I - Histoire traditionnelle des rois |
IV - ANCUS MARCIUS (640-616)
Le règne d'Ancus, qu'on dit petit-fils de Numa, n'a
pas l'éclat poétique du règne de Tullus
; à l'exemple de son aïeul, il encouragea
l'agriculture, rétablit la religion
négligée, fit écrire sur des tables et
exposer dans le Forum les lois qui en réglaient le
cérémonial ; mais il ne put, comme Numa, tenir
fermé le temple de Janus et il lui fallut quitter le
service des dieux pour prendre les armes. Les Latins venaient
de rompre l'alliance conclue avec Tullus. Quatre de leurs
villes furent prises ; leurs habitants établis sur
l'Aventin, et le territoire de Rome étendu
jusqu'à la mer. Ancus y trouva des salines qui y sont
encore et des forêts qu'on n'y voit plus ; il en
attribua le revenu au domaine royal. Aux bouches du Tibre
était un emplacement favorable pour un port, il y
fonda Ostie (Ostia, les bouches), qui est aujourd'hui
à une lieue de la mer. Il construisit le premier pont
sur le Tibre (pons Sublicius), le fit de bois, afin
qu'on pût le couper aisément, si l'ennemi
voulait s'en servir, et en défendit les approches par
une forteresse sur le Janicule. Pour couvrir les habitations
des nouveaux colons sur la rive gauche du fleuve, il
traça le fossé des Quirites, et, pour
prévenir les délits, devenus plus nombreux par
l'augmentation de la population, il creusa, dans le tuf du
mont Capitolin, la fameuse prison Mamertine, qu'on peut voir
encore, et où l'on montait par l'escalier des
Gémonies ou des Gémissements. Son règne,
de vingt-quatre ans selon Tite Live, de vingt-trois suivant
Cicéron, s'acheva tranquillement, comme celui de Numa,
et les Romains honorèrent toujours la mémoire
du prince sage et juste dans la paix, vaillant et victorieux
dans les combats.