16. Ceux qu'il avait eus pour ennemis avant de parvenir au trône, il se contenta de les oublier quand il y fut monté, et, le jour où il fut fait empereur, il dit à l'un de ceux qui lui avaient fait le plus de mal : «Vous l'avez échappé.» Il donnait toujours, à ceux qu'il appelait lui-même sous les drapeaux, des chevaux, des mulets, des vêtements, de l'argent, en un mot tout l'attirail nécessaire. Aux Saturnales et aux Sigillaires, il envoyait souvent des cadeaux à ses amis, sans qu'ils s'y attendissent ; il en recevait aussi de leur part avec plaisir, et leur en offrait à son tour. Pour découvrir les fraudes de ses pourvoyeurs, il se faisait apporter, les jours où il donnait de grands repas, les plats des autres tables, même des dernières. Il s'attacha tous les rois par ses largesses.

Il se baignait souvent en public et avec tout le monde ; habitude qui donna lieu à un badinage encore usité dans les bains. Voyant un vétéran, qu'il avait connu autrefois dans l'armée, se frotter le dos et le reste du corps contre le marbre, il lui demanda pourquoi il se frictionnait de cette manière ; et, sur la réponse de ce vétéran, qu'il n'avait pas d'esclaves à qui le commander, il lui donna des esclaves et de l'argent. Le lendemain, plusieurs vieillards se mirent à se frotter aussi contre le marbre du bain, pour attirer sur eux la libéralité du prince. Il les fit venir, et leur dit de se rendre mutuellement ce service.

Il faisait parade de son affection pour le peuple. Il avait un tel goût pour les voyages, qu'il voulut voir par lui-même tous les endroits de l'univers dont il avait lu la description. Il supportait fort patiemment, et tête nue, le froid et toutes les intempéries. Il montra beaucoup de déférence pour un grand nombre de rois. Il acheta même la paix de la plupart d'entre eux, fut mépriséde quelques uns, et fit à plusieurs de magnifiques dons. Mais il n'en traita aucun aussi libéralement que le roi des Hibères, qui, sans compter de riches présents, reçut de lui un éléphant et une cohorte de cinq cents hommes. Pharasmane lui-même lui ayant, à son tour, envoyé de superbes cadeaux, entre autres des chlamydes ornées d'or, Adrien, pour se moquer de l'envoi, fit revêtir de pareilles chlamydes trois cents criminels, qu'il exposa ensuite dans l'arène.

 

© Agnès Vinas

PrécédenteSuivante

Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius