Livre X - Lettres 95 et 96
PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN Il y a longtemps, seigneur, que, charmé des moeurs et de l'érudition de Suétone, je l'ai retiré chez moi. Plus je l'ai vu de près, plus je l'ai aimé. Deux raisons sollicitent en sa faveur le privilège dont jouissent ceux qui ont trois enfants. L'une, il mérite que ses amis s'intéressent pour lui ; l'autre, son mariage n'a pas été heureux, et il faut qu'à ma très humble supplication, il obtienne de votre bonté ce que la malignité de la fortune lui a refusé. Je sais, seigneur, de quelle importance est la grâce que je vous demande ; mais je ne vous la demande que parce que vous avez toujours très favorablement exaucé mes voeux. Vous pouvez juger à quel point je souhaite cette faveur, puisque je ne prendrais pas un temps où je suis éloigné de vous pour vous la demander, si je ne la souhaitais que médiocrement. TRAJAN A PLINE Vous savez, mon très cher Pline, combien je suis réservé sur ces sortes de grâces, puisque j'ai coutume d'assurer le sénat que je n'ai point encore passé le nombre dont je lui ai déclaré que je me contenterais. Je vous ai pourtant accordé ce que vous désiriez. Et afin que vous ne puissiez douter que vous n'ayez obtenu pour Suétone le privilège de ceux qui ont trois enfants, et sous la condition accoutumée, j'ai ordonné que le brevet en fût enregistré.
| © Agnès Vinas |