VIII, 5 - La Laconie
Carte Spruner (1865) |
1. Au golfe de Messénie succède celui de Laconie, qui s'étend entre le cap Ténare et le cap Malées en inclinant légèrement du midi vers le
levant. Le promontoire Thyrides, rocher incessamment battu par le courant du golfe de Messénie, est à 130 stades environ du Ténare. Juste au-dessus, à une faible
distance de la mer, commence, le Taygète, chaîne de montagnes à la fois très haute et très escarpée, qui, en allant rejoindre vers le N. les derniers
contreforts de l'Arcadie, [se divise] et enserre ainsi une vallée où la Laconie et la Messénie n'ont plus rien qui les sépare. Au pied du Taygète, tout
à fait dans l'intérieur des terres, se trouvent Sparte, Amyclées, qui possède ce fameux temple d'Apollon, et Pharis. Le sol de Sparte, bien qu'accidente par
lui-même, est sensiblement plus bas que le reste du pays, mais il n'est plus le moins du monde marécageux, même dans le faubourg de Limnie, dont le nom rappelle cependant la
présence d'anciens marais ; et le temple de Bacchus Limnéen, qui avait été bâti pour ainsi dire dans l'eau, se trouve reposer aujourd'hui sur un terrain
parfaitement sec. Si nous rangeons, maintenant, la côte du golfe, ce qui s'offre à nous d'abord, c'est le Ténare qui s'avance en tome de pointe et que couronne un temple de
Neptune entouré de son alsos ou bois sacré, puis nous voyons tout près s'ouvrir cette caverne, si célèbre dans la fable, par où Hercule sortit
des enfers traînant après soi Cerbère enchaîné. Depuis le Ténare, on compte, dans la direction du midi, 3000 stades jusqu'au cap Phycûs en
Cyrénaïque ; dans la direction du couchant, 4600 stades, d'autres disent seulement 4000, jusqu'au cap Pachynum en Sicile ; dans la direction du levant, 670 stades jusquau cap
Malées, toutes les sinuosités de la côte comprises, ou 520 stades seulement jusqu'à Onûgnathe, presqu'île très basse, située en
deçà du cap Malées et juste en face de l'île Cythère, laquelle n'est là qu'à une quarantaine de stades du continent. Cette île qui
possède, avec un bon port, une ville appelée aussi Cythère et devenue dans ces derniers temps la propriété privée d'Euryclès, chef ou
hégémon des Lacédémoniens, est elle-même entourée de plusieurs îlots, les uns très rapprochés, les autres un peu plus
éloignés. Jusqu'au Corycus enfin, sur la côte de Crète, le trajet le plus court, à partir du Ténare, est de 950 stades.
2. Passé le Ténare, si l'on continue à ranger la côte dans la direction d'Onûgnathe et de Malées, on aperçoit d'abord la ville de Psamathûs,
puis Asiné, et, 240 stades plus loin, Gythium, port ou arsenal de Sparte. On prétend que le bassin de Gythium a été creusé de main d'homme. Suit l'embouchure
de l'Eurotas, entre Gythium et Acrées. Poussé jusqu'ici, le relevé de la côte donne en plus une longueur de 74 stades environ. On passe ensuite devant des terrains
marécageux, puis on arrive à Hélos, simple bourgade aujourd'hui, mais qui avait anciennement le rang de cité, témoin ce vers d'Homère (Iliade,
II, 284):
«Et les habitants d'Amyclées et ceux d'Hélos, ville maritime».
Suivant la tradition, elle avait été fondée par Hélios, fils de Persée. Une plaine, nommée Leucé, précède la ville de
Cyparissie, laquelle est bâtie sur une presqu'île et possède un bon port. Onûgnathe, qui suit, est également pourvu d'un port. Puis vient la ville de Boea, et
plus loin Malées, à 150 stades d'Onûguathe. Asopus compte aussi parmi les villes de la Laconie actuelle.
3. Des différentes localités, maintenant, que cite Homère dans son Catalogue des vaisseaux, la première, Messé, aurait, à ce qu'on assure,
péri sans laisser de trace, et la seconde, Messoa, paraît n'avoir jamais formé une cité distincte, mais bien un simple quartier de Sparte, comme voilà le
Limnaeum, au pied du Mont [Thorn]ax. Il y a même certains grammairiens qui prétendent que le nom de Messé, dans ce passage d'Homère, est mis par apocope pour
Messène : Messène en effet (nous-même l'avons dit plus haut) faisait alors partie de la Laconie. Quant aux autres villes de la Laconie que mentionne Homère, ou
elles sont aujourd'hui détruites, ou elles n'ont laissé d'elles que de faibles vestiges, ou bien encore elles ont changé de nom. C'est ainsi qu'Augées (et il n'y a
pas lieu de confondre cette ville avec l'Augées de la Locride qui aujourd'hui n'existe plus) s'appelle actuellement Aegées. Las est de celles qui ont été
détruites de fond en comble, et elle le fut, dit-on, de la propre main des Dioscures, qui retinrent même de cet exploit le surnom de Laperses.
4. Suivant Ephore, ceux des chefs Héraclides à qui la Laconie était échue, Eurysihène et Proclès, divisèrent le pays en six lots et y
fondèrent [un même nombre de] villes : l'un de ces lots, avec Amycles pour chef-lieu, fut détaché par eux et donné à l'ami qui leur avait livré
la Laconie en persuadant adroitement au chef achéen, possesseur actuel de la contrée, d'accepter leurs conditions et de se retirer en Ionie avec ses gens ; puis, ils avaient
choisi Sparte pour en faire leur résidence personnelle, et avaient envoyé leurs lieutenants régner dans les autres villes, en les laissant libres, vu l'état de
dépopulation du pays, d'accueillir tout étranger qui voudrait s'établir près d'eux. En même temps, ils faisaient de Las [leur arsenal maritime], à cause
de son excellent port ; d'Aegys, à cause de sa proximité des points les plus menacés de la frontière, [leur boulevard ou place d'armes ; et leur trésor de
Pharée], à cause de sa situation particulière qui l'assurait contre toute agression du dehors. Quant aux périèques, bien que entièrement soumis
aux Spartiates, ils jouirent d'abord des mêmes droits qu'eux, participant aux charges et aux honneurs du gouvernement. Ce fut Agis, fils d'Eurysthène, qui leur enleva ce
privilége de l'isotimie, les réduisant par là à l'état de simples tributaires de Sparte ; en général, ils se résignèrent à
ce changement, mais les Héléens ou habitants d'Hélos, les Hilotes pour mieux dire (car c'est là le nom qui a prévalu) s'insurgèrent ; une lutte
s'engagea dans laquelle ils succombèrent, et ils se virent alors condamnés en masse à l'esclavage avec cette condition aggravante, que leurs maîtres n'auraient la
faculté ni de les affranchir ni de les vendre au dehors. C'est là, ajoute Ephore, ce qui fut appelé la guerre des Hilotes. L'Hilotie, du reste, s'est
maintenue presque sans changement telle qu'Agis l'avait instituée jusqu'à l'époque de la domination romaine, les Hilotes continuant à être pour les
Lacédémoniens en quelque sorte des esclaves publics tenus à résider dans des lieux fixes et à exécuter certaines corvées.
5. Nous pourrions à la rigueur ne rien dire du gouvernement des Lacédémoniens ni des révolutions survenues parmi eux, tant ce sujet est généralement
connu ; néanmoins il est certains détails sur lesquels il est bon que nous revenions. Ainsi nous voyons que les Achéens de la Phthiotide, venus dans le
Péloponnèse comme compagnons de Pélops, s'établirent d'abord en Laconie et acquirent bientôt une telle prépondérance par leur bravoure qu'au nom
d'Argos, qui était alors celui du Péloponnèse, on ajouta, à cause d'eux, l'épithète d'Achaïque, et qu'on désigna ainsi non plus
seulement le Péloponnèse d'une façon générale, mais spécialement aussi la Laconie. Nous en avons la preuve dans ce passage d'Homère
(Odyssée, III, 249-251),
«Où était alors Ménélas ?
Sans doute il n'était pas dans ARGOS-ACHAïQUE ?»
que certains grammairiens entendent comme revenant à ceci : «Sans doute il n'était pas en LACONIE ?» Les mêmes Achéens, lors du retour des
Héraclides, et quand Philonomos eut livré le pays aux Doriens, évacuèrent la Laconie et passèrent dans la partie du Péloponnèse occupée
par les Ioniens, laquelle prit à cette occasion le nom d'Achaïe. Mais nous reparlerons d'eux plus au long en décrivant cette province. Quant aux nouveaux maîtres de la
Laconie, leur ambition d'abord contenue prit l'essor sous l'empire des lois de Lycurgue, et ils eurent bientôt acquis une telle supériorité sur les autres peuples de la
Grèce qu'on les vit donner l'exemple unique d'un peuple maure à la fois de la terre et de la mer et conserver leur prépondérance sans interruption jusqu'au moment
où les Thébains, et, immédiatement après ceux-ci, les Macédoniens s'emparèrent de l'hégémonie. Encore les Lacédémoniens ne
reconnurent-ils jamais complètement l'hégémonie macédonienne ; ils conservèrent leur autonomie et continuèrent à disputer le premier rang tant
aux autres peuples de la Grèce qu'aux rois de Macédoine eux-mêmes. Plus tard, après la destruction de la puissance macédonienne par les Romains, il y eut
quelques légers conflits entre les Lacédémoniens et les autorités romaines envoyées dans le pays et cela par la faute des tyrans qui les régissaient
alors et de leur déplorable politique ; mais, une fois revenus à leur ancienne forme de gouvernement, les Lacédémoniens surent se faire honorer des Romains d'une
manière toute particulière, si bien que ceux-ci leur laissèrent leur indépendance, sans réclamer d'eux autre chose que les devoirs et services ordinaires dus
par les alliés de Rome. Dans ces derniers temps Euryclès a bien provoqué encore quelques troubles en Laconie, pour avoir paru se prévaloir outre mesure de
l'amitié de César dans l'exercice de sa présidence ou épistasie. Mais cette nouvelle forme de tyrannie fut de courte durée, Euryclès
étant venu à mourir, et son fils ayant su se préserver sagement de toute semblable ambition. D'autre part, on vit la république des Eleuthéro-Lacones se
constituer alors [avec l'appui des Romains, reconnaissants de ce que] les Périèques et surtout les Hilotes, à une époque où Sparte était encore
opprimée par ses tyrans, s'étaient résolûrnent déclarés pour eux. Contrairement à l'opinion reçue, Hellanicus présente
Eurysthène et Proclès comme les véritables auteurs de la constitution politique de Lacédémone. Mais Ephore à ce sujet l'accuse de mauvaise foi :
à en croire cet auteur, Hellanicus a évité exprès en toute occasion de nommer Lycurgue, pour pouvoir ainsi plus aisément faire honneur de ses travaux aux deux
Héraclides, et pourtant c'est à Lycurgue, à Lycurgue seul, que les Lacédémoniens ont bâti un temple et qu'ils adressent leur sacrifice annuel ; les deux
Héraclides, au contraire, tout fondateurs qu'ils étaient, n'ont même pas obtenu de transmettre à leurs successeurs les noms d'Eurysthénides et de Proclides. Ce
sont les noms d'Agides et [d'Eurynontides], rappelant, l'un, Agis, fils d'Eurysthène, l'autre, Eurypon, fils de Proclès, qui ont prévalu, et pourquoi ? parce que ces
princes étaient considérés [comme ayant exercé une autorité] légitime, tandis que leurs pères, pour avoir appelé [les étrangers]
dans le pays et n'avoir régné que par leur aide, avaient perdu leur droit au titre d'archégètes, qui autrement ne se refuse jamais [aux fondateurs d'Etats.
Pau]sanias, ajoute Ephore, Pausanias l'Eurypontide, [en jugeait bien ainsi], puisqu'ayant été chassé du trône il s'en prit à [Lycurg]ue, comme [à
l'auteur] des lois de l'ingrate patrie qui l'avait banni, et composa contre lui durant son exil un Discours dans lequel il rappelait quantité d'oracles rendus à la
prière du laborieux [législateur].
6. Sur la topographie des deux pays, tant celle de la Messénie que celle de la Laconie, on peut admettre comme exacts les passages suivants d'Euripide, et celui dans lequel, après
avoir dépeint la Laconie comme possédant
«Beaucoup de bonnes terres propres au labourage, mais de culture difficile, parce que le pays est creux,
resserré entre des montagnes à pic, âpre d'aspect, et inaccessible à l'invasion»,
il lui oppose la Messénie,
«Riche en fruits, sillonnée de cours d'eau en tout sens, favorable à la nourriture des boeufs et des brebis,
ni trop froide, l'hiver, quand souffle l'aquilon, ni trop chaude, l'été, quand le char du soleil embrase le ciel de ses feux» ;
et cet autre passage, un peu plus bas, dans lequel, à propos du tirage au sort entre les chefs héraclides maîtres du Péloponnèse, il marque que le premier lot appelé
«Donnait droit aux terres de Laconie, sol maigre et de peu de prix»,
tandis que le second donnait droit aux champs de Messéné,
«dont l'heureuse fertilité défie toute expression»,
ce que confirme du reste le témoignage formel de Tyrtée. En revanche, lorsqu'Euripide prétend donner pour limite commune à la Messénie et à Laconie le cours du
«Pamisus, qui précipite ses flots impétueux vers la mer»,
il commet là une erreur grave et qu'on ne saurait laisser passer, puisque le Pamisus coupe la Messénie juste par le milieu sans toucher par conséquent en aucun point à la Laconie actuelle. Il n'est pas mieux inspiré, lorsque, oubliant que la Messénie est une contrée maritime ni plus ni moins que la Laconie, il la montre hors de la portée du navigateur. Enfin il paraît ignorer la vraie étendue de l'Elide quand il dit :
«Au delà du fleuve est Elis, proche voisine de Jupiter...».
Veut-il parler là, en effet, de l'Elide actuelle, laquelle se trouve être limitrophe de la Messénie ? Mais il ne voit pas que le Pamisus ne touche pas plus à
l'Elide qu'à la Laconie, puisque, je le répète, il coupe la Messénie juste par le milieu. Entend-il désigner l'ancienne Coelé-Elide ? Mais il
s'écarte encore bien davantage de la vérité, car il faut, lorsqu'on a franchi le Pamisus, traverser l'autre moitié de la Messénie, puis franchir tout le
canton des [Lépréates] et celui des [Macistiens] autrement dit l'ancienne Triphylie, [toute la Pi]satide aussi avec le territoire d'Olympie et marcher encore l'espace de 300
stades avant d'atteindre Elis.
7. Au sujet de la double leçon Lakedaimona kêtôessan et Lakedaimona kaietaessan, proposée par les grammairiens, il s'est élevé des doutes :
d'une part, on s'est demandé ce que pouvait signifier le mot kêtôessan, s'il avait trait effectivement à la présence de cétacés
(kêtoi) sur les côtes de la Laconie ou s'il fallait l'entendre [au figuré] dans le sens de grand, d'immense, ce qui semble plus plausible ; d'autre part, la forme
kaietaessan est interprétée tantôt comme un équivalent du mot kalaminthôdê, tantôt comme un dérivé du mot
kaietoi, lequel signifie toute crevasse ou déchirure produite par un tremblement de terre et se retrouve dans le nom de caeetas donné à la prison de
Lacédémone, qui n'est effectivement qu'une caverne, bien que certains auteurs fassent remarquer que le mot propre pour désigner ces sortes d'excavations naturelles est
plutôt kôoi, coi, témoin l'expression homérique phêrsin oreskôoisin. Ce qu'il y a de sûr c'est que la Laconie est très sujette
aux tremblements de terre et qu'on parle de cimes entières de la chaîne du Taygète qui auraient été arrachées et précipitées à la
suite de secousses semblables. Mais le nom du Taygète nous rappelle une des richesses du pays, les carrières de marbre : et en effet, outre les anciennes carrières du cap
Ténare, d'où l'on extrait le beau marbre dit Ténarien, il en a été ouvert récemment de fort grandes dans le Taygète pour le compte de
quelques entrepreneurs aidés dans leur opération par les capitaux de la riche et fastueuse Rome.
8. C'est encore Homère qui nous fournit la preuve que le nom de Lacédémone, dans un temps, désignait à la fois le pays et la ville (et par le pays j'entends
toute la Laconie accrue de la Messénie) : ainsi, lorsque, à propos de l'arc d'Ulysse, il s'écrie (Odyssée, XXI, 13) :
«Don magnifique, que lui avait fait, lors de leur rencontre dans Lacédémone, Iphitus l'Eurytide, son hôte»,
et qu'il ajoute un peu plus loin :
«Ils s'étaient rencontrés l'un et l'autre dans Messène, sous le toit d'Ortilochus»,
c'est évidemment le pays, le pays dans son ensemble, qu'il entend désigner ; et, comme la Messénie en faisait alors partie, on conçoit qu'il ait pu dire indifféremment «dans Lacédémone» ou «dans Messène», d'autant que la résidence même d'Ortilochus paraît avoir été à Phères :
«Ils arrivèrent à Phères, dans la maison de Dioclès, fils d'Ortilochus» (Odyssée, III, 488).
(Il s'agit dans ce passage de Télémaque et de Pisistrate, et de la ville de Phères, située en Messénie). En revanche, quand Homère nous montre les généreux coursiers qui emportent Télémaque et son compagnon loin de Phères agitant, secouant leur joug pendant toute la durée du jour, et qu'il s'exprime comme il suit (Odyssée, III, 487 ; IV, 1):
«Le soleil se couchait à peine... Ils atteignent alors la basse et caverneuse Lacédémone,
et dirigent leur char vers la demeure de Ménélas»,
il faut bien admettre qu'il parle là de la ville même, autrement on risque de lui faire dire une chose absurde, à savoir que Télémaque et son compagnon «partis de Lacédémone arrivent à Lacédémone». Il n'est guère vraisemblable d'ailleurs que Ménélas ait eu sa résidence en un lieu autre que Sparte ; guère vraisemblable non plus, s'il l'avait eue, qu'Homère ait fait dire à Télémaque (Odyssée, II, 359) :
«J'irai à Sparte et à Pylos».
Une dernière circonstance semble encore [con]firmer notre thèse, c'est que dans le passage en question [Homère n'emploie pas] d'épithètes [générales comme celles dont il se sert d'habitude pour caractériser] l'ensemble d'une contrée, à moins pourtant qu'on ne veuille voir là encore, qui sait ? quelque licence poétique sans conséquence. [Ne vaut-il pas mieux, au surplus, pour l'honneur de] Messène, pouvoir supposer qu'elle dépendait alors du royaume de Ménélas ou de celui de Nestor, du royaume de Lacédémone ou de celui de Pylos, que d'avoir à dire qu'elle formait un état indépendant, mais qu'elle n'avait pu être comprise dans le Catalogue d'Homère faute d'avoir pris part à l'expédition commune contre Troie ?