Scène 1 Galba, Camille, Rutile, Albiane
Galba Je vous le dis encor, redoutez ma vengeance, Pour peu que vous soyez de son intelligence. On ne pardonne point en matière d'état : Plus on chérit la main, plus on hait l'attentat ; Et lorsque la fureur va jusqu'au sacrilège, Le sexe ni le sang n'ont point de privilège.
Camille Cet indigne soupçon serait bientôt détruit, Si vous voyiez du crime où doit aller le fruit. Othon, qui pour Plautine au fond du coeur soupire, Othon, qui me dédaigne à moins que de l'empire, S'il en fait sa conquête, et vous peut détrôner, Laquelle de nous deux voudra-t-il couronner ? Pourrois-je de Pison conspirer la ruine, Qui m'arrachant du trône y porterait Plautine ? Croyez mes intérêts, si vous doutez de moi ; Et sur de tels garants, assuré de ma foi, Tournez sur Vinius toute la défiance Dont veut ternir ma gloire une injuste croyance.
Galba Vinius par son zèle est trop justifié. Voyez ce qu'en un jour il m'a sacrifié : Il m'offre Othon pour vous, qu'il souhaitait pour gendre ; Je le rends à sa fille, il aime à le reprendre ; Je la veux pour Pison, mon vouloir est suivi ; Je vous mets en sa place, et l'en trouve ravi ; Son ami se révolte, il presse ma colère ; Il donne à Martian Plautine à ma prière : Et je soupçonnerais un crime dans les voeux D'un homme qui s'attache à tout ce que je veux ?
Camille Qui veut également tout ce qu'on lui propose, Dans le secret du coeur souvent veut autre chose ; Et maître de son âme, il n'a point d'autre foi Que celle qu'en soi-même il ne donne qu'à soi.
Galba Cet hymen toutefois est l'épreuve dernière D'une foi toujours pure, inviolable, entière.
Camille Vous verrez à l'effet comment elle agira, Seigneur, et comme enfin Plautine obéira. Sûr de sa résistance, et se flattant peut-être De voir bientôt ici son cher Othon le maître, Dans l'état où pour vous il a mis l'avenir, Il promet aisément plus qu'il ne veut tenir.
Galba Le devoir désunit l'amitié la plus forte, Mais l'amour aisément sur ce devoir l'emporte ; Et son feu, qui jamais ne s'éteint qu'à demi, Intéresse une amante autrement qu'un ami. J'aperçois Vinius. Qu'on m'amène sa fille : J'en punirai le crime en toute la famille, Si jamais je puis voir par où n'en point douter ; Mais aussi jusque-là j'aurais tort d'éclater. Scène 2 Galba, Camille, Vinius, Lacus, Albiane
Galba Je vois d'ailleurs Lacus. Eh bien ! Quelles nouvelles ? Qu'apprenez-vous tous deux du camp de nos rebelles ?
Vinius Que ceux de la marine et les Illyriens Se sont avec chaleur joints aux prétoriens, Et que des bords du Nil les troupes rappelées Seules par leurs fureurs ne sont point ébranlées.
Lacus Tous ces mutins ne sont que de simples soldats ; Aucun des chefs ne trempe en leurs vains attentats : Ainsi ne craignez rien d'une masse d'armée Où déjà la discorde est peut-être allumée. Sitôt qu'on y saura que le peuple à grands cris Veut que de ces complots les auteurs soient proscrits, Que du perfide Othon il demande la tête, La consternation calmera la tempête ; Et vous n'avez, seigneur, qu'à vous y faire voir Pour rendre d'un coup d'oeil chacun à son devoir.
Galba Irons-nous, Vinius, hâter par ma présence L'effet d'une si douce et si juste espérance ?
Vinius Ne hasardez, seigneur, que dans l'extrémité, Le redoutable effet de votre autorité. Alors qu'il réussit, tout fait jour, tout lui cède ; Mais aussi quand il manque, il n'est plus de remède. Il faut, pour déployer le souverain pouvoir, Sûreté toute entière, ou profond désespoir ; Et nous ne sommes pas, seigneur, à ne rien feindre, En état d'oser tout, non plus que de tout craindre. Si l'on court au grand crime avec avidité, Laissez-en ralentir l'impétuosité : D'elle-même elle avorte, et la peur des supplices Arme contre le chef ses plus zélés complices. Un salutaire avis agit avec lenteur.
Lacus Un véritable prince agit avec hauteur : Et je ne conçois point cet avis salutaire, Quand on couronne Othon, de le regarder faire. Si l'on court au grand crime avec avidité, Il en faut réprimer l'impétuosité Avant que les esprits, qu'un juste effroi balance, S'y puissent enhardir sur notre nonchalance, Et prennent le dessus de ces conseils prudents, Dont on cherche l'effet quand il n'en est plus temps.
Vinius Vous détruirez toujours mes conseils par les vôtres : Le seul ton de ma voix vous en inspire d'autres ; Et tant que vous aurez ce rare et haut crédit, Je n'aurai qu'à parler pour être contredit. Pison, dont l'heureux choix est votre digne ouvrage, Ne serait que Pison s'il eût eu mon suffrage. Vous n'avez soulevé Martian contre Othon Que parce que ma bouche a proféré son nom ; Et verriez comme un autre une preuve assez claire De combien votre avis est le plus salutaire, Si vous n'aviez fait voeu d'être jusqu'au trépas L'ennemi des conseils que vous ne donnez pas.
Lacus Et vous l'ami d'Othon, c'est tout dire ; et peut-être Qui le voulait pour gendre et l'a choisi pour maître, Ne fait encor de voeux qu'en faveur de ce choix, Pour l'avoir et pour maître et pour gendre à la fois.
Vinius J'étais l'ami d'Othon, et le tenais à gloire Jusqu'à l'indignité d'une action si noire, Que d'autres nommeront l'effet du désespoir Où l'a, malgré mes soins, plongé votre pouvoir. Je l'ai voulu pour gendre, et choisi pour l'empire ; A l'un ni l'autre choix vous n'avez pu souscrire. Par là de tout l'état le bonheur s'agrandit ; Et vous voyez aussi comme il vous applaudit.
Galba Qu'un prince est malheureux quand de ceux qu'il écoute Le zèle cherche à prendre une diverse route, Et que l'attachement qu'ils ont au propre sens Pousse jusqu'à l'aigreur des conseils différents ! Ne me trompé-je point ? Et puis-je nommer zèle Cette haine à tous deux obstinément fidèle, Qui peut-être, en dépit des maux qu'elle prévoit, Seule en mes intérêts se consulte et se croit ? Faites mieux ; et croyez, en ce péril extrême, Vous, que Lacus me sert, vous, que Vinius m'aime : Ne haïssez qu'Othon, et songez qu'aujourd'hui Vous n'avez à parler tous deux que contre lui.
Vinius J'ose donc vous redire, en serviteur sincère, Qu'il fait mauvais pousser tant de gens en colère, Qu'il faut donner aux bons, pour s'entre-soutenir, Le temps de se remettre et de se réunir, Et laisser aux méchants celui de reconnaître Quelle est l'impiété de se prendre à son maître. Pison peut cependant amuser leur fureur, De vos ressentiments leur donner la terreur, Y joindre avec adresse un espoir de clémence Au moindre repentir d'une telle insolence ; Et s'il vous faut enfin aller à son secours, Ce qu'on veut à présent on le pourra toujours.
Lacus J'en doute, et crois parler en serviteur sincère, Moi qui n'ai point d'amis dans le parti contraire. Attendrons-nous, seigneur, que Pison repoussé Nous vienne ensevelir sous l'état renversé, Qu'on descende en la place en bataille rangée, Qu'on tienne en ce palais votre cour assiégée, Que jusqu'au Capitole Othon aille à vos yeux De l'empire usurpé rendre grâces aux dieux, Et que le front paré de votre diadème, Ce traître trop heureux ordonne de vous-même ? Allons, allons, seigneur, les armes à la main, Soutenir le sénat et le peuple romain ; Cherchons aux yeux d'Othon un trépas à leur tête, Pour lui plus odieux, et pour nous plus honnête ; Et par un noble effort allons lui témoigner...
Galba Eh bien ! Ma nièce, eh bien ! Est-il doux de régner ? Est-il doux de tenir le timon d'un empire, Pour en voir les soutiens toujours se contredire ?
Camille Plus on voit aux avis de contrariétés, Plus à faire un bon choix on reçoit de clartés. C'est ce que je dirais si je n'étais suspecte ; Mais je suis à Pison, seigneur, et vous respecte, Et ne puis toutefois retenir ces deux mots, Que si l'on m'avait crue on serait en repos. Plautine qu'on amène aura même pensée : D'une vive douleur elle paroît blessée... Scène 3 Galba, Camille, Vinius, Lacus, Plautine, Rutile, Albiane
Plautine Je ne m'en défends point, madame, Othon est mort ; De quiconque entre ici c'est le commun rapport ; Et son trépas pour vous n'aura pas tant de charmes, Qu'à vos yeux comme aux miens il n'en coûte des larmes.
Galba Dit-elle vrai, Rutile, ou m'en flatté-je en vain ?
Rutile Seigneur, le bruit est grand, et l'auteur incertain. Tous veulent qu'il soit mort, et c'est la voix publique ; Mais comment et par qui, c'est ce qu'aucun n'explique.
Galba Allez, allez, Lacus, vous-même prendre soin De nous en faire voir un assuré témoin, Et si de ce grand coup l'auteur se peut connaître... Scène 4 Galba, Camille, Vinius, Lacus, Plautine, Martian, Atticus, Rutile, Albiane
Martian Qu'on ne le cherche plus, vous le voyez paraître, Seigneur, c'est par sa main qu'un rebelle puni...
Galba Par celle d'Atticus ce grand trouble a fini !
Atticus Mon zèle l'a poussée, et les dieux l'ont conduite ; Et c'est à vous, seigneur, d'en arrêter la suite, D'empêcher le désordre, et borner les rigueurs Où contre des vaincus s'emportent des vainqueurs.
Galba Courons-y. Cependant consolez-vous, Plautine ; Ne pensez qu'à l'époux que mon choix vous destine : Vinius vous le donne, et vous l'accepterez, Quand vos premiers soupirs seront évaporés. C'est à vous, Martian, que je la laisse en garde. Comme c'est votre main que son hymen regarde, Ménagez son esprit, et ne l'aigrissez pas. Vous pouvez, Vinius, ne suivre point mes pas ; Et la vieille amitié, pour peu qu'il vous en reste...
Vinius Ah ! C'est une amitié, seigneur, que je déteste. Mon coeur est tout à vous, et n'a point eu d'amis Qu'autant qu'on les a vus à vos ordres soumis.
Galba Suivez ; mais gardez-vous de trop de complaisance.
Camille L'entretien des amants hait toute autre présence, Madame ; et je retourne en mon appartement Rendre grâces aux dieux d'un tel événement. Scène 5 Martian, Plautine, Atticus, soldats
Plautine Allez-y renfermer des pleurs qui vous échappent : Les désastres d'Othon ainsi que moi vous frappent ; Et si l'on avait cru vos souhaits les plus doux, Ce grand jour le verrait couronner avec vous. Voilà, voilà le fruit de m'avoir trop aimée ; Voilà quel est l'effet...
Martian Si votre âme enflammée...
Plautine Vil esclave, est-ce à toi de troubler ma douleur ? Est-ce à toi de vouloir adoucir mon malheur, A toi, de qui l'amour m'ose en offrir un pire ?
Martian Il est juste d'abord qu'un si grand coeur soupire ; Mais il est juste aussi de ne pas trop pleurer Une perte facile et prête à réparer. Il est temps qu'un sujet à son prince fidèle Remplisse heureusement la place d'un rebelle : Un monarque le veut ; un père en est d'accord. Vous devez pour tous deux vous faire un peu d'effort, Et bannir de ce coeur la honteuse mémoire D'un amour criminel qui souille votre gloire.
Plautine Lâche ! Tu ne vaux pas que pour te démentir Je daigne m'abaisser jusqu'à te repartir. Tais-toi, laisse en repos une âme possédée D'une plus agréable encor que triste idée : N'interromps plus mes pleurs.
Martian Tournez vers moi les yeux : Après la mort d'Othon, que pouvez-vous de mieux ?
Plautine Quelque insolent espoir qu'ait ta folle arrogance, Apprends que j'en saurai punir l'extravagance, Et percer de ma main ou ton coeur ou le mien, Plutôt que de souffrir cet infâme lien. Connais-toi, si tu peux, ou connais-moi.
Atticus De grâce, Souffrez...
Plautine De me parler tu prends aussi l'audace, Assassin d'un héros que je verrais sans toi Donner des lois au monde, et les prendre de moi ? Toi, dont la main sanglante au désespoir me livre ?
Atticus Si vous aimez Othon, madame, il va revivre ; Et vous verrez longtemps sa vie en sûreté, S'il ne meurt que des coups dont je me suis vanté.
Plautine Othon vivrait encore ?
Atticus Il triomphe, madame ; Et maître de l'état, comme vous de son âme, Vous l'allez bientôt voir lui-même à vos genoux Vous faire offre d'un sort qu'il n'aime que pour vous, Et dont sa passion dédaignerait la gloire, Si vous ne vous faisiez le prix de sa victoire. L'armée à son mérite enfin a fait raison ; On porte devant lui la tête de Pison ; Et Camille tient mal ce qu'elle vient de dire, Ou rend grâces pour vous aux dieux d'un autre empire, Et fatigue le ciel par des voeux superflus En faveur d'un parti qu'il ne regarde plus.
Martian Exécrable ! Ainsi donc ta promesse frivole...
Atticus Qui promet de trahir peut manquer de parole. Si je n'eusse promis ce lâche assassinat, Un autre par ton ordre eût commis l'attentat ; Et tout ce que j'ai dit n'était qu'un stratagème Pour livrer en ses mains Lacus et Galba même. Galba n'a rien à craindre : on respecte son nom, Et ce n'est que sous lui que veut régner Othon. Quant à Lacus et toi, je vois peu d'apparence Que vos jours à tous deux soient en même assurance, Si ce n'est que madame ait assez de bonté Pour fléchir un vainqueur justement irrité. Autour de ce palais nous avions deux cohortes, Qui déjà pour Othon en ont saisi les portes ; J'y commande, madame ; et mon ordre aujourd'hui Est de vous obéir, et m'assurer de lui. Qu'on l'emmène, soldats ! Il blesse ici la vue.
Martian Fut-il jamais disgrâce, ô dieux ! Plus imprévue ?
Plautine Je me trouble, et ne sais par quel pressentiment Mon coeur n'ose goûter ce bonheur pleinement : Il semble avec chagrin se livrer à la joie ; Et bien qu'en ses douceurs mon déplaisir se noie, Je ne passe de l'une à l'autre extrémité Qu'avec un reste obscur d'esprit inquiété. Je sens... Mais que me veut Flavie épouvantée ? Scène 6 Plautine, Flavie
Flavie Vous dire que du ciel la colère irritée, Ou plutôt du destin la jalouse fureur...
Plautine Auraient-ils mis Othon aux fers de l'empereur ? Et dans ce grand succès la fortune inconstante Aurait-elle trompé notre plus douce attente ?
Flavie Othon est libre, il règne ; et toutefois, hélas ! ...
Plautine Seroit-il si blessé qu'on craignît son trépas ?
Flavie Non, partout à sa vue on a mis bas les armes ; Mais enfin son bonheur vous va coûter des larmes.
Plautine Explique, explique donc ce que je dois pleurer.
Flavie Vous voyez que je tremble à vous le déclarer.
Plautine Le mal est-il si grand ?
Flavie D'un balcon, chez mon frère, J'ai vu... Que ne peut-on, madame, vous le taire ? Ou qu'à voir ma douleur n'avez-vous deviné Que Vinius...
Plautine Eh bien ?
Flavie Vient d'être assassiné ?
Plautine Juste ciel !
Flavie De Lacus l'inimitié cruelle...
Plautine O d'un trouble inconnu présage trop fidèle ! Lacus...
Flavie C'est de sa main que part ce coup fatal. Tous deux près de Galba marchaient d'un pas égal, Lorsque tournant ensemble à la première rue, Ils découvrent Othon maître de l'avenue. Cet effroi ne les fait reculer quelques pas Que pour voir ce palais saisi par vos soldats ; Et Lacus aussitôt étincelant de rage De voir qu'Othon partout leur ferme le passage, Lance sur Vinius un furieux regard, L'approche sans parler, et tirant un poignard...
Plautine Le traître ! Hélas ! Flavie, où me vois-je réduite !
Flavie Vous m'entendez, madame ; et je passe à la suite. Ce lâche sur Galba portant même fureur : «Mourez, seigneur, dit-il, mais mourez empereur ; Et recevez ce coup comme un dernier hommage Que doit à votre gloire un généreux courage». Galba tombe ; et ce monstre, enfin s'ouvrant le flanc, Mêle un sang détestable à leur illustre sang. En vain le triste Othon, à cet affreux spectacle, Précipite ses pas pour y mettre un obstacle : Tout ce que peut l'effort de cher conquérant, C'est de verser des pleurs sur Vinius mourant, De l'embrasser tout mort. Mais le voilà, madame, Qui vous fera mieux voir les troubles de son âme. Scène 7 Othon, Plautine, Flavie
Othon Madame, savez-vous les crimes de Lacus ?
Plautine J'apprends en ce moment que mon père n'est plus. Fuyez, seigneur, fuyez un objet de tristesse ; D'un jour si beau pour vous goûtez mieux l'allégresse. Vous êtes empereur, épargnez-vous l'ennui De voir qu'un père...
Othon Hélas ! Je suis plus mort que lui ; Et si votre bonté ne me rend une vie Qu'en lui perçant le coeur un traître m'a ravie, Je ne reviens ici qu'en malheureux amant, Faire hommage à vos yeux de mon dernier moment. Mon amour pour vous seule a cherché la victoire ; Ce même amour sans vous n'en peut souffrir la gloire, Et n'accepte le nom de maître des Romains, Que pour mettre avec moi l'univers en vos mains. C'est à vous d'ordonner ce qui lui reste à faire.
Plautine C'est à moi de gémir, et de pleurer mon père : Non que je vous impute, en ma vive douleur, Les crimes de Lacus et de notre malheur ; Mais enfin...
Othon Achevez, s'il se peut, en amante : Nos feux...
Plautine Ne pressez point un trouble qui s'augmente. Vous voyez mon devoir, et connaissez ma foi : En ce funeste état répondez-vous pour moi. Adieu, seigneur.
Othon De grâce, encore une parole, Madame. Scène 8 Othon, Albin
Albin On vous attend, seigneur, au Capitole ; Et le sénat en corps vient exprès d'y monter Pour jurer sur vos lois aux yeux de Jupiter.
Othon J'y cours ; mais quelque honneur, Albin, qu'on m'y destine, Comme il n'aurait pour moi rien de doux sans Plautine, Souffre du moins que j'aille, en faveur de mon feu, Prendre pour y courir son ordre ou son aveu, Afin qu'à mon retour, l'âme un peu plus tranquille, Je puisse faire effort à consoler Camille, Et lui jurer moi-même, en ce malheureux jour, Une amitié fidèle au défaut de l'amour. |