Présentation
L'ORESTIE, avec les
trois tragédies qui la composent, est l'une des plus
grandes oeuvres poétiques que nous ait
léguées l'antiquité. Il n'y a rien, ni
dans le théâtre grec, ni dans aucun
théâtre, qu'on puisse mettre en parallèle
avec ce gigantesque drame, ni pour la grandeur de la
conception, ni pour cette vigueur de tons qui s'allie sans
effort avec la naïveté et la grâce.
On a remarqué qu'aucune des trois pièces ne
forme un tout complet et qui satisfasse véritablement
l'esprit ; l'exposition d'Agamemnon est trop longue,
celle des Choéphores trop courte et obscure, et
l'intérêt des Euménides
indécis et flottant ; mais il faut prendre les trois
pièces dans leur ensemble, et l'on reconnaît
alors qu'elles ont entre elles une suite, un lien, une
unité complète.
Agamemnon est une première action formant comme
le préambule de l'action générale. Le
sujet est le meurtre du roi des Grecs, à son retour de
Troie, par sa femme Clytemnestre et son complice Egisthe.
L'intervention de la volonté divine, marquée
surtout par les révélations prophétiques
de Cassandre, donne à un horrible assassinat
domestique un caractère fatal et sacré.
Les Choéphores mettent en scène la
punition du premier crime par un second. Avec l'aide de sa
soeur Electre, Oreste a vengé la mort de son
père par celle des deux coupables ; mais la raison du
parricide s'égare, il court chercher un asile à
Delphes, dans le temple du dieu qui a conduit sa main. Le
titre de cette seconde tragédie vient du rôle
rempli par les captives troyennes comme choéphores ou
porteuses de libations dans les cérémonies par
lesquelles Clytemnestre tente d'apaiser le courroux
céleste.
Les Euménides marquent la réconciliation
d'Oreste avec les Dieux. Poursuivi par les Furies et par
l'ombre même de Clytemnestre qui sort des enfers pour
exciter leur rage, il est chassé de Delphes par la
Pythie et s'est réfugié à Athènes
aux pieds de la statue de Pallas. Cette déesse, par
son éloquence, calme les Furies, qui prennent un
nouveau nom, les Euménides, c'est-à-dire les
«bienveillantes», et bénissent le sol de
l'Attique, où un sanctuaire leur est consacré
au milieu des fêtes et des réjouissances
publiques.
G. V.