LXXXI - Antonin et Marc-Aurèle (138-180)

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I - ANTONIN (138-161)

Antonin le Pieux - Vatican

«J'aurais souhaité, dit un de nos vieux chroniqueurs, qu'il me fût échu en partage une éloquence pareille à celle des anciens ; mais on puise difficilement à une source dont les eaux tarissent. Le monde se fait vieux, la pointe de la sagacité s'émousse, et aucun homme de cet âge ne saurait ressembler aux orateurs des temps passés». Cette tristesse conviendrait aux compilateurs de l'Histoire Auguste, car ils n'ont ni la flamme qui échauffe et éclaire, ni le patient courage de ceux qui savent au moins amasser des matériaux pour de plus habiles. La biographie d'Antonin le Pieux par Julius Capitolinus est encore plus maigre que celle d'Hadrien par Spartianus. Elle enferme en quelques pages l'histoire d'un règne de vingt-trois ans, et nous réduit à dire de cet empereur ces seuls mots, qui sont assez pour sa gloire, mais trop peu pour notre curiosité : transiit benefaciendo, il a passé en faisant le bien.

Dès le temps de Xiphilin, le chapitre où Dion Cassius racontait l'histoire de ce prince était perdu, et si l'on veut juger de ce que valent les abréviateurs qui sont à présent notre principale ressource, qu'on lise Aurelius Victor racontant comment se fit l'adoption d'Antonin. On comprendra ensuite que de pareils écrivains nous aient naturellement ramenés au souvenir des chroniqueurs du moyen âge, et l'on ne s'étonnera pas que nous avons porté hardiment la critique au milieu de ces puérils récits : «Hadrien convoqua le sénat pour créer un César. Comme les sénateurs s'empressaient d'accourir à l'assemblée, l'empereur aperçut par hasard Antonin, qui, du bras, soutenait les pas chancelants d'un vieillard, son beau-père ou son père. Pénétré d'admiration à cette vue, Hadrien fait accomplir les cérémonies nécessaires pour l'adoption d'Antonin comme César, et il ordonne le massacre des sénateurs qui l'avaient tourné en ridicule.

Après sa mort, le sénat, insensible aux prières du nouveau prince, refusa de décerner à Hadrien les honneurs de l'apothéose, tant il était affligé de la perte d'un si grand nombre de ses membres ! Mais lorsqu'il vit reparaître tout à coup ceux dont il déplorait le trépas, chacun, après avoir embrassé ses amis, finit par accorder ce qu'il avait refusé d'abord». Voilà les contes bleus que la malignité avait fait circuler, que la sottise acceptait, et qui nous donnent la mesure du respect dû à de pareils esprits.

Faustine I, épouse d'Antonin le Pieux

Les ancêtres d'Antonin, originaires de Nîmes, avaient exercé à Rome les plus hautes charges et s'y étaient fait remarquer par la dignité de leur vie. Cinq fois les faisceaux consulaires avaient été portés dans sa maison, et l'on disait de son père qu'il était un homme intègre et de moeurs pures, de son aïeul qu'on n'aurait pas su trouver un reproche à lui faire, homo sanctus. Ce dernier, Arrius Antoninus, était cet ami de Nerva qui plaignait le vieux consulaire d'échanger une condition paisible contre celle d'empereur. Antonin hérita de ces vertus et de cette modération. Il fut consul (120), proconsul d'Asie (128 ou 129), juge (judex) d'une des quatre provinces italiennes et membre du consistoire impérial, fonctions qui prouvent que depuis longtemps l'attention d'Hadrien s'était arrêtée sur lui. Sa femme, la première Faustine, lui avait donné quatre enfants, dont deux fils, morts avant son avénement. De ses deux filles, il perdit l'une durant son proconsulat d'Asie ; l'autre fut la seconde Faustine, qui épousa Marc-Aurèle.

Bon ménager de son patrimoine, Antonin augmenta sa fortune par l'économie, non par l'usure, car il prêtait au-dessous du taux légal ; il l'employa à aider ses amis, bien plus qu'à ses plaisirs, et, une fois prince, il en consacra les revenus aux besoins de l'Etat. A son avénement, il refusa l'aurum coronarium, que l'Italie voulait lui donner, et ne prit que la moitié de ce que les provinces lui offrirent ; de sorte qu'il fut obligé de prélever sur son propre bien une partie des gratifications dues, dans cette circonstance, aux soldats et au peuple. Il avait du goût, de l'éloquence, et gouvernait son esprit comme sa maison en maître qui voulait que tout y fût bien rangé. Il écoutait beaucoup, délibérait longtemps, et, la décision prise, y persistait avec fermeté ; on n'administre bien qu'à cette condition. Il estimait la popularité ce qu'elle vaut, n'agissait qu'en vue du devoir, et s'inquiétait peu du reste : c'était un sage.

Il avait cependant un défaut fâcheux pour un prince, il s'arrêtait aux petites choses : il aurait voulu couper en quatre un grain de cumin, et on prétendait qu'il était avare ; mais ce sont de mauvaises langues qui le disent, et ces propos ne furent peut-être que la rançon de sa bonne renommée. Au consilium il opinait toujours pour les résolutions les plus douces, et, durant son règne, il garda cette disposition à faire grâce : vertu royale, quand il s'agit de pardonner une offense au prince, mais dangereuse si cette bonté affaiblit l'autorité de la loi. Comme tous ceux que nous appelons les Antonins, il vécut moins en empereur qu'en riche particulier, souffrant la liberté de parole de ses amis, même les violences du peuple. Durant une disette la foule lui jeta des pierres, il répondit par un discours. Il admirait, chez un de ses familiers, certaines colonnes et demanda d'où elles venaient : Quand tu entres dans la maison d'autrui, sois muet et sourd, répondit l'autre brutalement, et l'empereur ne s'en fâcha point.

Arrivant à Smyrne, sous le règne d'Hadrien, comme proconsul, il descendit chez le rhéteur Polémon, alors absent ; la nuit venue, le sophiste rentra et fit un tel bruit des embarras qu'on lui causait, qu'Antonin déguerpit sur l'heure. A quelques années de là, un acteur vint se plaindre de ce que Polémon, président des jeux Olympiques, l'avait chassé du théâtre en plein jour. Et moi, dit le prince, il m'a bien chassé en pleine nuit. Une autre fois, les courtisans s'indignaient de voir Marc-Aurèle pleurer son précepteur mort ; il les en reprit vivement : Permettez-lui d'être homme, leur dit-il, car la philosophie ni l'empire ne doivent dessécher le coeur. Plus d'une fois on l'entendit répéter qu'il voulait se conduire avec le sénat comme il avait désiré, étant sénateur, qu'on se conduisît avec lui : pensée qui semblait l'annonce du grand principe moral qu'Alexandre Sévère inscrira sur les murs de son lararium : Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît à toi-même.

Nous aurions à raconter beaucoup d'actes de sa munificence, beaucoup de libéralités faites par lui à des particuliers, au peuple de Rome, aux cités des provinces, qu'il secourut ou embellit ; nous voyons en effet, par quantité d'inscriptions, qu'il suivit l'exemple de son prédécesseur. Tout cela est d'un excellent naturel, et sur ce point il n'y a pas à lui marchander les louanges ; mais le prince fut-il au niveau de l'homme ? La réponse est difficile ; car, si les éloges unanimes qu'il a reçus pour ses qualités de coeur nous permettent de lui donner, au milieu des païens, la place de saint Louis parmi nos princes, son histoire politique est si obscure, qu'il se présente à nous, comme chef d'empire, avec une figure à demi effacée, dont les contours se perdent dans l'ombre.

Il avait cinquante-deux ans, l'âge qui donne la pleine maturité, sans ôter encore l'activité et la force. L'activité d'Hadrien avait paru quelquefois inquiète et bruyante ; celle d'Antonin fut silencieuse et discrète. Son prédécesseur était toujours en course ; durant près d'un quart de siècle, il ne quitta pas un jour Rome ou ses environs, excepté pour un rapide voyage en Asie. Au belliqueux Trajan avait succédé un pacifique ; l'empereur nomade fut remplacé par un prince sédentaire. C'est la loi des contrastes, qui plaît aux peuples comme aux artistes. Quelques inconvénients d'un régime en masquent, aux yeux de la foule, les avantages, et on se jette dans un autre système par la seule raison qu'il plait de changer.

Hadrien était mort fort impopulaire au sénat ; on a vu que les reproches qui lui sont faits viennent de la sourde irritation des Pères contre un prince dont la cour errante portait loin d'eux l'éclat et la réalité du gouvernement, de sorte que le néant de leur autorité n'était même plus caché derrière des apparences. Ils voulaient lui refuser l'apothéose, c'est-à-dire le déclarer tyran et annuler ses actes. Antonin refusa de se faire le complice de cette iniquité, qui d'ailleurs eût infirmé ses droits. Ses prières n'auraient peut-être pas triomphé du mauvais vouloir de ces sénateurs petitement haineux et jaloux, si, derrière le prince débonnaire, ils n'avaient aperçu un orateur bien autrement persuasif, le soldat, qui n'entendait pas qu'on fit cet outrage à la mémoire du chef qu'il avait aimé. Suivant Dion, toute opposition tomba devant la crainte de l'armée. Hadrien fut donc mis au rang des dieux ; Antonin lui éleva un temple à Pouzzoles, lui donna des flamines, et institua en son honneur un concours quinquennal. L'apothéose et le temple étaient pour le prince défunt affaires d'étiquette impériale. Ces honneurs rendus à la mémoire d'Hadrien ne méritaient donc pas au nouvel empereur que les sénateurs lui décernassent le surnom de Pius, mais comme ils avaient usé avec les autres toutes les épithètes de louange, ils ne trouvèrent que celle-là qui fût restée disponible ; et puis le prince ne s'étant pas associé à leur haine contre Hadrien, ils s'associaient, en lui donnant ce titre, à son respect filial. Ces volte-face bien réussies, cette habile stratégie d'antichambre, étaient tout l'art qui restât aux descendants des grands généraux de Rome, devenus les plus intrépides des courtisans.

Durant ce règne de vingt-trois ans, l'empire jouit d'une paix profonde, et les sujets reconnaissants regardèrent l'Etat comme une grande famille gouvernée par le meilleur des pères. Un contemporain, Pausanias, voulait que l'empereur fût appelé le Père du genre humain.

Dans son désir d'éviter tout bruit, tout mouvement qui dérangeât le bel ordre mis dans l'empire par son prédécesseur, il reprit la règle de Tibère pour la longue durée des magistratures, mais en l'exagérant. Il conserva leurs fonctions à ceux qui les tenaient d'Hadrien ; quand il eut de nouveaux choix à faire, il n'éleva aux charges que des hommes expérimentés, et souvent, dit son biographe, il les laissa mourir dans leur place. Ainsi, son ami M. Gavius Maximus commanda pendant vingt années les cohortes prétoriennes ; Orfitus garda la préfecture de la Ville tant qu'il lui plut et ne fut remplacé que sur sa demande ; des gouverneurs restèrent sept ans, même neuf années dans leur gouvernement. P. Pactumeius Clemens, légat de Cilicie sous Hadrien, fut élevé au consulat, et maintenu néanmoins dans son commandement. L'empereur avait changé le rang officiel de la province plutôt que de ne pas y laisser le magistrat qui connaissait le mieux ses besoins. Cette politique était excellente, à la condition pourtant de ne pas aller trop loin dans cette voie, car le plus actif s'alanguit dans des fonctions toujours les mêmes ; comme la vie s'éteint au milieu des eaux dormantes, l'administration où l'on n'entretient pas une certaine action de renouvellement arrive bien vite à la sénilité. Le règne d'Antonin nous en fournira peut-être la preuve.

Le droit civil lui doit beaucoup, et les Pandectes renferment plusieurs fragments de ses constitutions ou rescrits. Une est célèbre sous le nom de quarte Antonine ou réserve établie en faveur de l'adopté sur les biens de l'adoptant. En preuve de son esprit libéral, on mentionnera encore la décision qui permit aux enfants d'un nouveau citoyen, lorsqu'ils n'optaient point pour la nationalité de leur père, de conserver leurs droits sur son héritage. Auparavant, le Grec, obtenant le jus civitatis et dont les enfants restaient provinciaux, était obligé de léguer sa succession à des citoyens ou de la laisser au fisc, comme bien tombé en déshérence. Des publicains avaient exercé le droit d'épaves. Je suis le seigneur du monde, répondit-il aux naufragés qui réclamaient contre cette cruauté ; mais il y a une loi de la mer, celle que les Rhodiens ont faite ; qu'on décide d'après elle. Et le fisc eut tort. Par un rescrit d'application difficile, mais très juste dans son esprit, il n'autorisa le mari à poursuivre sa femme comme adultère qu'autant que lui-même avait gardé la fidélité conjugale. La condition des esclaves fut encore adoucie. Antonin déclara que le maître qui, pour un motif frivole, tuait son esclave serait puni de la relégation ou de la mort ; que celui qui l'aurait maltraité outre mesure serait forcé de le vendre, et qu'il ne pourrait ni le racheter ni écrire au contrat une clause qui lui permît de le poursuivre de sa colère jusque dans la servitude d'autrui, telle que celle-ci : Défense de l'affranchir ; ou cette autre : Il, ou elle, sera livré à la prostitution. Un de ses rescrits porte : «Il est de l'intérêt des maîtres qu'un appui contre la faim, la cruauté et une intolérable injustice ne soit pas retiré aux esclaves qui l'implorent justement».

Dans l'administration financière, il retrancha les dépenses inutiles, les pensions servies à des gens qui rongeaient l'Etat sans lui rendre aucun service ; il vendit des villas du domaine impérial, des bijoux, des meubles précieux : capital mort, dont il fit bénéficier le trésor public ; comme Hadrien il accorda encore la remise des arriérés d'impôts, et Marc-Aurèle, Aurélien, feront comme lui. Son économie lui donna les moyens de développer l'institution alimentaire et de venir au secours de villes désolées par l'incendie ou par un tremblement de terre, comme Rome, Antioche, Narbonne et Rhodes. Je ne parle point des constructions faites par lui ou sous son règne dans la Grèce et l'Ionie, dans la Syrie et à Carthage, à Lambèse, dont plusieurs monuments datent de cette époque, à Tarragone pour son port, à Gaëte pour son phare, à Nîmes pour les Arènes et le pont du Gard, à Baalbek pour son temple du Soleil.

Intérieur des arènes de Nîmes

Tous les empereurs étaient de grands bâtisseurs. C'était une dette qu'ils payaient dans Rome, au peuple entier, en décorant la cité de monuments nouveaux ; aux pauvres, en leur donnant du travail ; à leur prédécesseur, en lui élevant le temple exigé par l'apothéose ; dans les provinces, c'était la condition de leur popularité. En outre, chaque empereur, comme les princes d'Orient, voulait avoir sa demeure vierge de tout souvenir. Ainsi Néron avait délaissé le palais des Césars ; Vespasien détruisit la Maison d'Or, et Antonin ne voulut point habiter la villa Tiburtine. L'âge des Antonins fut un temps de fête pour les architectes, car on démolissait incessamment pour reconstruire. Mais il faut répéter que, hors de Rome, les travaux étaient surtout l'oeuvre des riches cités, où ils étaient payés avec les revenus municipaux, les dons des citoyens, et souvent une subvention impériale. Cette observation est d'autant plus nécessaire pour ce règne, que Marc-Aurèle dit de son père adoptif qu'il n'aimait point à bâtir.

Comme Hadrien, Antonin créa de nouvelles chaires de rhétorique et de philosophie dans beaucoup de villes, en allouant aux titulaires un traitement qui leur fut payé par l'Etat, quand les ressources locales se trouvèrent insuffisantes. A l'argent il ajouta des honneurs : dans les petites villes, cinq médecins, trois sophistes et trois grammairiens ; dans les grandes, dix médecins, cinq sophistes et cinq grammairiens furent exemptés des charges municipales ; et il couronna la déclamation même en donnant, dans l'année 143, le consulat à deux rhéteurs fameux, le Grec Hérode Atticus et le Latin Cornelius Fronto. Mais les poètes ne lui paraissaient pas aussi nécessaires ; du moins, il réduisit la pension qu'Hadrien avait faite au poète lyrique Mésomède.

Il se trouva pourtant des sénateurs pour conspirer contre ce prince qui faisait de la félicité publique l'unique objet de son gouvernement. Cette fois on ne doute plus, comme sous Hadrien, de la réalité du crime ; les Pères, qui, par eux-mêmes ou par leurs affranchis transformés en historiens, faisaient dans la postérité la réputation des princes, admettent pour le favori du sénat un péril dont ils avaient nié l'existence pour l'ami des provinciaux. Il n'y eut pas d'exécution : Atilius Titianus en fut quitte pour la perte de ses biens ; Priscianus se tua lui-même ; Avidius Cassius, qui se révolta sous Marc-Aurèle, eut au moins le désir de renverser Antonin ; Celsus enfin, que nous ne connaissons pas, fit quelque entreprise sérieuse, puisque, vingt, ou trente ans après, la seconde Faustine en rappelait le souvenir à son époux. Le sénat mettait un grand zèle à rechercher les coupables, Antonin l'arrêta. Que gagnerai-je, répondit-il à ceux qui le pressaient de sévir, que gagnerai-je à ce qu'on sache qu'un certain nombre de mes concitoyens me haïssent ?

Antonin n'aimait pas la guerre. Mieux vaut, disait-il, sauver un citoyen que tuer mille ennemis. Il n'entreprit par lui-même aucune expédition, mais ses lieutenants eurent à livrer des combats défensifs : en Afrique, contre les nomades, sur la frontière des Carpates et du Danube, contre des Daces réfugiés dans les montagnes, et contre des peuplades germaines établies au voisinage de la Pannonie. Capitolin dit que les Juifs firent encore quelque émeute, et qu'il y eut des rébellions en Egypte et en Grèce. Une émeute en Grèce, au lendemain d'Hadrien, se comprend mal, à moins qu'il ne s'agisse d'une conspiration, celle de Celsus par exemple, dont nous ne savons ni le lieu ni la date, ou de quelque tumulte populaire auquel Lucien semble faire allusion (157) ; et une révolte des Juifs aurait été, ce semble, bien difficile, après tout le sang que Trajan et Hadrien avaient tiré à ce peuple. En Egypte, l'affaire fut plus sérieuse, puisque le préfet Dinarchos fut tué (147-8), et que, au dire d'un ancien, l'empereur se crut obligé de faire le voyage d'Orient : ce fut la seule fois qu'il quitta Rome pour aller plus loin que la Campanie.

Dans la Bretagne, Lollius Urbicus, qui s'était distingué en Judée sous Hadrien, réprima les Brigantes (140), et, se trouvant à l'étroit derrière le Vallum Hadriani, reporta la ligne des défenses de la province plus au nord, jusqu'au rempart d'Agricola, le Graham's dike, levée de terre gazonnée, courant entre les deux golfes de la Clyde et du Forth. En récompense, Lollius obtint plus tard la première charge de l'Etat, celle de préfet de la Ville. Les Parthes préparaient une expédition contre l'Arménie, une lettre d'Antonin les arrêta.

Antonin donne la main
au roi des Quades

Les Lazes, les Quades, les Arméniens, acceptèrent les rois qu'il leur donna ; sa protection couvrit les Grecs des bords de l'Euxin contre les Scythes du voisinage et l'Arménie contre les brigandages des Alains.

Antonin pose la tiare sur la tête
du roi d'Arménie

Appien raconte qu'il vit à Rome les députés de peuplades barbares qui demandaient à être reçues au nombre des sujets de l'empire ; Antonin refusa : c'était la politique d'Auguste et d'Hadrien. Il y vint aussi des ambassades de la Bactriane et de l'Inde : preuve que les relations de commerce avec ces régions lointaines continuaient.

En somme, les guerres sous Antonin furent sans importance et les émeutes sans périls. «Alors, dit son biographe, toutes les provinces étaient florissantes... et aucun prince ne fut autant respecté des Barbares». Un contemporain, le rhéteur Aristide, montre quelle confiance inspirait cette longue paix : «Le continent tout entier est en repos, et l'on ne croit plus à la guerre, même lorsqu'elle sévit sur quelque point écarté».

Plus respectueux qu'Hadrien envers les vieux usages et les antiques légendes, il croyait trouver un intérêt de conservation sociale en des choses où son prédécesseur n'avait vu qu'un intérêt de curiosité sceptique. Il essayait comme Auguste de ranimer le patriotisme expirant, en remettant à la mode les origines merveilleuses du peuple romain ; quelques-unes de ses monnaies représentent la fuite d'Enée, la fondation d'Albe, Mars et Rhéa, Romulus et les premières dépouilles opimes, Horatius Coclès défendant le pont du Janicule, ou Esculape arrivant dans l'île du Tibre sous la forme d'un serpent (Glycon).

Esculape et Glycon

Pour raffermir les dieux sur leurs autels chancelants, il remplissait scrupuleusement ses fonctions pontificales, ramenait aux temples la foule avide de spectacles et méritait que les Pères, abusés par ces apparences de restauration religieuse, fissent graver une inscription avec ces mots : Le sénat et le peuple romain au très bon, très grand et très juste prince Antonin Auguste, ob insignem erra caerimonias publicas curam ac religionem. En même temps, il essayait d'arrêter le progrès des conversions juives, par le renouvellement des peines édictées sous Vespasien contre ceux qui pratiquaient la circoncision sur des hommes étrangers à la race hébraïque.

En lui voyant cette disposition d'esprit, on pourrait craindre qu'il n'eût cruellement traité les chrétiens. Il n'en fut rien. Il suivit, à leur égard, la politique de son père adoptif et leur accorda une tolérance de fait, qui fut pourtant troublée, de loin en loin, par quelque magistrat trop zélé, frappant une victime impatiente de mourir. Quant au rescrit qu'Eusèbe a mis sous son nom, on ne peut le recevoir, au moins dans sa forme actuelle, comme authentique. Il est certain que ce prince et son prédécesseur n'ont jamais songé à donner droit de cité dans l'empire à la religion nouvelle ; mais ils n'auraient pas voulu davantage la persécuter. L'un par indifférence philosophique, l'autre par bonté de coeur, répugnaient à verser le sang pour des croyances. Sous le règne d'Antonin, dit Orose, la paix régna dans l'Eglise.

A cette époque, la foi trouva un habile et hardi défenseur. Saint Justin représente dans l'histoire de l'empire le moment décisif où le christianisme, qui, avec saint Paul, avait professé l'impuissance de la raison, et qui, avec les premiers successeurs des apôtres, vivait dans l'ombre et le mystère, sort au grand jour et revendique hautement ses droits comme doctrine rationnelle. Alors ce qu'on appelait dédaigneusement la religion des esclaves et des femmes, des enfants et des vieillards, s'affirme, non seulement devant le bourreau, mais devant la science, et s'efforce d'absorber en soi la sagesse païenne purifiée par la nouvelle révélation.

Saint Justin était un Grec de Palestine qui avait traversé tous les systèmes de philosophie avant d'arriver au christianisme, et qui a raconté lui-même, dans un dialogue à la manière de Platon, non sans grâce, les diverses étapes de son esprit. Il ne brûle pas, comme tant d'autres, ce qu'il avait adoré. Le christianisme, pour lui, est une philosophie nouvelle, plus sûre, plus utile que l'ancienne, mais il ne renie pas celle qui l'a précédée. «Socrate, dit-il, avait été une incarnation du Logos, ou raison divine répandue dans l'humanité, logos spermatikos, car toute intelligence en contient une parcelle. Le Christ en fut une autre plus complète, puisqu'il est la Vérité absolue. Lorsque le maître de Platon tenta, avec la force de la vérité, d'enlever les hommes aux démons, ceux-ci le firent tuer comme impie et athée. Ils l'ont de même contre nous. Athées, nous le sommes contre vos dieux, mais non contre le Dieu véritable, le Père de toute vertu que nous adorons, avec le Fils qu'il nous a envoyé pour nous instruire, avec l'armée des bons anges, ses satellites, et l'Esprit prophétique. Vos anciens ont enseigné certains dogmes que nous exposons d'une manière plus divine, et dont seuls nous prouvons la vérité. Nous disons, comme Platon, que Dieu a tout produit et tout ordonné ; comme les stoïciens, que le monde périra dans les flammes ; comme vos poètes et vos philosophes, que les bons seront récompensés et les méchants punis. Quand nous appelons Jésus-Christ le Logos divin, la Raison de Dieu, nous ne faisons que lui appliquer la dénomination donnée à Mercure... Si on dit qu'il a été crucifié, en cela même il ressemble à ceux des fils de Jupiter qui, selon vous, ont eu des tourments à souffrir ; qu'il est né d'une Vierge, il a cela de commun avec Persée ; qu'il guérissait les boiteux, les paralytiques, les infirmes, et ressuscitait les morts, c'est ce que vous racontez d'Esculape... Tous ceux qui ont vécu d'une manière conforme à la raison sont chrétiens. Tels furent, chez les Grecs, Socrate, Héraclite et ceux qui leur ressemblent, comme de notre temps Musonius, et, chez les Barbares, Abraham, Ananias, Mizaël, Elie et beaucoup d'autres.

Le christianisme était donc l'achèvement et non la contradiction de la révélation naturelle.

Saint Justin se défend, mais aussi il attaque. Aux dieux incestueux et adultères du paganisme il oppose celui des chrétiens, et aux scandaleuses leçons de leur histoire ses saints commandements. En face de la vieille société légalisant ses vices par l'impôt qu'elle en tire et dressant des autels à Antinoüs, il met la société nouvelle qui, au lieu de têtes impures et de sacrifices sanglants, a pour culte la prière, l'aumône, le baiser de paix, la communion fraternelle avec le pain et le vin ; puis il s'écrie : Cessez donc d'imputer à des hommes purs vos débauches et celles de vos dieux !

Comme prédication aux pauvres, aux opprimés, mieux eût valu l'Evangile ; comme plaidoirie devant un tribunal païen, la défense était habile sans manquer de vérité ni de grandeur. On trouve même dans les premiers mots de cette supplique la mâle intrépidité d'un homme qui acceptait le combat avec les maîtres du monde :

Antonin - Buste du musée de Naples

A L'EMPEREUR TITUS AELIUS ANTONIN, PIEUX,
AUGUSTE, CESAR,
A SON FILS VERISSIME, PHILOSOPHE,
A LUCIUS, PHILOSOPHE,
FILS DE CESAR PAR LA NAISSANCE ET D'ANTONIN PAR L'ADOPTION,
PRINCE AMI DES LETTRES ;
AU SACRE SENAT ET AU PEUPLE ROMAIN TOUT ENTIER,
AU NOM DE CEUX QUI, PARMI TOUS LES HOMMES,
SONT INJUSTEMENT HAIS ET PERSECUTES ;
MOI, L'UN D'EUX,
JUSTIN,... J'AI ECRIT CE DISCOURS.

Cette façon de supplier, ce mot emprunté aux stoïciens, mais qu'il retrouvait dans son âme virile : Vous pouvez nous tuer ; vous ne pouvez nous nuire, étaient d'un croyant résolu à donner sa vie pour sa foi et qui la donnera.

Depuis Trajan, le christianisme avait pris assez d'importance pour que la première Apologie de saint Justin ait pu parvenir à l'empereur, sans le déterminer cependant à violer les lois de l'empire, dont il avait la garde, par la publication d'un édit de tolérance. Les chrétiens restèrent donc exposés aux violences de la populace dans les villes où ils montraient trop de zèle contre les idoles, trop d'ardeur pour le martyre, et, sous ce prince débonnaire, des chrétiens périrent. Une lettre des fidèles de Smyrne aux églises d'Asie, qu'Eusèbe a conservée, est la vivante peinture d'une de ces scènes abominables et sublimes. Un homme de Phrygie, de ce pays on Cybèle exigeait des dévotions sanglantes, Quintus, décida quelques Smyrniotes et Philadelphiens à provoquer leur supplice pour jouir plus tôt des béatitudes éternelles. Ils étaient douze et montrèrent un courage héroïque au milieu de tourments atroces que les bourreaux s'ingénièrent à varier. Un d'eux, Germanicus, se signala entre tous par son mépris des tortures. Le proconsul répugnait à frapper des hommes qui ne lui paraissaient coupables que d'entêtement religieux ; il aurait voulu les sauver : Aie pitié de ta jeunesse, disait-il à Germanicus ; et lui, avide de la mort, irritait les bêtes pour être plus vite mis en pièces. Au moment du combat, le Phrygien trembla et renia sa foi. Il manquait une victime à la joie du peuple, ou cria qu'il fallait remplacer Quintus par Polycarpe. C'était un vieillard de quatre-vingts ans et le plus illustre des évoques d'Asie. Le gouverneur impérial qui le connaissait bien ne l'avait jamais inquiété, et il avait pu, sans cacher sa foi, atteindre à ce grand âge. Il ne croyait pas qu'on dût chercher le martyre ; au moment où avait éclaté la fureur populaire, provoquée par les témérités de Quintus, il avait quitté la ville et s'était retiré dans une maison écartée. Ou alla l'y prendre ; il aurait pu fuir encore, mais ne le voulut pas. Le proconsul essaya longtemps d'arracher un mot qui lui permit de l'épargner : Jure, lui dit-il, par la fortune de César ; dis : Otez du monde les impies, et je te renverrai absous, et lui, répondait : Je suis chrétien, si tu veux connaître ma religion, donne-moi un jour : je t'en informerai. Le proconsul ayant répliqué que c'était le peuple qu'il fallait convaincre, Polycarpe répondit : Je ne refuse pas de t'instruire, toi, parce que j'ai appris à rendre aux hommes en dignité l'honneur qui leur est dû, mais cette tourbe ne mérite pas que je me défende devant elle.

Comme le peuple demandait qu'on jetât aux lions cet ennemi des dieux qui voulait abolir leur culte et leurs sacrifices, le gouverneur objecta que cela ne lui était pas permis, parce que les jeux étaient terminés. Alors, au bûcher ! hurla la foule, et elle courut chercher du bois aux bains, aux boutiques, puis elle dressa le bûcher pendant que le vieillard se déshabillait tranquillement pour y monter. Quand le feu eut été mis, le vent emporta derrière lui la flamme, qui s'arrondit en voûte au-dessus de la tête du martyr, «ainsi qu'il enfle la voile d'un vaisseau ; et il nous sembla voir comme de l'or ou de l'argent éprouvé dans la fournaise. En même temps nous sentions une agréable odeur de parfum précieux». Le bourreau l'acheva d'un coup d'épée.

La procédure établie par Trajan : S'ils sont accusés et convaincus, qu'ils soient punis, avait été suivie. Le gouverneur n'en avait point référé à Rome et n'avait pas eu besoin de le faire. Le peuple avait crié : Les chrétiens aux lions ! et les chrétiens s'offrant d'eux-mêmes à satisfaire la joie de la foule, leur sang avait rougi l'arène.

Au dire de Justin, de pareilles scènes eurent lieu en divers points de l'empire. Son Apologie ferait croire à plus de supplices qu'il n'y en eut, car l'exagération est un des caractères de ce genre d'écrits. Mais il est certain que la haine contre les blasphémateurs des dieux croissait dans le peuple, avec leur nombre ; que la foi, plus confiante, devenait téméraire, et que les officiers impériaux doivent avoir eu la main forcée, plus que ne l'auraient voulu des administrateurs intelligents et sceptiques, peu préoccupés de Jupiter et beaucoup de la paix publique.

L'empereur sut-il quelque chose de ces lointaines affaires ? On peut en douter ; il n'est pas même sûr qu'il ait connu dans les dernières années de son règne l'exécution du Grec Ptolémée et de deux autres chrétiens, ordonnée par le préfet de Rome. C'étaient de petites gens, qu'on n'avait point recherchés et qui s'étaient encore livrés eux-mêmes. Leur sort n'intéressait personne, et, dans ce monde si dur, si prodigue de la vie humaine, un supplice n'était point un spectacle assez rare pour qu'il ait fait quelque bruit dans la ville.

Aux coups qui les frappaient les chrétiens répondaient par de sourdes et irritantes menaces. La Sibylle n'accordait à Antonin que trois successeurs et annonçait, pour l'année 495, la destruction de Rome, de l'Italie et de l'empire : «Oh ! Comme tu pleureras alors, dépouillée de ton brillant laticlave et revêtue d'habits de deuil, ô Rome orgueilleuse, fille du vieux Latinus ! Tu tomberas pour ne plus te relever. La gloire de tes légions aux aigles superbes disparaîtra. Où sera ta force ? Quel peuple sera ton allié parmi ceux que tu as asservis à tes folies ?» A voir tant de haine amassée des deux parts, on comprend qu'entre l'ancienne et la nouvelle société il s'était creusé un abîme où des victimes devaient tomber.

Si nous savons mal ce que fit Antonin comme empereur, nous savons bien ce que firent après lui les ennemis de l'empire ; alors une question se pose : Antonin ne doit-il pas être rendu responsable d'une partie des malheurs de Marc-Aurèle ? Son père adoptif lui avait préparé, par la forte discipline mise en tout, un règne paisible, n'a-t-il pas légué à son successeur beaucoup de périls par la douceur d'une administration qui, n'aimant pas à punir, fermait les yeux et laissa tout se relâcher ? En trouvant après lui les légions sans discipline, les frontières sans sécurité, les Parthes redevenus audacieux, les Barbares franchissant à la fois le Rhin, le Danube, les Alpes, et arrivant jusqu'à Aquilée sur la route de Rome, jusqu'à Elatée, au coeur de la Grèce, on a le droit de penser qu'Antonin avait été trop amoureux de son repos, trop appliqué, pour complaire au sénat, à tenir une conduite différente de celle qu'avait eue son prédécesseur. Jamais les Barbares ne le virent longeant lentement les frontières pour s'assurer que, du côté de Rome, elles étaient bien gardées et que, de l'autre, il ne se formait point parmi eux d'associations menaçantes qui dussent être combattues par la politique ou les armes. Jamais il ne vint au milieu des légions examiner d'un oeil attentif leurs besoins et leur discipline, se mêler à leurs exercices, entretenir par sa présence leur vertu guerrière. Inactives derrière les remparts de leurs camps, elles ne savaient plus manier les armes ni supporter les fatigues, et il faudra la sévérité cruelle d'Avidius Cassius pour arracher les soldats à leur mollesse, pour les déshabituer des bains et des voluptés dangereuses de Daphné, pour faire tomber de leurs têtes les fleurs dont ils se couronnaient dans les festins.

Antonin arrivait à un grand âge : il avait dépassé soixante-quatorze ans, et, sans être pris d'aucun mal, ses forces diminuaient. Aussi faisait-on dans les temples des prières pour sa santé. Lyon conserve un monument destiné à rappeler qu'on y avait accompli, trois mois avant la mort du prince, le grand sacrifice expiatoire de ce temps, un taurobole. En mars 161, une fièvre de trois jours l'emporta. Au moment d'expirer, il donna pour mot d'ordre au tribun des gardes : Patience et résignation, Aequanimitas. C'était quitter la vie en philosophe, mais ne se peut-il pas qu'Antonin ait toujours vécu comme il est mort ?

Apothéose d'Antonin et Faustine
Piédestal de la colonne antonine - Musée du Vatican

On a fait de lui un mari complaisant, et même chose a été dite de son successeur : les deux Faustine ont fort mauvaise réputation. Ces accusations sont faciles à répandre, difficiles à réfuter ; et il semble que la malignité, ne trouvant pas à s'exercer sur les Antonins, ait voulu se dédommager, en se donnant carrière à l'égard des deux impératrices. Je ne me rendrai pas garant de leur vertu ; mais les accusations dont on les poursuit depuis dix-sept siècles sont vagues ou absurdes, et il ne me semble pas que ce soit par résignation philosophique que leurs époux out supporté ce qu'on appelle la honte de la famille impériale. Il n'y avait pas seulement de l'affection dans ces paroles d'Antonin à Fronton, au sujet de la première Faustine : Dans le discours que tu as consacré à ma Faustine, j'ai trouvé plus encore de vérité que d'éloquence. Car il en est ainsi ; oui, par les dieux ! j'aimerais mieux vivre avec elle à Gyaros que sans elle au palais. Sous l'amour, je sens l'estime. Lorsqu'il perdit, peu de temps après son avènement (141), la mère de ses quatre enfants, il refusa de se remarier et il lui bâtit un temple à Rome. C'était l'usage.

Le temple d'Antonin et Faustine - Restauration par Ménager

Mais quand lui-même fut mort et passé dieu, le sénat, pour conserver le souvenir de cette mutuelle affection, réunit les deux époux en consacrant le temple : Au dieu Antonin et à la déesse Faustine. Il en subsiste de magnifiques débris à San Lorenzo in Miranda, église construite dans le temple qui était l'objet de l'admiration des Romains.

Il fit mieux que de donner à Faustine des prêtresses et des statues d'or : il consacra son nom par une fondation charitable en faveur des jeunes Faustiniennes. Une médaille à l'effigie de l'impératrice montre, au revers, Antonin entouré de jeunes enfants, avec ces mots à l'exergue : Puellae Fautinianae ; et jusqu'à sa dernière heure il soutint et accrut l'institution des pueri alimentarii, qui sauvait les familles pauvres du désespoir, en les empêchant de recourir à l'antique et abominable coutume de l'abandon des nouveau-nés.

Lorsque Antonin s'était aperçu de sa fin prochaine, il avait fait porter la statue d'or de la Victoire, qui ne quittait jamais le chevet des empereurs, dans la chambre de son gendre et fils adoptif, Marcus Aurelius Antoninus, surnommé le Philosophe.

Marc Aurèle jeune - Buste du Capitole