Antonin le Pieux | © Agnès Vinas |
VIII. Ergo Hadriano successit T. Antoninus Fulvius Boionius, idem etiam Pius nominatus ; genere claro, sed non admodum vetere ; vir insignis ; et qui merito Numae Pompilio conferatur, ita ut Romulo Trajanus aequatur. Vixit ingenti honestate privatus, majori, in imperio ; nulli acerbus, cunctis benignus : in re militari moderata gloria, defendere magis provincias, quam amplificare studens : viros aequissimos ad administrandam rempublicam quaerens ; bonis honorem habens, improbos sine aliqua acerbitate detestans : regibus amicis venerabilis non minus, quam terribilis, adeo ut barbarorum plurimae nationes, depositis armis, ad eum controversias suas litesque deferrent, sententiaeque ejus parerent. Hic ante imperium ditissimus, opes quidem omnes suas stipendiis militum, et circa amicos liberalitatibus minuit ; verum aerarium opulentum reliquit. Pius propter clementiam dictus est. Obiit apud Lorium, villam suam, milliario ab Urbe XII, vitae anno LXXIII, imperii XXIII, atque inter divos relatus est, et merito consecratus. | VIII. Hadrien eut donc pour successeur T. Antoninus Fulvius Boionius, nommé aussi le Pieux. Celui-ci était d'une famille illustre, mais peu ancienne. Ce fut un grand prince, et on peut avec raison le comparer à Numa Pompilius, comme on égale Trajan à Romulus. Il montra, dans sa vie privée, de grandes vertus ; de plus grandes, sur le trône ; jamais de rudesse, une bonté constante. Il n'ambitionna point la gloire militaire, aimant mieux défendre les provinces romaines que d'en augmenter le nombre. Il rechercha, pour administrer la république, les hommes qui se recommandaient par leur équité ; il honora les gens de bien, et détesta les méchants, mais sans être dur avec eux. Il inspira aux rois ses alliés, en même temps qu'une juste crainte, une vénération telle, que plusieurs nations barbares, déposant les armes, portèrent à son tribunal leurs différends et leurs querelles, et obéirent à sa décision. Quoique très riche avant son avénement, la paye qu'il donna aux troupes, et les libéralités qu'il fit à ses amis, diminuèrent considérablement sa fortune ; mais il laissa le trésor public dans l'abondance. Sa clémence le fit surnommer le Pieux. Il mourut dans sa villa de Lorium, à douze milles de Rome, dans la soixante-treizième année de son âge, et la vingt troisième de son règne (Ap. JC. 167). Il fut mis au rang des dieux, et justement consacré. |