GALEA (κράνος, κόρυς, περικεφάλαιον)

  1. Dans son sens rigoureux, ce mot était employé primitivement pour désigner un casque de peau ou de cuir, par opposition à cassis, qui signifiait un casque de métal ; mais, comme cette dernière matière fut généralement substituée au cuir par les Romains, dès le temps de Camille, on perdit bientôt de vue la distinction primitive, et le mot galea fut employé par tout le monde pour indiquer toute espèce de casque (Isidor. Orig. XVIII, 14 ; Ov. Met. VIII, 25 ; Virg. Aen. V, 490).



    La gravure ci-jointe présente une vue de face et une vue de côté d'un casque romain en bronze trouvé à Pompéi, où l'on en a découvert plusieurs autres de forme et de caractère semblable. Il contient toutes les parties du casque romain ordinaire : le cimier au haut du casque, auquel était attachée une aigrette de plusmes ou une crinière de cheval ; une saillie en avant et par derrière, pour protéger le front et la nuque ; les mentonnières, par lesquelles le casque était attaché sous le menton ; et une visière percée de trous, qui couvrait toute la figure comme un masque. Le petit ornement, placé à côté de la partie bombée du casque et qui ressemble à une coquille, était destiné à tenir une plume, comme on le voir dans la figure au mot thrax.
  1. Les casques ordinaires portés par les soldats romains sur les arcs de triomphe et les colonnes sont d'un caractère plus simple ; ils sont plus petits, sans visière, mais avec des mentonnières, et, au lieu d'aigrette, ils ont un noeud ou un anneau au sommet, comme on le voit dans les specimens ci-joints, pris de la colonne Trajane.
  1. Les casques des centurions ressemblaient à ceux que nous avons donnés dans la dernière gravure ; mais ils étaient munis d'un cimier, comme on le voit dans la première gravure ; quelquefois ce cimier était plaqué d'argent et orné de plumes sombres, qui s'élevaient à une hauteur considérable (Polyb. VI, 21), et étaient placées en travers sur le cimier (Veg. Mil. II, 16), de manière à s'incliner en avant et à se rabattre tout autour, ainsi que le représente la gravure ci-dessous, prise d'une des plaques de l'arc de Constantin, qui appartenait primitivement à l'arc de Trajan.
  1. Les casques des généraux et des officiers supérieurs étaient ornés avec plus de travail et ressemblaient aux casques grecs du dernier style. Ils sont rarement représentés par la sculpture ou la peinture ; car les grands personnages ont presque toujours la tête nue.
  1. Galea pellibus tecta. Les porte-drapeau sur les arcs et les colonnes sont universellement représentés comme Végèce les décrit (Mil. II, 16) avec un casque étroit, sur lequel sont tirées la tête et la peau de quelque bête féroce, de telle façon que la figure apparaît à travers la mâchoire entr'ouverte, excepté les mentonnières des deux côtés de la figure, comme le représente la gravure ci-jointe, prise de la colonne Trajane.
  1. Galea venatoria. Casque de cuir ou de fourrure porté par les chasseurs (Nepos, Dat. 14, 3) ; voyez les specimens aux mots cudo et galerus, 1.
  1. (αὐλῶπις). L'ancien casque grec des âges héroïques était d'un caractère tout différent de ceux que nous avons décrits jusqu'ici ; il avait un masque immobile qui s'adaptait à la figure, et laissait seulement deux trous pour les yeux, de telle sorte que quand on le tirait, il couvrait et cachait entièrement le visage ; de là l'expression galeis abscondunt ora (Sil. Ital. XIV, 626; cf Stat. Theb. XI, 373). La gravure représente deux casques de ce genre, tous deux d'après des vases d'argile : le premier à gauche, tiré sur la figure, le second tel qu'on le portait, quand on le remontait avant ou après le combat.
  1. La forme que nous venons de décrire tomba bientôt en désuétude, et alors les casques grecs réguliers furent faits sur un modèle ressemblant en général aux specimens ci-après, tirés de vases d'argile.



    Ils se composèrent des parties distinctes qui suivent : κῶνος (apex), le cimier au haut du casque, auquel l'aigrette était fixée ; λόφος (crista), l'aigrette, consistant en une crinière de cheval : il y en avait quelquefois deux ou trois, comme dans la figure à main droite ; γεῖσον , saillie sur le devant de la figure comme un appentis, quelquefois mobile, mais plus habituellement fixe ; παραγναθίδες (bucculae), mentonnières, attachées de chaque côté du casque par des charnières, et fixées sous le menton par un bouton ou un fermoir ; φάλος, ornement brillant, formé généralement par quelque figure en relief qu'on plaçait sur diverses parties du casque. Dans la figure à main droite, le se compose de deux griffons, mis de chaque côté du cimier : un tel casque était appelé en conséquence διφάλος. Dans d'autres specimens, l'aigrette elle-même est supportée par une figure semblable, ainsi que le décrit Homère (Il. XIII, 614), juste au-dessous du panache. Quelquefois on les voit s'avançant en un relief très hardi sur le devant et sur les côtés du casque, comme dans la statue colossale de Minerve, quand le casque était appelé ἀμφίφαλος ; s'ils étaient assez considérables, les φάλοι, dans ce cas, se touchaient, ainsi que le dit Homère (Il. XIII, 132 ; XVI, 216).

Illustrations complémentaires

Athéna coiffée du casque corinthien figurant sur un didrachme d'Acharnanie
circa 350-330 av.JC

© cgb.fr

Trois soldats prétoriens casqués de casques à cimier
assistent à la decursio de l'empereur Antonin le Pieux
Piédestal de la colonne Antonine, après 161 apr.JC
Cortile della Pinacotheca, Musée du Vatican (Rome), 2001

© Agnès Vinas