La maison d'Apollon |
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Plan | Visite |
Cette maison est située au pied des murailles
à l'extrémité de la rue de Mercure ; on
commença à la découvrir en 1811 ; on
reprit les fouilles en 1835, mais elles ne furent
achevées qu'en 1840. Elle doit son nom aux nombreuses
peintures qu'on y a trouvées représentant
Apollon, et surtout à une charmante statuette de
bronze d'Apollon Hermaphrodite jouant d'une lyre qui
conserve encore quelques-unes de ses cordes d'argent.
On entre d'abord dans un atrium toscan n'ayant point
de chambres à gauche ; c'est sur la muraille de ce
côté qu'existe encore une figure d'Apollon, la
tête radiée, et tenant dans la main droite un
fouet, dans la gauche la boule du monde. Au côté
droit de l'atrium sont deux pièces
exhaussées de deux degrés, où se
trouvent quelques restes de peintures. L'entrée du
tablinum est flanquée de deux piédestaux
qui portaient la statuette d'Apollon dont nous venons de
parler, et en pendant un jeune Faune poursuivant une biche.
Cette pièce était ornée de charmantes
peintures, dont l'une représente Vénus et
l'autre Adonis. Sur les autres panneaux quatre
médaillons offrent des têtes de femme
accompagnées chacune d'un Amour.
Franchissant le tablinum, dont le fond est
entièrement ouvert, on se trouve dans une cour qui ne
paraît pas avoir eu de portiques et dans laquelle est
une singulière fontaine de marbre blanc ; c'est une
espèce de petite pyramide que surmontait une statuette
d'enfant, aujourd'hui au musée, tenant sous son bras
une oie dont le bec lançait un jet d'eau qui tombait
sur quatre petits degrés de marbre qui forment une
cascade, et de là dans plusieurs bassins contenus les
uns dans les autres, et de la forme la plus bizarre et la
plus inexplicable. La muraille à laquelle est
adossée la fontaine est entièrement peinte ; au
milieu d'un cadre de festons bachiques est une figure de
Diane debout sur un piédestal au milieu d'un bassin
où nagent des canards ; le bassin est dans un bocage
peuplé de nombreux oiseaux ; on y reconnaît des
paons, des grues, un ibis, des poules, des perdrix, des
cailles, des chouettes, etc. Dans cette cour se trouve
à droite une sorte d'ala communiquant, avec le
xyste, et sur laquelle ouvrent quatre petites chambres dont
une était pavée de beaux marbres, et une autre
conservait d'assez jolies arabesques.
Une porte que l'on rencontre ensuite dans la cour ouvre sur
un vestibule contenant un escalier, et
précédant une cuisine qui a son fourneau, son
évier, un petit laraire avec la peinture ordinaire des
serpents et du prêtre faisant la libation, et en avant
le petit autel de pierre consacré à Fornax.
Enfin, au fond de la cour est une exèdre avec un seuil
d'albâtre oriental, d'une blancheur et d'une
transparence merveilleuses, malheureusement brisé, et
un pavé formé d'un assemblage des marbres les
plus précieux. Au centre est une petite table de
marbre blanc portée par un pied cannelé ; les
peintures sont toutes détruites.
Traversant l'ala dont nous avons parlé, on trouve un xyste entouré de trois côtés d'une terrasse de 1m 20 de hauteur. Sur cette terrasse ouvre à gauche un cabinet dont le pavé est composé de superbes rosaces de porphyre et de serpentin se détachant sur un fond de jaune antique. Les murailles de la terrasse étaient couvertes de peintures peu soignées représentant, des arbustes, des oiseaux et plusieurs figures qui semblent être des esclaves apportant des plats.
Achille à Scyros
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Au fond du xyste, à l'angle droit, était un portique soutenu par deux piliers carrés ; à l'angle opposé est une belle chambre à coucher à deux alcôves, exemple presque unique à Pompéi. Sur sa muraille extérieure, une peinture grossière représente une Bacchanale, et en retour est une assez belle mosaïque, découverte devant la duchesse de Berry en avril 1839, Achille à Scyros reconnu par Ulysse. Déidamie, qui assiste à la scène, paraît effrayée ; parmi les armes offertes par Ulysse est un bouclier sur lequel est retracée l'Education d'Achille. Deux autres mosaïques trouvées en même temps, mais qui ont été portées au musée, représentent, l'une la Colère d'Achille et l'autre les Trois Grâces. L'intérieur de la chambre, très richement décoré, offre au milieu d'élégantes architectures plusieurs esclaves et de charmantes figures de divinités parmi lesquelles on reconnaît encore Apollon jouant de la lyre. Au-dessus des peintures est une sorte de frise sans ornements que recouvrait une draperie dont les restes étaient carbonisés, et que surmontait une corniche de stuc. Les murs de la chambre étaient doubles pour mieux préserver de l'humidité. |
On descend par trois degrés dans la partie inférieure du xyste qui fut déblayée en mars 1839 ; au centre est un bassin rond de marbre inscrit dans une petite enceinte carrée qui était entourée d'un garde-fou soutenu par quatre piliers de marbre encastrés dans autant de dés qui existent encore. Enfin au fond du xyste était un grand triclinium d'été pavé en mosaïque dont le toit à deux versants était porté par quatre colonnes, dont deux engagées, ayant leur premier tiers revêtu de marbre, et la partie supérieure de mosaïques en émaux colorés accompagnés de coquillages. Trois niches également revêtues de mosaïques occupent le fond et continrent sans doute des statues. Parmi les objets trouvés dans cette maison, citons une biche de bronze avec son faon, la statuette de marbre d'un enfant endormi tenant un panier qu'une souris vient mettre à contribution, un tableau représentant la Paix, suspendu à un clou, et qui avait été détaché d'une autre muraille peut-être après le tremblement de terre de 63, les fragments d'un bisellium de bronze avec des méandres d'argent, enfin une cassette du bronze avec des instruments de chirurgie et des médicaments.