NB : Cette contribution étant liée à la Télégonie, l'auteur conseille de les lire ensemble.
Les aventures d'Ulysse étaient racontées dans l'Odyssée d'Homère, et ce poème est si beau et si moderne qu'il semble impossible d'y rien ajouter. Aux yeux des philologues, c'est un Νόστος, un Retour ; mais les quelques fragments des Nostoi et la Chrestomathie de Proclus ne disent rien du retour du héros. Au contraire, on l'a vu avec la Télégonie, les auteurs tardo-latins, byzantins et médiévaux racontent en particulier sa mort en se référant au Cycle. Mais ce qui avait fourni matière aux Récits d'Alkinoos était si connu, partout, qu'il aurait été presque impossible de les modifier. On reconnaît donc dans les récits plus tardifs les traces de l'Odyssée, mais avec des variations significatives : la plus intéressante est le fait qu'Ulysse raconte ses aventures au roi de Crète, Idoménée, et non plus au roi des Phéaciens : sans doute, cette modification remonte-t-elle au « Crétois » Dictys.
Les personnages monstrueux et divins de l'Odyssée ont maintenant une nature tout à fait humaine ; ils sont liés l'un à l'autre par des liens de parenté, selon une conception évhémériste, et ils sont en proie à des passions, amour et haine. Il faut penser à la comédie moyenne et à son rapport avec la mythologie : ainsi Polyphème est-il un roi moins mauvais que chez Homère, et Circé et Calypse deviennent deux soeurs terriblement jalouses. Au delà d'une grande confusion, ou plutôt contamination de noms et de lieux, on comprend bien pourquoi et comment Ulysse est depuis toujours le personnage le plus fascinant de la littérature universelle.
Mais avant les extraits de « nos » auteurs, je voudrais proposer, comme un préambule, les amusantes histoires de Lucien : Ulysse, Pénélope et Calypso y sont des hommes et des femmes comme nous, et pourtant éternels.
Lucien, Véritable histoire, II, passim[2, 29] μείνας δὲ κἀκείνην τὴν ἡμέραν, τῇ ἐπιούσῃ ἀνηγόμην τῶν ἡρώων παραπεμπόντων. ἔνθα μοι καὶ Ὀδυσσεὺς προσελθὼν λάθρᾳ τῆς Πηνελόπης δίδωσιν ἐπιστολὴν εἰς Ὠγυγίαν τὴν νῆσον Καλυψοῖ κομίζειν. συνέπεμψε δέ μοι ὁ Ῥαδάμανθυς τὸν πορθμέα Ναύπλιον, ἵν΄ ἐὰν καταχθείημεν ἐς τὰς νήσους, μηδεὶς ἡμᾶς συλλάβῃ ἅτε κατ΄ ἄλλην ἐμπορίαν καταπλέοντας. Ἐπεὶ δὲ τὸν εὐώδη ἀέρα προϊόντες παρεληλύθειμεν, αὐτίκα ἡμᾶς ὀσμή τε δεινὴ διεδέχετο οἷον ἀσφάλτου καὶ θείου καὶ πίττης ἅμα καιομένων, καὶ κνῖσα δὲ πονηρὰ καὶ ἀφόρητος ὥσπερ ἀνθρώπων ὀπτωμένων, καὶ ὁ ἀὴρ ζοφερὸς καὶ ὁμιχλώδης, καὶ κατέσταζεν ἐξ αὐτοῦ δρόσος πιττίνη? ἠκούομεν δὲ καὶ μαστίγων ψόφον καὶ οἰμωγὴν ἀνθρώπων πολλῶν. [2,29] Ce fut notre dernière journée : le lendemain nous mettons à la voile ; les héros nous font la conduite ; et Ulysse, s'approchant de moi, me remet, à l'insu de Pénélope, une lettre adressée à Calypso, dans l'île d'Ogygie. Rhadamanthe nous donne pour nous conduire le pilote Nauplius, afin que, si nous étions portés sur les îles voisines, personne ne nous arrête sous prétexte de navigation suspecte. A peine sortions-nous de l'atmosphère embaumée, que nous sommes saisis d'une odeur insupportable d'asphalte, de soufre et de poix brûlés ensemble : en même temps, il nous arrive comme un fumet atroce, dégoûtant, d'hommes que l'on fait rôtir : une vapeur obscure, ténébreuse, fond sur nous sous forma d'une rosée de goudron ; puis nous entendons un grand bruit de fouets et un immense concert de voix gémissantes. [2,35] ἡμέρας μὲν οὖν τριάκοντα καὶ ἴσας νύκτας παρ΄ αὐτοῖς ἐμείναμεν καθεύδοντες εὐωχούμενοι. ἔπειτα δὲ ἄφνω βροντῆς μεγάλης καταρραγείσης ἀνεγρόμενοι καὶ ἀναθορόντες ἀνήχθημεν ἐπισιτισάμενοι. Τριταῖοι δ΄ ἐκεῖθεν τῇ Ὠγυγίᾳ νήσῳ προσσχόντες ἀπεβαίνομεν. πρότερον δ΄ ἐγὼ λύσας τὴν ἐπιστολὴν ἀνεγίνωσκον τὰ γεγραμμένα. ἦν δὲ τοιάδε? Ὀδυσσεὺς Καλυψοῖ χαίρειν. Ἴσθι με, ὡς τὰ πρῶτα ἐξέπλευσα παρὰ σοῦ τὴν σχεδίαν κατασκευασάμενος, ναυαγίᾳ χρησάμενον μόλις ὑπὸ Λευκοθέας διασωθῆναι εἰς τὴν τῶν Φαιάκων χώραν, ὑφ΄ ὧν ἐς τὴν οἰκείαν ἀποπεμφθεὶς κατέλαβον πολλοὺς τῆς γυναικὸς μνηστῆρας ἐν τοῖς ἡμετέροις τρυφῶντας? ἀποκτείνας δὲ ἅπαντας ὑπὸ Τηλεγόνου ὕστερον τοῦ ἐκ Κίρκης μοι γενομένου ἀνῃρέθην, καὶ νῦν εἰμι ἐν τῇ Μακάρων νήσῳ πάνυ μετανοῶν ἐπὶ τῷ καταλιπεῖν τὴν παρὰ σοὶ δίαιταν καὶ τὴν ὑπὸ σοῦ προτεινομένην ἀθανασίαν. ἢν οὖν καιροῦ λάβωμαι, ἀποδρὰς ἀφίξομαι πρὸς σέ. ταῦτα μὲν ἐδήλου ἡ ἐπιστολή, καὶ περὶ ἡμῶν, ὅπως ξενισθῶμεν. [2,35] Il y avait trente jours et autant de nuits que nous demeurions dans cette île, nous livrant aux douceurs du sommeil et des festins, lorsque soudain un violent coup de tonnerre nous réveille : nous nous levons avec précipitation, nous prenons des vivres et nous voilà partis. En moins de trois jours nous arrivons à l'île d'Ogygie, et nous débarquons. La première chose que je fis fut d'ouvrir la lettre d'Ulysse, et j'y lus ces mots : « Ulysse à Calypso, salut ! « Sachez qu'aussitôt après vous avoir quittée, sur le radeau que je m'étais construit, j'ai fait naufrage, et que, sauvé à grand'peine par Leucothée, je suis arrivé chez les Phéaciens qui m'ont reconduit dans ma patrie, où j'ai trouvé ma femme entourée d'une foule de prétendants qui mangeaient mon bien. Je les ai tués tous, et j'ai fini par périr moi-même de la main de Télégone, ce fils que j'ai eu de Circé. Je suis à présent dans l'île des Bienheureux, me repentant fort d'avoir quitté la vie que je menais près de vous ; et l'immortalité que vous m'aviez offerte. A la première occasion, je m'échapperai et j'irai vous retrouver ». Tel était le contenu de cette lettre, avec quelques recommandations pour nous. [2,36] ἐγὼ δὲ προελθὼν ὀλίγον ἀπὸ τῆς θαλάττης εὗρον τὸ σπήλαιον τοιοῦτον οἷον Ὅμηρος εἶπεν, καὶ αὐτὴν ταλασιουργοῦσαν. ὡς δὲ τὴν ἐπιστολὴν ἔλαβεν καὶ ἐπελέξατο, πρῶτα μὲν ἐπὶ πολὺ ἐδάκρυεν, ἔπειτα δὲ παρεκάλει ἡμᾶς ἐπὶ ξένια καὶ εἱστία λαμπρῶς καὶ περὶ τοῦ Ὀδυσσέως ἐπυνθάνετο καὶ περὶ τῆς Πηνελόπης, ὁποία τε εἴη τὴν ὄψιν καὶ εἰ σωφρονοίη, καθάπερ Ὀδυσσεὺς πάλαι περὶ αὐτῆς ἐκόμπαζεν? καὶ ἡμεῖς τοιαῦτα ἀπεκρινάμεθα, ἐξ ὧν εἰκάζομεν εὐφρανεῖσθαι αὐτήν. [2,36] En m'avançant à peu de distance de la mer, je trouvai cette grotte, dont parle Homère, et Calypso elle-même occupée à filer de la laine. Elle prend la lettre, se met à la lire et fond en larmes : après quoi, elle nous offre l'hospitalité et nous traite avec magnificence. En même temps elle nous accable de questions sur Ulysse et sur Pénélope, si cette femme était aussi belle et aussi sage qu'Ulysse l'avait vantée auprès d'elle. A toutes ces demandes nous répondons du mieux qu'il nous est possible pour lui être agréables ; puis, le soir venu, nous allons dormir près du rivage. |
Darès ne parle pas des retours, et sa place comme modèle littéraire est prise naturellement par Dictys.
Dictys, Ephemerides belli Troiani
[V, 15] Igitur Ulisses ueritus uim offensi exercitus, clam Ismarum aufugit : atque ita Palladium apud Diomedem manet. |
Le fidèle continuateur byzantin de Dictys, Johannes Malalas, dont nous citons ici la traduction latine, amplifie et enrichit son récit. Par exemple, Circé et Calypso deviennent deux filles d'Eole... Par lui on a en outre la confirmation que Dictys aurait appris ces événements de la bouche même d'Ulysse.
Johannes Malalas, Chronographia, V, passimAjacis itaque Pyrrhique exercitus adversus Ulissem insurgebant eum interfecturi. Verum is, diductis navibus suis fugaque sibi consulens, in mare Ponticum cursum dirigit : ubi per aliquod tempus commoratus in patriam deinde suam urbemque Ithacam cum classe et exercitu redire in animo habuit. Per Maronidem vero regionem iter facienti restiterunt incolae, quos vicissim impetens Ulisses devicit atque opum multarum dominus evasit ; spemque concipiens, quamcumque regionem appulerit, obvios quosque se debellaturum divitiasque ipsorum deportaturum, cum Lotophagis quoque in quorum regionem incidit proelia commisit. Sed ab iis devictus, cum non multum aberat quin copiae eius ad unum omnes exciderentur, fugam capessit et longa demum navigatione fractus Sicilam insulam, quae nunc Sicilia vocatur, appulit. Amplissima erat haec insula, quam inter se divisam tres fratres occuparunt, Cyclops, Antiphantes (sic, ndr) et Polyphemus, qui Sicani, insulae istius regis, filii potentes fuerunt et magni nominis viri quique res suas curarunt mutuo. Erant autem tres hi moribus efferis nec peregrinis excipiendis, quin ipsis potius occidendis deditissimi. Ulisses autem cum classe et exercitu appropinquans in eam insulae partem incidit quae Antiphanti paruit ; quocum et Lestrigonibus eius proelio commisso, cum complures ex suis excisos videret Ulisses navibus conscensis inde fugam capessit, aliam insulae partem adorturus, eam scilicet quae Cyclopi subiecta montes habet Cyclopios dictos. Hoc ubi audisset Cyclops copiis collectis in illum profectus est : (erat autem corporis mole praegrandi et vultu deformi). Ulissem vero ditionibus suis incubantem ex improviso aggressus, exercitum eius late prosternit Ulissemque ipsum et alios ex exercitu eius nonnullos manu cepit. Inter quos Miccalion erat quidam, generosi vir animi, quique strenuum sese ducem ad Trojam praestiterat. Hunc Cyclops, capillitio arreptum, Ulissis omniumque sociorum in conspectu gladio suo exenteravit, ut qui ausus est in Cyclopem arma movere. Reliquos autem custodiae mandavit quos singillatim conficere in animo habuit. Ulisses vero procidens ei ad pedes rogavit supplex uti se residuumque sibi exercitum pretio magno muneribusque interpositis missos faceret. Sed vix eo ita adductus Cyclops dimissionem promittebat ubi advesperasceret fidemque suam liberavit, animo tamen egrediendi per noctem intempestam, ut Ulisse sociisque occisis opum quodcumque attulerat cum navibus diriperet.Ulisses autem, quamprimum liberatus est a tam truculento homine, sibi misere metuens exinde solvens ab oris eius statim discessit. Cyclops vero per noctem adorturus eos, ubi evasisse naves percepisset, in furorem adactus saxa in mare praecipitari jussit ne forte interim alicubi stationem alteram occupassent. Nox autem erat intempesta terraque tenebris involuta erat, cum Ulisses sociique locorum imperiti in alteram illam insulae partem quae Polyphemi erat, Cyclopis et Antiphantis fratris, inciderunt. Polyphemus, audito ad terram suam nonnullos per noctem appulisse, collectis viribus suis Ulissem aggressus est proelioque inter eos per totam noctem commisso ex Ulisseis ceciderunt quamplurimi. Mane autem facto Ulisses etiam Polyphemo dona obtulit, procidensque ei ad pedes « Ego, inquit, Trojanis ab oris ultima maris discrimina expertus huc in partes vestras errabundus adveni », simulque enumeratis quae sustinuerat periculis, Polyphemum ita delenibat ut misertus ejus Ulissem sociosque hospitio exceperit usque dum navigandi tempestas idonea instaret. At vero Polyphemi filia, Elpe dicta, Lionem quendam ex Ulissis sociis virum formosum adamavit. Secundos itaque nacti ventos, abrepta ea, inde ex Sicilia solverunt, uti haec sapientissimus Sisyphus Cous scripta reliquit. Sapiens enim Eurypides in dramate suo de Cyclope fabulatur tres eum oculos habuisse, nempe sic innuens nobis tres fratres illos qui, sui curam invicem habentes, singuli quae omnium esset in insula prospexerint, singulorum omnes vel in suppetias vel in vindictam paratissimi. Fabulatur idem Ulissem inebriato Cyclope sic e manibus ejus evasisse : nempe inebriavit eum Ulisses ingenti pecuniarum pondere donisque, ne se sociosque abnueret. Idem autor (sic, ndr) est Ulissem stipite praeusto oculum unicum Cyclopi eruisse : nempe quod fratris Polyphemi filiam virginem quam unicam habuit Cupidineis accensam flammis, abripuerit : ob hanc causam unum Cyclopi (Polyphemo scilicet) ex oculis extinxisse dicitur, uti haec enarravit sapientissimus Phidias Corinthius, qui semper etiam addit Euripidem haec omnia poetice tradidisse, nec eadem de Ulissis erroribus ac sapientissimus Homerus perhibuisse. Ulisses vero a Sicilia solvens ad Aeolias pervenit insulas, quarum re x Aeolus hospitio eum excepit. Hic vero moriturus insulas illas duas filiabus suis distribuit, quae reginae illis imperitabant. Erat autem Circe Solis sacerdos, quam pater Aeolus a teneris annis deo sacraverat in templo ejus, ad Eeam quod erat insulam, nutriendam ; ubi adolescentior facta mysticam hierophantam profecit, egregiae formae virgo. Huic vero soror Calypso infensissima erat odioque summo eam prosecuta est : « Quare, inquiens, Atlantem patrem suum abnuens Titanis solis scilicet filiam se venditat ? ». Metuebat igitur Circe a Calypsone sorore ne quando ab ea, ad iram commota, (ingens enim ei praesto erat in insula sua virorum strenuorum multitudo), impetita, pessime haberetur. Itaque cavens sibi Circe, cum non aliter auxiliarios sibi custodesque adsciscere potuisset, extractis herbarum quarundam viribus, philtrum sibi potentissimum vi venefica paravit, cujus magisterium esset ut haustu sumentibus patriae suae oblivionem et commorandi illic desiderium una incuteret. Pharmacum istud ubi eo convenientibus, quos plurimos hospitio accepit, advenis propinandum dedisset patriae suae quisque oblitus in insula hac exinde commorati sunt. Hoc igitur usa artificio mulier quam multos ad se pellexit. Ubi vero inaudisset Ulissis naves ad insulam suam appulisse, in mandata suis dedit uti ipsum exercitumque eius honorifice tractarent. Ulissem enim sociosque, ut qui viri essent bellicosi, in societatem suam adsciscere cupiebat. Ulisses vero, ubi primum ad Circes insulam appulit, multos ibi vidit diversarum gentium homines peregrinos, quorum nonnullos qui ex Graecorum exercitu fuerunt recognoscens sibi appropinquantes « Quid, inquit, vobis in causa est ut pedes vestros in hac insula poneretis ? » tum illi « Nos, inquiunt, ex Graecorum sumus exercitu, verum tumultuosis undarum procellis jactati hanc insulam appulimus, ubi ex haustu quodam magico quem regina Circe nobis propinandum dedit, incredibili ejus amore correpti insulam hanc nunc habemus patriam ». |
Chez Benoît de Sainte-Maure, on a parfois du mal à reconnaître les noms, mais enfin on y parvient : ce sont les noms de la tradition d'Homère, mais modifiés par la tradition manuscrite.
Benoît de Sainte-Maure - Roman de Troie en prose, 64
En ce tans meismes arriva Ulixés en Crete a tout .II. nés qu'il ot loees .II. besanz et si n'estoient mie de grant bonté; car il fu a ce mené que il avoit toutes ses nés et son avoir perdu, et tout li tollirent li parent Thelamon Ajaux, et encore l'eussent il pendu et ses genz qui li estoient remés avec, se il ne se feussent eschapez. Aprés ce, quant li peres Palamidés l'ot pris, il li refu encor aussi mal ou plus avenu, car si autre fill, li frere Palamidés, l'eussent tout decoppé, se il ne se feust bien guestiez, dont il eschapa, mes trop i avroit a dire comment ce fu. Si parut bien a lui et a son bernois qu'il avoit eu assez a faire et n'avoit mie toz jorz eu ses aaeses. Et quant li roys Ydominius le vit si povre, si en ot grant merveille et li demanda comment ce li pooit estre avenu que il estoit si povres des granz richeces que il avoit eues. Et Ulixés li commença a conter tout de chief en chief comment il li estoit ainsi mescheoit, et dist : |
Le récit de Guido delle Colonne est calqué sur celui de Benoît, mais la contamination avec Dictys, que quelques philologues s'obstinent à nier, me paraît pourtant tout à fait évidente.
Guido delle Colonne, Historia destructionis Troiae, L. XXXIII, passim
Non post multos uero dies Vlixes cum duabus nauibus negociatorum quas precio conduxerat Cretam uenit. Suas enim naues amiserat, et quicquid habuerat ablatum sibi extitit ab incursibus piratorum, et eo pocius quod in manus gentis Thelamonii Aiacis incidit, que ipsum cepit et quecunque penes ipsum inuenit abstulit et ipsum furca suspendere intendebat. Sed Vlixes industria sensus sui euasit a laqueo gentis ipsius, pauper tamen et egenus et penes se nichil habens. Licet enim sic euasisset a manibus gentis Aiacis et dum securus eripi ab infortuniis credidisset, incidit subsequenter in manibus regis Nauli, qui propter Palamidis filii sui mortem capitali odio persequebatur Ulixem. Vlixis igitur sagacitas magna fuit, per quam a manibus regis Nauli de persona saluus euasit. Quo uero ingenio uel quo sagacitatis tenui argumento a captura gentis Aiacis et manibus regis Nauli Vlixes euaserit presens hystoria non declarat, nisi quod Ulixes ex predictis causis ad Ydumeneum regem pauper et inops accessit. Rex autem Ydumeneus de tanta Vlixis paupertate miratus nichilominus hylariter eum suscepit et casus suos et sue infelicitatis accidencia explorat ab ipso et petit ea sibi seriatim et particulariter enarrari. Quod Ulixes gratanter admittens, ut regis peticionem impleret, suorum casuum fata reuoluens in sui narracione sermonis ea per ordinem explicavit. De quibus sic dixit : |
Merci au professeur Francesco Chiappinelli, auteur de l'Impius Aeneas, de nous avoir fourni ces textes.