
L'archipel des Baléares - Carte initialement publiée en 1635 par Willem Jansz. Blaeu
puis intégrée dans l'Atlas Maior de Joan Blaeus à partir de 1662.
Depuis les pirates qu'affrontèrent Jules César et Pompée en mer Egée, la Méditerranée a été traditionnellement une mer de corsaires (mandatés officiellement) et de pirates (hors-la-loi). Mais nous nous concentrerons ici sur ceux qui prospérèrent autour de Majorque au Moyen Âge et à l'époque moderne.

Majorque, c’est l’île que « la divine Providence fit surgir de la profondeur des eaux pour être le refuge et la sauvegarde des marins venus de toutes parts. Voilà pourquoi ils la surnomment la croisée des chemins. » (1). C’est ainsi que la situation des Baléares en Méditerranée occidentale est définie par le dominicain Pere Marsili lorsqu'en 1312 il est chargé par le roi Jaume II d’Aragon de transcrire en latin le Livre des Faits de son glorieux aïeul le roi Jaume Ier, le conquérant de Majorque. Mais cette position clé en Méditerranée, idéale pour le commerce et la navigation, en fait aussi un territoire constamment disputé depuis l’antiquité, le lieu de toutes les rencontres et de toutes les convoitises, une frontière perpétuelle. Course ou piraterie, razzias et contre-razzias sont à la fois cause, conséquence et plus souvent encore prétexte à toutes les interventions.
Dans la période que j’ai choisie, on peut distinguer deux temps :
- La domination musulmane, du Xe au XIIIe siècle. Pour la traiter, j’utiliserai les textes narratifs qui évoquent les deux conquêtes de 1115 et de 1129-1130 par les chrétiens, chroniques catalanes ou musulmanes.
- La domination chrétienne, du XIIIe au XVIIIe, pour laquelle j’utiliserai des documents d’archives.
La domination musulmane - Xe-XIIIe siècles

Géographie d'al-Idrissi - Les îles Baléares - Carte orientée ici nord vers le haut, contrairement à l'original
Copie du XIIIe s. d'un original perdu du milieu du XIIe s. - BnF, département des Manuscrits, Arabe 2221
Les Baléares, tardivement conquises par les Musulmans en l’an 902 et d’abord intégrées au califat de Cordoue, puis à partir de 1015 à la taïfa indépendante de Dénia, connaissent à partir de 1076 une sorte d’indépendance qui dure jusqu’à l’arrivée des Almoravides en 1115.
Mais quels que soient le pouvoir en place et la richesse de ces îles, abondamment célébrées par les géographes arabes, l'archipel ne prospère qu’en ajoutant au commerce la piraterie. Dès le Xe siècle, les pirates majorquins désolent les côtes de Catalogne, du Languedoc, de Provence et d’Italie. La Chronique d’al-Maqqarī décrit l’émir de Denia, Mudjāhid al-'Amirī, au début du XIe siècle, comme le plus grand pirate de son temps : « De son vivant, aucun vaisseau chrétien n’osait voguer sur les eaux de la Méditerranée. » (2)
La situation ne change guère pendant un siècle au moins, malgré les progrès des marines italiennes (de Pise et Gênes surtout). Quant aux Catalans, ils sont encore des terriens.
Ce n’est qu’au début du XIIe siècle que les choses évoluent, mais les émirs majorquins indépendants continuent leurs razzias d’où ils ramènent butin et prisonniers. Ce sont leurs méfaits qui fournissent aux Pisans et au comte de Barcelone Ramon Berenguer III le prétexte d’une expédition qui se termine par la première conquête de Majorque par les chrétiens en avril 1115. C’est celle que nous narrent deux textes pisans :
- le premier est une petite chronique de quelques pages, les Gesta triumphalia per pisanos facta, qui commence ainsi : « En l’an 1114 (style pisan), sous le pontificat de Pascal II, une ardeur divine contre Majorque enflamma l’âme des citoyens de Pise et les peuples des autres cités de Toscane. C’est que le roi de cette île, tyran assurément cruel et de la pire espèce, un eunuque nommé Nazaredeolus, tourmentait depuis longtemps d’innombrables chrétiens retenus dans les fers et dans les cachots. » (3)

Liber maiolichinus de gestis Pisani populi - Ms 723, fol.16r - Bibliothèque universitaire de Pise
- le deuxième est le Liber Maiolichinus, un long poème écrit en pentamètres dactyliques où l’auteur, un clerc de l’entourage de l’archevêque de Pise qui a très probablement participé à l’expédition, s’exprime ainsi dans une œuvre visiblement inspirée de l’Enéide : « Je chante les guerres du peuple pisan, ses durs travaux sur terre et sur mer, la destruction des Sarrasins, le sac et la soumission de leurs royaumes [...] Une rumeur s’étend de l’'Hespérie jusqu’aux cités latines, s’empare des Romains et des Siciliens et aucune plage latine n’est exempte de gémissements [...] Car Majorque, confiante dans son pouvoir naval, est partie avec ses forces contre l’Italie. Elle se déchaîne contre les serviteurs de Dieu, profane les autels et les temples divins, met à sac et incendie villes et châteaux. Et tous les prisonniers qu’elle fait, elle ne les tue pas mais les exhorte à renier le Christ et sa loi et à embrasser les vains préceptes de son Rasulla….La nouvelle de tant de malheurs émeut le peuple pisan assoiffé de combats.» (4)
C’est ainsi que le livre explique l’initiative pisane à laquelle le pape Pascal II a accordé le label de croisade. Mais ce poème épique à la gloire de Pise, si riche d’informations, qu’elles soient nautiques ou guerrières, présente aussi l’intérêt de bien montrer l’état des forces en présence en 1115.
1. La puissance dominante en Méditerranée occidentale, en ce début du XIIe, c’est bien Pise. Sans l’aide des Génois - et le texte le dit avec insistance - elle organise une expédition de grande envergure mettant en œuvre des moyens (500 navires) plus importants que ceux que pourra réunir le roi Jaume Ier en 1229 lors de la conquête définitive des îles. Les Sarrasins eux-mêmes parlent avec une admiration mêlée de crainte de l’ingéniérie militaire des Pisans et de leurs machines de siège. « Ils sont parmi les meilleurs constructeurs de mangonneaux, de tours, de chicanes de fortifications », dit le chroniqueur al-Zuhrī. (5)
2. Les Catalans ne sont encore que des supplétifs, qui se font payer et sont même accusés par les Pisans de négocier en cachette avec les Majorquins un départ anticipé. Mais leur apport militaire est indispensable. Le comte Ramon Berenguer III, depuis peu comte de Provence, a pu rallier des guerriers venus de tous les territoires désolés par les pirates majorquins, depuis Nice jusqu’à Tarragone en passant par Narbonne, Montpellier, Arles, les Baux. La composition de son armée nous montre la politique au nord des Pyrénées de la maison de Barcelone en plein essor. Dans le traité signé à Sant Feliu de Guixols par les deux alliés, le 7 septembre 1114 (style pisan), il est bien précisé que « chaque fois que les Pisans voudront porter la guerre en Hispania contre les Sarrasins, le comte de Barcelone sera leur vexillifer et leur guidator,» leur porte-drapeau et leur guide. (6)
Mais la façon dont les circonstances de la signature de ce traité sont rapportées est tout à fait romanesque : la flotte pisane, égarée par une tempête qui aurait troublé Ulysse lui-même, touche une terre qu’elle croit être celle de Majorque. Les guerriers se préparent, mais les premiers natifs qu’ils rencontrent les détrompent, ils sont chrétiens et se disent « catalans ». C’est la première fois que le mot catalan apparaît dans un texte écrit. Ils appellent leur comte et une semaine plus tard on signe le fameux traité. Pendant ce temps, les Majorquins, isolés car ils ne sont même plus sous l’autorité de l’émir de Denia à cette date, sont dans une situation de grande fragilité. Se sentant perdus, ils sont obligés de faire appel aux Almoravides à qui ils proposent alors de se soumettre. En fait cette expédition, caractérisée par un débarquement frontal devant Madīna Mayūrqa et un assaut en règle qui conduit à la prise de la ville avait un double but : | ![]() |
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1. C’est d’abord une énorme contre-razzia, totalement réussie. Les chrétiens délivrent les prisonniers, ramènent comme esclaves d’innombrables Sarrasins avec leur roi, amassent une énorme quantité de butin et récupèrent même le produit des rapines des Majorquins : « croix d’argent, livres saints et ornements d’église, que ces maudits Sarrasins avaient pillés lors de leurs incursions en Provence et dans d’autres régions », dit l’auteur des Gesta (7). Les Pisans emportent aussi les colonnes de porphyre qu’on peut encore voir aujourd’hui de part et d'autre de la porte est du baptistère de Florence : elles ont été données par Pise en remerciement de l'aide apportée par les Florentins lors de l'expédition de 1114-1115.. |
2. Mais le but est aussi de détruire le nid des pirates. Ce fut si bien fait, Ibn al-Kardabūs nous le confirme (8), que la flotte almoravide à son arrivée trouve « une cité déserte, aux maisons brûlées, noires, obscures et closes », que les Majorquins ne pourront jamais plus reconstruire à l’identique, en particulier sa triple muraille, ce qui aidera bien le roi Jaume un siècle plus tard.
Finalement, c’est le chroniqueur arabe Ibn Idhāri al-Marrākushi qui présente l’explication la plus simple et probablement la plus exacte : à l’annonce de l’arrivée à Majorque d’une flotte almoravide venue de Denia porter secours aux Majorquins, les chrétiens se sont sauvés, une fois leurs méfaits accomplis (9).
Cependant, l’issue de l’expédition marque aussi les limites de ce que les chrétiens veulent et surtout peuvent entreprendre en ce début du XIIe siècle.
D'une conquête à l'autre
En effet, quelques semaines à peine après le départ de l’expédition, les Almoravides arrivent sur l’île où ils resteront jusqu’à ce que les Almohades finissent par les chasser, en 1203. Leur installation correspond à une telle recrudescence de piraterie qu’on a même donné le nom d’ «État-corsaire» à leur domination sur les îles. Le sac de la cité épiscopale d’Elne, rapporté au cours du IVe concile de Narbonne par l’évêque Udalgar en 1134, en est la meilleure preuve.
Le pauvre évêque raconte comment les pirates sarrasins ont attaqué la cité épiscopale d’Elne et quels méfaits ils ont commis : meurtres, pillages, rapts. Pour rendre les otages, ils ont exigé qu’on leur livre cent vierges « pour les avoir à leur disposition, les déflorer et s’en délecter. » Il explique comment des chevaliers chrétiens, pour libérer les captifs et se débarrasser des pirates, courent par les fermes et les villages s’emparer des cent jeunes filles et les livrer aux pirates jusque dans leurs navires. L’archevêque, horrifié, décrète alors qu’il faut réunir de l’argent pour racheter les captifs et que ceux qui donneront se verront concéder la rémission de tous leurs péchés (10).
Les attaques des pirates majorquins se concentrent dès lors sur les terres de Catalogne, du comté d’Empúries (Ullà en 1178), du Languedoc et de Provence (Toulon en 1178).
La conquête des îles par les Almohades en 1203, même si elle n’est pas accompagnée par une recrudescence de la piraterie, ne modifie en rien leurs habitudes.
Mais à partir de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, la défaite et le retrait almohades rendent la situation des îles de plus en plus fragile. Leurs walīs ne sont plus renouvelés et en 1229 Abū Yahya, qui occupe le poste, est au pouvoir depuis 1208. Il s’y conduit comme un souverain indépendant que les chrétiens désignent même comme le « roi » de Majorque, et ne change pas les mauvaises habitudes de ses sujets, provoquant une nouvelle réaction des Catalans.
La deuxième conquête de Majorque (1229-1231)
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Une fois de plus, la piraterie majorquine fournit le prétexte à une intervention catalane, même si l’on peut penser que la décision était déjà prise. C’est en tout cas la raison que Bernat Desclot met dans la bouche du roi Jaume Ier d'Aragon, comte de Barcelone (1208-1276), quand il essaie d’entraîner avec lui les gens de Lleida, d’abord réticents : « Barons, je vous ai fait rassembler ici pour vous dire ce que j’ai à cœur de faire. Il est certain que le roi sarrasin de Majorque a causé de grands dommages à mes gens et le fait chaque jour ; aujourd’hui encore, il retient captifs mes hommes, et malgré les messagers que je lui ai envoyés, il refuse de me les rendre. C’est pourquoi je désire et je veux passer à Majorque avec toutes mes forces, pour l’honneur de Dieu et de la chrétienté. » (11). C’est aussi la raison que donne le roi Jaume lui-même dans son Livre des Faits, par l’intermédiaire de son oncle, le seigneur du Roussillon Nuno Sanç, au roi sarrasin pendant le siège de Madīna Mayūrqa : « Je ne pense pas, dit le roi sarrasin, avoir de tort envers votre roi. C’est pourquoi je m’étonne fort qu’il soit si irrité contre moi qu’il veuille me prendre le royaume que Dieu m’a donné.» A ces mots, don Nuno lui répondit : « A propos de ce que vous dites, à savoir que vous n’avez pas de grands torts envers notre roi, mais si ! Vous en avez ! Vous avez pris un navire de son royaume, avec des marchandises de grande valeur que transportaient les marchands. Il vous a envoyé un message, et il vous a prié très amicalement, par l’intermédiaire d’un homme de sa maison, Jaques. Vous avez répondu à celui-ci avec beaucoup de violence et de dureté ». (12) |
Et c’est ce que confirme de son côté al-Makhzūmī, lorsqu’il donne ainsi la raison de la perte de Majorque par les Musulmans.
« Son émir d’alors, Muhammad Ibn ʿAlī ibn Mūsá, qui avait été nommé walīen 606H [1209-1210 AD], eut besoin de bois importé de Yābisa. Il envoya une embarcation légère et un bâtiment de guerre. Le gouverneur de Tortosa, ayant appris la nouvelle, envoya une expédition pour s’emparer des vaisseaux musulmans ; le walî en fut très affecté : il décida de razzier le pays des Roums. C’était une mauvaise idée, car il y eut alors des accrochages entre lui et les Roums. A la fin du mois dhou’l-hijja 623H (décembre 1226) il apprit qu’un bateau plat de Barcelone se trouvait à Yābisa, et qu’un autre bateau de Tortosa l’avait rejoint. Il envoya son fils avec quelques vaisseaux armés, à la poursuite de l’ennemi et celui-ci pénétra dans le port de Yābisa ; il trouva là une grande embarcation génoise, dont il s’empara, puis il entreprit la poursuite du navire barcelonais : il lui livra bataille et s’en empara également. Muhammad Ibn ʿAlī ibn Mūsá se prit alors pour le vainqueur des rois. Les Roumis, quand ils apprirent la nouvelle, dirent à leur roi, qui descendait d’Alphonse : « Comment le roi accepte-t-il cela, alors que nous sommes prêts à lutter avec nos vies et nos biens ? » Le roi les prit au mot et les fit jurer de tenir cette promesse. Il mobilisa vingt mille hommes du pays et en arma seize mille qu’il chargea de prendre les armes. » (13)
Mais le chroniqueur insiste aussi sur l’irresponsabilité et le manque de sens politique du roi de Majorque, qui n’a pas bien pris conscience de sa faiblesse et de son isolement. Abū Yahya n’a pas eu la prudence du gouverneur de Minorque, Abū 'Uthmān, loué par les chroniqueurs parce qu’il su, lui, comprendre la précarité de sa situation et protéger son peuple.
Mais si la piraterie donne encore le prétexte de l’intervention et si, une fois de plus, la papauté apporte son appui, donnant le label de croisade à une entreprise destinée à accroître la chrétienté et à libérer des captifs, il y a de grandes différences avec l’expédition de 1115.
- Ce n’est plus une contre-razzia : la conquête, l’occupation et le repeuplement ont été annoncés et même contractualisés avec les nobles, l'Église et les villes aux Corts de Barcelone de décembre 1228. L’expédition est bien préparée : on est bien loin de la belle histoire de projet né fortuitement un soir au cours d’un dîner à Tarragone que nous raconte complaisamment le roi Jaume dans son Livre des Faits.

Le dîner de Tarragone - Enluminure du manuscrit du Livre des Faits dit "de Poblet"
Ms 1, fol.XXVII - 1343 - Bibliothèque de l'Université de Barcelone
- Assuré du soutien de ses nobles et de l'Église, le roi Jaume sait aussi qu’il peut compter sur le commerce barcelonais, en plein essor, et pour qui Majorque constitue une épine dont il faut absolument se débarrasser. Le dominicain Pere Marsili, qui écrit en 1313, développe bien plus que son royal modèle l’intervention du bourgeois barcelonais Pere Grony aux Corts de décembre 1228, au cours desquelles se décide l’expédition : « Aujourd’hui, ce sont des joies sans mélange qui nous apparaissent comme d’heureux présents, et une véritable allégresse inonde la ville. On n’y trouve pas le moindre recoin de tristesse, quand les cœurs et les entrailles de tous les citoyens se gonflent à l’annonce d’une telle nouvelle. Aujourd’hui la cité éprouve la valeur de son roi, la force de son seigneur, aujourd’hui le prince s’attire un nouvel amour du cœur des citoyens, quand il aspire à de telles actions, quand il donne de tels ordres qui obligeront la terre et le ciel à admirer le spectacle d’un si grand exploit. A présent la cité brûle d’amour et de foi, et la foule impétueuse des clameurs d’affection arrivera aux oreilles du Très-Haut, pour que, dans l’entreprise commencée, vous atteigniez le but que vous désirez. Quant à moi, de la part de la cité, je vous offre les bateaux, nefs et lins qu’on pourra trouver à Barcelone, pour qu’ils vous rendent un service dont vous nous saurez gré, comme le réclame la sainteté d’une telle entreprise. Et nous agirons en cela de sorte qu’à jamais vous nous en aurez une plus grande reconnaissance. » (14)
- Car pour Barcelone cette décision est une aubaine. D’ailleurs, un peu plus loin, le bon dominicain en rajoute encore sur l’enthousiasme des Barcelonais : « Le palais résonne alors d’une joie extraordinaire, la « cort » est définitivement dissoute, et chacun rentre chez soi plein de nouvelles. La cité s’emplit de la nouvelle rumeur, ceux qui n’étaient pas là demandent par les rues ce qu’a conclu la Cort. Ceux qui en viennent ne peuvent tout raconter, mais pour conclure ils soulèvent les autres en s’écriant : « A Majorque ! A Majorque ! Quel beau jour ! » Aussitôt, de toute évidence, la noble cité est favorable à l’expédition : elle emplit ses rues de tout le nécessaire ; elle offre en abondance des armes de toutes sortes pour la défense et l’attaque ; la gent féminine occupe les rues à coudre bannières, voiles et équipements divers pour tant d’hommes, tant de chevaux. La plage elle-même perd sa quiétude et c’est avec de grands cris que les marins s’occupent : ici on construit à neuf, là on restaure l’ancien ; ici on choisit les plus forts, là on les distribue, une fois choisis, selon leur office. Par ailleurs, la jeunesse n’est pas exclue de cette allégresse : les enfants se rassemblent en bandes, avec des vêtements en guise d’écus et des roseaux en guise de lances ; ils cherchent un lieu pour faire la guerre, les uns s’efforçant de défendre Majorque et les autres de l’enlever. C’est aux chrétiens qu’est donnée la victoire, et aux vaincus une défaite honteuse. Ainsi l’enfance par ses jeux annonce la réjouissance future, et pendant qu’elle agit en enfant, elle multiplie les soupirs des anciens. Car les sages, craignant les vicissitudes de la guerre et les périls imprévus, prient pour la victoire que préfigure le génie des enfants au sein de la paix. » (15)
La grande victoire pour Barcelone, c’est que pour la première fois, les navires italiens sont absents de l’expédition. Elle reste une entreprise majoritairement catalano-aragonaise, à laquelle viennent participer bon nombre d’Occitans.
Désormais, les traités que signe le roi Jaume avec les Républiques italiennes incluent la clause de lutte commune contre les pirates. Les mêmes précautions vis à vis de la piraterie sont prises par le roi Jaume lorsqu’il signe 17 juin 1231 avec les chefs musulmans de Minorque un accord de protectorat, le traité de Capdepera : « Nous n’accueillerons aucun corsaire ni aucun de vos ennemis » promettent les chefs musulmans de Minorque.
Pourtant les pirates musulmans, venus maintenant d’al-Andalus ou du Maghreb continuent à visiter l’archipel, même si le roi Jaume affirme en parlant d’Eivissa qu’« après la prise de l’île, souvent des galées de Sarrasins y vinrent, mais grâce à Dieu elles y reçurent encore plus de mal qu’elles ne purent en faire. » (16)
Majorque chrétienne devient à son tour un État pirate
Que change la prise de Majorque par les Catalans ? Elle leur donne la maîtrise de ce secteur de la Méditerranée occidentale, que la conquête de Valence en 1238 confirme bientôt, et facilite le grand développement de leur commerce.
En revanche, ils reprennent à leur compte la course, ce « mal endémique », activité à laquelle tout le monde se livre, à côté du commerce qui la conditionne. En temps de paix ou de guerre, on attaque aussi bien ses ennemis que ses amis. Les Catalans deviennent donc très vite les « dignes » successeurs des pirates sarrasins de Majorque.
Ils avaient déjà commencé, car dès la prise de Majorque, l’oncle du roi, Nuno Sanç s’y livre en personne : « Une fois Pâques [1230] passées, nous dit le roi Jaume, don Nuno arma une nef et deux galées pour aller faire la course en Barbérie » (17). C’est aussi de Collioure, son port, que partent en 1234 les mystérieux Calcurini pour conquérir Ceuta occupée par les Génois, comme vient de le démontrer Pierre-Vincent Claverie à l’aide d’un document génois peu connu (18).
Ce n’est que le début de la carrière de corsaire du seigneur du Roussillon. Elle ne se limitera pas d’ailleurs à attaquer les navires des Sarrasins. Son testament, rédigé à la fin de 1241, nous en apprend de belles sur son compte. Il y demande qu’on recherche les propriétaires de deux navires pisans capturés par les siens et qu’on les indemnise, si on peut les retrouver. Il s’agissait d’une nef, prise près de Barcelone et estimée à 6000 sous de Gênes et d’un lin pris du côté de la Corse et amené à Marseille où il fut estimé à 13000 réaux (19). Ses bases d’opération semblent bien avoir été Collioure et Majorque où la conquête lui a donné des propriétés importantes.
Ainsi, les textes narratifs, parfois écrits longtemps après les événements et même s’ils manquent souvent d’impartialité, n’en donnent pas moins une idée finalement assez juste de l’évolution des rapports de forces autour des Baléares aux XIIe et XIIIe siècles. Ils nous informent sur les passations de pouvoir en Méditerranée occidentale du XIe au XIIIe siècle, des Musulmans aux Italiens, Pisans d’abord puis Génois, et enfin aux Catalans. Ils confirment aussi que celui qui est le maître de Majorque reste le mieux placé pour contrôler cet espace et y faire régner sa loi.
C’est en poussant cette idée jusqu’à ses ultimes conséquences que Pierre IV le Cérémonieux au siècle suivant, liquidera par la force l’éphémère royaume de Majorque. Désormais, la course catalane est promise à un bel avenir en Méditerranée, comme si la possession des Baléares entraînait fatalement la poursuite de cette activité par ses possesseurs. A partir du règne du Cérémonieux, elle devient à Majorque une véritable industrie et occupe une bonne partie de l’armement maritime.
Charles-Emmanuel Dufourcq, le grand spécialiste de la Méditerranée occidentale aux XIIIe et XIVe siècles, l’évoque fort bien dans un petit livre admirable de la collection « La vie quotidienne ». La guerre sur mer est une donnée quotidienne de la vie des Méditerranéens de ce temps. Sur mer, on ne sait plus qui sont les amis et qui sont les ennemis, tant les alliances entre chrétiens fluctuent. Et même ainsi les gens du comté d’Empúries ne respectent pas les trêves et traités du roi d’Aragon. Un corsaire a tendance à se transformer en pirate s’il rencontre une proie tentante : c’est l’appât du gain qui commande. |
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Les Majorquins eux, s’en donnent à cœur joie. En 1323, un corsaire majorquin fait la course le long des côtes du Maghreb. Il ne trouve pas de bateau musulman, les hommes sont nerveux, ils risquent de rentrer bredouilles à Majorque. Alors une mutinerie se déclenche contre le capitaine trop respectueux des alliances, et le corsaire devient pirate. Le meneur de la mutinerie harangue ses compagnons : « Hé, les gars ! Voulez-vous emplir vos poches ? ». Tout le monde est d’accord. « Eh bien, puisque Dieu ne veut pas que nous rencontrions de Musulmans, emparons-nous de tout ce qui passera à notre portée ! » Tous se mettent à ses ordres, sauf deux marins castillans. Alors les autres leur donnent une sévère correction, les dépouillent de tout ce qui leur appartient puis les jettent à l’eau près d’une plage sicilienne. Et ils commencent leur vie de pirates (20).
Malgré tout, on se parle, ne serait-ce que pour racheter des captifs de part et d’autre. Car ces captifs font partie du butin. Qu’en fait-on ? Trois solutions :
- On les exécute s’ils n’ont aucune valeur marchande.
- On les asservit (travail ou esclavage sexuel).
- On fixe une rançon pour leur rachat. Les intermédiaires pour ces opérations ne manquent pas, même si ce sont des métiers à risque. D’ailleurs deux ordres religieux ont vu le jour, qui se sont spécialisés pour le rachat des captifs : l’ordre de la Trinité, fondé en Picardie par un provençal, Jean de Matha en 1198, et l’ordre de la Merci, fondé à Barcelone par le languedocien Pierre de Nolasque en 1229, juste avant la conquête de Majorque. Alors interviennent marchandages et palabres.
A cet égard je voudrais raconter en détail une affaire très révélatrice. En 1312, le sultant de Bougie envoie un ambassadeur au roi Sanç de Majorque. Le roi le fait recevoir par un marchand majorquin du nom de Gregori Salembé ; on projette une trêve, mais le roi Sanç ne veut signer que si le sultan libère des sujets à lui, esclaves à Bougie. (21)
Salembé s'y rend en janvier 1313 et est reçu par le vizir, mais la discussion achoppe, on ne s’entend pas. Toutefois Salembé ne quitte pas Bougie, il reste sur sa galère. Il y est rejoint par le capitaine chrétien de la milice du sultan, qui a trouvé douze esclaves sujets du roi de Majorque. Mais il demande que quarante bougiotes prisonniers à Majorque soient libérés en échange. On ne s’entend pas, chacun restant sur ses positions.
Est-ce une impasse ? Non, car la galère de Salembé reste toujours à Bougie. Quand le capitaine en descend, il rencontre un marchand génois et le consul des majorquins à Bougie. Ils remontent ensemble sur la galère de Salembé avec de nouvelles propositions du vizir, qui en demande trente-deux au lieu de quarante. On arrive à un accord, et le vizir désigne un Bougiote pour aller à Majorque récupérer les captifs. Mais il apprend que la liste sera établie par les autorités majorquines. Aussitôt les Bougiotes en font autant et ne veulent pas entendre parler de liste. D’ailleurs, ils ne peuvent promettre ni les uns ni les autres de retrouver les personnes de la liste, car elles sont peut-être mortes ou enfuies ou libérées autrement. En général on libère les plus vieux, les plus malades et les moins solides, ceux qui ne servent plus à rien.
Le Bougiote qui a rapporté au vizir la position de Gregori lui dit à ce moment : « Ça va, Gregori, le vizir dit que tu es un brave type et que tu t’arrangeras pour que ça se passe mieux que tu le dis ».
En attendant, le traité n’est toujours pas ratifié ; il y avait pourtant un consul en poste, un capitaine chrétien au service du sultan. Le vizir avait confiance en eux, qui défendaient le point de vue de l’infidèle. Ils devaient parler le même sabir car on n’entend jamais parler d’interprètes. Chacun feignait de rompre mais ne le désirait pas vraiment. Pourtant chrétiens et musulmans étaient légalement en guerre.
Nous connaissons cette histoire en détail car il y eu un procès après la signature du fameux traité, au cours duquel Salembé fut accusé d’avoir reçu un pot de vin du sultan, mais il s’en tira cette fois… Ce ne fut pas le cas trente ans plus tard, quand Pere IV le Cérémonieux fit la conquête de Majorque : Salembé fut exécuté en tant que partisan de Jaume III de Majorque.
L'âge d'or de la piraterie majorquine aux XVIIe et XVIIIe siècles
Si nous sautons maintenant quelques siècles, l’époque dorée du corsarisme ou de la piraterie majorquine reste la deuxième moitié du XVIIe siècle comme l’a montré dans une thèse magistrale Gonçal Lopez Nadal, professeur à l’Université des Iles Baléares (22). Il y montre en particulier que l’activité corsaire est un recours économique important. De fait, la plupart des embarcations majorquines s’adaptent, aucune n’est exclusivement marchande, presque toutes s’arment, s’équipent de pièces d’artillerie et embarquent beaucoup plus d’hommes qu’il n’en faut pour faire naviguer un vaisseau. Si, au début, c’est le blé qui est recherché, rapidement toute prise est bonne à négocier, qu’elle soit maghrébine ou européenne, française, italienne ou autre. Sans parler des esclaves qui devront se racheter ou être vendus. Les traités entre nations fluctuent, si bien que l’on ne sait plus quelquefois si le navire attaqué est ami ou ennemi. Souvent on ne s’en préoccupe guère et la frontière entre corsaire et pirate est mouvante. La meilleure définition en est donnée par le professeur Lopez Nadal : « Les corsaires c’est nous, les pirates c’est eux ». Ce qui crée de nombreux problèmes juridiques liés aux réclamations.
A Majorque, ce petit monde est particulièrement actif et organisé. A la base, les marins se recrutent parmi les classes sociales les plus défavorisées : « Il n’y a de gens de mer que les gens de mer malgré eux », de toutes les nations ; souvent, c’est la rafle qui permet de compléter les équipages. Au-dessus, il y a les capitaines, petits patrons de barques qui se sont élevés en prenant tous les risques, comme Pere Flexes ou Jaume Canals, au service de leurs armateurs nobles qui ont investi dans cette activité. Pour ces capitaines analphabètes, la course est un formidable ascenseur social. Jaume Canals sera anobli et deviendra à la fin de sa vie un grand propriétaire terrien. Car la course majorquine rapporte beaucoup, deux tiers pour l’armateur, un tiers pour l’équipage, après versement de ce que l’on doit au roi qui a délivré la lettre de course.
La période dorée correspond aux années 1673 à 1679, et les Français sont ceux qui ont eu le plus à souffrir des corsaires (ou pirates) majorquins. Ils représentent la moitié des prises. C’est donc là que le professeur Lopez Nadal a trouvé le plus d’informations, aux archives de la Chambre de commerce de Marseille. Il ne faut pas croire qu’il s’agisse d’une activité folklorique ou marginale : durant une période considérée (1689-1698), on a pu compter plus de 290 bateaux originaires des ports français de la Méditerranée (Marseille, La Seyne, Martigues, La Ciotat, Cassis, Toulon, Saint Tropez, Frontignan, Six-Fours, Agde, Arles, Port Louis) pris par des corsaires de tout poil. Trente bateaux perdus chaque année en moyenne.
Tous les ans, l’escadre de Majorque prend la mer au service de Sa Majesté le roi d’Espagne ; en 1678 elle comprend, sous les ordres de Pere Flexes, trois vaisseaux et deux pataches. Ils font une très grosse prise, la Nouvelle Jérusalem, commandée par Pierre Audibert, qui venait de Smyrne, plein jusqu’à ras-bord de ballots de soie, de laine, de coton, de tapis, d’indiennes, de bas de soie, de cuirs…Puis au cours de leur expédition, ils s’emparent de dix autres navires plus petits, venus de Messine, de Berbérie, de Pantelleria, de France… Le total des prises est évalué à 170.000 livres, et le bénéfice net à 57905 livres. On ne parle pas cette fois des Maures, qui ont certainement été réduits en esclavage et vendus on ne sait où, surtout si ce sont des renégats. Seule la peste les arrête…
En conclusion, on peut même dire que la piraterie ne s’arrête pas complètement avant le début du XIXe siècle. Après tout, le corsaire qui s’empare du bateau sur lequel s’est embarqué François Arago lors de son expédition géodésique aux Baléares en 1808 n’était pas un barbaresque, mais bien un Catalan sorti de Palma ou de Palamos. Seule la prise d’Alger en 1830 mettra fin à ce phénomène.
Notes
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↑ Pere Marsili, Chronique latine (Chronica illustrissimi Regis Aragonum Domini Jacobi Victoriosissimi Principis), 1314. Texte traduit par nous du latin et édité dans l'ouvrage d'Agnès et Robert Vinas, La Conquête de Majorque, SASL, Perpignan, 2004, p.215.
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↑ Voir à ce propos l'article de Damien Carraz, « Une réalité ponctuelle et marginale » ? La piraterie sarrasine sur les côtes du golfe du Lion du XIe au XIIIe siècle », in Le Moyen Âge, Revue d'Histoire et de Philologie, tome CXXI, 3/4, 2015, pp.645-661.
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↑ Traduction des premiers vers des Gesta triumphalia per Pisanos facta, 1114, disponibles en version latine intégrale sur le site de la Biblioteca italiana. NB : Nazaredeolus est la forme latinisée de Sulaymān Nāṣir al-Dawla (règne de 1094 à 1115 AD).
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↑ Traduction libre (passim) du Prologue du Liber Maiolichinus, disponible en version latine intégrale sur le site de la Biblioteca italiana, et en traduction catalane dans l'édition de Mireia Mulet Más, Societat archeològica lul.liana, Palma de Mallorca, 1991.
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↑ Al-Zuhrī - Livre de Géographie (Kitāb al-Djughrāfiya). On trouvera la traduction en français du paragraphe qu'il consacre à Pise dans l'article de Pierre Guichard : « [11]. Les Andalous face à la puissance militaire chrétienne : image et réalité de l’impérialisme pisano-génois au xiie siècle », in L’Espagne et la Sicile musulmanes, Presses universitaires de Lyon, 2000.
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↑ On trouve le texte de ce traité de Sant Feliu de 1113, ratifié par Jaume Ier le Conquérant en 1233, en particulier dans l'ouvrage ancien de P. Piferrer, Recuerdos y Bellezas de España, Barcelona, 1842, p.110.
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↑ «Inventis ibi super hec argenteis crucibus atque divinis libris aliisque Ecclesiasticis ornamentis, que ipsi pessimi Saraceni depredati fuerant per Provinciam et alias Christianorum regiones.» (Biblioteca italiana).
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↑ Ibn al-Kardabūs - Histoire de l'Andalousie (Kitāb al-iktifāʾ). Cité par Guillem Rosselló Bordoy dans Els Oblidats, Biografies de Mallorquins, Ajuntament de Palma, 17, 1990, pp.48-49.
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↑ Ibn Idhāri al-Marrākushi - Histoire du Maghreb et de l'Espagne maure (Kitāb al-bayān al-mughrib). Traduit en espagnol par Ambrosio Huici Miranda, Valencia, Anubar Ediciones, 1963, t.1, p.223.
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↑ Texte traduit du latin et édité dans Pierre de Marca - Marca Hispanica, 1688, col.494-495
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↑ Bernat Desclot - Chronique, XIV. Texte traduit par nous du catalan et édité dans l'ouvrage La Conquête..., p.140. Cf aussi notre traduction intégrale en français dans l'ouvrage d'Agnès et Robert Vinas - Bernat Desclot : la Chronique du roi Pere d’Aragon et de ses prédécesseurs, éditions TDO, 2024, p.61.
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↑ Jaume le Conquérant - Le Livre des Faits, 76-77. Texte traduit par nous du catalan et édité dans l'ouvrage La Conquête..., pp.72-73. Cf aussi dans l'édition d'Agnès et Robert Vinas, Le Livre des Faits de Jaume le Conquérant, SASL des Pyrénées-Orientales, Perpignan, 2007, pp.88-89. Et dans celle du Livre de Poche, collection Lettres gothiques, 2019, pp.139-141.
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↑ Al-Makhzūmī - Histoire de Majorque (Kitāb tā’rīẖ Mayūrqa), cité par al-Maqqarī dans L'Arôme délicieux de la branche fraîche d'Andalousie (Nafḥ aṭ-ṭīb min Ghusni il-Andalus ar-Raṭīb). Texte traduit de l'arabe par Abdelhouahab Benacene et édité dans l'ouvrage La Conquête..., pp.194-195. Un manuscrit du texte original a par ailleurs été trouvé à Tinduf en 2001 par le professeur Muhammad Ben Ma‘mar, qui l'a édité à Palma en arabe en 2007 puis Guillem Rosselló Bordoy l'a traduit en catalan et édité en 2008.
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↑ Pere Marsili, Chronique latine. Texte traduit par nous du latin et édité dans l'ouvrage La Conquête... , p.218.
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↑ Pere Marsili, Op. cit., p.219.
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↑ Jaume le Conquérant - Le Livre des Faits, 126. Texte traduit par nous du catalan et édité dans l'édition de la SASL, op. cit., 2007, p.124. Voir aussi dans l'édition du Livre de Poche, collection Lettres gothiques, 2019, pp.185-186.
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↑ Jaume le Conquérant - Le Livre des Faits,
92. Texte traduit par nous du catalan et édité dans l'ouvrage La Conquête..., p.92. Voir aussi dans l'édition de la SASL, 2007, p.106, et dans celle du Livre de Poche, 2019, p.157.
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↑ Pierre-Vincent Claverie - Pour en finir avec les Calcurini, in Anuario de Estudios Medievales, 48, 2018.
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↑ Rodrigue Treton et Robert Vinas, « Le testament de Nunó Sanç, seigneur de Roussillon et de Cerdagne (17 décembre 1241) », in e-Spania, 28 - octobre 2017
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↑ Charles-Emmanuel Dufourcq - La vie quotidienne dans les ports méditerranéens, Hachette, 1975, p.128.
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↑ C.-E. Dufourcq, Op. cit. pp.149-153. Sa source est le procès édité par l’historien majorquin E.K. Aguiló dans le Bulletin de la Société Archéologique Lullienne, vol.15, février 1915 pp.217-224.
- ↑ Gonçal Artur Lopez Nadal - El corsarisme mallorquí a la Mediterrània occidentaL 1652-1698 : un cormerç forçat, Palma de Mallorca, Direcció General de Cultura, D.L. 1986.
© Robert Vinas