La maison d'Ariane ou des chapiteaux coloriés

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Plates-bandes


Cette maison, découverte en 1833, est digne à plusieurs titres d'attirer l'attention, mais elle est surtout remarquable par une disposition tout exceptionnelle. Occupant tout l'espace compris entre la rue de la Fortune et celle des Augustales, elle a une entrée et un atrium sur chacune d'elles, et entre ces deux atrium est le péristyle, de sorte que, de quelque côté que l'on entre dans la maison, on a toujours devant soi, et dans l'axe du prothyrum, un atrium, un tablinum et un péristyle comme dans les maisons les plus régulières.

Après avoir franchi le prothyrum ouvert sur la rue de la Fortune, on trouve un vaste et magnifique atrium corinthien, soutenu par vingt-quatre colonnes d'ordre toscan, dont deux portent encore un fragment d'entablement surmonté de ses chéneaux de terre cuite. Cet atrium n'a pas moins de 25m de long sur 13m de large. Ses entre-colonnements pouvaient, ainsi que nous l'avons vu à la maison du Faune, être fermés par des rideaux maintenus par des crochets scellés au haut et au bas des colonnes. Dans l'area, outre un petit compluvium, on remarque dans un coin de singulières plates-bandes dessinées avec des briques mises de champ, formant quatre demi-cercles concentriques inscrits dans trois rectangles. Contre le mur à gauche est déposé un beau bloc de marbre dans lequel sont creusés un canal circulaire et un déversoir ; il est évident qu'il appartint à un pressoir. Les pièces qui entourent l'atrium sont petites et sans ornements ; il faut cependant en excepter l'unique ala, qui est vaste et pavée en mosaïque, et dont le linteau était porté par deux colonnes ; dans ses angles sont déposées deux ollae, grands vases de terre cuite. Entre les colonnes du portique, en avant de l'ala, est un puteal de marbre cannelé avec les sillons creusés par la corde. La seconde pièce à droite était un réservoir divisé en deux bassins ; l'avant-dernière du même côté n'a pas plus de 1m 20 de large ; c'était un sacellum au fond duquel est un laraire qu'on avait peu respecté, car on avait agrandi la pièce voisine aux dépens de cette chapelle, et la muraille nouvelle recouvrait une partie du fronton et du pilastre du laraire.

Le péristyle était soutenu par seize colonnes ioniques dont le tiers inférieur est jaune et non cannelé. Les chapiteaux étaient peints des plus vives couleurs ; aussi quelques auteurs donnent-ils à cette habitation le nom de maison des chapiteaux coloriés. Au centre de l'area est un grand bassin carré de 5m de long sur 1m 80 de large et lm de profondeur, au milieu duquel est une colonne creuse d'où s'élançait un jet d'eau. Au fond du péristyle, entre les colonnes, étaient deux puteal ; il ne reste que celui de droite. Les pièces qui entourent le péristyle conservent presque toutes quelques peintures, bien que les principales aient été portées au musée.

En entrant par le tablinum, la seconde pièce qui se présente à droite est une grande chambre à coucher ornée de cartels où sont représentés les combats des Pygmées et des Grues. Du même côté, dans une sorte d'ala, on voit Vénus et Adonis et un Marchand d'Amours, qui rappelle la célèbre composition connue sous le nom de la Marchande d'Amours. Au milieu du pavé est une mosaïque très fine représentant des poissons. A côté de cette ala est un escalier, conduisant à l'étage et suivi de deux petites chambres autrefois assez élégantes. Au fond du péristyle se trouve, non point l'exèdre ordinaire, mais un second tablinum où l'on descend par deux degrés et qui forme le complément du second atrium que nous décrirons tout à l'heure. A gauche de cette pièce est une salle dont l'entrée existe dans le corridor conduisant à l'atrium ; les peintures en sont bien conservées ; deux d'entre elles, Ganymède donnant à manger à l'aigle de Jupiter, et Persée montrant à Andromède la tête de Méduse, ont été enlevées et portées au musée ; on voit encore en place les deux Dioscures, le Triomphe de Galatée, et dans le haut plusieurs figures de femme dont une Déesse assise couronnée d'étoiles et tenant une corne d'abondance. Continuant le tour du péristyle, nous trouvons dans une chambre une peinture détruite en partie où se voit encore Apollon assis. Au milieu, du côté gauche du péristyle, est une grande pièce qui dut tenir lieu de l'exèdre qui, comme nous l'avons dit, n'existait pas à sa place ordinaire. Le fond de cette pièce est un hémicycle, avec une niche ; parmi les peintures qui la décoraient on voit encore les restes d'un sacrifice, Jupiter et Léda, une prêtresse recevant une offrande, et Apollon jouant de la lyre devant une femme et un jeune homme armé d'une épée. Enfin dans la pièce qui se trouve à gauche du premier tablinum est la peinture d'Ariane abandonnée qui a donné le nom à la maison ; elle est presque entièrement effacée.

Franchissant le second tablinum, n se trouve dans le second atrium, qui est toscan et très ruiné. Dans son ala de gauche sont un laraire et une peinture très bien conservée d'Apollon et Daphné ; la nymphe est assise et n'est reconnaissable qu'à une petite branche de laurier qui lui sort de la tête ; le haut de la muraille présente en outre plusieurs figures assises ou debout. Le prothyrum est flanqué sur la rue des Augustales de deux boutiques dont l'une fait l'angle du Vico storto.

Devant celle-ci se trouve une fontaine qui par la forme de son bassin arrondi diffère de toutes celles trouvées jusqu'à ce jour dans les rues de Pompéi. Les dalles qui le composent sont réunies par des crampons de fer.

Fontaine