XI, 10 - L'Arie et la Margiane

Carte Spruner (1865)

1. L'Arie et la Margiane sont les deux provinces les plus importantes de cette [seconde section de l'Asie septen-trionale] : elles se composent, en partie, de massifs montagneux et impénétrables, en partie de plaines où se trouvent naturellement les grands centres de population, les montagnes n'étant habitées que par quelques tribus de Scénites. Les plaines de l'Arie et de la Margiane sont traversées par deux fleuves, l'Arius et le Margus, qui les arrosent très largement. L'Arie touche à la [Margiane] et en général à tout l'ancien royaume de Stasanor lequel, [comme on sait,] possédait [aussi] la Bactriane. Une distance de 6000 stades environ la sépare de [la mer] Hyrcanienne. La Drangiane, laquelle s'étend jusqu'à la Caramanie, formait une seconde annexe administrative et financière de l'Arie. On sait que la Drangiane, dont la plus grande partie est au S. des montagnes, se trouve pourtant avoir quelques cantons sur le versant septentrional et dans le voisinage immédiat de l'Arie. L'Arachosie, bien que située aussi [et en totalité qui plus est] au S. des montagnes, n'est pas loin non plus de l'Arie, et, tout en se prolongeant jusqu'aux bords de l'Indus, fait encore partie de l'Ariana ou région Arienne. La longueur de l'Arie est de 2 000 stades environ, sa largeur (j'entends celle de ses plaines) est de 300 stades. Elle compte trois villes principales, Artacoana, Alexandria et Achaea, qui, toutes trois, ont retenu les noms de leurs fondateurs. Son sol est particulièrement favorable à la culture de la vigne et voici, entre autres choses, une circonstance qui le prouve, c'est que le vin qu'on y récolte se conserve durant trois générations et sans qu'on ait besoin d'enduire les vases de poix.

2. La Margiane ressemble beaucoup à l'Arie ; seulement ce sont des déserts qui entourent la plaine qu'arrose le Margus. Frappé de la fertilité de cette plaine, Antiochus Soter la fit ceindre d'une muraille qui n'avait pas moins de 1500 stades de tour et il y bâtit une ville qu'il appela de son nom Antioche. Le sol de la Margiane, comme celui de l'Arie, convient merveilleusement à la vigne, s'il est vrai, ainsi qu'on l'assure, qu'on y rencontre fréquemment des ceps dont deux hommes auraient peine à embrasser le pied et dont les grappes mesurent jusqu'à deux coudées de long.


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