Adolphe Bouguereau - Oreste et les Erinyes (détail) - 1862 - Chrysler Museum of Art

 

Déesses funestes de la vengeance ou de la justice ?


Oreste et Athéna à Delphes surmontés
d'une Erinye - Cratère à figures rouges
v.360 av.JC - British Museum

 

Alecto, Tisiphone et Mégère, les Erinyes grecques (les Furies latines) sont trois créatures chthoniennes appartenant à la première génération des divinités primordiales, vivant dans les profondeurs de la terre et n'en sortant à l'origine que pour pourchasser les coupables de crimes familiaux. Il s'agit donc de divinités infernales de la vengeance du sang versé : c'est ainsi qu'elles persécutent Oreste, le matricide. Par la suite, à Rome, on exploitera leur apparence épouvantable pour élargir leur champ de compétence et leur faire semer discorde et fureur.

Il faudra exploiter ces textes pour faire le point sur les formes de violence qu'elles peuvent exercer, puis visionner la vidéo des Euménides pour prendre la mesure du progrès qui se produit à la fin de l'Orestie et que résume symboliquement le changement de leur nom d'Erinyes en Euménides.



1. Contextualisation



2. Textes à lire et exploiter

  • Extraits d'Hésiode et d'Euripide

  • Eschyle - Les Euménides (texte intégral)


  • Hygin, Fables, Préface, 3
    Ex Aethere et Terra Dolor Dolus Ira Luctus Mendacium Jusjurandum Vltio Intemperantia Altercatio Oblivio Socordia Timor Superbia Incestum Pugna Oceanus Themis Tartarus Pontus ; et Titanes, Briareus Gyges Steropes Atlas Hyperion et Polus, Saturnus Ops Moneta Dione ; Furiae tres, id est Alecto Megaera Tisiphone. 

  • Apollodore, Bibliothèque, I, 1, 4
    La Terre, irritée de la perte de ceux de ses enfants qu'Ouranos avait précipités dans le Tartare, engagea les Titans à se révolter contre lui, et elle arma à cet effet Cronos d'une faux de diamant. Les Titans, à l'exception de l'Océan, s'étant donc soulevés contre leur père, Cronos lui coupa les parties génitales et les jeta dans la mer. Des gouttes de sang qui en tombèrent, naquirent les trois furies, Alecto, Tisiphone et Mégère.

  • Cicéron, La Nature des dieux, III, 18, 46
    Mais si Hécate est une déesse, pourquoi les Euménides ne sont-elles pas des déesses ? Et si elles sont des déesses — elles possèdent un temple à Athènes et chez nous (pour autant que je me souvienne) le bois de Furina — les Furies sont des déesses, ces enquêteuses qui vengent les crimes et les forfaitures.

  • Virgile, Enéide, VII, 324-329
    Du séjour des déesses sauvages, des ténèbres infernales, [Junon] tire Allecto, la semeuse de deuils, cet être au coeur nourri de guerres lamentables, de fureurs, de ruses et de nuisances criminelles. Le vénérable Pluton lui-même le hait, ses soeurs du Tartare le haïssent, ce monstre qui prend tant de visages, des aspects si redoutables, avec sa tête sinistre où pullulent les serpents.

  • Lucain, La Guerre civile, III, 10-19
    La pâle Julie sort du sein béant de la terre, et telle qu'une furie, lui apparaît debout sur son bûcher : « Chassée de l'Élysée dans le Tartare, la guerre civile m'a bannie de l'asile des âmes justes au noir séjour des mânes criminels. J'ai vu les Euménides s'armer de torches pour les secouer sur vos armes. Le nocher du brûlant Achéron prépare des barques sans nombre. On agrandit les cachots des enfers. Les Furies suffisent à peine à châtier tant de criminels : les mains des Parques se lassent à trancher les jours de tant de victimes. »

  • Sénèque - Thyeste - Tantale et la Furie


3. Et pour compléter sur la toile




Eschyle - Les Euménides (458 av.JC) - Adaptation TV de Bernard Sobel - Théâtre de Gennevilliers (1989)