L'inauguration à Salses de la porte des Pays Catalans nous donne l'occasion de nous interroger à nouveau sur les origines du nom même de Catalogne. Ce n'est pas avant le XIIème siècle que le nom apparaît dans un texte peu connu, le Liber Maiolichinus, poème écrit en vers latins par Lorenzo Véronès qui conte les exploits des Pisans, alliés au comte Ramon Berenguer III de Barcelone pour conquérir Eivissa et Mallorca en l'an 1115. Pour la première fois, on y parle de catalans et de Catalogne et le comte lui même est qualifié de dux ou heros catalanensis . Avant cette date les habitants de notre pays étaient souvent appelés Goths et pour les musulmans d'Espagne ils étaient tout simplement des Francs. Quant à l'origine de ce nom, elle reste encore aujourd'hui incertaine et fait l'objet de luttes acharnées entre érudits. C'est le mot gotholandia, «la terre des Goths», qui a d'abord été proposé comme origine de Catalogne. Mais outre qu'on ne le trouve jamais dans les documents du Moyen Age, les altérations phonétiques qu'il suppose rendent l'hypothèse peu vraisemblable. |
© Agnès Vinas |
Une autre théorie voudrait que les Catalans viennent des
castellani, «les gens des châteaux». On
serait passé de castellani à catlans
puis à catalans. L'origine serait donc la
même que celle de Castille...
Mais on trouve aussi des défenseurs de
l'hypothèse des Lacetani, tribu implantée
à l'époque romaine près de Barcelone et
même des Catalauni, du nom de la tribu gauloise qui
habitait cette région de Champagne où Attila et
ses hordes furent arrêtés.
Il y a même ceux qui font de catalan une forme raccourcie
de montecatalanus, dérivé de
montecatanus (montcada en bas-latin).
Enfin on ne peut passer sous silence la dernière
née des hypothèses, qui donnerait au nom une
origine arabe. Etymologiquement, le nom «Catalogne»
aurait été formé à partir du nom
arabe de la «frontière supérieure» :
at'-t'agr al-a'là>t'agr-a'là>català.
Cela pose des problèmes phonétiques
évidents.
En fait, nous devons reconnaître que l'origine du nom
«Catalogne» reste une énigme et que la
question est encore ouverte. En revanche, nous avons des pistes
plus claires pour délimiter cet espace
géographique qui depuis la deuxième moitié
du XIIème siècle est appelé Catalogne. Les
textes indiscutables des Paix et Trêves sont là
pour nous renseigner. Dès 1173 à Fondaldara le roi
Alfons précise les limites d'application de sa paix : de
Tortosa jusqu'à Salses. Le Roussillon, qu'il a acquis un
an auparavant, est déjà intégré. En
1200, le roi Pere fait appliquer sa paix catalane de Lleida
à Salses. Et sous le règne du roi Jaume I
les paix s'appliquent du Cinca (affluent de l'Ebre) à
Salses, marquant ainsi pour longtemps les limites de la
Catalogne. Seuls des accidents de l'histoire feront
désormais sortir de ces limites la frange d'Aragon
(à l'est du Cinca) ou le Roussillon.
© Robert Vinas
Documents complémentaires
L'origine de l'écu de la Catalogne (les
«quatre barres»)
La Porte des Pays catalans à
Salses