Une première conquête des îles Baléares, occupées par les musulmans depuis le début du X° siècle, avait déjà été effectuée en 1114-115 par une expédition catalano-pisane ; mais après avoir pillé Eivissa puis la cité de Majorque, les chrétiens s'en étaient retournés chez eux, et la flotte almoravide avait pris possession des îles. Cependant une guerre de course incessante avait progressivement convaincu les princes de la maison de Barcelone de mettre un terme à ce climat d'insécurité en Méditerranée occidentale.

Un incident de plus met un jour le feu aux poudres, lorsque le walî de Majorque s'empare d'une nef de Barcelone, et répond insolemment aux envoyés du jeune roi Jaume Ier. Cette fois c'en est trop : les Catalans décident de monter une expédition, malgré les réticences des Aragonais, qui préfèreraient qu'on s'occupe d'abord de Valence. Jaume Ier tranche : ce sera d'abord Majorque.

Une tempête ayant malmené les vaisseaux, la flotte modifie sa route et cherche un point de débarquement proche de la cité de Majorque : ce sera Santa Ponça. Deux batailles donnent l'avantage aux chrétiens, mais au prix de la perte de deux des barons les plus importants de Catalogne : Guillem et Ramon de Montcada. Puis le siège s'organise, long, pénible, boueux. La cité de Majorque est prise d'assaut le 31 décembre 1229. L'île se soumet à peu près totalement, à l'exception de quelques poches de résistance dans les montagnes, qu'il faudra deux ans pour réduire.

Le 17 juin 1231, Jaume Ier signe avec les représentants de la population de Minorque le traité de Capdepera, assurant aux musulmans une indépendance sous protectorat, qui durera jusqu'en 1285.

L'année suivante, c'est Eivissa qui tombe aux mains des chrétiens : la Méditerranée occidentale commence à devenir un espace catalan.

Musée Sant Carles, Palma

© Agnès Vinas


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