XXVII - Gordien, le fils (an de Rome 991)

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Gordien II
Musée du Capitole

Dans ce même temps les soldats élevèrent, en Afrique, à la dignité d'auguste, Gordien, fils de Gordien (1), qui, après avoir passé sa jeunesse dans les camps avec son père, avait rempli dans la suite les fonctions de préfet du prétoire (2). Cette élection ne déplut point au sénat, qui engagea même le nouvel empereur à se rendre au plus tôt à Rome. A son arrivée, les cohortes prétoriennes furent taillées en pièces par les gladiateurs et par ceux qu'on formait à leur exercice, dans les gorges et même jusque dans le coeur de la ville. A la nouvelle de cet événement, les Maximins, qui se trouvaient alors en Thrace, se hâtent de se rendre en Italie. Pupienus marche contre eux, et les défait dans une bataille. Leurs soldats les abandonnent ; ils sont assiégés dans Aquilée (3), et peu après mis à mort. Leur règne avait duré trois années, dont la dernière s'était écoulée dans les troubles dont nous venons de parler. Clodius et Cecilius (4), ayant été tués bientôt après dans leur palais par des soldats mutinés, Gordien resta seul maître de l'empire. Après avoir célébré, cette année, la solennité du lustre par les combats que Néron avait introduits à Rome (5), et l'avoir consolidée en lui donnant un nouvel éclat, il rouvrit, avec les anciennes cérémonies, les portes du temple de Janus que Marc-Aurèle avait fermées (6), et partit pour la guerre contre les Perses. Il venait de la terminer heureusement, lorsqu'il périt victime des embûches de Marcus Philippus, préfet du prétoire. Il avait régné six ans.


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(1)  Il semble qu'Aurelius Victor ne reconnaisse ici que deux Gordiens, et en passe sous silence un troisième, petit-fils de Gordien le père, par sa mère, et dont l'auteur de l'Epitome fait mention ; ou plutôt il attribue à Gordien le fils, qui fut tué avec son père, ce qui concerne Gordien le petit-fils. L'histoire des trois Gor-diens est fort embrouillée. Il faut consulter, à ce sujet, la savante dissertation de Spanheim sur les empereurs, insérée dans son livre de Usu numismatum, n° 11.

(2)  Il est faux que ce Gordien, s'il est le petit-fils, ait été préfet du prétoire. Il était encore enfant lorsqu'il fut créé césar, et les soldats le portaient sur leurs épaules pour le montrer à la multitude. C'est ce que rapporte Hérodien, 1. 7.

(3)  Ville célèbre, bâtie par les Romains à l'entrée de l'Illyrie et au-dessus du pays des Vénètes, pour servir de rempart à l'Italie contre les incursions des Barbares. Elle fut ruinée par Attila dans le cinquième siècle. Elle était le chef-lieu d'un patriarcat.

(4)  Pupien et Balbin.

(5)  Voici ce que Suétone, dans la Vie de Néron, nous apprend de ces combats qui avaient lieu à Rome tous les cinq ans : Instituit et quinquennale certamen primus omnium Romae, more graeco triplex, musicum, gymnicum, equestre quod appellavit neronianum.

(6)  On s'étonne que Victor dise que le temple de Janus avait été fermé par Marc-Aurèle. Aucun historien ne fait mention de cet événement, et personne n'ignore que cet empereur fit la guerre pendant tout son règne, et qu'il mourut dans une de ses expéditions.