Livre IV, chapitre 15 |
Arbacès et Ione. - Nydia dans le jardin. - Echappera-t-elle et sauvera-t-elle l'Athénien ?
Lorsque Arbacès eut réchauffé ses
veines glacées à l'aide de quelques coupes d'un
vin épicé et parfumé, cher aux
voluptueux, il se sentit le cœur triomphant et plein de
joie. Il y a, pour tout succès ingénieusement
obtenu, une satisfaction orgueilleuse, même lorsque le
but est criminel. Notre nature vaniteuse s'enorgueillit
d'abord de sa supériorité et de son adresse.
Plus tard seulement arrive la terrible réaction du
remords.
Mais le remords n'était pas un sentiment que le destin
du misérable Calénus fût capable
d'inspirer à Arbacès. Il bannit de son souvenir
la pensée de l'agonie du prêtre et de sa mort
cruelle. Il sentit qu'un affreux danger était
passé pour lui, qu'un ennemi possible se trouvait
réduit au silence ; il ne lui restait plus qu'à
expliquer la disparition de Calénus au corps des
prêtres, et cela ne lui semblait pas bien difficile.
Calénus avait été employé par lui
à diverses missions dans les villes voisines. Il
affirmerait encore qu'il l'avait envoyé porter aux
autels d'Isis, à Herculanum et à
Néapolis, des offrandes pour apaiser la déesse
irritée du meurtre récent d'Apaecidès.
Calénus une fois mort, son corps pourrait être
jeté, avant le départ de l'Egyptien, dans le
courant profond du Sarnus ; et, s'il venait à
être découvert, le soupçon tomberait sans
doute sur les Nazaréens athées, qui seraient
censés avoir vengé sur lui la mort d'Olynthus
aux arènes. Ces divers plans combinés pour sa
sûreté personnelle, Arbacès
éloigna de sa pensée tout souvenir de
l'infortuné prêtre, et, excité par le
succès qui avait jusque alors couronné ses
projets, il tourna ses pensées du côté
d'Ione. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle
l'avait chassé de sa présence par des reproches
et un amer mépris qu'il lui était impossible de
supporter. Il se trouva assez sûr de lui-même
pour tenter une nouvelle entrevue, car sa passion pour elle
ressemblait à celle qu'éprouvent les autres
hommes : elle lui faisait désirer sa présence,
quoique devant elle il fût exaspéré et
humilié. Par égard pour sa douleur, il ne
quitta point ses sombres vêtements ; mais, parfumant
ses noirs cheveux et arrangeant gracieusement les plis de sa
tunique, il se dirigea vers la chambre de la Napolitaine. Il
demanda à l'esclave qui veillait à sa porte si
Ione s'était couchée, et, apprenant qu'elle
était encore levée et plus tranquille qu'elle
n'avait encore été jusqu'alors, il se hasarda
à paraître devant elle. Il trouva sa belle
pupille assis auprès d'une petite table et la figure
appuyée sur ses deux mains, dans l'attitude de la
méditation. Cependant sa physiono-mie n'était
pas animée comme à l'ordinaire par cette
brillante expression de douce intelligence qui la faisait
ressembler à Psyché ; ses lèvres
étaient entrouvertes, ses regards vagues et
incertains, et ses longs cheveux noirs, tombant
négligemment sur son cou, ajoutaient à la
pâleur de ses joues, qui avaient déjà
perdu la rondeur de leurs contours.
Arbacès la contempla un moment avant de s'avancer.
Elle leva les yeux, et, lorsqu'elle reconnut son visiteur,
elle les détourna avec une expression de douleur, mais
elle ne bougea pas.
«Ah ! dit Arbacès à voix basse et d'un
air plein d'intérêt, en s'approchant et en
s'asseyant respectueusement à quelque distance de la
table ; ah ! si mon amour pouvait conjurer ta haine, je
mourrais avec joie. Tu me juges mal, Ione ; mais je
supporterai l'injure que tu me fais sans murmurer, pourvu que
tu me laisses te voir quelquefois. Fais-moi mille reproches,
accable-moi de tes mépris, si tu le veux ; je
m'efforcerai de les souffrir. Les plus amères paroles
de ta bouche me sont plus douces encore que le son du luth le
plus harmonieux. Dans ton silence, le monde semble pour moi
s'arrêter... une cruelle stagnation engourdit les
veines de la terre... il n'y a plus ni terre ni vie, sans la
lumière de ton visage et la mélodie de ta
voix.
- Rends-moi mon frère et mon fiancé ! »
dit Ione d'un ton de voix calme, mais suppliant, et quelques
larmes glissèrent le long de ses joues.
«Plût aux dieux que je pusse te rendre l'un et
sauver l'autre ! reprit Arbacès avec une apparente
émotion. Ione, pour te voir heureuse, je renoncerais
à mon amour fatal et je joindrais ta main à
celle de l'Athénien. Peut-être sortira-t-il
triomphant du procès. (Arbacès avait
empêché qu'on ne l'instruisît que le
procès était commencé). S'il en est
ainsi, tu es libre de le juger et de le condamner
toi-même, et ne pense plus, Ione, que je veuille te
prier plus longtemps de m'aimer. Je reconnais que mon espoir
est vain. Laisse-moi seulement pleurer, gémir avec
toi. Pardonne une violence dont je me repens
sincèrement et que tu n'as plus à craindre.
Laisse-moi redevenir ce que j'étais pour toi, un ami,
un père, un protecteur. Ah ! Ione, épargne-moi,
accorde-moi ton pardon !
- Je vous pardonne ; sauvez Glaucus, et je renoncerai
à lui. O grand Arbacès, vous êtes
puissant dans le bien comme dans le mal ; sauvez
l'Athénien, et la pauvre Ione ne le verra
plus.»
A ces mots, elle se leva, faible et tremblante, se soutenant
à peine, tomba à ses genoux et les
embrassa.
«Oh ! si tu m'aimes réellement, si tu es humain,
souviens-toi des cendres de mon père ; souviens-toi de
mon enfance, songe à ces heures que nous avons
passées ensemble, et sauve mon Glaucus.»
D'étranges convulsions agitèrent tout le corps
de l'Egyptien ; ses traits bouleversés
exprimèrent son trouble ; il détourna sa figure
et répondit d'une voix creuse :
«Si je pouvais le sauver encore, je le ferais ; mais
les lois romaines sont très sévères :
cependant, si je réussissais, si je le rendais
à la liberté, m'appartiendrais-tu, serais-tu
à moi ?
- A toi ! répéra Ione en se levant ; à
toi ! ton épouse ! ... Le sang de mon frère
n'est pas vengé ! Qui l'a tué ? O
Némésis, puissé-je échanger pour
le salut de Glaucus ta divine mission ? A toi jamais !
- Ione, Ione, s'écria Arbacès avec passion,
pourquoi ces mots mystérieux ? Pourquoi unis-tu mon
nom avec la pensée de la mort de ton frère ?
- Mes songes unissent ces deux choses, et les songes viennent
des dieux.
- Vaines fantaisies alors. C'est pour des songes que tu fais
tort à un innocent, et que tu hasardes de perdre la
seule chance que tu aies de sauver ton amant.
- Ecoute-moi, dit Ione en parlant avec fermeté et
d'une voix solennelle autant que résolue ; si Glaucus
est sauvé par toi, je jure de n'entrer jamais dans sa
maison comme épouse. Mais je ne puis surmonter
l'horreur que m'inspireraient d'autres noces. Je ne puis
t'épouser... Ne m'interromps pas. Ecoute,
Arbacès. Si Glaucus meurt, le même jour je
défie tous tes artifices. Je ne laisse que ma
poussière à ton amour. Oui, tu peux
éloigner de moi le poignard, le poison... tu peux
m'enchaîner ; mais l'âme courageuse et
décidée à quitter la vie n'est jamais
sans moyens de le faire. Ces mains, nues et sans armes,
déchireront les liens qui m'attachent à
l'existence. Enchaîne-les, et mes lèvres se
refuseront à respirer l'air. Tu es savant... tu as vu
dans l'histoire plus d'une femme préférer la
mort au déshonneur. Si Glaucus périt, je
n'aurai pas l'indignité de lui survivre... Par tous
les dieux du ciel, de l'Océan et de la terre, je me
dévoue moi-même au trépas. J'ai
dit.»
Ione, en parlant ainsi, était noble, fière,
elle redressait sa taille, elle avait l'air d'une
inspirée ; son visage et sa voix remplirent de respect
et d'effroi celui qui l'écoutait.
«Brave cœur ! dit-il après un court silence ; tu es vraiment digne d'être à moi. Oh ! faut-il
que j'aie cherché si longtemps celle qui devait
partager mes destinées, et que je ne l'ai
trouvée qu'en toi ! Ione, continua-t-il rapidement, ne
vois-tu pas que nous étions nés l'un pour
l'autre ? Comment ne reconnais-tu pas une sainte sympathie,
avec ton énergie, avec ton courage, dans mon âme
hardie et indépendante ? Nous avons été
formés pour unir nos sentiments, formés pour
animer d'un nouvel esprit ce monde usé et grossier,
formés pour les puissantes fins que mon esprit,
s'élançant au-dessus de l'obscurité des
temps, aperçoit par une vision prophéti-que.
Plein d'une résolution égale à la tienne ; je défie toutes les menaces de suicide. Je te salue
comme mon épouse. Reine de climats que les ailes de
l'aigle n'obscurcissent pas, que son bec n'a pas
ravagés, je m'incline devant toi ; je te rends
hommage, mais je te réclame pour l'adoration et pour
l'amour. Nous traverserons l'Océan ; nous y trouverons
notre royaume, et les âges futurs les plus lointains
reconnaîtront une longue race de rois nés du
mariage d'Arbacès et d'Ione.
- Tu es dans le délire. Ces mystiques
déclamations conviendraient mieux à quelque
vieille paralytique vendant des philtres sur la place du
marché qu'au sage Arbacès. Tu as entendu ma
résolution ; elle est aussi irrévocable que les
destinées. Orcus a entendu mon voeu, et il est
écrit dans le livre de Pluton, dont la mémoire
est sûre. Répare donc, Arbacès,
répare le passé. Change la haine en respect, la
vengeance en gratitude ; épargne un homme qui ne sera
jamais ton rival. Ce sont là des actes convenables
à ta nature première, qui a montré des
étincelles de noblesse et de grandeur. Ces
actes-là pèsent dans la balance des Rois de la
mort ; ils la font pencher le jour où l'âme,
dépouillée du corps, se tient tremblante et
éperdue entre le Tartare et l'Elysée ; ils
réjouissent le cœur de la vie bien mieux et plus
longtemps que le vain prix d'une passion qui ne dure qu'un
moment. O Arbacès, écoute-moi et laisse-toi
attendrir.
- C'est assez, Ione. Tout ce que je pourrai faire pour
Glaucus, je le ferai. Mais si j'échoue, ne m'en fais
pas porter la peine. Tu demanderas à mes ennemis
eux-mêmes si je n'ai pas songé, si je n'ai pas
cherché à détourner toute condamnation
de sa tête. Juge-moi d'après ce qu'ils te
diront. Prends du repos, Ione ; la nuit va faire place au
jour, je te laisse, et puissent tes rêves être
plus favorables à quelqu'un qui ne vit que pour toi ! »
Sans attendre de réponse, Arbacès sortit
précipitamment, effrayé peut-être de
subir plus longtemps les prières passionnées
d'Ione, qui excitaient en même temps que sa compassion
toutes les rages de sa jalousie. Mais la compassion venait
trop tard. Alors même qu'Ion lui eût promis sa
main pour récompense, il ne pouvait plus maintenant,
sa déposition faite et le peuple excité, sauver
l'Athénien. Son ardeur s'augmentait encore de
l'énergie de cette lutte, il se livrait aux chances de
l'avenir ; il ne doutait plus de triompher d'une femme dont
il était si fortement épris.
Pendant que ses esclaves lui ôtaient sa robe,
l'idée de Nydia lui revint. Il comprit qu'il
était nécessaire qu'Ione ignorât
l'égarement qui s'était emparé de
Glaucus, afin qu'elle n'eût aucun motif d'excuser le
crime qui lui était imputé ; il était
possible que son esclave l'eût informée que
Nydia était sous le même toit qu'elle, et
qu'elle demandât à la voir. Aussitôt que
cette idée traversa son esprit, il dit à l'un
de ses affranchis :
«Va, Callias, va trouver Sosie, et dis-lui que sous
aucun prétexte il ne permette que l'esclave aveugle,
Nydia, quitte sa chambre. Mais attends... Va d'abord trouver
les femmes de garde auprès de ma pupille, et
recommande-leur de ne pas lui dire que l'esclave aveugle est
dans cette demeure. Va vite.»
L'affranchi se hâta d'obéir. Après avoir
rempli sa commission près des femmes qui veillaient
sur Ione, il chercha le digne Sosie. Il ne le trouva pas dans
la petite cellule qui lui servait de cubiculum ; il l'appela
à haute voix, et l'entendit répondre de la
chambre de Nydia, où il était :
«O Callias, est-ce vous que j'entends ? Que les dieux
soient bénis ! Ouvrez-moi la porte, je vous en
prie.»
Callias ôta la barre de la porte, et vit devant lui la
triste figure de Sosie.
«Quoi ! dans la chambre même de la jeune fille,
avec elle, Sosie ? Proh pudor ! Comme s'il n'y avait
pas assez de fruits mûrs, sans aller cueillir les
boutons ?
- Ne parle pas de cette petite sorcière, interrompit
Sosie avec impatience ; elle causera ma perte» ; et il
conta à Callias l'histoire du démon de l'air et
la fuite de la Thessalienne.
«Pends-toi donc, malheureux Sosie ; je viens justement
de la part d'Arbacès avec un message pour t'annoncer
que tu ne dois pas, pour un moment même, la laisser
sortir de sa chambre.
- Me miserum ! s'écria l'esclave. Que puis-je
faire ? Elle a eu le temps de visiter la moitié de
Pompéi. Mais demain j'essayerai de la rattraper dans
ses vieux gîtes. Garde-moi seulement le secret, mon
cher Callias.
- Je ferai, par amitié pour toi, tout ce qui pourra se
concilier avec ma propre sûreté. Mais es-tu
sûr qu'elle ait quitté la maison ? Elle peut y
être encore cachée.
- Cela n'est pas possible. Elle aura gagné
aisément la porte du jardin, porte ouverte, comme tu
le sais.
- Peut-être pas : car, à l'heure dont tu parles,
Arbacès était dans le jardin avec le
prêtre Calénus. Je suis allé chercher
quelques herbes pour le bain que mon maître doit
prendre demain matin. J'ai vu la table que tu avais mise,
mais la porte était fermée. J'en suis
sûr. Calénus est entré dans le jardin ; il aura fermé la porte après lui.
- Mais elle n'était pas fermée à
clef.
- Elle l'était : car moi-même, contrarié
d'une négligence qui pouvait exposer les bronzes du
péristyle à la tentative de quelque voleur,
j'ai tourné la clef et je l'ai emportée ; et,
comme je n'ai pas rencontré l'esclave chargé de
ce soin pour la lui remettre et le gronder comme il faut, je
l'ai gardée, et la voilà à ma
ceinture.
- O généreux Bacchus, je ne t'ai pas
adressé une vaine prière. Ne perdons pas un
moment. Parcourons le jardin sur-le-champ ; elle doit y
être encore.»
Callias, d'un bon naturel, consentit à suivre
l'esclave, et, après maintes recherches dans toutes
les chambres voisines et dans tous les coins du
péristyle, ils entrèrent dans le jardin.
C'était à peu près le moment où
Nydia s'était décidée à quitter
sa cachette et à chercher son chemin.
Légère et tremblante, retenant sa respiration
qui, de temps à autre, se révélait par
de petits soupirs convulsifs, tantôt se glissant
à travers les colonnes entourées de guirlandes
de fleurs qui bordaient le péristyle, tantôt
faisant ombre aux rayons de la lune qui tombaient sur le
pavé de mosaïque, tantôt montant la
terrasse du jardin, ou passant à travers les branches
des arbres, elle arriva à la fatale porte pour la
trouver fermée. Nous avons tous été
témoins de l'impression de douleur, d'incertitude et
de crainte qui se peint sur la physionomie d'un aveugle,
lorsqu'en voulant toucher quelque chose sa main
éprouve un désappointement, si je puis
m'exprimer ainsi. Mais quelles paroles pourraient donner une
idée de l'intolérable angoisse, de la douleur
d'un cœur entier qui se brise, du désespoir de la
Thessalienne ? Ses petites mains tremblantes parcouraient
dans tous les sens la porte inexorable. Elle y revenait sans
cesse. Pauvre créature ! ... en vain ton noble courage,
ton innocente ruse avaient espéré
échapper aux chiens et aux chasseurs. A peu de
distance de toi, riant de tes efforts, de ton
désespoir, sachant que tu ne peux leur
échapper, ils attendent avec une joie cruelle le
moment de saisir leur proie ; tu n'as d'autre bonheur que
celui de ne pas les voir.
«Silence, Callias ! Avançons... voyons ce
qu'elle fera lorsqu'elle sera convaincue que la porte est une
honnête porte.
- Regarde : elle lève ses yeux au ciel... elle murmure
quelques mots... elle se laisse tomber sur le sol. Non, par
Pollux ! elle forme quelque nouveau plan et elle ne veut pas
se résigner. Par Jupiter ! elle a de la
persévérance... Vois, la voilà qui se
relève ! ... Elle revient sur ses pas... elle
espère trouver quelque autre expédient... Je te
donne le conseil, Sosie, de ne pas attendre plus longtemps...
Empare-toi d'elle avant qu'elle sorte du jardin...
maintenant.
- Ah ! fugitive ! je te tiens ! » s'écria Sosie
en saisissant la malheureuse Nydia.
On pourrait comparer au dernier cri humain d'un lièvre
sous la dent du chien, ou à celui que jette le
somnambule éveillé tout à coup, le cri
de douleur que poussa la jeune aveugle lorsqu'elle sentit
l'étreinte de son géôlier. Ce cri funeste
exprimait tant de détresse et de désespoir,
que, si vous l'eussiez entendu, il aurait pour toujours
résonné à vos oreilles. Elle crut sentir
la dernière planche de salut pour Glaucus
s'échapper de sa main. Il y avait eu lutte entre la
vie et la mort, et c'est la mort qui avait gagné la
partie.
«Dieux ! elle va réveiller la maison.
Arbacès a le sommeil si léger ! Bâillonne-la, dit Callias. - Ah ! voici justement la
serviette avec laquelle cette jeune sorcière m'a
privé de la vue et de la raison. Allons, c'est juste.
La voilà à présent muette aussi bien
qu'aveugle.»
Et, saisissant ce léger fardeau dans ses bras, Sosie
regagna la maison et la chambre d'où Nydia
s'était échappée. Là,
après l'avoir délivrée de son
bâillon, il l'abandonna à une solitude si
terrible et si douloureuse, qu'en dehors des enfers on ne
peut guère imaginer pareils tourments.