Aussitôt on fit publier par toute la Sicile que tout homme âgé de quinze à soixante ans se rendît à Palerme sous quinze jours, avec ses armes, et son pain pour un mois : tel fut l'ordre du roi d'Aragon. En attendant il envoya deux mille almogavares à Messine ; ils y entrèrent la nuit, et marchèrent chacun leur besace sur le dos ; ne croyez pas qu'ils amenassent avec eux aucun train d'équipages : chacun portait son pain dans sa besace, ainsi qu'est la coutume des almogavares. Quand ils vont en chevauchée ils portent un pain pour chaque jour de chevauchée, mais rien de plus ; et avec leur pain, de l'eau et des herbes, ils ont tout ce qu'il faut pour leurs besoins. Ils eurent des guides du pays qui connaissaient les montagnes et les sentiers. Que vous dirai-je ? Il y a six journées de Palerme à Messine, et dans trois jours ils y furent rendus ; ils y entrèrent pendant la nuit par un côté nommé la Caperna, où les femmes de Messine avaient fait un mur qui existe encore, et ils s'introduisirent si secrètement dans la ville que l'armée ne s'en aperçut pas. Laissons-les à Messine et retournons au roi d'Aragon.