Portrait idéal de Lucrèce - Frontispice de l'édition d'Oxford de 1683



Elaborée au IIIe siècle av.JC en un temps où la vie politique athénienne ne se décidait plus sur l'agora mais au gré de rapports compliqués avec le royaume de Macédoine, la doctrine épicurienne porte la marque de l'époque hellénistique et réoriente l'enjeu de la philosophie vers la question de la vie bonne : comment l'individu peut-il atteindre le bonheur ? Epicure y répond par un système complet associant physique atomiste, métaphysique, ontologie et éthique : c'est en évacuant la peur de la mort et des dieux et en fuyant les passions dévastatrices que l'on pourra atteindre l'ataraxie. Cela implique en particulier une mise à distance de l'engagement politique, forcément fauteur de troubles. A plus forte raison lorsque l'épicurisme passe de Grèce à Rome et se développe dans le terreau des guerres civiles de la fin de la République, au Ier siècle av.JC. Lucrèce en est le témoin privilégié, lui qui traduit, vulgarise et versifie le Peri Physeos d'Epicure en De Natura Rerum, La nature. Le texte que vous allez lire résume magistralement, en moins de vingt vers, la position épicurienne sur l'engagement politique, en opposant à ses vaines chimères et ses vraies violences un retrait qu'il ne faut pas comprendre comme une indifférence aux malheurs des autres, mais comme un choix raisonnable d'une vie à l'écart, et la recherche exigeante d'une conformité à la nature et à ses besoins primordiaux. Pour vivre heureux, vivons cachés : est-ce une autre forme de sagesse ?

 

William Turner - Tempête et orage en mer (détail)
1840 - Museum of Fine Arts - Boston

1. Contextualisation


2. Texte à traduire et à commenter



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3. Documents complémentaires