Dans le plaidoyer qu'il prononce en 399 av.JC au cours du procès que lui ont intenté des Athéniens, Socrate se défend d'avoir jamais participé à la vie politique et allègue les dangers mortels que l'on encourt lorsqu'on s'engage franchement : à en juger par les risques qu'il a pris en s'opposant à deux reprises à des injonctions qu'il considérait comme illégales, que se serait-il passé, à plus forte raison, s'il avait joué un rôle bien plus actif, soit dans la cité démocratique soit au cours de l'épisode de la tyrannie des Trente ? Et pourtant, s'il refuse de participer régulièrement aux procédures électives, délibératives ou judiciaires, l'accusation qui l'a conduit devant l'Héliée n'est-elle pas la preuve que Socrate s'est de toute façon mis en danger en intervenant en permanence, à l'intérieur des murs de la cité, auprès de tous ceux qui ne recherchaient ni le bien ni le vrai ni le juste ? |