LINEA
En général, toute espèce de fil, de corde ou de cordon, et dans des sens plus particuliers :
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Corde que les chasseurs tendaient à la campagne, sur
une certaine longueur, et à laquelle était
attachée une quantité de plumes de
différentes couleurs, à dessein d'effrayer le
gibier, et de l'empêcher de se sauver du
côté où était placée cette
corde (Grat. Cyneg. 27 et 83 ; Nemes. Cyn.
303).
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(στάθμη). Cordeau de charpentier ou de
maçon, ou corde frottée de craie, et
employée pour marquer sur une planche ou sur une
pierre plate une ligne droite au moyen de laquelle on
pût conduire la scie. Elle servait aussi en
général à prendre des mesures (Pallad.
III, 9-10 ; Vitruv. VII, 3, 5 ; Cic. ad Q. fr. III, 1,
1).
- Linea alba (γραμμή). Corde blanchie avec de la craie et tendue à travers l'entrée d'une arène (circus), afin que tout le monde partît en même temps (Cassiod. Var. Ep. III, 51)). La place est indiquée par la ligne ponctuée marquée E sur le plan ci-dessous, qui représente un petit cique, encore assez bien conservé, à quelque distance de Rome sur la voie Appienne. Elle y est ajoutée sur l'autorité d'une peinture en mosaïque, représentant un cirque, découvert à Lyon au commencement de ce siècle ; là elle est figurée en blanc, et occupe la place que nous lui avons assignée dans cette figure. On la tenait tendue jusqu'à ce que tous les chars, ayant quitté leurs loges (carceres, A A sur le même plan), fussent rangés juste sur le même alignement contre l'alba linea, et alors on donnait le signal du départ ; la corde était rapidement tirée d'un des côtés, et la course commençait. Sans cette disposition, les chevaux, dans leur impatience, auraient continuellement tenté de partir les uns avant les autres et avant le signal, comme on peut le voir dans les courses de chevaux à Rome, pendant le carnaval ; on est forcé d'y recourir à un expédient analogue. Souvent un cheval trop pressé, s'arrachant à ceux qui le retiennent, se précipite contre la corde, et celle-ci, arrêtant son élan, le force à se dresser, ou le renverse ; accident que la mosaïque de Lyon, dont nous avons parlé, représente arrivant à un couple de chevaux. De plus, comme cette corde était blanchie avec de la craie, elle est souvent désignée par les mots calx et creta ; et comme les chars faisaient tout le tour de l'arène, et qu'à la fin de la course, le but auquel ils arrivaient était le point même d'où ils partaient, ces trois mots (linea, calx, creta) étaient employés métaphoriquement pour désigner la fin, le terme de toute chose, et surtout de la vie, dont les poètes et les artistes aimaient à assimiler les accidents à ceux d'une course (Hor. Ep. I, 16, 79 ; Cic. de Sen. 23 ; Tusc. I, 8).
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Cordon de perles enfilées qui, dans les habitudes
extravagantes de l'empire, étaient quelquefois
jetées au milieu de la foule, dans les jeux publics du
cirque, pour qu'il y eût une poussée et des
rixes (Mart. VIII, 78 ; cf Suet. Nero, 11 ; Tertull.
Hab. Mil. 9 ; Ulp. Dig. 9, 2, 27).
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- Ligne ou incision pratiquée sur des banquettes (gradus, sedilia) dans un théâtre, un amphithéâtre ou un cirque, afin de déterminer l'espace exact que chaque personne a droit à occuper, et de prévenir ainsi un entassement incommode ou d'égoïstes accaparements (Ov. Amor. III, 2, 19 ; A. Am. I, 141 ; Quint. XI, 3, 133). On peut encore distinguer ces lignes de démarcation dans les amphithéâtres de Pompéi et de Pola, et c'est à ce dernier qu'est empruntée la figure ci-jointe ; elle représente un de ces larges blocs de marbre qui formaient la cavea, partagé par des lignes parallèles en stalles pour six spectateurs ; les initiales de quelques uns de ceux auxquels appartiennent ces places sont gravées sur le marbre.
Illustrations complémentaires |
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Pêcheurs à la ligne, mosaïque © Agnès Vinas |
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Accident de quadrige sur la linea alba © Charles Cavenel |