme. Le linceul
qui la revêtait entièrement a été
retiré, ainsi que le masque protecteur recouvrant le
visage. M.-Th. de Saint Paul observe que la momie n'a pas
été enlevée de son cercueil depuis son
entrée au musée : elle adhère toujours
à la cuve du cercueil.
Un premier bilan radiographique est fait.
2.2.
L'ETUDE REALISEE EN 1975
Llorenç Baqués-Estapé, attaché au
muséum d'Archéologie de Barcelone, et Joseph
Padro i Parcerisa sont les deux égyptologues qui ont
permis une meilleure connaissance du personnage auquel
était destiné le cercueil, grâce à
son identification par le déchiffrage des textes
hiéroglyphiques et l'étude des scènes
figurées du cercueil. Ils ont été
aidés de Eduard Porta et Josep Maria Xarrié.
L'étude de la momie était incluse dans le plan
d'étude des antiquités égyptiennes
conservées dans les musées des pays catalans
(7).
Un premier occupant du cercueil est identifié : il
s'agit de Pae-n-ns.t-tae.wy (Paennesttaouy). L'individu ayant
réemployé le cercueil se nommait
Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou), il était scribe
du temple d'Amon-Rê.
Un nouveau bilan radiographique de la momie est
réalisé. Il s'agit d'un adulte, de sexe
masculin, âgé d'environ trente ans.
2.3.
L'ETUDE REALISEE EN 1985
La troisième étude de la momie date de 1985. Il
s'agit déjà d'une étude
pluridisciplinaire. Dans le cadre d'un projet de restauration
de la momie, Robert Bourgat, conservateur du Muséum de
Perpignan, demande l'intervention de Béatrice
Coursier, restaurateur au musée de l'Homme, à
Paris, en vue de prévoir le traitement de la momie et
du cercueil. Un nouveau bilan radiographique,
constitué de clichés du crâne, de la
mandibule, du thorax et de l'abdomen, est
réalisé par le radiologue Elise Sevette.
L'étude est complétée par un examen
odontologique, effectué par le stomatologue Cl.
Pellequer. La dentition est complète. Les dents sont
fortement abrasées, mais elles ne présentent
pas de signe de carie.
Dès la première étude, la datation de la
momie est évaluée à la XXIe dynastie
(1085 à 950 avant notre ère), à partir
des éléments typologiques des pièces
constituant le cercueil.
Deuxième partie : étude de la momie et du cercueil
Introduction
La compréhension de l'anatomie donnée en
imagerie médicale, spécifique à chaque
momie, demande une adaptation particulière des
connaissances médicales. Dans le cas de la momie de
Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou), la difficulté
d'interprétation des résultats est
majorée par la désorganisation de son
squelette, devenu un véritable puzzle. Un lent travail
fait d'observation des clichés, de comparaison entre
eux, aux différents temps des explorations, mais aussi
avec ceux que l'on peut retrouver chez un individu vivant, a
été réalisé.
Objectifs
- identifier la voie d'excérébration ;
- identifier la voie d'éviscération ;
- déterminer la présence de paquets canopes ;
- expliquer les procédés de momification utilisés ;
- déterminer l'âge auquel est mort le sujet et la cause de son décès.
3. RADIOLOGIE
STANDARD DU SQUELETTE
Ce bilan radiographique de la momie est le quatrième.
Pour la première fois, il a pu être
réalisé dans une salle de radiologie, au centre
hospitalier de Perpignan, par le Dr Elise Sevette, permettant
l'obtention de clichés du corps entier, d'une
meilleure qualité que les clichés
antérieurs, obtenus grâce à un appareil
portatif.
Résultats
L'ensemble des clichés pris révèle un
bouleversement complet du squelette.
- Les radiographies du crâne montrent l'image d'un objet arrondi, non identifié et non visible à l'examen clinique, à hauteur de la bouche. Cet objet, ressemblant à une perle perforée de deux orifices, doit se trouver sous le crâne, dans les bandelettes. Il pourrait s'agir d'une amulette placée, initialement, au niveau de la gorge. On peut noter une absence de niveau de sédimentation (absence de résine), à l'intérieur du crâne. Aucune effraction osseuse n'est retrouvée, démontrant l'absence de voie d'excérébration. Les fosses nasales sont vides et intactes.
- Membres supérieurs et inférieurs : le squelette des membres inférieurs se superpose à celui des membres supérieurs. Les os des mains montrent la position des mains, croisées et repliées, les doigts tendus vers le haut du corps (8).
- Thorax et bassin : l'intérieur de la cavité thoraco-abdominale montre un bouleversement complet du squelette. Quelques rares vertèbres, dont le sacrum, sont retrouvées au niveau du thorax.
Conclusion
Les radiographies ne montrent pas de signes de fracture ou de
pathologie osseuse, ni de stries d'arrêt de croissance
de Harris (9).
Cet individu présente une bonne minéralisation
osseuse, bien répartie au niveau de tout le squelette
: bonne calcification, absence de signes d'ostéoporose
(10). L'âge
osseux peut être évalué à la
trentaine.
Le squelette présente un remaniement total, avec
absence de conservation des articulations, absence de
connexion anatomique. Une partie des os n'a pas pu être
identifiée ou retrouvée (phalanges, une partie
du rachis). Tous les os de petite taille sont
dispersés. Cependant, il ne semble pas qu'il y ait des
os surnuméraires, prouvant l'appartenance de ces os
à un seul individu.
4. TOMODENSITOMETRIE
La tomodensitométrie (TDM) ou scanner a permis de
vérifier les données fournies par la radiologie
standard : absence d'effraction osseuse au niveau du
crâne, orifice d'éviscération non
retrouvé.
Topogramme
Ce cliché permet d'avoir une vue
tomodensitométrique d'ensemble, comprenant le
crâne, le thorax, les membres supérieurs et
l'abdomen.
- Le squelette montre une torsion et un tassement, au niveau du thorax et des membres. La position des épaules présente une asymétrie qu'il faut, sans doute, mettre en relation avec le remaniement complet du squelette.
- Le bassin est remonté au niveau du thorax : les ailes iliaques sont au-dessus des coudes.
- La cage thoracique a disparu. Le gril costal est effondré et les côtes sont amassées du côté supérieur droit du thorax.
Topogramme. Ce cliché permet
d'objectiver l'absence de connexion osseuse.
Une masse
opaque, en haut du thorax, non identifiée, peut
correspondre à du matériel de bourrage.
Crâne
- L'ethmoïde paraît intact, il n'y a pas de signe d'effraction osseuse, au niveau du crâne (11).
- La présence de globes oculaires ne peut être déterminée. Les parois internes des cavités orbitaires ne sont pas visibles. Les orbites ne montrent qu'un comblement par un matériel de bourrage. On ne peut donc affirmer s'il y a eu énucléation. Aucune prothèse oculaire n'est objectivée. La fracture du toit de l'orbite gauche est, probablement, d'origine post mortem, consécutive à la manoeuvre de bourrage de la cavité orbitaire ou à l'énucléation, si elle a eu lieu.
- L'intérieur du crâne est rempli d'air. La cavité endocrânienne, vide par ailleurs, est occupée par un matériel de nature indéterminée, dans la partie postérieure, qui semble avoir sédimenté en deux couches, au niveau de l'écaille occipitale.
- Les clichés permettent de confirmer l'absence de voie d'accès rhino-septal, les cornets inférieurs (12) étant intacts.
Coupe TDM du crâne,
réalisée au-dessus du maxillaire
supérieur.
Présence de deux images de
densité différente,
dans la cavité
endocrânienne, l'ethmoïde est intact.
Thorax et abdomen
Les membres supérieurs sont enveloppés
séparément du thorax. Trois masses
calcifiées sont visualisées au niveau de la
cavité abdominale, pouvant correspondre à des
paquets canopes ou à un bourrage par tissus.
Conclusion
La tomodensitométrie, appliquée pour la
première fois à l'étude de cette momie,
a permis la mise en évidence de divers
éléments :
- absence d'effraction osseuse au niveau du crâne,
- absence d'excérébration,
- objectivation de deux matériaux dans la cavité endocrânienne,
- mise en évidence de masses calcifiées intraabdominales,
- visualisation des enroulements des bandelettes.
5. ENDOSCOPIE
Cette exploration a été réalisée
par les Dr Vincent Faucherre et M. Heran.
Objectifs
- comparer les données fournies par la tomodensitométrie et la radiographie avec l'examen direct ;
- examiner l'intérieur de la boîte crânienne ;
- déterminer le contenu de la boîte crânienne ;
- obtenir des images de la cavité thoraco-abdominale de la momie ;
- déterminer le remplissage de cette cavité ;
- effectuer des prélèvements internes.
Voies d'accès
Les limites de l'exploration endoscopique sont liées
à l'état de la momie et à la
présence de bandelettes obturant les cavités
potentiellement accessibles. Tous les orifices permettant
l'introduction du fibroscope ont été
explorés.
Résultats
Une image presque constante s'est offerte à nous, sur
l'écran vidéo, quelle que soit la région
explorée. L'intensité lumineuse
éclairait des cavités vidées de leur
contenu, pour la plupart.
La boîte crânienne
La tête, maintenue en place par les bandelettes, n'est
plus reliée au tronc, l'ouverture du trou occipital,
visible à la simple observation, nous offre la
première voie d'accès.
- Une masse, de couleur grise et de forme arrondie, aux contours irréguliers, repose sur une couche semblable à du sable.
- L'examen du sphénoïde (13) confirme l'absence d'effraction.
La cavité thoraco-abdominale
Cette cavité a été explorée
à travers un large orifice du thorax.
L'intérieur de cette cavité ne
présentait qu'un mélange inextricable d'os ne
présentant plus la moindre trace de reliquats
musculaires.
La disparition complète des structures
cutanéomusculaires a permis l'introduction et la
progression du fibroscope au cours de l'endoscopie.
Conclusion
L'endoscopie, réalisée pour la première
fois sur cette momie, a permis :
1. l'examen direct des différentes cavités
:
- matériel de remplissage de la cavité endocrânienne ;
- vacuité de la cavité thoraco-abdominale ;
- absence totale de conservation des structures cutanéo-musculaires, sous l'enveloppe protectrice des bandelettes ;
- visualisation des bandelettes internes.
2. la réalisation de prélèvements
internes en vue d'analyses biologiques ou chimiques (mise en
évidence de natron, attestant le traitement du corps
par déshydratation et de baumes de
momification).
L'endoscopie a permis de constater l'absence de reliquats de
tissus humains : seuls, les os d'un squelette remanié
et désorganisé sont contenus dans l'enroulement
des bandelettes. Ces os, de couleur claire, ne semblent pas
avoir été en contact avec les produits
constituant les baumes de momification, utilisés
habituellement, et ayant la propriété de noicir
tissus humains et bandelettes.
Les prélèvements réalisés
montrent la qualité de certains produits
utilisés lors de la momification. Les
prélèvements internes effectués lors de
l'endoscopie et celui réalisé au niveau de
l'orbite gauche montrent un produit encore malléable
et adhérant sur la pince, de couleur marron.
6. SYNTHESE DES RESULTATS OBTENUS PAR IMAGERIE MEDICALE
ET ENDOSCOPIE
Les résultats obtenus par imagerie médicale
sont d'une grande richesse, sur le plan médical et
anthropologique, mais ils demeurent très modestes, sur
un plan égyptologique. Malgré le
déploiement de techniques modernes, la momie
étudiée n'a révélé qu'une
partie des informations attendues, mais ces investigations
nous ont rendu plus proche l'individu reposant dans le
cercueil. Cette momie, datée lors des études
antérieures de la XXIe dynastie, a été
nommée Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou), ce nom
étant celui qui figure sur deux des trois
pièces constituant le cercueil composite. L'imagerie
médicale et l'endoscopie ont
révélé une momie réduite à
l'état de squelette, constituée d'une
tête conservant des traces évidentes de
momification et d'un corps complètement
emmailloté.
- La momie de l'individu nommé Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou) est actuellement réduite à l'état de squelette. Ce squelette a été bouleversé et complètement remanié par le viol subi probablement par la momie, dans l'antiquité, et par les mauvais traitements successifs qui lui ont été infligés. De ce fait, on ne retrouve plus les os en connexion anatomique. Radiographies et tomodensitométries ne permettent pas d'objectiver une lésion traumatique osseuse, si ce n'est au niveau de l'orbite gauche. Malgré une absence de connexion, les os apparaissent dans leur intégrité. La constitution du squelette correspond à celle d'un individu robuste et en bonne santé.
- Aucun organe viscéral n'a pu être retrouvé, que ce soit dans des paquets canopes absents ou en position anatomique.
- Le thorax présente une ouverture anormale, au niveau d'une région correspondant à la partie gauche de la cage thoracique, sous-mamelonnaire : une déchirure des bandelettes donne un accès direct sur un amas de côtes, parfaitement reconnaissables et ne présentant plus la moindre trace de structures musculo-cutanées.
- Aucune amulette n'a été mise en évidence dans les bandelettes. On peut envisager l'existence d'un objet précieux, tel un scarabée de coeur, justifiant la lésion du thorax ; mais ceci reste du domaine de l'hypothèse. La momie ne porte aucun bijou : aucun objet radio-opaque n'a pu être objectivé, si ce n'est un objet arrondi, non identifié, objectivé à la radiographie du crâne.
- Cet individu est de sexe masculin :
- présence de poils, de part et d'autre de l'ouverture de la bouche. Selon la tradition, après la purification rituelle, le corps bénéficiait d'un rasage et d'une épilation complets, avant que les embaumeurs ne commencent la phase chirurgicale (14) de la momification. Les cheveux n'étaient pas touchés. Il est notoire de constater la repousse des phanères (poils et ongles) les jours suivant la mort.
- absence de cheveux : la momie ne montre pas de cheveux sur la partie visible de son crâne. Cet argument pourrait être en faveur d'une fonction religieuse de Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou) que l'on peut mettre en rapport avec la position des mains, croisée au-dessus du pubis. A partir de ces éléments, on peut donc affirmer que cet homme avait une calvitie.
- sur le plan anthropologique, les radiographies du crâne et du bassin permettent de différencier les deux sexes. Le bassin est plus étroit chez l'homme.
Le crâne, tout comme le reste du squelette, est représentatif d'une ossature robuste, aux reliefs osseux bien marqués. - Cet individu est de type méditerranéen. Son crâne est de forme dolichocéphale (forme du crâne allongé d'avant en arrière).
- L'âge de Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou)
à sa mort est évalué à la
trentaine, en fonction des données fournies par
l'âge osseux (la masse calcique d'une momie est
égale à celle qu'avait l'individu au moment
de sa mort) et l'âge dentaire. Cet
élément, associé à
l'étude de la dentition, permet de donner un
âge précis de l'individu, au moment de la
mort.
La question suivante se pose : en fonction des critères désormais connus (état dentaire, état du squelette, âge au moment du décès) quelle est la cause de la mort de cet individu ?
Les différentes explorations n'ont pas permis de mettre en évidence une quelconque pathologie, ayant pu causer la mort. Par ailleurs, l'absence de reliquats de viscères rend encore plus difficile la possibilité de connaître l'état de santé et la cause de la mort du sujet. - Les images retrouvées au cours des trois explorations permettent d'affirmer que cette momie n'a pas été excérébrée.
- L'état de conservation : les différentes
études de momies permettent d'attribuer la
détérioration des corps momifiés
à plusieurs facteurs, pouvant être
associés : le processus de décomposition
commencé avant le traitement du corps,
l'intervention d'insectes nécrophages,
l'humidité ambiante du lieu de sépulture, le
débandelettage. La momie étudiée n'a
pas été la victime d'insectes
nécrophages, aucun n'a été
objectivé lors de l'endoscopie, le visage ne
présente pas de lésions. L'hypothèse
de la détérioration du corps de la momie par
des micro-organismes peut être retenue, en l'absence
actuelle de preuves microbiologiques. Sous les couches de
lin et de résine qui protègent le corps, le
milieu presque dépourvu d'oxygène et d'acide
inhibe aussi l'action des micro-organismes. En revanche,
une humidification du milieu ambiant ou des dommages
survenus dans l'habillage de la momie entraînent une
reprise de la prolifération des micro-organismes qui
s'attaquent à la surface de la momie,
détruisent les textiles qui l'enveloppent et les
tissus qui sont immédiatement à leur contact.
Le processus de décomposition des tissus humains,
enrayé par les techniques de momification, aurait pu
reprendre lors de la violation antique et/ou moderne de la
momie et des mauvais traitements subis depuis sa sortie de
sépulture (datant probablement du XIXe
siècle).
Un autre élément pourrait être à l'origine de la détérioration de la momie : le dépôt du corps dans une tombe où a pénétré l'humidité, par infiltration d'eau. Les restes squelettiques, dès lors, ne portent plus de marques authentifiant la momification intentionnelle, mais le bandelettage soigneux plaide en ce sens.
7. ANALYSE DES PRELEVEMENTS
30 prélèvements d'échantillons de
natures diverses ont été
réalisés, lors de l'étude de la momie.
L'objectif en étant de déterminer, au cours de
l'analyse des résultats obtenus, le traitement
appliqué au corps et les produits utilisés au
cours de la dernière phase de la momification : la
pose des bandelettes et des linceuls. Selon le site de
prélèvement des échantillons, j'ai
distingué les prélèvements externes,
réalisés sur le matériel de couverture
de la momie, à la surface, effectués lors de
l'ouverture de l'habitacle de protection, et les
prélèvements internes, réalisés
au niveau du corps de la momie, en profondeur, lors de la
réalisation de l'endoscopie (15). Le matériel
nécessaire a préalablement été
décontaminé et désinfecté, afin
de réduire le risque de contamination par des
micro-organismes pour la momie. Chaque échantillon a
été recueilli dans un pot stérile, et
numéroté.
N° | Site de prélèvement | Origine | Nature | Analyse |
1 | thorax | externe | matériel de couverture |
IRTF/CLHP |
2 | genou droit | externe | baume | CPG |
3 | avant-bras droit | externe | bandelette | CPG |
4 | membre inférieur droit | externe | matériel de couverture |
IRTF/CLHP |
5 | thorax | externe | bandelette | CPG |
6 | avant-bras droit | externe | matériel de couverture |
IRTF/CLHP |
7 | membre inférieur droit | externe | matériel de couverture |
IRTF/CLHP |
8 | membre inférieur droit | externe | bandelette | |
9 | membre inférieur droit | externe | indéterminée | |
10 | cuisse droite | interne | baume | CPG |
11 | cuisse droite | interne | baume | CLHP |
12 | membres inférieurs zone médiane |
externe | bandelette | microscopie |
13 | coude droit | interne | baume | CLHP/CPG |
14 | emplacement du cou | interne | sels et fibres végétales |
microchimique/CPG |
15 | emplacement du cou | interne | baume | IRTF/CLHP/CPG |
16 | orbite gauche | externe | matériel de bourrage |
IRTF/CLHP/CPG |
17 | boîte crânienne (sommet) |
interne | indéterminée tissu cérébral ? |
histologie/CLHP |
18 | boîte crânienne (occiput) |
interne | sable | non réalisée |
19 | membre supérieur gauche | externe | stuc | non réalisée |
20 | cale de maintien sous le crâne |
externe | baume bandelette stuc, os |
microscopie |
21 | emplacement du cou | interne | os | non réalisée |
22 | avant-bras gauche | interne | baume | IRTF/CLHP/CPG |
23 | joue gauche | externe | téguments et poils |
génétique |
24 | thorax | externe | baume | CPG |
25 | cuisse droite | externe | baume | CPG |
26 | cuve | externe | bois | microscopie |
27 | cuve | externe | stuc | microscopie |
28 | couverture de momie |
externe | bois | microscopie |
29 | couvercle extérieur | externe | bois | microscopie |
30 | couvercle extérieur | externe | bois | microscopie |
7.1.
TISSUS HUMAINS
7.1.1.
HISTOLOGIE
Site de prélèvement : masse
intra-crânienne (n° 17) Technique :
échantillon prélevé à
l'aide d'une pince à biopsie (16), lors de
l'endoscopie pratiquée à
l'intérieur du crâne, conservé en
tube sec stérile et étudié par
microscopie optique (17).
Les résultats ont été
donnés par le Dr Jeanne Ramos (laboratoire
d'Anatomie et Cytologie Pathologiques du Pr Baldet du
Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier) qui a
réalisé l'analyse de ce
prélèvement. L'objet de cette recherche
est de déterminer si l'échantillon
prélevé est du tissu
cérébral.
La pauvreté des résultats obtenus, d'une
part, et l'interrogation relative à
l'identification de cet échantillon, d'autre
part, ont motivé une demande d'examen
complémentaire auprès du Dr Patrice
Josset (18) :
il s'agit d'une matière homogène,
probablement nécrosée, dont les
immuno-marquages ne montrent aucune structure
cellulaire ou fibrillaire caractéristique du
cerveau. De ce fait, la masse intra-crânienne,
visualisée au cours de l'endoscopie, n'a pas pu
être identifiée.
Cependant, cet échantillon pourrait
effectivement correspondre à du tissu nerveux
d'origine cérébrale
desséché. La momie ne présente
aucune trace d'excérébration, comme
l'imagerie médicale l'a prouvé. De
même, la cavité intra-crânienne est
exempte de coloration, secondaire à
l'application de baumes.
Conclusion
Le phénotypage (19) cellulaire
s'avérant négatif, les résultats
sont compatibles avec incertitude avec
l'hypothèse émise : présence de
tissu cérébral, hypothèse en lien
avec l'absence d'excérébration
constatée par imagerie médicale et
vérifiée par endoscopie.
7.1.2.
GENETIQUE
Site de prélèvement : joue gauche (n°
23)
Technique : prélèvement d'un
échantillon, constitué de poils et de
téguments, réalisé au bistouri et
à la pince à disséquer,
conservé en tube sec.
Les résultats ont été
donnés par le Dr Patricia Martinez,
médecin en biologie médicale (laboratoire
d'Hématologie du Pr Jean-François Schwed
du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier),
qui a été chargée de
réaliser cette analyse.
- La première étape,
déclinée en quatre opérations,
est celle de l'extraction de l'acide
désoxyribonucléique (ADN), à
partir d'un échantillon de 0,1 à 0,5
grammes de tissu sec (tissu humain
momifié).
Deux extractions ont ainsi été réalisées en temps différé, suivies de la purification de l'ADN, par centrifugation. L'ADN obtenu constitue une traînée ou «smear», réalisée par transillumination du gel par les ultraviolets. Les traînées sont des morceaux d'ADN de petite taille, correspondant à de l'ADN très dégradé (20). - La deuxième étape a consisté
en la réalisation d'une Polymerase Chain
Reaction (PCR) : il s'agit d'une étape
d'amplification. Les quantités extraites d'ADN
sont, en général, trop faibles pour
pouvoir être analysées directement,
nécessitant l'amplification du segment d'ADN
à étudier.
Seul, de l'ADN très dégradé, de bas poids moléculaire, a pu être mis en évidence sur une première PCR, mais une contamination de l'échantillon a nécessité un deuxième essai qui s'est révélé ininterprétable (21).
Conclusion
Les résultats obtenus aux analyses histologiques
et biologiques permettent d'apporter quelques
éléments supplémentaires à
la connaissance de l'individu étudié.
Cependant, leur pauvreté pose la question de la
pertinence de telles méthodes pour
l'étude d'une momie. En ce qui concerne
l'individu étudié, seul le
prélèvement fait au niveau de la
boîte crânienne présente un
intérêt en lien direct avec les pratiques
de momification.
7.2.
BAUMES DE MOMIFICATION
7.2.1.
ANALYSE CHROMATOGRAPHIQUE
La chromatographie est une méthode de
séparation, utilisée en chimie.
Grâce à la séparation des
différents éléments les
constituant, elle a contribué à
l'identification des baumes utilisés en Egypte
ancienne. Les composés, issus de produits
naturels, sont des mélanges de mélanges,
caractérisés par leur complexité
et leur manque de stabilité dans le temps.
L'analyse des prélèvements
d'échantillons de baumes de momification et
l'identification des produits les constituant a
été effectuée selon deux
méthodes complémentaires :
- chromatographie en phase liquide (chromatographie liquide haute performance et spectrométrie infrarouge), réalisée par Catherine Vieillescazes (22) et Paul Archier, maîtres de conférences à la faculté des Sciences de l'université d'Avignon (laboratoire de Chimie Organique) ;
- chromatographie en phase gazeuse (couplée à la spectrométrie de masse), réalisée par Philippe Méjanelle, chargé de recherche au Laboratoire d'Etudes des Techniques et Instruments d'Analyse Moléculaire (LETIAM) de l'IUT d'Orsay.
7.2.2.
PRODUITS RETROUVES
Le constat est le suivant : 17
prélèvements ont été
analysés par une technique chromatographique.
Les produits retrouvés appartiennent à
six classes différentes :
- les corps gras, retrouvés dans 13 prélèvements, dont 8 d'origine externe, en présence majoritaire, et 5 d'origine interne, répartis sur toutes les parties du corps et dans les orbites. Les corps gras étaient appliqués sur le corps, afin de redonner de la souplesse à la peau durcie par la dessication. Ils entraient dans la composition des onguents. Ils sont associés à toutes les autres classes de produits.
- la cire d'abeille, retrouvée dans 4
prélèvements, dont 3 d'origine externe
et 1 d'origine interne, répartis sur les
membres supérieurs et inférieurs, ainsi
que sur le thorax. On la retrouve associée
seulement à des corps gras.
La cire d'abeille était appliquée sur les orifices naturels (yeux, nez, oreilles) ou artificiel (cicatrice d'éviscération), ainsi que sur les autres parties du corps. C'est le cas ici, puisque la cire n'est pas retrouvée dans les prélèvements effectués sur la tête. - les gommes, retrouvées dans 8
prélèvements, dont 4 d'origine interne
et 4 d'origine externe, répartis sur toutes
les parties du corps. L'identification de la gomme
spécifique utilisée s'avère
difficile, en raison de la dégradation des
produits. Parmi les résultats, 5
prélèvements pourraient correspondre
à de la gomme arabique dégradée
(4 d'origine interne, 1 d'origine externe), 1 autre
d'origine externe, à de la gomme ammoniac
(23).
Les gommes étaient utilisées comme adhésif, en application sur les bandelettes. Elles sont présentes sur les enveloppements de la momie, sauf au niveau des membres inférieurs. On les retrouve associées à des corps gras ou à des résines, ou encore aux deux. - les résines, retrouvées dans 10 prélèvements, dont 5 d'origine externe et 5 d'origine interne. L'identification d'une résine diterpénique, caractérisant une résine de conifère, correspond à 8 prélèvements, dont 3 d'origine externe et 5 d'origine interne, et celle d'une autre résine de conifère, identifiée résine de cyprés ou sandaraque (24), à 2 prélèvements d'origine externe. Leur répartition touche toutes les parties du corps, hormis le thorax. Elles sont associées aux gommes ou aux corps gras, ou encore aux deux. Les résines sont connues pour leurs caractéristiques d'évolution dans le temps, provoquant polymérisation et oxydation.
- la gomme-résine, retrouvée dans un seul prélèvement (membre inférieur) d'origine externe, identifiée à un encens (25), était utilisée pour ses qualités antiseptiques et symboliques, attachées au rituel.
- les protéines, retrouvées dans 4 prélèvements, dont 2 d'origine externe et 2 d'origine interne, répartis sur le haut du corps, n'ont pas été retrouvées au niveau des membres inférieurs. Elles pourraient soit correspondre à des protéines issues de l'animal ayant fourni les corps gras utilisés sur toutes les parties du corps, soit provenir du corps du défunt, le haut du corps étant la partie la mieux conservée.
7.2.3.
TRAITEMENT DU CORPS
La répartition des prélèvements
permet de faire le constat de l'absence de
prélèvement au niveau de l'abdomen et du
membre inférieur gauche, ainsi que sur la face
postérieure de la momie, étant
inaccessible. La prédominance du choix des sites
de prélèvement du côté droit
est liée à l'état de
détérioration des enveloppements et du
matériel de couverture de la momie, pour les
prélèvements d'origine externe, aux
orifices permettant l'introduction du fibroscope, pour
ceux d'origine interne. La conclusion que l'on peut en
tirer est que la momie est mieux conservée sur
le côté gauche, qui a été,
de ce fait, l'objet d'une moindre investigation. Les
enveloppements, au niveau de l'abdomen, forment un
ensemble compact ne permettant pas d'autres
prélèvements. La comparaison des
éléments donnés par le Rituel
de l'Embaumement et les substances
retrouvées sur la momie et ses enveloppements ne
permet de déduire que ceci : la momie a
été traitée par l'application de
baumes, mais sans correspondance réelle avec le
protocole indiqué. Les classes des produits
retrouvés permettent de les rapprocher des
onguents à usage funéraire, sans
toutefois pouvoir les identifier.
L'identification des baumes par
chromatographie a permis de confirmer que cette momie a
été traitée d'une façon
classique, respectant les procédures suivantes
:
1°) dessication par le natron
Un échantillon (n° 14),
prélevé lors de l'endoscopie au niveau de
l'emplacement du cou, ne correspondant pas aux autres
échantillons, a fait l'objet d'une étude
microscopique (26), ayant
révélé la présence de
carbonate de sodium, caractéristique du natron
(27). Ceci est
la preuve d'un traitement de dessication du corps, au
cours de la momification de cet individu. Le natron
était utilisé en Egypte pour les
purifications et au cours de la momification
(lustrations et dessication du corps).
2°) application de baumes sur le corps et sur
les enveloppements, mais avec une adaptation
probable relative à leur utilisation, sur le
plan qualitatif et quantitatif, du fait du coût
engagé pour la famille du défunt.
Le traitement interne (momie) et le traitement externe
(enveloppements) sont identiques : les substances
retrouvées le plus fréquemment
appartiennent aux mêmes classes de produits : les
corps gras, les gommes et les résines.
Le traitement de la tête comporte le bourrage des
orbites avec un mélange de corps gras, de gomme
(arabique ?) et de résine diterpénique,
ces deux derniers produits ayant été
retrouvés dans la cavité
endocrânienne, par migration probable au cours du
remaniement du corps.
Conclusion
Les résultats obtenus par les deux
méthodes d'analyse sont modestes et
limités, par rapport à la connaissance
des produits utilisés en Egypte ancienne, du
fait de deux éléments essentiels : les
rites funéraires pratiqués sur la momie
étudiée et l'état de conservation
actuel de la momie. Les produits utilisés sont
dégradés du fait du vieillissement de la
momie et des nombreuses manipulations antiques et
contemporaines qu'elle a subies, ayant pu être
exposée successivement à des variations
de température, à la lumière et
à l'humidité, ces divers
éléments accentuant et
accélérant la destruction des tissus. Des
produits sont restés non identifiés, les
marqueurs de ces produits ne correspondant à
aucun standard.
7.3.
CALE DE MAINTIEN
La cale de maintien de la tête, retrouvée
sur le côté droit, est constituée
d'un mélange de résines, bandelettes,
stuc et os (28). De forme
triangulaire et arrondie, légèrement
incurvé en son centre, cet objet paraît
avoir été façonné à
la main ; il formait une sorte de petit coussin
s'effritant au toucher. Un autre objet de ce type, sur
le côté gauche, est déposé
plus bas, sous la momie. En fait, ces deux cales,
posées de part et d'autre de la tête de la
momie, et lui permettant de ne pas reposer dans le
vide, remplacent un appui-tête ou chevet, qui
était déposé sous la nuque
(29). Le
chevet symbolise ainsi le passage de la vie humaine
terrestre à la vie divine céleste.
Celui-ci, de forme rudimentaire, est lié
à la pauvreté du mobilier
funéraire, hormis le cercueil
décoré sur la face extérieure. Le
fait de retrouver un simulacre d'appui-tête dans
ce cercueil est un nouvel élément en
faveur de l'attribution du cercueil à la momie
qui l'occupe, et à laquelle il était
destiné, malgré l'effacement du nom du
premier propriétaire, en deuxième
intention. Aucune inscription, aucun dessin ne figurent
sur cet objet.
8. INTERPRETATION DES RESULTATS OBTENUS
Les données acquises par imagerie
médicale ont été comparées
à celles qui ont été
données par les analyses histologiques,
biologiques et chromatographiques, afin de
déterminer les pratiques de momification dont a
bénéficié le défunt. Les
divers éléments apportés par les
techniques d'investigation médicale permettent
de déduire quels étaient son état
de santé et son âge, au moment de son
décès.
8.1.
CONNAISSANCE DU DEFUNT
8.1.1.
EVALUATION DE L'AGE ET DE L'ETAT DE SANTE
D'après les clichés radiologiques et
tomodensitométriques de la momie, on peut
déduire qu'il s'agit d'un individu jeune, dont
l'âge est compris entre vingt-cinq et trente ans.
Plusieurs éléments sont en faveur de
cette affirmation :
- le bon état dentaire : les dents, en parfait état, ne montrent aucune usure, imputable à l'alimentation, ni aucune carie ;
- l'état du squelette : le squelette ne présente aucun signe d'arthrose (30), retrouvée chez des individus plus âgés, secondaire aux conditions de vie et de travail spécifiques aux classes sociales moins favorisées, et due, notamment, au port de charges, ni d'ostéoporose. Les os montrent, par contre, des vestiges du cartilage de conjugaison (31), prouvant la fin récente de la croissance de l'individu, se situant vers l'âge de vingt-cinq ans, sur les radiographies des membres inférieurs, au niveau des deux extrémités diaphysaires du tibia droit. Ils ne présentent pas de lignes d'arrêt de croissance, signes de malnutrition.
Sur le plan sanitaire, il s'agit d'un homme, en bon
état général, au squelette
robuste, à la dentition saine et
conservée, preuve d'une bonne hygiène
alimentaire et d'une alimentation de
qualité.
Sa fonction sacerdotale de scribe, peut-être
héréditaire et transmise par son
père ou son frère, lui a permis de mener
une vie relativement aisée. L'observation de sa
momie, de l'épaisseur des enveloppements qui la
recouvrent, du cercueil décoré qui la
contient, vient renforcer l'évaluation de sa
position sociale, lui ayant permis de bonnes conditions
de vie.
8.1.2.
CONNAISSANCE DE LA CAUSE DE LA MORT
Etudier une momie avec les moyens scientifiques actuels
ne signifie pas connaître la cause de la mort de
cet individu. La mort peut être secondaire
à des causes intérieures biologiques (la
maladie) liées à l'état de
santé et à l'hygiène de vie de
l'individu, ou extérieures (les traumatismes)
dont les traces peuvent être retrouvées
sur le squelette. En fait, les études de peu
d'individus momifiés ont
révélé la cause de leur
décès. L'imagerie médicale n'a
donné aucune indication dans ce domaine. En
effet, le sujet étudié semblait en bonne
santé, son âge a pu être
évalué à la trentaine, lors de sa
mort. Dans le cas présent, aucun signe
anatomique ou pathologique n'a pu être
retrouvé sur le squelette. Les signes
biologiques peuvent traduire une pathologie chronique
ou aiguë, difficile à mettre en
évidence sur des restes humains osseux, plus
facilement à partir de
prélèvements d'échantillons de
tissus humains momifiés. Compte tenu de
l'état de conservation des tissus de la momie,
aucune anomalie viscérale n'a pu être
retrouvée, en l'absence de reliquats d'organes
thoraco-abdominaux. Seules des analyses biologiques
pouvaient nous apporter de nouvelles informations. Or,
la recherche d'ADN n'a permis d'apporter aucun
élément nouveau. Aucun agent
pathogène, aucun parasite, aucune trace de
passage d'insectes nécrophages n'ont
été mis en évidence par les
différentes explorations
réalisées. Les analyses effectuées
sur la momie ne permettent pas d'envisager autre chose
qu'une mort survenue probablement de façon
brutale de Jw=f-n-Ínsw, lorsqu'il est parvenu
à l'âge adulte, en deçà de
l'espérance de vie de l'époque, le
cercueil n'ayant pas été
préparé à l'avance et portant
l'inscription de deux noms.
8.2.
PRATIQUES DE MOMIFICATION
La synthèse des résultats obtenus par
imagerie médicale et endoscopie tend à
prouver que la momie de Jw=f-n-Ínsw a
bénéficié de l'une des deux
classes les moins onéreuses, en
référence aux écrits
d'Hérodote (32). Certaines momies
présentent les éléments suivants,
attribués à la troisième classe de
momification, décrite par cet auteur :
l'éviscération crânienne est
absente et le traitement manifestement hâtif
ayant pour conséquence des preuves visibles de
putréfaction : désarticulation plus ou
moins importante des membres, absence totale de restes
viscéraux. Ces éléments sont tous
retrouvés pour la momie étudiée.
Le facteur économique peut en être
l'argument. J'avais posé l'hypothèse d'un
traitement tardif du corps, expliquant le manque de
connexion du squelette et l'état actuel de la
momie. Or, l'absence constatée d'insectes
nécrophages ou de larves sur le corps et dans la
cavité endocrânienne tendrait à
prouver, au contraire, que ce traitement a
été effectué rapidement, ne
laissant pas le temps aux insectes de se
développer et de se reproduire. Ceci va à
l'encontre d'une momification tardive, mais serait peut
être davantage en faveur de la mauvaise
qualité de la momification.
8.2.1.
TRAITEMENT DU CRANE
Cette pratique, probablement fort coûteuse, n'a
pas été appliquée lors de la
momification sommaire de Jw=f-n-Ínsw. Cependant,
on peut s'interroger sur la possibilité d'avoir
pratiqué ce geste par voie occipitale :
désolidarisation du crâne par rapport au
reste du squelette, disparition du rachis cervical
(33) (ainsi
que du rachis en général) (34).
Un autre élément doit être
souligné : la présence de gomme et de
résine de conifère retrouvée dans
un prélèvement (n° 17),
réalisé dans la cavité
endocrânienne. L'interprétation de ces
différents éléments peut
paraître contradictoire, l'hypothèse d'une
momification sommaire à moindres frais, mais
respectant symboliquement le rituel, me paraît la
plus objective.
L'absence des globes oculaires, qui n'ont pas
été retrouvés à la
tomodensitométrie, peut évoquer une
énucléation. Une fracture du toit de
l'orbite gauche pourrait correspondre à ce
geste. Le matériel de bourrage, encore en place
et restant malléable, ne permet pas d'observer
les paupières, probablement affaissées
dans un premier temps, puis disparues. Les sourcils
sont conservés. Vingt-huit dents sont
présentes, des phénomènes
intervenus post mortem, probablement au cours de
la momification, ont provoqué l'expulsion de
quatre dents et la fracture de cinq autres, dont quatre
incisives (35). Cet individu
jeune possédait une dentition normale, lors de
son décès. Son état dentaire
permettait au défunt une bonne mastication, donc
une alimentation normale.
En fonction de ces éléments, on peut
conclure à un traitement de meilleure
qualité au niveau de la tête, partie du
corps la plus «représentative» du
défunt à laquelle est plus
particulièrement liée l'image corporelle.
C'est aussi, il faut le souligner, la partie du corps
présentant le meilleur soutien de l'ossature
pour les structures cutanéo-musculaires la
recouvrant, élément en faveur de sa
conservation grâce à la
momification.
8.2.2.
EVISCERATION
Les viscères doivent être rapidement
enlevés, afin de garantir une conservation au
corps privé de vie, mais ils doivent être
conservés pour que le défunt puisse
accéder à sa nouvelle vie, à sa
nouvelle naissance, dans son intégrité
physique.
Pour la momie étudiée, les
éléments retrouvés ne permettent
pas de connaître l'éventualité de
la réalisation d'une éviscération,
pratiquée par laparotomie (ouverture par
incision de la paroi abdominale), les structures
cutanéo-musculaires ayant totalement disparu.
Une éviscération par injection d'un
produit caustique per anum peut être
envisagée, mais sans aucune preuve. La
présence de masses opaques à
l'intérieur de l'abdomen, visibles à la
tomodensitométrie, mais non retrouvées
à l'endoscopie, pose un problème
d'interprétation (enveloppements enduits de
baumes, autre matériel de bourrage, paquets
canopes ?).
8.2.3.
TRAITEMENT DU SEXE
Le sexe du défunt n'a pas été
identifié. Un enroulement de bandelettes formant
une sorte d'«appendice», de forme conique
et allongée, apparaît entre les membres
inférieurs, au niveau du tiers supérieur
des tibias. Cet objet adhère aux enveloppements.
L'identification avec le sexe du défunt,
décrite par les personnes présentes lors
de la réalisation de l'examen, doit être
discutée, mais ne peut être
écartée, correspondant à
l'assimilation du défunt à Osiris, dont
le phallus avait été dévoré
par le poisson oxyrhynque ; cette
caractéristique étant un signe
d'appartenance divine, et non plus humaine. Dans ce
cas, le corps aurait été
émasculé de façon rituelle.
Cependant, lorsqu'il est amputé, le sexe est
habituellement déposé entre les cuisses
de la momie, libre de toute insertion anatomique ; ici,
la position est très basse (au niveau des
genoux), par rapport au pubis. L'hypothèse de
l'émasculation ne peut, cependant, être
totalement écartée.
On peut s'interroger face à la conservation de
cette partie du corps, par rapport aux autres
structures, ayant totalement disparu. Seul un examen
histologique permettrait de déterminer la nature
de ce vestige.
8.2.4.
ENVELOPPEMENTS
L'état de détérioration du
matériel recouvrant la momie permet d'avoir un
aperçu de l'épaisseur des enveloppements,
qui semble disproportionnée par rapport au corps
lui-même. La grande quantité de textile
utilisée pose la question du coût de cette
momification et des pratiques des embaumeurs, les
baumes paraissant utilisés en quantité
insuffisante, paradoxalement à celle des
tissus.
Les échantillons prélevés
correspondent à des morceaux de bandelettes
déchirées, aucun d'entre eux ne comporte
de lisière tissée. Aucune inscription, ni
aucun décor n'ont été
retrouvés sur ces échantillons de petite
taille, prélevés en petite
quantité afin de ne pas endommager davantage le
matériel de couverture.
L'étude des textiles, constitués par du
lin (36), est
très limitée, puisqu'elle ne concerne
qu'un seul échantillon, et qu'aucun
élément d'habillage de la momie n'a pu
être identifié, ni isolé, les
prélèvements ayant été
faits au niveau d'un mélange de morceaux de
linceul et de bandelettes déchirés
épars.
Connaître le nombre d'enveloppements de la momie
étudiée est impossible du fait qu'elle
n'a pas été débandelettée.
Les bandelettes présentent un tissage
très régulier, les fibres sont de taille
moyenne et égales au niveau de la trame et de la
chaîne.
L'absence de recherche de datation de la momie ne
permet pas de savoir si le corps a été
rebandeletté, après la violation de
sépulture potentielle que j'ai pu
évoquer. Dans un tel cas, seule la datation de
la momie et du matériel de couverture (37) permettrait
d'affirmer une telle hypothèse, en l'absence de
textes inscrits sur les bandelettes ou le cercueil,
hypothèse rendue peu crédible par
comparaison avec les pratiques de momification
sommaires dont nous avons pu retrouver la trace au
cours de cette étude globale.
8.2.5.
BAUMES DE MOMIFICATION
L'appartenance à une classe sociale
privilégiée - celle du personnel du
domaine d'Amon à Thèbes - a permis au
défunt d'être traité selon les
rituels adaptés à un personnage qui
n'était pas de sang royal, et qui
exerçait une fonction de scribe, le coût
des baumes ayant justifié une quantité
peu abondante des produits, voire insuffisante afin de
pouvoir être caractérisés avec
certitude, par analyse chromatographique.
Les résultats obtenus sont assez modestes, sans
doute à cause de l'état deconservation de
la momie et de la dégradation des substances
utilisées. Quoique limités, ils prouvent
cependant de manière concrète que
l'application de baumes a réellement
été pratiquée sur la momie de
Jw=f-n-Ínsw. En effet, l'étude par
imagerie médicale et endoscopie n'avait pas
permis de confirmer l'application de baumes de
momification sur le corps du défunt. Seul le
visage conservait encore des traces visibles de
momification (conservation de téguments, os
noircis par les baumes), ainsi que le matériel
de couverture de la momie (baumes formant une plaque
dure et cassante en surface). L'endoscopie n'a
dévoilé que des restes osseux de couleur
jaune pâle, couleur prouvant l'absence de contact
avec les baumes liquides et chauds, donnant une
coloration caractéristique.
Les produits identifiés démontrent la
similitude du traitement interne et externe : corps
gras, gommes et résines sont retrouvés le
plus fréquemment. La conclusion peut en
être un traitement en surface de la momie
seulement, le corps étant laissé en
l'état, sans éviscération,
recouvert de natron, puis traité par application
de baumes sur la peau, avant la pose des bandelettes.
Les enveloppements externes ont été
recouverts de baumes liquides qui ont
brûlé les bandelettes.
8.3.
SYNTHESE
Le cercueil au nom de Pae-n-ns.t-tae.wy, a
été utilisé dans la hâte
pour Jw=f-n-Ínsw, décédé de
façon brutale dans sa jeunesse, soit de mort
naturelle, soit d'une maladie aiguë (en dehors de
tout traumatisme), n'ayant laissé aucune trace
sur les vestiges de sa momie. Sa famille lui offrit des
funérailles selon ses moyens : momification
très sommaire, pouvant correspondre à la
3e classe décrite par Hérodote, ou
à une de ses variantes. La décomposition
des tissus accélérée par la
chaleur du climat, auxquelles s'est surajouté un
traitement de mauvaise qualité (secondaire
à des raisons économiques ou aux
circonstances du décès) sont responsables
de l'état actuel de la momie, réduite
à l'état de squelette sans connexion
anatomique (articulations non conservées), le
visage semble avoir été le seul
traité convenablement. Des baumes sont
appliqués sur le corps et pendant la pose des
bandelettes, provoquant la brûlure des couches
superficielles.
Tous ces éléments, liés au mauvais
état de conservation de la momie pourraient
expliquer la pauvreté des résultats
obtenus aux différentes analyses.
Conclusion
La mise en évidence de produits constitutifs des
baumes fait la preuve d'un traitement
«classique» du corps, mais ils ne peuvent
pas être rattachés au protocole du
Rituel de l'Embaumement.
Le traitement de la momie ne correspond à aucune
des trois méthodes décrites par
Hérodote, mais plutôt à un
mélange de pratiques, adaptées au statut
social de Jw=f-n-Ínsw, au coût
engagé par sa momification pour ses proches, et
peut-être, aussi, au savoir-faire des embaumeurs
auxquels son corps a été
confié.
9. ETUDE DU CERCUEIL
Constitution du cercueil
Le cercueil est constitué de trois
éléments : la cuve contenant la momie, le
couvercle intérieur ou couverture de momie, qui
était déposé sur la momie, et le
couvercle extérieur qui sont, tous deux,
exposés verticalement dans les vitrines du
musée. Le cercueil anthropomorphe est en bois
stucqué, peint et vernis, à dominante
jaune.
Etude xylologique
Les prélèvements d'échantillons de
bois ont permis de déterminer les espèces
utilisées pour la confection du cercueil.
L'étude xylologique a été
réalisée par Victoria Asensi
Amoros.
Les trois pièces constituant le cercueil
composite sont constituées d'essences
différentes :
- l'échantillon provenant de la cuve est identifié étant celui du cèdre : Cedrus cf libani A. Rich (Pinaceae). Ce bois, produit par un conifère originaire du Liban dont il était importé, servait à la réalisation de cercueils plus coûteux, comme ceux de la famille royale ou de grands prêtres. Cet élément est à souligner, dans le cadre de l'étude onomastique et prosopographique qui va suivre.
- l'échantillon provenant de la couverture
de momie et les échantillons provenant du
couvercle extérieur ont permis d'identifier du
bois de Ficus sycomorus L. (Moraceae).
Le bois de sycomore, extrait du Ficus sycomorus L., variété de figuier, était retrouvé localement, en Egypte et dans l'Afrique de l'Est, il permettait de fabriquer les cercueils ordinaires et moins coûteux.
Deux essences ont été
retrouvées avec certitude : cela pourrait
correspondre à deux, voire trois cercueils
d'origine différente, la cuve et le couvercle
extérieur n'obéissant pas aux mêmes
règles de style, ni aux mêmes dimensions.
Par ailleurs, la cuve et la couverture de momie
représentent un visage et un buste masculins -
le nom et la représentation du défunt
sont ceux d'un individu de sexe masculin -, le
couvercle extérieur, un visage et un buste
féminins.
L'iconographie suggère une datation du
début de la troisième période
intermédiaire (XXIe, XXIIe dynasties). Par une
étude sommaire du cercueil (typologie,
iconographie) et de l'onomastique, la même
datation approximative est retrouvée. Une
datation par Carbone 14 n'a pas été
effectuée, sachant que cette méthode est
trop aléatoire dans le cadre d'une étude
de momie.
En plus du réemploi déjà connu, de
nouvelles données s'offrent à nous, lors
de la remise en place des couvercles intérieur
et extérieur sur la cuve du cercueil abritant la
momie :
- le couvercle extérieur du cercueil ne s'adapte
pas à la cuve dont les dimensions sont plus
grandes sur le plan de la largeur et de la longueur. Le
couvercle extérieur, de style différent,
sur lequel ne figure plus d'inscription permettant
l'identification du défunt, a pu être
ajouté aux deux autres pièces à
une époque moderne, lors du départ de la
momie pour la France.
- le couvercle intérieur, par contre, est
très bien positionné sur la momie,
à l'intérieur de la cuve. La hauteur
excessive de la cuve par rapport à la momie,
constatée lors de l'examen clinique, est
ramenée à une dimension plus
adaptée, grâce à l'adjonction de
cet élément.
La cuve et le couvercle intérieur peuvent
être attribués à la momie de
Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou). Le style et la
qualité de décoration différents
peuvent s'expliquer par plusieurs
éléments :
- l'exécution des deux pièces par deux
artisans.
- la provenance de ces deux pièces de deux
cercueils d'origine différente. Le fait que le
nom de Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou) soit
retrouvé sur ces deux pièces prouve leur
emploi contemporain, lors de la sépulture du
défunt, que ces pièces aient
été exécutées pour le
même cercueil ou pour deux cercueils
différents. Le défunt est
représenté à plusieurs
reprises.
- l'appartenance à deux périodes
différentes. Dans ce cas, la momie de
Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou), l'occupant actuel
du cercueil, donc le dernier, correspond au sujet ayant
vécu à la période la plus
récente.
Il est à noter la présence de petites
fentes allongées, aux coins arrondis, à
proximité de chacune des mortaises
creusées sur le bord intérieur de la
cuve. Ce type d'orifice, non retrouvé sur
d'autres cercueils datés de la même
époque, pourrait correspondre à une
retouche faite dans le bois pour adapter
l'entrée de chacun des tenons du couvercle
extérieur au niveau de la cuve, à une
période contemporaine de la momification de cet
individu.
Hormis les éléments de datation
apportés par l'étude typologique et
stylistique du cercueil abritant la momie, des
éléments liés à la
connaissance du statut social du défunt peuvent
être déduits de l'observation de la
décoration du cercueil et de la parure du
défunt.
La couverture de momie comporte l'emplacement de la
fausse barbe, aujourd'hui disparue. Les oreilles
portent la représentation, peinte en rouge, du
percement des oreilles. Un bandeau frontal aux motifs
géométriques recouvre la frange de la
perruque dont les deux pans descendent sur la poitrine.
Le buste et les épaules sont entièrement
recouverts d'un large collier wsÏ (ousekh),
constitué de plusieurs rangs aux motifs
géométriques et bordé d'un rang de
fleurs de lotus stylisées. Un pectoral dont le
motif est constitué par un scarabée aux
ailes déployées et à la tête
de bélier est représenté entre les
mains sculptées en relief. Plus bas, au niveau
du bassin, la déesse Nout surmontée du
déterminatif du ciel, étend ses ailes sur
le corps momifié. Au-dessous est figurée
une résille aux motifs noirs sur un fond
rouge-brun, descendant jusqu'aux pieds qu'elle
recouvre. La représentation du défunt est
soignée, montrant une recherche
d'expressivité (quatre ridules sont
figurées au niveau du cou), mais n'apporte que
peu d'éléments spécifiques.
Le défunt est représenté, à
trois reprises, sur la cuve du cercueil, habillé
d'une robe longue plissée blanche, nouée
à la taille, un collier autour du cou. Sa
perruque est courte, un bandeau ceint son front, un
cône de graisse est posé sur sa
tête, surmontée d'une fleur de lotus en
bouton, retombant sur son front. Cette
représentation répond aux conventions de
l'époque et ne comporte aucun
élément particulier.
Le couvercle extérieur, n'appartenant pas au
mobilier funéraire de ce personnage, ne peut pas
être pris en compte.
La décoration des seules faces
extérieures des deux pièces du cercueil
peut être interprétée comme un
élément de moindre coût, ou encore
par l'exécution à la hâte du
cercueil, en raison du décès du
personnage, survenu de façon brutale.
10. ESSAI D'IDENTIFICATION DU DEFUNT
L'étude réalisée par L.
Baquès-Estapé avait permis de
déterminer que l'occupant actuel n'est pas celui
auquel était initialement destiné le
cercueil.
L'attribution originale du cercueil à la momie
qui l'occupe est, en effet, difficile à
certifier. L'habitude d'usurper le cercueil
fabriqué pour un individu particulier et de le
réemployer est une pratique courante, en Egypte
Ancienne. Par ailleurs, le don des momies aux
musées a été pratiqué de
façon non rigoureuse au XIXe siècle, et
l'on retrouve le plus souvent une momie totalement
étrangère au cercueil qui la
contient.
10.1.
ETUDE ONOMASTIQUE
Deux noms différents ont été
retrouvés sur les inscriptions
hiéroglyphiques du cercueil composite :
- Pae-n-ns.t-tae.wy (Paennesttaouy) : «Celui (qui appartient à Celui) du Trône des Deux Terres», inscrit sur la face latérale droite de la cuve. Pae-n-ns.t-tae.wy) est le diminutif de Pae-n-Jmn-Rc-Nb-Ns.wt-Tae.wy (Paenimenrênebnesouttaouy), signifiant «Celui (qui appartient) à Amon-Rê Seigneur des Trônes des Deux Terres». L'épithète Ns.(w)t-Tae.wy désigne le dieu Amon de Karnak, l'antique Jp.t-sw.t (Ipet Sout).
- Jw=f-n-Ínsw (Iouefenkhonsou): «Il appartiendra à Khonsou», inscrit sur la face latérale gauche de la cuve et sur la couverture de momie.
Ces deux personnages, ayant occupé une
fonction sacerdotale, ont un nom se
référant à deux divinités
de la triade thébaine, constituée par
Amon, Mout, et leur fils Khonsou.
Le nom de Pae-n-ns.t-tae.wy serait celui de l'occupant
antérieur du cercueil et celui du commanditaire,
selon l'étude de Llorenç
Baqués-Estapé (38),
réalisée en 1975. Le nom de
Pae-n-ns.t-tae.wy n'est plus visible, actuellement, les
inscriptions le concernant ayant disparu.
Ces deux noms figurent sur deux des trois pièces
constituant le cercueil où repose la momie : la
cuve et le couvercle intérieur ou couverture de
momie. Seule la surface extérieure de la cuve
comporte des inscriptions, l'intérieur de la
cuve est en bois brut, non décoré, ni
peint. Un enduit de couleur dominante jaune,
caractéristique de la XXIe dynastie, sert de
support à des textes hiéroglyphiques, de
couleur noire et rouge, écrits selon un ordre
respectant le décor. Cet enduit est très
endommagé sur la face latérale droite de
la cuve, des scènes et des textes ont totalement
disparu depuis l'étude
précédente.
10.2.
LES INSCRIPTIONS (39)
10.2.1.
LA CUVE
Le nom de Pae-n-ns.t-tae.wy apparaissait à trois
reprises sur la face latérale droite.
Le texte indique :
dd md.w j(n) Wsjr nb ÌÌ [...] Ï.t
nb(.t) nfr.t wcb.t n Wsjr Pae-n-ns.t tae.wy
maec-Ïrw : «Dire les paroles par Osiris,
Seigneur de l'Eternité [...] toute sorte de
choses bonnes et pures à l'Osiris Paennesttaouy,
juste de voix».
Le nom du premier propriétaire, inscrit sur la
face latérale droite, ne comportait pas de
retouche, contrairement à la face
latérale gauche sur laquelle le nom du second
propriétaire, Jw=f-n-Ínsw, apparaît
sur un texte préalablement effacé,
à deux reprises. La couleur jaune de base
servant de support au texte est alors modifiée
et assombrie par la couleur noire servant à
écrire les hiéroglyphes.
(1) jn Wsjr sÒ n psd.t cae.t n pr Jmn-Rc (2)
Jw=f-n-Ínsw maec-Ïrw : «Par l'Osiris,
le scribe de la Grande Ennéade (40) du domaine
d'Amon-Rê, Iouefenkhonsou, juste de
voix».
(11) n sÒ n pr Jmn-Rc n(y)-sw.t ntr.w
Jw=f-n-Ínsw maec-Ïrw : «au scribe du
domaine d'Amon-Rê, le roi des dieux,
Iouefenkhonsou, juste de voix».
Ainsi, chacune des faces de la cuve comporte
l'inscription d'un seul nom, chacun des deux
personnages portant le même titre et occupant la
même fonction, ce qui a facilité la
tâche du scribe ayant porté les
inscriptions sur le cercueil ; mais, le fait que les
inscriptions d'une seule face aient été
modifiées, porte à croire que ces
modifications ont été apportées
dans la hâte, le scribe ayant omis de corriger
les inscriptions de la face droite. Une autre
hypothèse serait que cette face aurait
été d'accès difficile et, de ce
fait, le nom du défunt n'aurait pas pu
être corrigé.
10.2.2.
LE COUVERCLE INTERIEUR OU COUVERTURE DE MOMIE
Un examen du couvercle intérieur du cercueil
permet de retrouver le nom de Jw=f-n-Ínsw,
figurant sur la bande centrale, support d'inscriptions
hiéroglyphiques, et portant des traces de
retouche.
dd-md.w n Wsjr sÒ [...] (retouche) n pr Jmn-Rc
n(y)-sw.t ntr.w Jw=f-n-Ínsw (retouche)
maec-Ïrw : «Dire les paroles à
l'Osiris, le scribe [...] du domaine d'Amon-Rê,
le roi des dieux, Iouefenkhonsou, juste de voix»
(41).
pr Jmn-Rc désigne le domaine d'Amon,
l'institution, en général, du temple de
Karnak.
Conclusion
Le cercueil dont le commanditaire aurait
été Pae-n-ns.t-tae.wy, aurait
été utilisé pour
Jw=f-n-Ínsw. Les textes ne comportent de
retouche qu'au niveau du nom du défunt.
La fonction de ces deux personnages était
identique : sÒ n pr Jmn-Rc, «scribe du
domaine d'Amon-Rê». Ils portaient tous deux
le titre de sÒ n psa.t cae.t, «scribe de
la Grande Ennéade». Ce titre est inconnu,
il n'est pas retrouvé dans les listes
prosopographiques. Le décès de
Jw=f-n-Ínsw aurait pu se produire de
façon brutale, avant celui du commanditaire du
cercueil, qui aurait pu être plus
âgé que lui et avoir prévu la
confection de son cercueil de son vivant. Dans ce cas,
deux interprétations sont possibles : soit
Pae-n-ns.t-tae.wy aurait donné l'autorisation
d'utiliser le cercueil qu'il avait fait confectionner
pour lui, étant apparenté à
Jw=f-n-Ínsw, ou étant un de ses proches
par sa fonction de scribe, l'étude onomastique
qui va suivre indique, en effet, des listes
généalogiques de personnes ayant
exercé la même fonction au sein du temple
de Karnak ; soit les artisans de la nécropole
ont utilisé, dans l'urgence, pour un autre
défunt, un cercueil qui était
préparé pour Pae-n-ns.t-tae.wy. Dans ce
cas, il faut envisager, également, la confection
«en série» des cercueils par un
atelier spécialisé pour le nombreux
personnel du temple de Karnak, les inscriptions
étant préparées à l'avance,
un espace nécessaire à celle du nom du
défunt étant seul laissé.
10.3.
MOBILIER FUNERAIRE DE L'UN DES PERSONNAGES
L'étude collective portant sur les momies
égyptiennes conservées dans les
musées de Catalogne et des îles
Baléares, réalisée par L.
Baqués et al. (42) apporte de
nouvelles indications sur le mobilier funéraire
de la momie étudiée (43). En effet, il est
identifié appartenir à un cercueil
conservé au musée du Caire :
«Aquest sarcòfag procedeix de la segona
«cachette» de Deir el-Bahari, descoberta el
1891 a Bab el-Gussus, i no hi ha cap mena de dubte de
què pertany al mateix personatge esmentat al
sarcòfag de Perpinyà, la
coïncidència de titols i de cronologia
és determinant» (44). La tombe de Bab
el-Gusus, découverte par Grébaut en 1891,
abritait cercueils et momies de prêtres d'Amon,
n'occupant pas de hautes charges, et de leurs
familles.
Le cercueil porte le nom exact du commanditaire du
cercueil conservé au musée de Perpignan.
Ses titres sont plus importants : il est jt-ntr, et
sÒ n pr Jmn sÒ waeÌ Ìtp-ntr
: «Père divin, scribe du Domaine d'Amon,
scribe de l'offrande divine...» Selon
l'hypothèse d'interprétation que j'ai
posée, le cercueil intérieur (cuve et
couverture de momie), fabriqué à la
demande de ce personnage, exerçant une fonction
importante, aurait été cédé
pour Jw=f-n-Ínsw, Pae-n-ns.t-tae.vvy conservant
le cercueil extérieur fabriqué à
son intention et ayant fait refaire le cercueil
intérieur donné au défunt.
L'acquisition de nouveaux titres prouverait qu'il
aurait exercé une plus importante fonction,
après la mort de Jw=f-n-Ínsw,
époque à laquelle il n'était que
simple sÒ n pr Jmn, «scribe du domaine
d'Amon», et qu'il aurait vécu plusieurs
années après.
10.4.
SYNTHESE DES ELEMENTS RETROUVES
Des recherches bibliographiques, m'ayant permis de
retrouver des indications concernant l'attribution de
ces deux noms à d'autres personnages, dont les
noms apparaissent dans un contexte funéraire
(cercueil, stèle, murs d'une tombe, Livre des
Morts, papyrus, ouchebti, linge de momie) ou
religieux (annales des prêtres d'Amon), m'ont
amenée aux conclusions suivantes :
Le premier constat que l'on peut faire est que, quelle
qu'ait été la destination des
différentes pièces de mobilier
funéraire conservées dans les
musées du monde entier, la provenance de toutes
ces pièces est la région thébaine.
Lors de la découverte des 153 momies de
prêtres d'Amon (45), à Deir el
-Bahari en 1891, qui, pour la plupart d'entre elles,
ont été débandelettées
trois mois après leur découverte et
dépouillées de leur mobilier, une
véritable dispersion de tous ces objets a eu
lieu : ainsi peut s'expliquer le fait que l'on retrouve
des objets appartenant au mobilier funéraire
d'un même individu dans différents
musées du monde entier. Les momies, quant
à elles, ont subi un sort aussi peu enviable,
puisqu'elles ont fait l'objet de dons divers.
La momie étudiée et le cercueil dans
lequel elle repose ont été donnés
en 1847 par Ibrahim Pacha au musée de Perpignan.
Bien que le lieu de sépulture de la momie soit
inconnu, on peut cependant affirmer que la momie et le
cercueil ne proviennent pas de la sépulture des
prêtres d'Amon découverte par
Eugène Grébaut (46).
Cependant, les indications relatives à la
découverte de cette tombe collective,
données par G. Daressy (47), me paraissent
intéressantes, pour resituer le défunt
dans un contexte historique et funéraire. En
effet, plusieurs éléments du mobilier
funéraire marqué au nom de
Pae-n-ns.t-tae.wy sont originaires de cette
sépulture. Enfin, on peut remarquer que les
personnages portant le nom de Jw=f-n-Ínsw
semblent mieux connus, sur le plan
généalogique, mais moins bien par rapport
à leurs titres et à leur(s) fonction(s)
sacerdotale(s) que ceux portant le nom de
Pae-n-ns.t-taewy.
En résumé, les éléments
connus sont les suivants :
- le cercueil de Pae-n-ns.t-taewy est retrouvé dans la tombe de Bab el-Gusus (cercueil intérieur et extérieur, couverture de momie).
- le cercueil usurpé ou utilisé volontairement pour Jw=f-n-Ínsw est découvert une cinquantaine d'années plus tôt dans une tombe dont la localisation exacte est inconnue, à Thèbes, peut-être à Deir el-Bahari. Le personnage est connu, son nom apparaissant sur le cercueil d'une chanteuse d'Amon à laquelle il était apparenté et sur une stèle funéraire retrouvée à Deir el-Medineh. Aucun autre cercueil n'est retrouvé à son nom. Malgré l'absence de preuves, une hypothèse de liens de fratrie existant entre ces deux personnages pourrait être posée. Cette hypothèse expliciterait le don du cercueil de Pae-n-ns.t-taewy à son frère cadet, Jw=f-n-Ínsw, mort brutalement, à l'âge de vingt-cinq/trente ans.
10.5.
LES TITRES PORTES PAR LES PERSONNAGES
10.5.1.
LE PERSONNEL D'ADMINISTRATION
Les scribes (sÒ) sont des hommes instruits,
sachant lire et écrire parmi une population
probablement analphabète. Ils ne connaissent pas
les inconvénients des autres professions, ni la
pénibilité des travaux agricoles. Ils
bénéficient d'un statut
privilégié. Ils sont chargés de
faire les comptes, les inventaires, de dresser les
cadastres.
Dans les temples, ils participaient à la gestion
économique, leur rôle pouvait être
de tenir à jour les inventaires des biens
appartenant au temple, obtenus par le biais des
offrandes faites au dieu, mais aussi de rédiger
des textes liturgiques. La fonction de scribe
connaît une hiérarchie importante, dont
les grades vont du simple copiste à une haute
charge. Les inscriptions concernant Pae-n-ns.t-tae.wy
et Jw=f-n-Ínsw ne nous permettent pas de
connaître le rôle spécifique qu'ils
ont tenu. Le titre de sÒ n pr Jmn-Rc peut
confirmer leur origine thébaine.
10.5.2.
LE TITRE DU DEFUNT
Les inscriptions hiéroglyphiques de la cuve et
de la couverture de momie, concernant le titre
porté par le défunt, sont identiques :
sÒ n pr Jmn-Rc signifiant «scribe du
domaine d'Amon-Rê». Il faut cependant
préciser que les inscriptions étaient,
probablement, destinées à l'origine
à la sépulture de Pae-n-ns.t-taewy.
Il est intéressant de noter, par ailleurs, que
le défunt n'est pas représenté
dans l'exercice de ses fonctions, mais toujours en
attitude d'adoration ou d'offrande devant une
divinité, sur les scènes de la cuve du
cercueil étudié. Le nom de
Jw=f-n-Ínsw indique une référence
à la fonction de patron de l'écriture du
dieu thébain Khonsou. L'attribution de ce nom
peut être liée à la fonction de
scribe ainsi qu'à une charge
héréditaire, transmise de père en
fils.
10.6.
LA DATATION
L'étude comparative des différentes
mentions des noms de Pae-n-ns.t-tae.wy et de
Jw=f-n-Ínsw, dans les inscriptions où ils
ont pu être retrouvés, permet
d'évaluer la datation du personnage,
correspondant à la momie étudiée,
à la période comprise entre la fin de
l'époque ramesside et le début de la XXIe
dynastie (1085), d'une part, et la XXVe dynastie,
d'autre part, en ce qui concerne l'attribution de ces
noms.
En ce qui concerne l'attribution du nom de
Jw=f-n-Ínsw, la datation en est comprise entre
la XXIe et la XXIIIe dynastie, durée plus courte
dans le temps. Il n'y a pas d'exemple connu de ce nom
avant la XXIe dynastie.
Ces deux noms correspondent, tout comme le cercueil,
à la même période historique.
10.7.
LA LOCALISATION
Toutes les mentions du nom de Pae-n-ns.t-taewy et de
Jw=f-n-Ínsw, citées dans la
bibliographie, se rapportent à une origine
thébaine de ces personnages, ce qui concorde
avec les inscriptions hiéroglyphiques de la cuve
: sÒ n pr Jmn-Rc signifiant «scribe du
domaine d'Amon-Rê», identifié au
temple de Karnak.
La méconnaissance du lieu de provenance de la
momie et du cercueil ne nous permet pas de pouvoir
identifier sa sépulture. L'étude
onomastique permet de retrouver les sites suivants :
Deir el-Medineh, Deir el-Bahari, correspondant à
la rive occidentale de la région
thébaine.
Conclusion
L'étude onomastique, réalisée
à travers celle des textes du cercueil et les
éléments donnés par la
bibliographie, n'a pas permis de retrouver un lien de
parenté pertinent entre ces deux
personnages.
L'étude onomastique des deux noms
retrouvés sur le cercueil composite dans lequel
repose la momie permet de donner une datation pour leur
attribution, allant de la XXe à la XXIVe
dynastie. Cet élément est à
rapprocher de la datation du cercueil dont le style, la
typologie et l'iconographie correspondent à ceux
de la XXIe dynastie (48).
Les nombreux exemples de l'attribution de ces deux
noms, retrouvés sur de multiples supports, dans
un contexte funéraire ou religieux nous
amènent à la conclusion suivante : la
plupart des personnages répondant à ces
deux noms, sur les documents connus, étaient des
membres du clergé du temple de Karnak, vivant au
début du premier millénaire avant notre
ère.
Peut-on considérer que ces deux personnes
étaient liées soit par une même
fonction sacerdotale de scribe, soit par un lien
familial, soit par les deux, comme peut l'indiquer un
texte généalogique ? Le seul lien de
parenté ayant pu être retrouvé est
celui existant entre un prêtre nommé
Jw=f-n-Ínsw et N-s-pae-paewty-tae.wy, son
petit-fils, dont le nom est une variante du nom de
Pae-n-ns.t-tae.wy, dont il constitue une version plus
récente Ce lien semble trop hypothétique
pour les deux personnes concernées par cette
étude. Par ailleurs, l'hypothèse
d'interprétation des faits était de
considérer une chronologie entre les deux
défunts, établissant que
Pae-n-ns.t-tae.wy était l'aîné de
Jw=f-n-Ínsw, pouvant expliquer le
réemploi ou l'usurpation de son cercueil. Le
seul lien hypothétique de parenté inverse
ce rapport, puisque Jw=f-n-Ínsw était le
grand-père de N-s-pae-paewty-tae.wy.
Il faut donc retenir seulement le lien d'appartenance
à une même classe socio-professionnelle,
en l'absence d'un autre type de relation connu entre
ces deux hommes.
L'hypothèse de l'existence de deux frères
doit, cependant, être retenue.
Compte tenu de tous les éléments
retrouvés dans cette étude, je propose,
à l'encontre de ce qui a pu être
écrit sur ce défunt, de conserver le nom
de Jw=f-n-Ínsw, pour cette momie qui a perdu son
anonymat, cette étude ayant contribué
à lui redonner une parcelle d'identité.
Depuis son retour de l'exposition d'Agde, la momie de
Jw=f-n-Ínsw a retrouvé le calme et la
semi-obscurité de la salle où elle est
exposée à la curiosité du public,
essayant, malgré ses sorties intempestives, de
rassembler les différents éléments
la constituant, son corps étant stabilisé
dans son état actuel, son nom lui étant
rendu. Son bae et son kae ne font plus l'objet
d'offrandes, depuis longtemps, mais, peut-être,
les études pluridisciplinaires dont elle a fait
l'objet sont-elles un moyen de reconnaissance pour
l'homme qui a vécu en Egypte, trois
millénaires plus tôt, lui donnant
accès à une sorte de
«renaissance» ?
Conclusion
Malgré le déploiement de moyens
scientifiques sophistiqués, l'apport de
l'étude pluridisciplinaire de la momie
conservée au muséum d'histoire naturelle
de Perpignan est relativement modeste, du fait de
l'état de conservation de la momie. La
confrontation de tous les résultats, obtenus par
les techniques d'exploration scientifique (imagerie
médicale, endoscopie, histologie,
génétique, chromatographie, analyse
xylologique) à l'étude onomastique et
prosopographique du défunt a constitué le
thème de la recherche que j'ai
réalisée pendant ces dernières
années d'études.
La réalisation de l'analyse des divers
prélèvements, effectués au cours
de l'étude de la momie, a demandé
beaucoup de temps et de patience aux chercheurs qui les
ont examinés. Certains d'entre eux avaient
déjà acquis une grande expertise en ce
domaine, d'autres débutaient, tout comme
moi-même, dans ce type de recherche sur des
échantillons de tissus humains anciens. Je leur
dois, à tous, de grands remerciements pour ces
recherches, effectuées malgré leur charge
de travail.
Nous avons connu, à tour de rôle, des
espoirs et des déceptions lors du
déroulement de ces analyses, nous heurtant
à l'état de dégradation de la
momie qui a limité la recherche. Cependant, les
résultats obtenus, quoique modestes, enrichiront
la connaissance des pratiques de momification de cet
individu, rendu plus proche, de ce fait, mais
conservant encore bien des mystères.
Le caractère unique de cette momie, sortie de
son contexte funéraire, social et familial, du
fait de la méconnaissance de sa sépulture
et de liens familiaux, montre, tout comme les autres
études réalisées dans les
mêmes conditions, une grande variabilité
au niveau des résultats. Si l'on
considère que la datation de la momie
étudiée est celle de XXIe dynastie, on se
rend compte que l'on ne peut conclure à aucune
généralisation : chaque momie est unique,
surtout lorsqu'elle est isolée de sa
sépulture et de son contexte historique
(méconnaissance de la nécropole, de
l'atelier de momification...). La datation d'une momie
par les procédés utilisés pour la
momification est aléatoire.
Les conclusions que j'ai tenté d'apporter
doivent être prises avec les réserves
légitimes dans un tel contexte
archéologique, l'état de la momie
limitant l'obtention de résultats et leur
exploitation. J'ai envisagé les
différentes hypothèses qui pouvaient
expliquer les éléments spécifiques
rencontrés. Cet essai d'interprétation
n'offre que l'intérêt d'une tentative de
compréhension des faits, à partir de la
synthèse des pratiques de momification
évaluées.
Il est probable que les progrès de la
médecine ouvriront, dès demain, un
nouveau champ de connaissance, par le biais des
études de momies, nous permettant
d'accéder, mieux que ne pourrait le faire
n'importe quel autre vestige archéologique,
à une meilleure compréhension de l'homme
vivant en Egypte ancienne. Les Egyptiens, à
travers les siècles, et par le biais de leurs
contemporains momifiés, nous adressent leur
message de croyance en l'indestructibilité de la
part de divinité qui se trouve en chaque
homme.
J'adresse tous mes remerciements à Monsieur le
Professeur Robert Bourgat, conservateur du
Muséum de Perpignan, sans lequel ce travail
n'aurait pas pu être mené à bien,
ainsi que pour la confiance qu'il a bien voulu
m'accorder dans la réalisation de cette
étude.
Article publié dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Perpignan, 12, 2003 : pp.1-24
© Annie Perraud
Pour en savoir plus
- Sur l'Egypte ancienne : allez consulter le site des Amis de l'Egypte ancienne, de Saint-Estève dans les Pyrénées-Orientales
- Sur la momie de Perpignan : voyez sur ce site des Amis de l'Egypte ancienne la page de Iouefenkhonsou
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- KRUCHTEN (J.-M.), Les annales des
prêtres de Karnak (XXI-XXIIIe dynasties) et
autres textes contemporains relatifs à
l'initiation des prêtres d'Amon,
Departement Oriëntalistiek, Leuven, 1989.
- LEGRAIN (G.), «Notes prises à
Karnak. I : Fragments des annales des prêtres
d'Amon», RecTrav, tome 22, Librairie
Emile Bouillon, Paris, 1900, p. 51-65.
- MEJANELLE (Ph.), Contribution à
l'étude de substances organiques (gommes,
résines et corps gras) mises en oeuvre pour la
réalisation d'objets d'art et
d'archéologie : caractérisation par
couplage chromatographie en phase
gazeuse-spectrométrie de masse,
thèse de doctorat de Sciences en Chimie
organique, université Paris 6, Paris,
1996.
- NIWINSKI (A.), 21st Dynasty Coffins from
Thebes. Chronogical and Typological Studies,
Theben Band 5, Verlag Philipp von Zabern, Mainz am
Rhein, 1988.
- NIWINSKI (A.), Studies on the illustrated
theban funerary papyri of the 11th and 10th centuries
B.C., OBO 86, Universitàtsverlag Freiburg
Schweiz, Vandenhoeck & Ruprecht, Güttingen,
1989.
- PERRAUD (A.), Les différentes
techniques d'imagerie médicale
appliquées aux momies égyptiennes.
Etude d'un cas, mémoire de maîtrise
d'Histoire de l'Art et Archéologie, mention
Archéologie-Egyptologie, université
Paul Valéry, Montpellier III, 1997.
- PERRAUD (A.), Les études histologiques
et biologiques appliquées aux momies
égyptiennes et l'analyse chromatographique des
baumes de momification. Etude complémentaire
d'un cas, mémoire de DEA Civilisations de
l'Antiquité et du Moyen-Age, université
Paul Valéry, Montpellier III, 2001.
- RANKE (H.), Die Ägyptischen
Personennamen, Band I : Verzeichnis der Namen,
J.J. Augustin, Glückstadt, 1935.
- VIEILLESCAZES-RAMBIER (C.), Contribution
à la connaissance des matériaux
résineux utilisés en Egypte ancienne ;
caractérisation par C.H.L.P. et
spectroscopie, thèse de doctorat de
Sciences en Chimie organique, université
d'Avignon et des pays de Vaucluse, 1992.
(1) Il
y était venu afin de soigner une dysenterie
qu'il avait contractée au Soudan,
après avoir suivi un traitement à San
Guitano, qui s'était
révélé inefficace. Il est mort
en novembre 1948, neuf mois avant son
père. |
(2) H.
Aragon, Notice historique sur le séjour
d'Ibrahim Pacha à Vernet-les-Bains,
impr. Barrière et Cie, Perpignan, 1923, p.
36. |
(3) Cf.
J.-Fr. Champollion, Lettres et journaux
écrits pendant le voyage en Egypte,
coll. «Epistémè»,
Christian Bourgeois éd.,1986, p.
443-448. |
(4) J.-Fr.
Champollion adressa à Méhémet
Ali une Note remise au Vice-Roi pour la
conservation des monuments de l'Egypte,
datée du 29 novembre 1829. Un extrait de
cette ordonnance figure dans l'ouvrage suivant : G.
Sinoué, Le dernier pharaon.
Méhémet Ali (1770-1849),
éd. Pygmalion / Gérard Watelet,
Paris, 1997, p. 242-243. |
(5) Cette
datation ne permet pas d'effectuer des recherches
au musée du Caire, le musée de Boulaq
ayant été fondé en 1863 par
Auguste Mariette, qui avait été
nommé directeur du service des
Antiquités de l'Egypte, en 1858, par
Saïd Pacha, fils de Méhémet
Ali. |
(6) L'étude
de cette momie a fait l'objet, de la part de M.-Th.
de Saint Paul, de deux communications à la
Société Française d'Histoire
de la Médecine : |
(7) «Estudi
d'una mòmia egipcia del Museu
d'història natural de Perpinyà per un
equip de l'Institut de Prehistòria i
Arqueologia», Informaciòn
Arqueològica, n° 18, Barcelona,
1975, p. 171-172. |
(8) La
position des avant-bras, et celle des mains
croisées au-dessus du pubis, est un
élément d'évaluation en faveur
du sexe masculin de ce sujet momifié. |
(9) Les
lignes ou stries d'arrêt de croissance (ou
lignes de Harris) sont constituées par des
formations calcifiées de quelques
millimètres d'épaisseur qui se
déposent transversalement sur des os longs,
donnant des images radiologiques linéaires
de densification. Elles sont le témoin d'une
malnutrition. |
(10) Ostéoporose
: déminéralisation squelettique
généralisée par
raréfaction de la trame protéique de
l'os. |
(11) Os
médian et symétrique, entrant dans la
constitution de l'étage antérieur de
la base du crâne. L'embaumeur pratiquait
l'excérébration en perforant cet os,
au moyen d'une tige métallique
terminée par un crochet, enfoncée par
la narine gauche, qui lui permettait d'atteindre le
cerveau et de vider ensuite le crâne de son
contenu. |
(12) Cornets
inférieurs : os indépendant en forme
de lamelle osseuse recourbée, fixée
à la paroi externe des fosses nasales. |
(13) Os
moyen de la base du crâne, enclavé
entre 1'ethmoïde et le frontal, en avant,
l'occipital et les temporaux, en
arrière. |
(14) Cette
étape correspond à la perforation de
l'ethmoïde pour réaliser
l'excérébration et à
l'ouverture de la paroi abdominale pour pratiquer
l'éviscération. Ces deux gestes ne
font l'objet d'aucune représentation et sont
absents de l'iconographie. |
(15) Cette
technique non destructive, simple à
réaliser, permet d'accéder
directement sur une partie donnée du corps
momifié, dans la mesure où le passage
du fibroscope est possible, et de prélever
un échantillon de taille minime. Pour cela,
un simple orifice offre une voie d'investigation
potentielle. |
(16) Biopsie
: opération qui consiste à enlever
sur le vivant un fragment d'organe, dans le but de
le soumettre à un examen
microscopique. |
(17) La
méthode utilisée consiste en la
préparation de l'échantillon par cinq
opérations successives :
réhydratation, fixation, inclusion en bloc
de paraffine, coupes au microtome suivies de
coloration, réalisées avant
l'étude immunohisto-chimique. |
(18) Laboratoire
d'Anatomie et de Cytologie Pathologiques du Pr
Liliane Boccon-Gibod, hôpital d'enfants
Armand Trousseau à Paris. |
(19) Phénotype
: ensemble des caractères apparents d'un
individu, dus essentiellement aux facteurs
héréditaires (génotype) et,
dans une certaine mesure, à l'influence
exercée par le milieu
extérieur. |
(20) Chez
l'être vivant, la molécule d'ADN se
dégrade en permanence, tout en étant
réparée, de façon constante,
jusqu'au décès et à la mort
cellulaire, où ces phénomènes
de réparation cessent. |
(21) L'ADN
dégradé, de bas poids
moléculaire, est fréquemment
rencontré lors de l'extraction d'ADN ancien
sur des momies. |
(22) C.
Vieillescazes, présente lors de
l'endoscopie, nous a guidés pour la
sélection des prélèvements
à analyser par chromatographie. |
(23) Dans
un tel cas, ce produit serait identifié pour
la première fois, car il n'a jamais
été retrouvé lors de l'analyse
de baumes. |
(24) Sandaraque
: nom de la résine extraite d'une
espèce de thuya. |
(25) Des
noms différents sont donnés à
l'encens, terme générique, produit
par le Boswellia, dont vingt-trois espèces
ont été recensées. |
(26) L'analyse
en a été réalisée par
C. Vieillescazes. |
(27) Le
natron est un mélange d'origine
minérale, constitué, sur le plan
chimique, de carbonate de sodium, bicarbonates,
chlorure de sodium, sulfate de sodium, traces de
sels minéraux (en faible quantité) et
d'eau. |
(28) L'analyse
d'un échantillon a été
réalisée par V. Asensi Amoros. |
(29) Sa
forme particulière symbolise les deux
collines (le chevet) entre lesquelles le soleil (la
tête de la momie) se lève à
l'horizon, matérialisant l'ascension du mort
vers le ciel, semblable au soleil levant, ascension
facilitée par le soulèvement de sa
tête. |
(30) Arthrose
: nom sous lequel on désigne des affections
chroniques dégénératives non
inflammatoires des articulations. |
(31) Cartilage
de conjugaison : cartilage (tissu conjonctif)
séparant, chez l'enfant, la diaphyse et
l'épiphyse des os longs. |
(32) Hérodote
(484-420) était un historien grec, ayant
fait de nombreux voyages, dont l'un le conduisit en
Egypte. Il a laissé un témoignage des
pratiques tardives de la momification, qui
constitue l'une des sources antiques de nos
connaissances. Cf. Hérodote,
L'Enquête, Livres I à IV, coll.
Folio classique, Gallimard, Paris, 1964 (II,
85-90). |
(33) Atlas
et axis sont retrouvées à la
tomodensitométrie de l'abdomen. |
(34) Quelques
rares corps vertébraux et le sacrum sont
retrouvés à la
tomodensitométrie, sans que l'on puisse
expliquer l'absence des autres
vertèbres. |
(35) Etude
odontologique réalisée par le Dr
Henri Domenech. (Cf. H. Domenech, De
l'identification d'une momie égyptienne,
diplôme universitaire d'Odontologie
légale, université de Montpellier I,
Montpellier, 1997). |
(36) L'analyse
a été effectuée par C.
Vieillescazes. Le lin, d'origine
végétale, était utilisé
pour l'emmaillotement des momies. |
(37) Dans
ce cas, la datation de la momie serait
antérieure à celle des
enveloppements. |
(38) 38
L. Baquès-Estapé, «Description
des scènes du cercueil de
Pent-Nest-Taouy», dans A. Perraud, Les
différentes techniques d'imagerie
médicale appliquées aux momies
égyptiennes. Etude d'un cas, mémoire
de maîtrise d'Histoire de l'Art et
Archéologie, mention
Archéologie-Egyptologie, Université
Paul Valéry, Montpellier III, 1997, Annexe
3.4., p. 15-19. |
(39) Les
textes inscrits sur le cercueil ont fait l'objet
d'une étude réalisée par
l'association des Amis de l'Egypte ancienne, sous
la direction de Nadine Guilhou. C'est pourquoi, je
ne citerai, ici, que les phrases essentielles,
permettant d'orienter les recherches sur le plan
onomastique et prosopographique. |
(40) Il
s'agit de l'Ennéade d'Héliopolis,
réunissant neuf divinités : Atoum le
créateur, ses enfants Shou et Tefnout, ses
petits-enfants Geb et Nout, et leurs enfants Osiris
et Isis, Seth et Nephthys. |
(41) «Juste
de voix» signifie que le défunt a
passé l'épreuve de la psychostasie,
au cours de laquelle son coeur est pesé,
avec succés. Sur l'un des plateaux de la
balance est déposé le coeur, sur
l'autre, une plume de la déesse Maât.
Pendant cette opération, le défunt
déclare une confession négative, face
à ses juges. |
(42) L.
Baqués, D. Campillo, J. Padro, E. Porta, J.
M. Xarié, «Les mômies egipcies
dels museus catalans i balears»,
Nilus, n° 9, 2000, p. 6-8. |
(43) Ibid.,
p. 6-8. |
(44) Ibid.,
p. 8. |
(45) Ces
momies reposaient dans 101 cercueils doubles et 52
cercueils simples. |
(46) Il
avait succédé à G. Maspero
dans la fonction de directeur des
Antiquités. |
(47) G.
Daressy, «Les sépultures des
prêtres d'Ammon à Deir
el-Bahari», ASAE 1, 1900, p. 141-148. |
(48) A.
Perraud, Les différentes techniques
d'imagerie médicale appliquées aux
momies égyptiennes. Etude d'un cas,
mémoire de maîtrise d'Histoire de
l'Art et Archéologie, mention
Archéologie-Egyptologie, Université
Paul Valéry, Montpellier III, 1997, p. 109
à 121. |