Livre X - Lettre 3


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

La bienveillance dont vous m'honorez, seigneur, et dont je reçois tant de preuves, me donne la hardiesse de vous demander des grâces même pour mes amis, entre lesquels Voconius Romanus tient l'un des premiers rangs. Nous avons été élevés et nous avons toujours demeuré ensemble. Ces raisons m'avaient engagé à supplier votre auguste père de vouloir bien lui donner place dans le sénat ; mais il a été réservé à votre bonté de me faire cette faveur, parce que la mère de Romanus n'avait pas encore achevé parfaitement, et avec les solennités requises, les quatre millions de sesterces qu'elle avait déclaré lui donner, dans les lettres par elle écrites à l'empereur votre père. C'est ce que, par mes conseils, elle a fait depuis ; car elle lui a cédé des fonds, et, dans cette cession, elle a observé toutes les formalités nécessaires. Ainsi, aujourd'hui que l'obstacle qui retardait nos espérances est levé, ce n'est pas sans une grande confiance que je sollicite pour lui. Ce qui la soutient et l'augmente, ce sont les moeurs de mon ami, c'est son attachement aux belles-lettres, sa tendresse pour ses parents. C'est à cette tendresse qu'il doit la succession de son père, qu'il recueillit aussitôt après sa mort ; la libéralité de sa mère, l'adoption que le mari de sa mère a faite de lui. Tout cela reçoit un nouvel éclat, et par sa naissance, et par les richesses qu'il tient de sa maison. J'espère que mes très humbles supplications ne diminueront point à vos yeux le prix de toutes ces choses. Je vous en conjure donc, seigneur, donnez-moi lieu de le congratuler sur ce que je crois juste ; donnez-moi la satisfaction de me pouvoir glorifier de votre approbation, non seulement pour moi, mais encore pour mes amis.

© Agnès Vinas

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