Chapitre 50 |
Parfois, il arriva que le gouvernement voulut prescrire
des choix à l'Académie ; fort de mon droit je
résistai invariablement à toutes les
injonctions. Une fois, cette résistance porta malheur
à un de mes amis, au vénérable Legendre
; quant à moi, je m'étais préparé
d'avance à toutes les persécutions dont je
pourrais être l'objet. Ayant reçu du
ministère de l'intérieur l'invitation de voter
pour M. Binet et contre M. Navier, à propos d'une
place vacante dans la section de mécanique, Legendre
répondit noblement qu'il voterait en son âme et
conscience. Il fut immédiatement privé d'une
pension que son grand âge et ses longs services lui
avaient valu. Le protégé de l'autorité
échoua, et l'on attribua, dans le temps, ce
résultat à l'activité que je mis
à éclairer les membres de l' Académie
sur l'inconvenance des procédés du
ministère.
Dans une autre circonstance, le roi voulait que
l'Académie nommât Dupuytren, chirurgien
éminent, mais auquel on reprochait des torts de
caractère des plus graves. Dupuytren fut nommé
; mais plusieurs billets blancs protestèrent contre
l'intervention de l'autorité dans les élections
académiques.