Chapitre 47 |
Immédiatement après ma nomination, je fus en
butte à d'étranges tracasseries de la part de
l'autorité militaire. J'étais parti pour
l'Espagne, en conservant le titre d'élève de
l'Ecole polytechnique. Mon inscription sur les
contrôles ne pouvait pas durer plus de quatre ans ; en
conséquence, on m'avait enjoint de rentrer en France
pour y subir les examens de sortie. Mais, sur ces
entrefaites, Lalande mourut ; et, par suite, une place devint
vacante au Bureau des longitudes : je fus nommé
astronome adjoint. Ces places étant soumises à
la nomination de l'Empereur, M. Lacuée, directeur de
la conscription, crut voir dans cette circonstance que
j'avais satisfait à la loi, et je fus autorisé
à continuer mes opérations.
M. Matthieu Dumas, qui lui succéda, envisagea la
question sous un point de vue tout différent : il
m'enjoignit de fournir un remplaçant ou de partir
moi-même avec le contingent du 12° arrondissement
de Paris.
Toutes mes réclamations, toutes celles de mes amis
ayant été sans effet, j'annonçai
à l'honorable général que je me rendrais
sur la place de l'Estrapade, d'où les conscrits
devaient partir, en costume de membre de l'Institut, et que
c'est ainsi que je traverserais à pied, la ville de
Paris. Le général Matthieu Dumas fut
effrayé de l'effet que produirait cette scène
sur l'Empereur, membre de l'Institut lui-même, et
s'empressa, sous le coup de ma menace, de confirmer la
décision du général
Lacuée.