La naissance de Dionysos


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Dionysos est issu de l'union entre Zeus et la fille du roi de Thèbes, Sémélé. Il a la particularité d'être né à deux reprises, à la suite de la mort tragique de sa mère. Lorsque celle-ci était enceinte de Dionysos, la femme de Zeus, la jalouse Héra, avait incité sa rivale à demander de contempler Zeus sous sa forme divine... Mais hélas ! Sémélé fut incapable de supporter cette vue du divin et en fut foudroyée.

Zeus tire alors son fils du ventre de sa mère et, s'entaillant la cuisse, il y coud l'enfant pour mener sa gestation à terme. C'est de cet épisode que vient l'expression Sortir de la cuisse de Jupiter (Jupiter est le nom latin de Zeus).

Bientôt, sous les traits d'une vieille, Junon sort de la nue ; elle ombrage son front de cheveux blancs ; elle ride ses traits, courbe son corps, marche d'un pas tremblant, prend une voix cassée, et revêt enfin la figure de Béroé, qui naquit à épidaure, et fut nourrice de Sémélé. Après avoir avec adresse et par de longs détours fait tomber l'entretien sur le souverain des Dieux, elle soupire et dit : "Je souhaite que votre amant soit en effet Jupiter lui-même; mais enfin je crains tout. Plus d'un mortel osa se servir du nom des dieux pour tromper des vierges innocentes. Mais si c'est Jupiter qui vous aime, cela ne suffit pas encore. Il faut qu'il vous donne un gage éclatant de son amour. Priez-le de descendre en vos bras avec tout l'appareil de sa grandeur, tel qu'il est en un mot, lorsque Junon le recoit dans les siens".

L'innocente fille de Cadmus s'abandonne aux perfides conseils de la déesse. Elle demande à Jupiter une grâce, mais sans la désigner : "Choisis, dit le dieu ; rien ne te sera refusé ;et afin que tu ne puisses en douter, je le jure par le Styx, le Styx dieu lui-même et la terreur de tous les dieux". Sémélé se réjouit du mal qu'elle s'apprête. Trop puissante sur son amant, et près de périr victime d'une complaisance fatale : "Montrez-vous à moi, dit-elle, avec l'appareil et la gloire qui vous suit dans le lit de Junon".

Le dieu aurait voulu l'interrompre, mais ces mots précipités avaient déjà frappé les airs. Il gémit ; il ne peut annuler ni le voeu de son amante, ni le serment qu'il a fait. Accablé de tristesse, il remonte dans les cieux. Il entraîne les nuées ;  il rassemble la pluie, les vents, les éclairs, le tonnerre, et la foudre inévitable. Il tâche, autant que cela lui est permis, d'en affaiblir la force. Il n'arme point son bras des feux trop redoutables avec lesquels il foudroya Typhon ; il en est de plus légers : les Cyclopes en les forgeant y mêlèrent moins de flammes et de fureur. Les dieux les appellent des demi-foudres. Jupiter les saisit et descend avec tout l'appareil de sa puissance dans le palais des enfants d'Agénor. Mais une simple mortelle ne pouvait soutenir cet éclat immortel ; et Sémélé fut consumée dans les bras même de son amant.

Cependant Jupiter arracha de son sein l'enfant à demi formé qui devait naître de leur amour ; et, s'il est permis de le croire, il le renferma dans sa cuisse, et l'y conserva tout le temps que sa mère aurait du le porter. Soeur de Sémélé, Ino l'éleva secrètement dès le berceau, et le confia bientot après aux nymphes de Nysa, qui le cachèrent dans leurs grottes profondes, et firent du lait son premier aliment. > (Ovide, Métamorphoses, III, 253-15)


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Jupiter et Sémélé  
Jupiter et Sémélé
Peinture à l'huile sur toile (détail)
de Gustave Moreau (1826-1898)
1889-1895
Musée Gustave Moreau
 
Ce tableau de 2m 12 de haut a été commandé à Gustave Moreau en 1889, mais n'a été achevé qu'en 1895. Il s'agit d'une peinture à l'huile sur toile extrêmement chargée, et très représentative du symbolisme du peintre. Nous n'étudierons ici que sa partie supérieure, sans décrire toute sa moitié inférieure, qui est elle aussi d'une très grande complexité.

 


L'image représente l'épisode de la mort de Sémélé à la vue de Zeus. Au centre, Zeus diffère de ses images habituelles : il n'est pas représenté avec une longue barbe qui lui donne un air ancien, mais est au contraire sans barbe, avec le visage d'une jeune personne. Il garde néanmoins sa longue chevelure et n'exprime aucune émotion. Ses yeux sont fixes, quasiment hypnotiques. Le peintre a choisi de lui faire porter une couronne et de le placer au plein cœur de l'image, sur un trône monumental, en raison de la fonction qu'il occupe dans le domaine des divinités.

 

La naissance de Dionysos


Devant Zeus se trouve la fille du roi de Thèbes, Sémélé. Elle est en train de décéder à la vue de Zeus :  on le comprend d'une part grâce à l'histoire liée à ce tableau mais également grâce au sang qui est représenté sur la peau très blanche de Sémélé. Cette peau claire fait également une séparation entre Sémélé et l'autre partie du tableau, c'est un contraste entre la vie et la mort.

Le personnage ailé devant Sémélé est très souvent assimilé à Dionysos, qui n'a pas finir de se constituer puisqu'il est obligé de quitter le ventre de sa mère qui vient de mourir foudroyée. Ici il refuse d'assister au terrible drame qui est en train de se produire. On peut également penser qu'il s'agit de Cupidon, qui refuse de voir la fin d'une histoire d'amour due au décès de la femme du couple.

La multitude de couleurs, d'architectures et de végétations, très chargée au point d'en devenir fantastique, vient de ce que le peintre a voulu représenter toute la puissance de Zeus, qui s'exprime dans toutes les dimensions du réel, mais demeure insoutenable aux yeux des mortels et est donc fatale à Sémélé.

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La naissance de Dionysos
Lécythe attique à figures rouges
Attribué au peintre Alkimakos
Vers 460 av.JC
Museum of Fine Arts, Boston
 

 

 

La naissance de Dionysos


Un lécythe est une fiole de forme allongée dans laquelle on conservait de l'huile parfumée pour le corps. La technique utilisée ici pour réaliser le dessin est celle des figures rouges, qui permet de dessiner des traits extrêmement précis. Sur ce lécythe est représentée la seconde naissance de Dionysos : on y retrouve à gauche Zeus, qui est en train de sortir son fils de sa cuisse. Il est représenté comme à son habitude, avec une longue barbe et une longue chevelure.

On distingue à peine le visage du nouveau né, mais on remarque néanmoins la couronne de feuille de vignes autour de son crâne, qui sera à l'avenir l'un de ses attributs majeurs .

A droite, Hermès, reconnaissable à ses sandales ailées, se prépare à recueillir Dionysos pour l'amener aux nymphes qui l'éduqueront dans le futur. Ce personnage, debout alors que Zeus est assis, s'adapte bien à la forme allongée du lécythe, ce qui lui permet d'occuper de manière harmonieuse toute la surface disponible.

 

La naissance de Dionysos

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La naissance de Dionysos
   
La naissance de Dionysos
   
Bas-relief romain en marbre de l'époque d'Hadrien
(IIe s. apr.JC)
 
d'après un modèle grec du IVe s. av.JC  
Museo Pio Clementino, chambre des Muses  
Musées du Vatican  


Un bas-relief est un type de sculpture sur lequel les figures représentées ne se détachent que très peu du fond plat, contrairement au haut-relief qui présente plus de profondeur, ou à la sculpture en ronde-bosse autour de laquelle on peut tourner.

Ce bas-relief est romain, mais copie un original manifestement grec encore classique, du IVe s. av.JC. Peut-être a-t-il été copié sous le règne de l'empereur Hadrien, grand admirateur de la Grèce, d'après un monument chorégique qui pouvait se trouver à Athènes. Il a été découvert en 1782 et immédiatement transporté dans les collections du Vatican.

Il représente la deuxième naissance de Dionysos, et notre image constitue le détail de sa partie gauche. On y voit trois personnages. A gauche, Zeus est reconnaissable à sa barbe, sa toge et son bâton. Il est assis et s'appuie de la main droite sur un rocher, comme s'il souffrait, car il fait sortir un enfant de sa cuisse, Dionysos. Celui-ci se situe au centre de la composition, car il s'agit du personnage principal de l'histoire. Il s'élance hors de la cuisse avec vigueur, et tend spontanément les bras vers Hermès, le messager des dieux, qui s'apprête à recueillir le nouveau né, une peau de panthère sur l'avant-bras, afin de le confier à une nymphe qui s'occupera d'éduquer le bébé en raison du décès de sa mère. Cette peau de panthère est un signe fort, car il s'agit d'un des attributs majeurs de Dionysos. On retrouve souvent l'animal ou  sa fourrure dans les représentations du dieu du vin et de la vigne.

Cette scène représente donc l'une des naissances miraculeuses de certains dieux, comme Athéna sortie du crâne de Zeus, ou Erichthonios sorti de la terre, qui tend lui aussi spontanément les bras vers la divinité protectrice qui l'accueille et va se charger de l'éduquer.


Olivier A.-S., 217


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