© Agnès Vinas

Joan Roig (ca 1629-ca 1697) - Retable de sant Pere Nolasc (1688)
Cathédrale de Barcelone, chapelle de la Mercè

La légende raconte que le marchand Pere Nolasc (v.1180-1249) était très affecté par le sort des esclaves chrétiens aux mains des Sarrasins en Méditerranée. Une nuit, la Vierge apparut en même temps à Pere, à Ramon de Penyafort et au roi Jaume pour leur demander de fonder un ordre religieux dédié au rachat des malheureux captifs. Aussi, le 10 août 1218, une cérémonie eut lieu dans la cathédrale de Barcelone, au cours de laquelle l'évêque Berenguer de Palou fit prononcer à Pere Nolasc les trois voeux traditionnels de pauvreté, chasteté et obéissance, plus le quatrième voeu caractéristique du futur ordre de Sainte Marie de la Mercè de la rédemption des captifs : le sacrifice éventuel de sa liberté ou même de sa vie pour le rachat d'autrui. Pere Nolasc fut placé à la tête de ce nouvel ordre, sous le patronage du roi d'Aragon.

© Agnès Vinas

C'est cette cérémonie qu'a choisi de représenter le sculpteur barcelonais Joan Roig dans un retable baroque spectaculaire (1688), qui se trouve dans la cathédrale de Barcelone, dans la chapelle dédiée à saint Pere Nolasc. Comme bien d'autres oeuvres religieuses de cette époque de Contre-Réforme, le retable met en scène la proximité du petit roi Jaume avec la Vierge, et la protection qu'il a accordée à ses saints.

Cette histoire édifiante souffre malheureusement d'un certain nombre d'invraisemblances et d'anachronismes. En 1218, le petit roi Jaume n'avait que dix ans, et Ramon de Penyafort n'était pas encore dominicain. Par ailleurs, l'activité de Pere Nolasc n'est documentée qu'à partir de 1230. Il semble aujourd'hui que cette activité dans le rachat des captifs ait d'abord relevé d'une initiative individuelle, et que ce soit le succès de son organisation qui ait conduit à une reconnaissance officielle et à la création de l'ordre par le pape Grégoire IX dans la bulle du 17 janvier 1235, avec la règle de saint Augustin.

Spécialisé dans un premier temps, comme les Hospitaliers, dans le secours aux prisonniers et aux galériens, l'ordre des Mercédaires a par la suite compté aussi dans ses rangs des théologiens et des missionnaires, en particulier en Amérique du Sud. Pere Nolasc a été canonisé en 1628.


© Agnès Vinas pour le texte et les images.

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